Ishmael 3 % irradié

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Posté le: Sam Fév 04, 2006 10:55 am Sujet du message: Sympathy for Lady Vengeance (Park-Chan Wook) |
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Du réalisateur je n'avais vu que "JSA" et manqué "Mr vengeance" et "Old Boy"... Peut-être est-ce ça qui fait que je suis sortis de cette projection très emballé. Je trouve que c'est le plus bel avatar récent de tout ce cinéma d'exploitation nippon sixties et seventies qu'étaient "Le Couvent de la bête sacré" ou la série des "Sasori" de Meiko Kaji auquel on ne peut que penser, dans le look de l'héroïne, l'ambiguitée, l'idée du féminisme, le rapport aux co-détenues... Mais le personnage principal de "Lady vengeance" possède un autre niveau d'intensité humaine, qui démythifie littéralement cette figure et tout ce qui se trouve être autour dans le domaine du code. A ce titre la thématique de la vengeance passe par toute ses représentations, de "Monte-Cristo" au "Crime de l'Orient Express", si ce n'est que Park-Chan Wook insiste bien sur les diverses impasses et la duretée d'actes qui dans d'autres oeuvres serviraient au juste divertissement, voir à de simple pirouettes qui laissent souvent de côté tout sentiment de douleur. En vérité, j'ai véritablement eu l'impression d'un film qui portait non pas sur la vengeance, mais la notion sensitive de douleur, tellement communicante qu'elle prend pas vraiment au coeur et au cerveau mais directement aux tripes.
"Lady Vengeance" n'est pas un film qui cherche à être agréable à tout prix, il s'attarde plutôt de façon cruelle sur le prix des choses. Il prive son spectateur de tout climax et le réinvite dans de nouveaux cauchemar. Quand ce dernier croit avoir respiré une bouffée d'air par une scène onirique ou humoristique, aussitôt il est replongé dans l'absurde. Alors certe, Park-Chan Wook a sans doute voulu brasser un peu trop, mais c'est une revisitation de tout un pan de cinéma très proche de celui dont Tarantino s'inspirait dans ses "deux" derniers films, et dont la démarche différente a au moins le mérite d'être plus constructive que sanctificatrice. Rien n'est léché, tout est assez granuleux, avec des couleurs parfois sales, bref, c'est le glauque et l'instable.
Je trouve ce film réellement fascinant derrière son aspect vraiment difficile et peu aimable, et il est sans doute amené à grandir. Une expérience à tenter. |
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