Légende de la Femme-Louve 1, La - Cheveux-de-Feu
Genre: Western
Année: 2012
Pays d'origine: France
Editeur: Lokomodo
Auteur: Sylvie Wolfs
 

Un nouveau western en librairie est une chose assez rare pour être signalée, même s'il s'agit d'une réédition entièrement retravaillée par l'auteur. Si le genre a connu ses collections spécialisées à une période maintenant lointaine, il a ces dernières années repris un peu du poil de la bête dans le jeu vidéo, en BD, au cinéma et à la télé. Mais à quelques exceptions près comme "Bloodsilver", ce genre a connu peu de publication dans les années 2000.

En voici donc un nouveau qui a pour particularité de se dérouler du point de vue des indiens qui voient arriver sur leurs territoires les wasicus, l'homme blanc qui causera sa perte, et celui de Jewell, une jeune irlandaise que rien ne prépare pourtant à aller en Amérique. C'est d'ailleurs de l'autre côté de l'atlantique que débute la trilogie de la Femme-louve, dans un pays sous domination anglaise et s'apprêtant à subir sa Grande Famine.
Détestées par la mauvaise, leur mère, Jewell et sa sœur vivent dans la crainte de ses coups et désireraient ne plus vivre qu'avec leur père, qui malgré sa dureté sait prendre soin d'elles. Mais le jour où leur mère disparaît et où la nourriture commence à manquer, Jewell et sa soeur se retrouvent à travailler pour un noble anglais dont le fils va violer la jeune femme. Bref, le départ pour l'ouest sauvage semble bien loin.
En Amérique, Né-Dans-Les-Larmes et Petit-Serpent-Immobile grandissent ensemble, bien que le premier soit rejeté par la tribu, car orphelin. Ces deux enfants atteignent pourtant l'adolescence et vont devoir commencer leur apprentissage de la chasse, sous l'égide du père de Petit-Serpent-Immobile. Seulement, les heures de paix semblent s'éloigner de plus en plus de leur petite tribu tandis que la guerre s'approche.
Voilà un livre qui n'est pas exempt de défauts et de quelques facilités comme le fait d'assombrir l'histoire avec quelques digressions ou les hasards de circonstances par lesquels Jewell partira aux États-Unis. Si les premiers servent le propos de l'auteur, les seconds sont déjà plus gênants, transformant pendant la première partie son héroïne en victime perpétuelle, allant de situation de plus en plus glauques, quitte à en faire trop.
C'est pourtant un roman fort sur la sauvagerie humaine, que l'homme soit européen ou indien, il ne semble être en effet qu'un monstre qui s'ignore, même si c'est visible par d'autres des lieux à la ronde. Il faut dire que le roman regorge d'individus assoiffés d'argent ou de pouvoir, sans aucun respect pour leur prochain, fut-il leur propre enfant. Ce roman va d'ailleurs de plus en plus loin dans l'horreur au fur et à mesure qu'il progresse, que les premiers conflits ont lieu entre les colons et les Américains.
Mais ce western se veut aussi fable écologique et accorde une grande part à la nature, décrite à la fois comme victime ou comme une conjointe à honorer pour ses dons. Malmenée par l'homme blanc qui veut s'approprier ses richesses ou encore l'envahir de ses constructions puantes, telle New-York se construisant, respectée par les indiens conscients de la terre qui les accueille et les nourrit, mère nourricière pour les tribus qui ne lui prennent que ce dont ils ont besoin et méprisent ceux qui ne le font pas, à l'instar des Wasicus.
Puis il y a aussi un soupçon de mysticisme indien, puisque les personnages vont être confrontés à des rêves étranges, amenant un soupçon de fantastique dans ce roman pourtant très réaliste le reste du temps. Cette petite touche apporte étrangement autant de pessimisme que d'optimisme, car elle semble annoncer aux indiens leur extinction, mais annonce également une touche d'espoir, incertaine et animale.
Bien que brassant de nombreux thèmes, le roman en n'a pourtant qu'un seul : l'être humain, car qu'il soit bon ou mauvais, érudit ou inculte, humaniste ou raciste, c'est bel et bien lui qui fait avancer le roman, même si l'auteur en dresse un portrait peu glorieux ou seuls quelques personnages tirent leur épingle du jeu. L'aventure n'y est pas uniquement spectaculaire et dépaysante, mais également sensible, à fleur de peau.

Ce roman sait donc captiver ses lecteurs pour ne plus les relâcher, sachant frapper là où ça fait mal. On y retrouve toute la violence de l'ouest sauvage comme celle du western, qui reflètent à leur manière celle de notre époque et de toute les autres, nous montrant où l'intolérance et l'incompréhension peuvent nous mener. Pourtant ce roman est loin d'être une leçon de morale, c'est plutôt une ode à la vie.

 

Note : 9/10

 

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'auteur : http://sylvie-wolfs-auteur.blogspot.fr/

- Site de l'éditeur : http://www.editions-lokomodo.fr/

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