Londres. 1888. Dans le quartier de Whitechapel, bien connu pour sa pauvreté et sa criminalité, un mystérieux tueur surnommé Scalpel d'Argent a tué affreusement plusieurs prostituées qui vendaient leurs services dans ce lieu malfamé. Le monstre et activement recherché par Scotland Yard, mais semble irrattrapable et aucune piste ne se dessine. La traque de l'assassin le plus connu d'Angleterre ne fait donc que commencer.

L'histoire vous dit quelque chose ? Et si je vous dis que les péripatéticiennes sont des vampires et que la reine Victoria a épousé un certain Vlad l'empaleur, plus connu sous le nom de Dracula ? Ce roman est en effet un uchronie faisant suite au célèbre roman de Stoker et dans lequel Van Helsing n'a pu tuer le vampire, mais a fini lui-même empalé au côté de Jonathan Harker pour le meurtre de Lucy Westenra.
Les vampires ont donc pris le pouvoir à Londres, rendant plus sombre et plus violente l'époque victorienne, mais n'empêcheront pas son pire monstre d'apparaître. Pour l'arrêter, on enverra à ses trousses une femme vampire, aînée de Dracula et appréciant peu le nouveau prince consort, ainsi qu'un espion du Diogène's club, un veuf qui a baroudé et combattu à travers tous l'empire de sa majesté.
Deux personnes que tout oppose et qui vont pourtant devoir faire front commun face à un monstre qui menace l'équilibre précaire du royaume, puisque l'éventreur va autant devenir un symbole de révolte face à Dracula et ses carpathes que l'occasion pour ses derniers de s'en prendre au peuple de Londres et le réduire en esclavage. L'intrigue policière se double donc d'une intrigue plus politique et d'un univers vampirique intéressant.
On y trouve autant des prostituées se faisant payé pour donner un peu de sang, tandis que d'autres offres leur charmes contre un peu de sang, puisque ce liquide peut aussi bien donner la vie éternelle que la reprendre si le vampire boit un sang contaminé. On se retrouve donc un Londres où les vampires sont partout, que ce soit dans la haute-société où dans las bas-fond, s'y installant avec plus ou moins de bienveillance.
Puis on y trouve Dracula, dont Kim Newman ne fait pas un personnage, mais suivant les pas de Bram Stoker en fait une figure lointaine et menaçante, un monstre dans l'ombre plus terrifiant encore que celui qui assassine les malheureuses vampires. Deux figures de monstres qui hantent donc un roman qui en regorgent. C'est surtout de confronter une horreur fantastique à l'une plus réel et humaine qui font la force de ce roman.
Anno Dracula est donc un vrai thriller avec son lot de crimes et de rebondissements, mais n'oubliant pas de s'ancrer dans une vie quotidienne où la mort est omniprésente, où les vampires ont parfois plus de sentiments que certains vivants, la faute à une société rigide où tout doit être à sa place. De plus, les points de vue sont multipliés et permettent de mieux comprendre chaque protagonistes, ainsi que le monde où ils évoluent.

Quelques années avant "La Ligue des gentlemen extraordinaires", Kim Newman créait un univers vampirique en s'inspirant autant des véritables méfaits de Jack l'éventreur que de la littérature vampire allant de Joseph Sheridan Le Fanu jusqu'à Anne Rice. Le tout donne un thriller captivant avec son lot de tragédies et de violence. Plus de dix ans après sa première édition française, Anno Dracula revient dans une édition complète, avec de nombreuse postface et une nouvelle supplémentaire.

Note : 9/10

 

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'auteur : http://johnnyalucard.com/

- Site de l'éditeur : http://www.bragelonne.fr/