La guerre de Troie ne semble pas avoir fini d'inspirer les auteurs, pour le pire ou le meilleur, que ce soit Marion Zimmer Bradley, David Gemmell ou encore Dan Simmons pour ne citer qu'eux. Ici, c'est Ursula K. Le Guin qui s'y intéresse, même si elle se concentrera plus sur la fin de l'Enéide de Virgile que sur l'Illiade et l'Odyssée d'Homère puisque l'auteur nous racontera l'arrivée au Latium d'Enée et ses conséquences par sa future femme, Lavinia.
Au départ, Lavinia est une jeune femme, fille du roi du Latium qui a perdu ses frères, ce qui semble avoir rendu folle sa mère et très amer son père. Le temps va donc venir pour elle de se marier et de quitter la maison de ses parents. Les prétendants sont nombreux, mais aucun ne trouve grâce aux yeux de Lavinia. Dans ses songes, un mystérieux poète va alors lui apprendre l'arrivée des troyens et de son futur mari, mais également la tragédie qui va suivre.

Pour débuter cette nouvelle année, L'Atalante nous propose donc un nouveau roman de fantasy signé par une grande plume de l'imaginaire, Ursula K. Le Guin. Une histoire encore très particulière et ancrée dans un quotidien lointain où l'on vivait de l'agriculture et où l'on vénérait encore les divinités de la maison, les Pénates, dans un passé où la Grèce antique disparaissait et où Rome n'était encore qu'un lointain rêve.
C'est donc dans ce monde que vit Lavinia, une jeune femme qui refuse son destin, celui de se marier et surtout de quitter la maison de ses parents. Et c'est ce que lui permettront les présages d'un poète mourant sur les bords du Styx qui lui racontera autant la vie passée de son futur époux depuis la chute de Troie que la guerre qui se déroulera quand il arrivera. Une guerre qui sera finalement due à un banal accident et à une peur des nouveaux arrivants.
Mais si guerre il y a, elle est racontée d'une manière lointaine et triste par la jeune Lavinia qui ne peut que regretter les évènements qui se produisent, bien qu'elle en soit en partie responsable, en ayant pris le droit d'épouser un homme qu'elle ne connaissait pas encore au détriment des prétendants déjà présents. Bien qu'on puisse se demander si cette histoire était déjà écrite par le poète ou si ce sont ces héros qui l'ont écrite... 
Pourtant, c'est par son humanisme que Lavinia touche, plus que par sa réflexion, car les guerres sont sanglantes, violentes mais surtout évitables si chacun y mettait un peu de bon sens, du moins de la compassion. La plume d'Ursula K, Le Guin donne ici plus dans le regret des évènements que dans leur description, transformant chaque mort en drame, que ce soit pour le tué ou pour le tueur, peut-être même plus pour le second parfois.

Lavinia est donc un roman pacifiste, prônant la paix plutôt que la guerre, bien loin des soi-disant messages belliqueux que mettrait en avant la fantasy, même s'il est vrai que ce roman est tout de même moins guerrier, car préférant s'intéresser aux personnages et au sentiments, à des vies ordinaires qui vont être bousculées par une guerre et par toutes les tragédies qu'elles entrainent, les conflits qu'elle génèrent.
A travers le portrait d'une vie, Ursula K. Le Guin signe là un grand roman, une oeuvre riche en sentiments et où l'humanité d'une jeune femme résiste toujours, même quand elle est malmenée par la vie et par sa propre famille. Ce roman est un ajout contemporain à une histoire mythologique, mais un ajout qui ne démérite absolument pas et emmène le lecteur sur les traces d'un passé oublié pour livrer un message toujours d'actualité.

Note : 9/10

 

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Site de l'auteur :  http://www.ursulakleguin.com/

- Site de l'éditeur : http://www.l-atalante.com/