Maeve Regan 1 : Rage de Dents

 

 

Auteur : Marika Gallman

Illustrateur : Fleurine

Editeur : Editions du petit caveau

Collection : Collection: Sang Neuf

Date de sortie : 9 aout 2011

Nombre de pages: 306

 

 

 

 

Je vais définitivement avoir besoin d'un verre.

 

C'était la première chose qui m'était passée par la tête en entrant dans cette boîte de nuit, quelque vingt minutes plus tôt. Et c'était ma seule pensée maintenant que j'avais vu Elliot et Mademoiselle Par-faite pénétrer dans la salle.

Dieu bénisse l'alcool.

Après avoir tracé mon chemin jusqu'au bar, demandé au serveur prépubère de me donner ce qu'il avait de plus fort et l'avoir englouti d'un trait, je me sentais mieux. Je lui posai le double de l'argent sur le comptoir en lui faisant signe de me remettre la même chose. Ça avait un goût ignoble, je n'avais aucune idée de ce que c'était, mais ça avait l'effet escompté. Je sais, je sais. L'alcool ne résout pas les problèmes, mais il aide à les diluer.

Une minute plus tard, j'avais fini mon deuxième verre. Je me penchai par-dessus le bar pour dire au gamin que j'en voulais un autre. Trop occupé à servir le flux de nouveaux clients qui étaient entrés dans le club au cours des cinq dernières minutes, il ne semblait pas me voir. D'accord, je suis petite, mais quand même, il aurait pu faire un effort. Je n'avais pas que ça à foutre.

Il devait être minuit et demi, et le peuple commençait à arriver. L'atmosphère n'allait pas tarder à être irrespirable. Dieu que je dé-testais les boîtes de nuit. Être collés les uns aux autres, transpirant à s'en déshydrater sur un fond de boom boom répétitif et assourdissant, génial. Ma définition de la soirée parfaite…

Bon, mon barman jouait toujours les inaccessibles. Soit je mon-tais sur le comptoir et déchirais accidentellement mon top, soit je me fendais de mon sourire le plus charmant. N'étant vraiment pas d'humeur à rire, j'envisageais sérieusement la première option lorsqu'une tête se pencha vers moi.

— Qu'est-ce que tu prends ?

Je jaugeai le type qui m'avait posé la question. Assez grand, brun auburn avec quelques taches de rousseur çà et là qui lui donnaient un air chaleureux, soulignant des yeux d'un bleu foncé. Son visage était agréable, et, l'un dans l'autre, il était plutôt séduisant. Bon point, je ne finirais sûrement pas la nuit seule. Tout compte fait, c'est lui qui aurait mon sourire le plus charmant. Et qui sait, peut-être qu'en fin de soirée, j'arracherais quand même mon top.

— La même chose que toi, roucoulai-je.

Se penchant par-dessus le comptoir après m'avoir adressé un sou-rire ravageur, il fit signe au serveur qui accourut aussitôt. Toi, tu viens de perdre tes pourboires ad vitam aeternam, pensai-je.

Mon nouvel ami commanda quelque chose dont je ne compris pas le nom à travers le vacarme musical. Quand le barman revint, il tenait deux verres à shot et une bouteille étrange contenant une li-queur orange. Je ne me souvenais pas d'avoir jamais vu quelque chose de cette couleur. Il aspergea cérémonieusement les verres en renversant sur le comptoir presque autant de liquide qu'il venait d'y mettre et s'en alla rapidement après avoir encaissé l'argent de mon généreux donateur sans même un sourire. Je me demandais s'il lui avait laissé un pourboire.

— À notre rencontre, fit-il en me tendant un verre.

Je me saisis de l'étrange breuvage et attendis qu'il prenne le sien pour trinquer.

— Michael, me dit-il.

— Maeve, répondis-je de ma voix la plus suave.

Et hop, cul sec.

Je manquai de m'étouffer en avalant le tord-boyaux qu'il m'avait si gentiment offert.

— Bordel de merde ! C'est quoi ce truc ? m'exclamai-je aussitôt après avoir reposé – ou plutôt envoyé valser – mon verre sur le comptoir.

Il m'adressa un grand sourire alors qu'il me regardait chercher mon air.

— Spécialité de la maison. Ils appellent ça le Soleil. Même cou-leur, même température.

OK, je voyais le tableau. Et j'avais en effet l'impression d'avoir été brûlée vive de l'intérieur.

— Eh bien, Michael, je te remercie de m'avoir cautérisé l'oesophage.

— Tout le plaisir était pour moi, dit-il avec le même sourire dé-vastateur que tout à l'heure.

C'est alors que j'aperçus une masse de cheveux fauve fendre la foule et se rapprocher dangereusement de moi. Quelques secondes plus tard, un visage blanc saupoudré de taches de rousseur me re-gardait avec l'air résolu d'un soldat en mission suicide. Je soupirai. Je préférais nettement celles de Michael.

— Je dois filer, marmonnai-je en réalisant que Brianne était désespérément près de nous.

— Tu t'en vas ? demanda-t-il avec une petite moue déçue qui me donna encore moins envie de partir.

— J'ai bien peur que le devoir ne m'appelle, dis-je à contrecoeur. Mais on se revoit après.

Bien que je n'aie pas monté la voix, mon affirmation n'en restait pas moins une question discrète. Pour toute réponse, il me sourit, ce que je décidai de prendre pour un oui.

Je fis quelques pas en direction de Brianne. Elle me fixait de ses grands yeux noisette, en faisant une moue réprobatrice, et, Dieu sait comment, elle avait déjà réussi à croiser les bras. À vrai dire, je l'imaginais assez bien avoir traversé toute la boîte de nuit les bras croisés, dans l'éventualité de tomber sur moi à tout moment.

— Mais où étais-tu passée ? me sermonna-t-elle. Ça fait dix mi-nutes que je te cherche partout ! Elliot est arrivé avec Tara, et Albert, le type que je veux te présenter, il est aussi là. Il a demandé après toi.

Je la regardai d'un air incrédule.

― Albert. Tu te fous de moi ?

 

 

A propos de ce livre :

 

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(Copyright éditions du Petit Caveau /Marika Gallman , extrait diffusé avec l'autorisation de l'éditeur et des auteurs)