Lors de la cinquième croisade, un petit groupe explore un passage secret qui pourrait leur permettre de pénétrer dans la cité de Damiette et d'ouvrir les portes de la cité à l'armée l’assiégeant. Mais ce passage va se révéler être des catacombes et le tombeaux des croisés qui auront tenté de le traverser. En effet, une créature démoniaque semble siéger sous la ville et se nourrir des intrus qui y passent...
En 1245, alors que se prépare une nouvelle croisade, un templier du nom de Guillaume de Sonnac enquête sur la peste de Damiette qui avait stoppé par la mort la croisade du Légat Pélage. On lui apprend alors que la Secte des Assassins qui sévit toujours en ville serait responsable de cette défaite, mais c'est surtout la présence d'une sorte de zombie aux yeux d'argent qui va le mettre sur la piste...

A l'instar de Nicolas Cluzeau avec ses Cavaliers du Taurus ou de Michel Pagel et son Roi d'Août, Izu et Alex Nikolavitch s'essaient ici à revisiter l'histoire à travers la fiction et y arrivent plutôt bien. Ici, on va donc se retrouver avec un mélange de roman policier, de récit d'aventure et de roman d'horreur basé sur les mystérieuses causes d'une défaite, dû officiellement à la peste, mais qui cacherait en réalité quelque chose de moins naturel.
La scène d'ouverture où un groupe de soldats se fait massacrer par une étrange créature montrée en parallèle avec la prise de Damiette, ce qui oppose une violence monstrueuse à une violence inhumaine, est assez marquante. La suite se déroule donc des années plus tard et l'on découvre un templier enquêtant sur les événement de Damiette. C'est alors que le récit commence à traîner un peu en longueur et à tomber dans les clichés.
Le héros se retrouve en effet à magouiller avec ses supérieurs, ici le pape Innocent IV, pour obtenir ce dont il a besoin, embaucher un groupe de templiers très hétéroclite (dont une femme, ce qui ne lasse pas de surprendre pour un récit de cette époque) et s'associer avec son frère alchimiste qui le déteste depuis qu'il a participé au procès pour sorcellerie et à la condamnation au bûcher de son épouse.
Il y a donc un certain classicisme dans cette histoire mais en dépit des clichés elle est également rondement menée et se révèle plutôt captivante, bien que ce qui constitue le coeur du récit mette un peu trop de temps à arriver. Mais l'ambiance et la description historique arrivent à captiver, à donner envie de lire la suite, de découvrir ce qui peut bien se trouver dans les sous-sol de Damiette et à ce niveau, on ne sera pas déçus !
Le dessin de Zhang Xiaoyu est dans un style très réaliste, parfois très hachuré, très crayonné, rendant parfaitement les traits des personnages et sur lesquels les couleurs ressortent parfois difficilement. Il y a en tout cas un énorme sens du détail qui se ressent autant dans les costumes, les décors que les personnages et le travail à ce niveau aide tout à fait à la crédibilité du récit, mais également à rentrer dans cette bande-dessinée.
Au final, Crusades est une bd plus qu'intéressante et originale qui contient de très nombreuses qualités dont une histoire qui finit par s'avérer surprenante et un dessin qui n'hésite pas à retranscrire toute la violence de l'époque à travers d'énormes gerbes de sang. Puis, le format mi-manga mi franco-belge ainsi que le nombre de pages supérieur à la plupart des BD européennes constituent également un argument de poids pour faire sortir cette oeuvre du lot !
Note : 9/10
Stegg
A propos de cette BD :
- Site de Alex Nikolavitch : http://nikolavitch.pagesperso-orange.fr/
- Site de l'éditeur : http://www.humano.com/