Concombre Masqué 13, Le
Titre tome: Le bain de minuit
Genre: Fantastique , Humour , BD européennes
Année: 2006
Pays d'origine: France
Editeur: Dargaud
Scénario:
Mandryka
Dessin:
Mandryka
 

 

Le parcours éditorial du Concombre Masqué est presque aussi chaotique que le contenu de ses histoires.

Rappelons-le en quelques mots et quelques étapes : apparu pour la première fois en 1965 dans l'hebdomadaire Vaillant qui deviendra par la suite Le journal de Pif où notre légume continua ses premiers pas. C'est néanmoins en 1971 que l'univers de Mandryka prend la forme qu'on lui connaît désormais en paraissant dans la revue Pilote et connaît alors le succès. Il faut dire que le non-sens et la folie générale qui s'en dégage est particulièrement en phase avec une époque post-soixante-huitarde où la fille du coupeur de joints n'en finit plus de monter et descendre de sa montagne pour réapprovisionner les consommateurs sur fond de musique planante de Pink Floyd et Genesis entre deux lectures de Philip K. Dick et Timothy Leary.

Forcément, le public était alors, passez-moi l'expression "vachement réceptif au concept".

1972 : Mandryka et sa jolie compère Claire Brétécher quittent Pilote pour fonder un nouveau magazine qui leur donnera une plus grande liberté d'expression : L'écho des savanes, nouveau refuge de notre concombre.

1979 : Mandryka abandonne L'écho et revient chez Pilote, bien entendu accompagné de son légume favori.

1989 : alors que The Concomber semblait noyé dans le bretzel liquide, le voilà qui réapparaît dans Spirou au sein de la dimension poznave.

Et les albums dans tout cela ? Treize titres sont sortis, mais aussi plusieurs intégrales qui ont fait découvrir les aventures potagères à un nouveau public. Le dernier en date, Le monde fascinant des problèmes, est sorti en 2009.

Celui dont je fais la chronique ici l'avait précédé en 2006 et c'était d'ailleurs son grand retour.

 

 

 

Quelque part au bout du monde... Un journaliste venu interviouvé l'illustrissime Concombre Masqué dans son fief apprend de ce dernier qu'il aurait découvert la Vérité Ultime !

Flash-back. Tout commença au moment où notre légume était en train prendre son bain et que son réveil l'avertit qu'une chose terrible venait de se passer : qu'à force de trop glabougner, les valvules de l'espace-temps s'étaient agglutinées en formant dans les tuyaux de l'usine à gaz du concombre un excès de glabougnat qui a fini par produire un gros glabougnot bouchant désormais les tuyaux et empêchant l'eau chaude d'arriver jusqu'à la baignoire de notre héros. La situation s'avère des plus urgentes et bientôt nos deux compères se rendent dans l'usine à gaz. Mais ils sont alors confrontés à une série d'imprévus et autres billevesées revendicatoires de la part des choses (demandant instamment qu'on les prennent comme elles viennent) et des problèmes (refusant qu'on les ignorent ou pire encore : qu'on les prennent à bras le corps pour les amalgamer).

Vous n'avez rien compris ? Pas de panique : le concombre vous explique tout... bien que ce ne soit pas forcément plus clair pour autant.

 

Une histoire (mais peut-on vraiment parler d'histoire ?) du Concombre Masqué ne se raconte pas. Mandryka a l'art de partir dans tous les sens, de se lancer dans une foultitude de digressions pseudo-philosophiques non-sensiques, quitte à revenir ensuite sur son idée de départ dix planches plus loin et à la quitter à nouveau une planche plus tard... Ces divagations en rafales, ce délirium pas très mince, mais au contraire épais comme une purée de pois, ces jeux de mots et ces maux en jeu, ces considérations potagères aux allures de salades, mais qui en réalité posent des vraies questions aussi essentielles qu'absconses sans donner l'ombre portée d'une réponse, bref cette ratatouille qui colle au fond de la casserole et ce zappingue d'épileptique sur la forme, il faut savoir l'accepter ou bien passer directement à autre chose. De toute façon, Mandryka annonce honnêtement la couleur (ou plutôt les couleurs, car il en fait voir de toutes à son lecteur masochiste) dès les premières planches, les premières répliques, les premiers dessins et desseins.

Je n'avais moi-même jamais eu l'occasion jusqu'ici de me frotter à la dimension de l'ultime folie cucurbitacée au long d'une soixantaine de planches, n'ayant lu auparavant que quelques planches par-ci par là dans d'anciens numéros de la revue Pilote. Et je dois dire que, bien qu'étant un habitué des voies sinueuses de tous les fêlés de la littérature de genre ou de la BD, de Lewis Carroll à James Morrow, en passant par Douglas Adams, Terry Pratchett, F'murr ou Edika, je dois reconnaître que lire un album entier du Concombre est une expérience particulièrement déroutante et éprouvante dont on ressort avec le cerveau aussi essoré qu'une éponge dans les mimines d'une ménagère qui pratiquerait le body-buildingue à ses heures perdues.

D'ailleurs, bretzel liquide !, je suis bien obligé d'avouer ma honte, moi le baroudeur aguerri de zinzinland, le croyant-pratiquant du nonsense of wonderland : j'ai été obligé de lire l'album en deux fois, avec une pause caféine entre les deux. Impossible pour moi d'avaler le concombre en une bouchée.

Car malgré toute la sympathie que j'ai pour le personnage, son univers et mon goût naturel pour la loufoquerie, il m'est apparu que l'oeuvre de Mandryka gagnait surtout à être lue à petites doses et que le mode d'expression très particulier de l'auteur pouvait devenir rapidement un peu indigeste sur la durée d'un album complet. Ce qui explique ma note relativement tiède.

De plus, il brasse une foule d'idées dont, au final, on ne retient que peu de choses sinon l'impression d'avoir fait un grand tour sur des montagnes russes. Comme disait Alice après avoir lu le poème Jabberwocky : "Ca me remplit la tête de toutes sortes d'idées mais... mais je ne sais pas exactement quelles sont ces idées !".

Bref, vous l'aurez compris, voilà une oeuvre à réserver à un public averti et ce treizième opus ne fait pas exception à la règle.

Et bien que le Concombre, selon son habitude, vous dira certainement :

 

N'hésitez pas à le déranger si le coeur (d'artichaut) vous en dit et que vous ne craignez pas de vous prendre le chou.

 

Note : 7/10

 

Vorpalin

 

A propos de cette BD :

 

- Le site du Concombre Masqué : http://www.leconcombre.com/

- Site de l'éditeur : http://www.dargaud.com/

 

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