1920. Amadeus Arkham, psychiatre renommé, hérite de la maison familiale suite au décès de sa mère démente. Cet événement puis sa rencontre avec Martin Hawkins, un psychopathe surnommé le "chien fou" vont aiguiller son destin, il va consacrer sa vie et la demeure familiale à soigner des hommes dont le seul crime est la maladie mentale...
Lourd de son histoire, l'asile d'Arkham accueille depuis des décennies les pires malfrats de Gotham, tous sont ici en traitement sans trop d'espoir de guérison, tout bascule lorsque les pensionnaires prennent le contrôle de l'institution, après quelques demandes farfelues, ils réclament celui qui les a tous envoyé ici, l'homme chauve souris... Batman... s'il n'obtempère pas, le Joker et ses acolytes menacent d'exécuter leurs otages...
1989. L'univers de Batman, notamment via le travail de Miller, est réaliste et sombre, prenant tout le monde à contrepied, Grant Morrison ("The Invisibles") concocte son "Batman Arkham Asylum", une plongée dans la folie mêlant onirisme et intimisme dans un style graphique très particulier.
L'auteur articule son oeuvre autour de deux histoires, celle d'Amadeus Arkham et celle de Batman, les deux récit alternent l'un après l'autre et finissent adroitement par se mélanger, rendant encore plus flou les limites de la raison, la scène de l'affrontement entre Batman et Croc avec en toile de fond les délires d'Amadeus complètement défoncé à l'amanite est une vrai réussite !
Même si le fait de voir Batman poussé à ce point vers ses limites émotionnelles et intellectuelles est une chose plutôt rare, ce n'est finalement pas ça qui ressortira de ce comics, c'est vraiment cette immersion dans un monde de folie, sans repère... aucun personnage n'est épargné, que ce soit les pensionnaires, Batman ou le personnel, ils vont tous aller aux frontières de la raison, et pour la plupart ne pas en revenir indemne, on ne peut être que déstabilisé par cette ambiance, soit le lecteur se protégera très vite et prendra pas mal de recul (quitte à ne pas apprécier ce comic), soit il entamera un voyage psychologique pour le moins déroutant.
Rarement un travail graphique n'a à ce point collé à un scénario, Dave McKean ("Violent Cases") parachève cette oeuvre, ses planches assemblant dessins, peintures et collages nous transportent aux limites de la réalité, cette énorme fouillis demande un réel effort pour être appréhender, c'est abstrait, magnifique mais aussi parfois presque illisible... une autre vision assez surprenante dans l'univers de Batman.
Un voyage complétement déroutant qui pourra déstabiliser par son originalité les fans du chevalier noir mais également toucher un autre public plutôt adepte des oeuvres iconoclastes et innovantes.
Note : 8,5/10
gregore
A propos de ce comic :
- Site de l'éditeur : http://www.urban-comics.com/