mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Jeu Mai 24, 2007 7:53 am Sujet du message: [M] [Critique] Schock / Les démons de la nuit |
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Titre: Schock ( Les démons de la nuit/ Beyond the door 2)
Réalisateur: Mario Bava
Pays: Italie
Année: 1977
Genre: Psychose et possession
Musique:Libra
Scénario: Francesco Barbieri, Lamberto Bava, Paolo Brigenti & Dardano Sacchetti
Acteurs: Daria Nicolodi, John Steiner, David Colin Jr., Ivan Rassimov , Nicola Salerno
Si l’on excepte « La Venere d'Ille », téléfilm tourné l’année suivante, voici le testament cinématographique de Mario Bava, et malgré ses multiples détracteurs, je trouve personnellement ce film bon, et en aucun cas dû comme on a pu le dire, dans un passation de pouvoir fantasmée, au ‘fifils’ de, à savoir l’exécrable Lamberto (« La maison de la terreur »/ « Demons »).

C’est un drôle de film auquel nous assistons ici puisque il sera difficile de ne pas penser à Dario Argento notamment dans sa forme, et il est assez étonnant de voir ici le maître inventeur Bava, qu’on l’aime ou non, venir emprunter les sentiers de son plus fidèle disciple et repreneur, avec même des citations des « Quatres mouches de velours gris » et des « Frissons de l’angoisse », notamment dans certains plans et la présence d’un dessin d’enfant qu’on peut du reste prendre pour un clin d’œil littéral. Etonnant que le maître s’en réfère à l’élève et si passation de pouvoir il y a dans ce film là, c’est surtout celle où Bava père reconnaîtrait son véritable fils, à savoir l’excellent Dario, avec lequel si l’on s’appuie sur les dires de ce dernier, il collaborera peu avant sa mort sur le très beau « Inferno ».
Il est clair qu’on est loin de l’univers de Lamberto Bava et que ces « Démons de la nuit » ne lui doivent pas grand-chose. Il n’y a qu’à regarder ses propres films à venir pour voir qu’on assiste ici au négatif des films de Mabrouk Jr, puisque là ou Lamberto n’a jamais su diriger le moindre acteur, on assiste à une assez époustouflante prestation de Daria Nicolodi, qui n’est pas loin de tenir le film sur ses (jolies) épaules. Dans le fond c’est plutôt à un mélange d’influences venant tout droit de chez Stephen King et notamment « Shining » (le roman), puis du toujours pompé jamais égalé, l’ex génial Roman Polanski et son « Rosemary’s Baby » d’une part, et surtout d’autre part à « Repulsion ». Rappelons de quoi il s’agit dans cette bonne exploration de la psyché d’une femme au deuil impossible.
Dora sort tout juste d’un hôpital psychiatrique après une énorme dépression due au suicide de son compagnon sous forte emprise de l’héroïne et auquel elle a assisté alors. Celle-ci bien qu’encore fragilisée par ces faits, et alors qu’elle a malgré tout trouver à se remarier avec Bruno, Stewart de profession, revient vivre dans sa maison. Petit à petit elle semble retrouver ses marques, et doit le plus souvent s’occuper seule de son fils Marco, tandis que Bruno va de vol en vol et reste très absent au sein du foyer, Dora remarque que Marco se met de plus en plus fréquemment à adopter un comportement étrange. En effet, celui-ci semble obsédé par un mur de la cave fraîchement refait, et comble du déstabilisant, semble posséder certains donc télékinésiques. Tranquillement mais sûrement, elle va basculer dans une sorte de cauchemar éveillé où elle a aura du mal à distinguer la réalité des visions nocturnes dont elle est victime…
Au simple énoncé de l’histoire, on peut donc constater les influences susnommées. Tout comme dans « répulsion », nous entrons à l’intérieur de la psyché troublée d’une femme, à l’exception qu’ici, il s’agit d’une femme mature, dont Mario Bava dissèque et sa fragilisation de par son passé récent, et la difficulté à élever un enfant seul, de par le manque d’une autorité masculine complémentaire et donc pour le coup déséquilibrante. La psychose naviguera elle-même en terrain trouble puisque l’enfant en deviendra petit à petit l’un des principaux instruments. Dora se retrouve alors seule avec ses propres démons (le titre de sortie en salles Françaises pour une fois ne ment pas), et ne pourra compter que sur elle-même alors pour faire la part des choses, ce qui ne sera donc pas une mince affaire.
Le talent graphique de Mario Bava est selon moi sinon éclatant, au moins manifeste, d’abord la manière dont il filme (et offre son plus beau rôle à Daria Nicolodi) son actrice, de chaque plan, captant ses doutes, donnant le sentiment que la maison rétrécit, emmenant ainsi Dora et le spectateur dans un univers paranoïaque de très bon aloi, offrant à la fois un giallo de très bonne facture qui s’en va vite lorgner du côté du paranormal, et nous offre à la fois une étude psychologique sur la condition parfois ingrate de « Maman » , en même temps qu’un film disons d’épouvante sinon d’horreur pour le moins ténu, en tout cas, brillamment mise en scène avec même des scènes de cauchemars dans lesquels les lames de rasoir s’animent au dessus de son lit, de façon presque onirique et pense même dans ces moment là autant que dans ses plans de murs de la cave qui reviennent à intervalles réguliers, au bon Lucio Fulci et son « Emmurée vivante », tant et si bien qu’on attend le cadavre derrière ces briques intrigantes.

Mario Bava part donc du Giallo pour dévier son chemin via des thèmes qui peuvent sembler éculés, à savoir la hantise et la possession, passant tel au travers d’un miroir ou même à travers ces briques trop fraîchement posées, pour rentrer de plein pied dans un univers fantastique presque parallèle, je dis presque parce que celui-ci ne se recoupera que trop avec la réalité de son personnage principal. Là ou Mario Bava frappe le plus fort, soutenu par une très bonne partition de Libra (Groupe proche des Goblin et qui contient l’un de ses membres – d’où ce sentiment accru d’être parfois chez Argento), c’est dans la montée crescendo de la tension qu’il parvient à créer ce, avec ce qui ressemble à de la facilité assez déconcertante. Celui-ci s’attarde sur chaque détails de la maison, chaque bibelot devient matière à susciter le doute puis l’inquiétude, une lame de rasoir entre deux touches de piano parvient à générer la psychose, sa caméra se faufile souvent de manière spectrale dans les couloirs qui se font de plus en plus oppressants, se permet en passant quelques scènes au relents vénéneux comme celle ou Marco, allongé sur sa mère semble proche du coït, le tout prenant forme avec aisance et harmonie pour culminer dans une frénétique poursuite finale qui parvient à prendre aux tripes, et que je ne dévoilerai pas ici. Bref, ce dernier film exploité en salles de Mario Bava est un exercice de style (c’est d’ailleurs sa limite) très brillant, qui mérite une seconde vision, une seconde chance, et pour ma part loin d’être négligeable dans la carrière de son metteur en scène. On notera accessoirement que John Steiner y est très bien dirigé également.
Note : 7/10
Accroche : Dora, exploratrice malgré elle.
Bande annonce sur Youtube
p.s: Je vous laisse choisir le titre pour le site, j'avoue douter entre les deux. _________________

Dernière édition par mallox le Ven Avr 27, 2018 1:35 pm; édité 2 fois |
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Jeu Mai 24, 2007 10:38 am Sujet du message: |
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Je suis plus réservé sur ce film de Mario Bava, et bien que lui trouvant des qualités, j'estime que toute la magie de Bava est ici absente. L'univers de "Shock" est ici aseptisé, finis les filtres colorés, tout n'est que fadeur dans cette maison sinistre, comme si elle était le reflet de la maladie du réalisateur. Rien à reprocher aux acteurs, pourtant (même si j'ai vu Steiner bien meilleur), mais on a le sentiment d'avoir déjà vu ce genre de films bien des fois. Et comme Mario Bava n'a ici plus la flamme, on est d'autant plus déçu. "Schock" reste cependant un produit d'honnête facture, bien meilleure que les productions du fiston, "Macabro" excepté (voire "Body Puzzle"). |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Jeu Mai 24, 2007 10:53 am Sujet du message: |
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En fait, j'en avais pas un souvenir bien fameux, et même presqu'aucun souvenir du film lors d'une diffusion sur canal+ il y a quelques années...
Et puis, j'avoue que je me suis laissé prendre au jeu dans cette seconde vision. Tout d'abord, Daria Nicolodi y est formidable et il est vrai que le film doit beaucoup à sa prestation. Pour John Steiner, son côté effacé, limite absent correspond (selon moi bien sûr) parfaitement à son absentéisme parental, du coup, il n'en devient que plus inquiétant alors que...
Pour le côté formel du film, il me semble quà partir des années 70, Mario Bava ai petit à petit épuré son style formellement, et en effet, c'est beaucoup plus brut de décoffrage qu'au préalable; j'ai même tendance à penser que cette "remise en forme" a débuter avec "La baie sanglante", bien plus épurée, brute, que son brouillon tourné juste avant "L'île de l'épouvante/cinque bambole.." qui était encore assez stylisé. Le plus révélateur (toujours selon moi) de cette tendance vers une épure, et même un nihilisme de mise en scène (si ça existe), reste ses "chiens enragés tournés en 1974 si je ne me trompe et exploité très tardivement, en tout cas après ce "Schock".
Il est vrai toutefois que j'y trouve là davantage matière à un brillant exercice de style surfant sur plusieurs courants du moment de façon intelligente et avec des moyens du bord toutefois bien exploités, que son film le plus personnel ou abouti. Là dessus, Mario bava perd un point.
Bref, je le trouve un peu sous-estimé, mais bon, peut-être une question de disposition, d'humeur (encore une fois, on va penser que je suis d'une versatilité incroyable -si ce n'est déjà fait !- ), mais je me suis assez régalé au contraire de la personne qui la revu en ma (charmante) compagnie et qui s'en souvenait très bien revanche. Si bien, que le film l'a un poil pompée... _________________
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