[M] [Critique] Cataclysm

[xawa]

Cataclysm

Etats-Unis, 1980.
Réal : Phillip Marshak, Gregg C. Tallas, Tom McGowan.
Int: Cameron Mitchell, Robert Bristol, Marc Lawrence.

Autres titres : Satan's supper, Nightmare never ends.


Un vieil homme juif ayant perdu sa famille dans les camps de la mort reconnaît son bourreau à la télévision. Problème de taille : celui-ci a toujours le même âge et le même visage trente cinq ans plus tard. Il prévient son voisin qui est aussi inspecteur de police et lui demande de l' aider. Celui-ci est incrédule jusqu' à la mort du vieil homme, défiguré, le thorax défoncé et le signe du diable gravé sur le corps : 666. Le policier finit par comprendre que ce jeune homme riche et influent, responsable d' une série de morts cruelles et bizarres, n' est autre que l' Antechrist.

Cataclysm est un véritable OFNI dans la production horrifique californienne. Non, je n' ai pas un cheveux sur la langue : il s' agit bien d' un Objet Filmique Non Identifié. Réalisation tricéphale, ce qui est fort rare, Cataclysm existe dans plusieurs versions. Aux USA, sous les titres Cataclysm, Nightmare never ends et Satan's Supper, qui sont apparemment trois montages différents. Peut-être en existe-il d'autres ? Inédit en salles chez nous, il a cependant connu une brève carrière en vhs au début des années 80, grâce à l'éditeur Cine-Video-International, celui qui a également sorti un fameux film de psychopathes ruraux avec Pigs les monstres sanglants de Marc Lawrence (qui joue dans Cataclysm, d'ailleurs ). C'est cette version que nous avons visionnée. Trois réalisateurs se sont attelés à ce qui ressemble, en l' état, à une variation autour de La Malédiction. L' Antechrist est ici un jeune homme fortuné, entouré de sa cour, dont l' objectif est bien entendu de faire le mal. Il tentera de corrompre un écrivain agnostique auteur d' un best-seller intitulé " Dieu est mort" (!) pour le faire entrer dans son clan. Mais c' est sans compter les obstacles que représentent l' inspecteur incarné par Cameron Mitchell, la femme de l' écrivain en question, et un prêtre plus ou moins défroqué qui tente de mettre fin à l' existence du démon. Sosie quasi-parfait du Jess Franco des années 70, cet homme d' église n' hésite pas à piquer la place d' un curé dans le confessional, à affirmer que le diable est en chacun de nous à travers l' orgueil, l' égoïsme, le mensonge, et que Dieu n' est pas nécessairement hostile au meurtre !! Moins bordelique que ses confrères italiens (exception faite de sa genèse ), Cataclysm n' effrayera personne mais crée sa petite ambiance, dans le giron des productions sataniques d' alors. Belzebuth possède ici un pied de cochon, a le pouvoir de transformer en monstres ses victimes, fait exploser les voitures à distance et intervenir ses créatures armées de haches. Aussi, il méprise les pauvres et a tant participé au troisième Reich qu' à des guerres du XIXéme siècle, en ne changeant jamais d'apparence.
En piquant des idées à Marathon man, La malédiction ou Rosemary's Baby, nos trois réalisateurs réussissent convenablement leur entreprise et nous apprennent, après avoir décimé la totalité du casting, que le diable est partout, spécialement dans le fric et la guerre, ce que les américains ont parfois tendance à oublier au profit du sexe (soft) et des drogues (soft). La présence de Cameron Mitchell en flic coriace n'hésitant pas à danser le disco ainsi qu'un final gore à souhait montrant que le démon a de beaux jours devant lui nous donnent carte blanche pour continuer l'exploration des perles rares de l'horreur made in America.

Accroche : Satan n' a qu'un visage !

A noter : le titre annoncé au début de la vhs est bien "Cataclysm".


EDIT : critique refaite (tournures de phrases incorrectes)

[flint]

Un film rare et fort, surprenant à plusieurs niveaux. Avec ce flic vieillissant déterminé à aller jusqu'au bout de son enquête, on a le sentiment de voir un héros de polar noir s'engouffrer dans la brèche de la nouvelle horrifique. Etonnamment structuré pour une oeuvre partagée entre trois réalisateurs, "Cataclysm" ouvre les yeux sur la fin d'un XXe siècle où les croyances et la foi ont été remplacées par le pragmatisme et le matérialisme. "Dieu est mort", tel est le titre du best-seller écrit par l'un des protagonistes du film. Le progrès a eu raison de lui, de même que l'évolution des mentalités. L'homme ne craint plus de s'attirer les foudres divines en commettant le mal. La foi est pour les rêveurs, le pouvoir pour les esprits cartésiens. Dans un monde qui a connu un déclin spirituel vertigineux en l'espace d'un siècle, l'émissaire de Satan a très bien su s'adapter à la nouvelle donne. Plus besoin d'attiser le feu par la guerre (le personnage d'Olivier, l'envoyé de Satan, s'est investi successivement dans le conflit franco-prussien, puis dans les deux guerres mondiales). Désormais, le respect s'obtient par l'ascension sociale. L'argent est le nerf de cette nouvelle guerre ; et l'homme, libéré du poids de la religion, peut enfin mener son existence par le biais de son libre arbitre.
"Cataclysm" porte bien son titre, annonçant l'Armageddon. Le film ouvre les portes de plusieurs genres : horreur, thriller, anticipation, polar ésotérique. Pas grand-chose à lui reprocher, si ce n'est un Marc Lawrence réduit à un rôle de vieillard sénile, alors qu'il eût été plus judicieux de donner de la profondeur à ce personnage de rescapé des camps de la mort, l'homme dont la mort va déclencher l'enquête.
Si l'on pousse la curiosité jusqu'à lire les commentaires (sur IMDB) des gens ayant vu le film, on constate qu'une majorité du public (essentiellement anglo-saxon) a détesté le film. Apparemment, ces gens là n'ont rien compris, et s'attendaient à un pur film d'horreur. Mais "Cataclysm" est bien plus que cela. C'est un film partant dans plusieurs directions, atypique et déroutant, et difficilement comparable avec d'autres longs métrages. Eventuellement pourrait-on faire un (très léger) rapprochement avec le "Meurtres sous Contrôle" de Larry Cohen, avec le cheminement d'un héros autant désabusé que déterminé, commençant par une enquête policière, et se poursuivant en quête mystique.
"Cataclysm" mériterait à coup sûr de sortir des oubliettes.

[flint]

Quelques captures pour le site...

[Throma]

Quel con.
1 heure que je bataille pour obtenir des captures correctes...pour m'apercevoir seulement maintenant que flint en avait déjà fourni

Pas grave, je les mets quand même








Maintenant, un petit comparatif entre le montage américain et français.
La version proposée chez nous en vhs par l'éditeur Cine Video International est écourtée au début de 6 bonnes minutes.

Dans la VF, le film débute par le personnage de Claire Hansen, épouse de l'auteur du bouquin "Dieu est mort", dans son lit. Son sommeil semble troublé par des cauchemars, que l'on visualise : en fait, le banquet nazi.
Puis elle se réveille, et on enchaine directement par le personnage du vieux juif dans son appartement découvrant l'inconcevable sur son poste de TV.

Dans la version originale, si le plan d'ouverture est identique, la suite diffère.


Claire ne rêve pas d'un banquet nazi mais plutôt à ce qui s'apparente à une érosion sous-marine...


...puis réveil brutal.


La séquence suivante, Claire et son mari assistent au show d'un médium...


...qui choisit Claire comme cobaye d'une expérience psychique. Elle a alors les visions du banquet nazi.


Le show terminé, Claire demande des explications au médium, pourquoi l'avoir choisie, elle. Il lui explique avoir ressenti des vibrations mentales la concernant, signes d'une psyché perturbée, puis la jeune femme prend congé.


Resté seul dans sa loge, le médium est attaqué alors par une entité invisible.


Son corps est retrouvé le lendemain ; La police interroge sur place Claire, dernière personne a avoir cotoyé la victime.

Séquence suivante : le vieux juif dans son appart.
Je ne crois pas avoir relevé d'autre différence par la suite mais si c'est le cas, je reviendra.
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http://www.vhs-survivors.com/myvhs.php?alias=Throma

[flint]

Super, ces précisions à propos du teaser original US, merci.
Et puis, d'après tes captures de la version originale, la copie a l'air de meilleure qualité.

[Throma]

Oui d'ailleurs, c'est un comble. Outre la disponibilité du film chez Troma dans leur collection "Troma triple b-header" accompagné de 2 autres films, le film a aussi été édité en dvd par les firmes "Brentwood/Treeline/Mill Creek", spécialisés dans les coffrets au rabais bourrés de films rentrés dans le domaine public.
Ce qui est bien avec ce genre de promo, à l'instar de la grande époque Initial, c'est qu'une galette peut en cacher une autre.
Ainsi, le coffret 10 films "Ancient Evil" annonce sur la devanture la présence (entre autres) de l'excellent "Psychomania" de Don Sharp. Un soir, j'enfourne la galette...et je me retrouve avec la copie de ce "Cataclysm", sous le titre de "Shiver".
Le plus surprenant, c'est que la qualité de l'image (voir les captures) est tout à fait correcte. Ces éditeurs sont pourtant connus pour la qualité dégueulasse de duplication des métrages qu'ils distribuent.
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http://www.vhs-survivors.com/myvhs.php?alias=Throma

[mallox]

... en tout cas, merci pour la découverte. Une légère parenté avec "Meutres sous contrôle" de Cohen, quelques idées piquées ici et là (citées par Xawa), mais un film atypique et dont l'intérêt croît au fur et à mesure que le film progresse. J'ai failli arrêter le film au bout d'un 1/4h. j'aurai eu tort.
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[flint]

La critique n'a pas besoin d'être retouchée, elle pourrait logiquement aller sur le site, non ?

[mallox]

Oui tout à fait, j'étais d'ailleurs justement en train de préparer les mises à jour de la fin de semaine prochaine. Voilà pourquoi, je m'étais arrêté sur ce topic.
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[xawa]

[RuggeroPark]

Flint va encore me dire que je pionce devant les films, mais alors, je n'ai pas du tout accroché.
Pas envie d'être méchant, mais je me suis senti constamment extérieur à ce qui ce passait. Du coup, je me suis endormi devant.
Merci pour le somnifère rare Xawa ! Cataclysm m'a fait l'effet d'un suppo(de satan)sitoire.

[flint]

[xawa]

[RuggeroPark]

Bah oui autant que je me souvienne. un transfert de vhs qu'on m'avait fait.
pourkoi ?