flint Super héros Toxic


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Posté le: Mer Avr 01, 2009 8:53 am Sujet du message: [M] [Critique] Hansel et Gretel |
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Hansel et Gretel – 2007
(Hansel & Gretel)
Origine : Corée du Sud
Genre : fantastique
Réalisé par Pil-Sung Yim
Avec Jeong-myeong Cheon, Sim Eun-kyung, Ji-hee Jin, Eun Won-jae
Eun-Soo se rend en voiture au chevet de sa mère gravement malade, et tente de calmer sa fiancée par téléphone portable interposé. Une faute d’inattention lui fait quitter la route : c’est l’accident. Groggy, légèrement blessé, il erre un moment dans les bois environnants avant de perdre connaissance. Lorsqu’il revient à lui, il fait nuit. Il est recueilli par une jeune fille, Young Hee, qui le conduit jusqu’à une maison perdue au cœur de la forêt. Dans cette curieuse demeure sortie d’un conte de fée vit également Manbok, son frère, et Jung Soon, la petite sœur. Et puis, il y a les parents… Ces derniers, bien qu’accueillants et serviables, ne paraissent pas très à l’aise. Ils semblent même avoir peur… de leurs enfants.
Eun-Soo ne prête guère attention au comportement étrange de cette famille. Il compte s’en aller dès le lendemain matin… A condition de pouvoir sortir de la forêt !
Hansel et Gretel est un conte de fées allemand datant du Moyen Age. En littérature, il fut notamment adapté par Giambattista Basile, au XVIIe siècle, et par les frères Jacob et Wilhelm Grimm, au XIXe. Il raconte l’histoire de deux enfants dont les parents sont si pauvres qu’ils décident d’aller les perdre dans les bois, pour ne plus avoir à les nourrir. Abandonnés, Hansel et Gretel trouvent une maison en pain d’épice au cœur de la forêt. Ils ignorent que la bâtisse est un piège conçu par une sorcière ayant l’intention de les manger. Ce célèbre conte a connu également un nombre important d’adaptations cinématographiques, dès 1897. Classiques la plupart du temps, mais parfois détournées, également, comme la version érotique de Franz Josef Gottlieb : « Hänsel und Gretel verliefen sich im Wald », en 1970.
A défaut de détournement, on peut estimer que cette version du réalisateur coréen Pil-Sung Yim est un habile contournement du conte. Si le cinéma d’horreur asiatique a toujours été prolifique, ce sont essentiellement à des pays comme le Japon et la Chine (Hong-Kong) que l’on pense en tant qu’experts dans ce domaine. La Corée du Sud n’est pas vraiment, par contre, spécialiste dans le créneau fantastique ; à quelques exceptions près, comme le récent « A Tale of Two Sisters », de Ji-woon Kim (2003). Seulement, à la différence de ce dernier, les influences de Pil-Sung Yim ne lorgnent pas du côté d’un Hideo Nakata, mais plutôt vers des réalisateurs occidentaux.
Et pas n’importe lesquels, car en visionnant ce « Hansel et Gretel », et notamment les premières images de la maison, son architecture, sa décoration, ses couleurs chatoyantes, on pense évidemment à des cinéastes comme Tim Burton, et à nos compatriotes Caro et Jeunet. Difficile d’affirmer que Pil-Sung Yim ait vu « La Cité des enfants perdus », par exemple ; mais nul doute que l’univers de Guillermo del Toro lui est familier. En effet, le metteur en scène coréen semble particulièrement attaché au thème de l’enfance (et ce depuis ses courts métrages). Avec « Hansel et Gretel », abordant le sujet délicat d’enfants ayant subi des maltraitances (par le biais d’une trame fantastique et onirique), le rapprochement avec des œuvres comme « L’échine du Diable » et surtout « Le labyrinthe de Pan » est vite trouvé. On ne manquera pas non plus de relever quelques points communs entre certains éléments du décor (notamment les tableaux montrant des animaux « humanisés ») avec les illustrations de Beatrix Potter.
Ce mélange d’inspiration occidentale et de culture asiatique donnent au film une identité particulière, un peu surprenante au départ (voire déstabilisante), mais qui ne manque pas d’intérêt. En dehors des principaux personnages, la vedette de « Hansel et Gretel » est cette étrange maison, un ancien orphelinat baptisé « La maison des enfants heureux », appellation ô combien ironique lorsqu’on apprend ce qui s’est passé entre ces murs. Tout le mérite du réalisateur (et le talent, aussi) consiste à avoir su renouveler le thème de la maison hantée et des fantômes qui l’habitent, évitant autant de livrer une copie d’un « Amityville » ou d’un « Poltergeist », que de proposer un énième succédané de « Ring » ou « Dark Water ». Ainsi, Pil-Sung Yim a su se démarquer de films « référence », tant dans le fond (« Hansel et Gretel » ne présente aucune similitude, finalement, avec des œuvres comme « L’Orphelinat » ou « Fragile ») que dans la forme. Ce n’était pourtant pas évident, de la part d’un cinéaste somme toute peu expérimenté, et dont « Hansel et Gretel » n’est que le second long métrage, après « Antarctic Journal », un thriller horrifique réalisé en 2005.
Cela dit, le film n’est pas parfait non plus, et présente un certain nombre de défauts. Le rythme, d’abord : celui-ci s’avère particulièrement inégal. Le ton du film se veut lent, créant une ambiance voulue par l’auteur. Mais dans l’ensemble, « Hansel et Gretel » repose beaucoup plus dans les dialogues entre ses différents protagonistes, la confrontation (orale) entre deux mondes, celui des enfants et celui des adultes, que dans ses scènes « choc ». Et c’est là où le bat blesse quelque peu, dans la mesure où les trois jeunes acteurs endossant les rôles de Jung Soon, Young Hee et Manbok sont tellement talentueux, et naturels, qu’ils étouffent complètement le reste du casting, à savoir tous les adultes, Jeong-myeong Cheon en tête. Ce dernier, incarnant Eun-Soo, le personnage central de l’histoire, ne soutient malheureusement pas la comparaison face au trio des enfants qui lui donnent la réplique. Il en résulte un déséquilibre dans la tension dramatique du film, et le spectateur, au final, ne tremble pas vraiment pour ce « héros » prisonnier dans un endroit maléfique.
Mais ne soyons pas trop sévère, Pil-Sung Yim a du talent, c’est évident, même s’il n’a pas encore la classe des réalisateurs qui l’ont inspiré. « Hansel et Gretel » n’en est pas moins une relecture originale du conte, que l’auteur prend à contrepied, puisque cette fois ce sont les adultes qui sont pris au piège, et les enfants qui représentent le danger. Dans l’ensemble, Pil-Sung Yim a réussi à faire passer son message, à savoir la difficulté du passage de l’enfance vers l’âge adulte, la peur et la tristesse que peuvent éprouver les enfants qui ne veulent pas grandir.
Note : 7,5/10
Accroche : Génération perdue
Fiche DVD :
Hansel et Gretel
Région : Zone 2
Editeur : Wild Side Video
Pays : France
Sortie film : 2007
Sortie dvd : 2 avril 2009
Durée : 112 min
Image : 1.85, 16/9e compatible 4/3
Audio : DTS & DD 2.0 (coréen), Dolby Digital 5.1 (français)
Langues : coréen, français
Sous-titres : français
Bonus (tous en VOSTF) :
- Making-of, 55 min 10 sec
- 5 scènes coupées (avec commentaire audio optionnel du réalisateur), 8 min
- Les décors – interview de la responsable des décors, 14 min 23 sec
- La musique – entretien avec le compositeur de la bande originale, 14 min 20 sec
- Les effets spéciaux – interview du directeur des effets spéciaux, 9 min 36 sec
- Brushing : court métrage du réalisateur, 22 min 29 sec
- Baby : court métrage du réalisateur, 34 min 12 sec
- Moments de détente – bienvenue dans l’univers de Hansel et Gretel, 5 min 10 sec
- Recommandations d’autres réalisateurs, 2 min 30 sec
- Sur le tournage, 13 min 48 sec
- Bande-annonce française du film, 1 min 41 sec
- Liens internet
Commentaires : Une fois n’est pas coutume, Wild Side peaufine ses produits et nous propose un double DVD complet et satisfaisant à tous points de vue. Techniquement, c’est irréprochable, ce qui permet au spectateur de profiter pleinement de la beauté visuelle de « Hansel et Gretel » que ce soit au niveau des décors, des couleurs ou de la musique. En dehors du film, l’éditeur nous gratifie donc d’une kyrielle de suppléments atteignant presque les trois heures ! Evidemment, comme c’est souvent le cas, la qualité (et l’utilité) de ces bonus est assez inégale. A travers les témoignages du réalisateur, du compositeur de la musique et de la responsable des décors, on sent une réelle tristesse d’avoir vu le film se ramasser au box-office coréen, malgré tout le travail produit par une équipe visiblement très unie.
Le making-of permet de se rendre compte à quel point Pil-Sung Yim s’est attaché aux trois enfants. Son comportement paternaliste, ajouté à sa bonhomie, son physique de « gentil nounours », à l’instar d’un Guillermo Del Toro, en font un personnage éminemment sympathique. L’ambiance sur le plateau était d’ailleurs très familiale, bien que difficile, puisque l’équipe tournait souvent de nuit. Les divers bonus permettent de se faire une idée sur la maturité impressionnante des enfants (en plus de leurs talents d’acteurs), notamment la petite Ji-hee Jin, qui n’avait que huit ans au moment du tournage.
En dehors des bonus en rapport avec « Hansel et Gretel », l’éditeur nous offre aussi les deux courts-métrages réalisés par le réalisateur avant « Antarctic Journal », à savoir « Brushing » (1998), et « Baby » (1999). Si la qualité de ces courts-métrages n’est que relative, on se rend compte néanmoins que Pil-Sung Yim portait déjà à l’époque beaucoup d’intérêt pour l’enfance, et le cap difficile du passage à l’âge adulte.
Enfin, signalons dans le making-of une scène ne figurant ni dans le film, ni dans les scènes coupées des bonus, dans laquelle le couple Byun, pris soudainement de folie, s’empiffre de nourriture avec les doigts.
Souhaitons donc à « Hansel et Gretel », après son échec au cinéma, de se voir attribuer une nouvelle chance par le biais du DVD ; ce film (et son metteur en scène) le méritent amplement.
Note : 9,5/10
Dernière édition par flint le Jeu Avr 02, 2009 8:13 am; édité 1 fois |
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