[M] [Critique] La soeur de Satan

 
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flint
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MessagePosté le: Dim Déc 27, 2009 5:47 pm    Sujet du message: [M] [Critique] La soeur de Satan Répondre en citant



La sœur de Satan

Titre original : Revenge of the Blood Beast

Genre : Horreur, Fantastique, Comédie

Année : 1966

Pays d’origine : Angleterre/Italie

Réalisateur : Michael Reeves

Casting : Ian Ogilvy, John Karlsen, Barbara Steele, Mel Welles, Richard Watson, Lucretia Love…

Aka : The She-Beast/La sorella di Satana/Satan’s Sister/She Beast/Sister of Satan/Satan’s Zuster/Il lago di Satana



Veronica et Philip ont décidé de passer leur voyage de noces à Sofia, voyageant à bord d’une ravissante VW « Coccinelle ». Mais ils se perdent en chemin, et atterrissent dans un bled paumé au cœur des Carpathes nommé Vaubrac. Une région qui paraît inhospitalière, et dont les habitants ont un comportement atypique, sinon inquiétant. Ils font la connaissance du tenancier du seul hôtel ouvert dans les parages, un certain Ladislav Groper, qui met des gousses d’ail dans le thé, tient son établissement comme une écurie, et semble prendre un malin plaisir à épier les nouveaux arrivants. Le jeune couple est également abordé par un vieil homme paraissant excentrique, voire gâteux. Il s’agit du Comte Fritz Van Helsing, dernier descendant de la lignée qui combattit le légendaire Dracula. L’homme est un aristocrate déchu, qui a été autrefois dépossédé de ses terres et de son château par l’état communiste en place. Il vit depuis lors reclus dans une sorte de grotte aménagée, et attend de pied ferme le retour de Vardella.



Mais qui est cette Vardella ? Il faut en fait remonter exactement deux siècles en arrière, soit en 1765. Après l’agression d’un enfant qui faisait suite à une série de meurtres horribles, la population, conduite par le prêtre du village, s’en alla débusquer une vieille sorcière particulièrement hideuse : Vardella. Sans autre forme de procès, elle fut ligotée au bord d’un lac sur un engin ressemblant à une catapulte, transpercée par une tige métallique puis noyée. Avant de rendre son âme au Diable, elle eut néanmoins le temps de proférer une malédiction contre ses bourreaux. Selon Van Helsing, Vardella va se réincarner précisément deux cents ans après son exécution. L’heure est proche, l’heure est grave !
Mais Veronica et Philip sont plutôt préoccupés par leur nuit de noces. Malheureusement, celle-ci va être perturbée grandement par l’infect Groper qui, dissimulé dans un coin, assiste aux ébats du couple. Il s’ensuit une bagarre au cours de laquelle le jeune marié blesse le malotru. Ne voulant pas avoir d’ennuis avec la police, le couple décide de partir. A la sortie du village, Philip perd le contrôle de son véhicule. Une force invisible semble l’entraîner vers le lac. La Volkswagen plonge dans les eaux avec ses occupants. Un chauffeur routier, qui passait par là, plonge à son tour. Il remonte deux corps à la surface : celui de Philip, et celui de… Vardella !



« La sœur de Satan » (titre d’exploitation belge, le film étant inédit en France) est une oeuvre curieuse, qui s’ouvre sur un flashback expliquant la monstrueuse exécution d’une non moins monstrueuse sorcière, au XVIIIème siècle, dans un village des Carpathes. On baigne d’entrée dans un film d’horreur, on pourrait presque se croire dans un Hammer. Une fois que l'histoire bascule de nos jours (en 1965), elle conserve une connotation fantastique, parfois surréaliste, et où l’horreur se manifeste à nouveau dès lors que la sorcière s’est réincarnée et poursuit son entreprise de destruction entamée deux siècles plus tôt. Oui mais voilà, au fil des événements, « La sœur de Satan » prend une tournure résolument comique, non pas un humour involontaire, mais un ton burlesque délibéré de la part du réalisateur et de son équipe. Le film en devient déconcertant, troublant, le spectateur ne sait plus sur quel pied danser : doit-on s’attendre à trembler, à éclater de rire, à être consterné ?



A vrai dire, le désir de se montrer sévère à l’égard de cette œuvre devrait être tempéré quand on sait que son metteur en scène, Michael Reeves, n’avait que vingt-deux ans à l’époque du tournage de ce qui était son premier film. Vingt-deux ans ! Bon sang, à cet âge combien de génies du 7ème Art n’en étaient pas encore à ce stade, n’avaient pas autant de responsabilités, de pression sur les épaules ? Michael Reeves, de l’avis de tous ceux qui ont pu le côtoyer, était un surdoué doublé d’un perfectionniste. Sans sa mort tragique alors qu’il n’avait que vingt-cinq ans (causée par une trop forte dose de comprimés mélangée à de l’alcool), on peut imaginer sans mal que son parcours aurait pu être égal, voire supérieur à celui d’un Terence Fisher. Il ne laisse que trois films derrière lui, celui-ci, suivi de « La créature invisible » (« The Sorcerers »), et de son chef d’œuvre : « Le grand inquisiteur » (« Witchfinder General »). Trois films, et trois grandes vedettes au générique de chacun d’entre eux : Barbara Steele, Boris Karloff et Vincent Price. Oui, Michael Reeves, s’il avait vécu, aurait probablement réalisé de très grands films, et on l’aurait imaginé en train de diriger d’autres grands noms du cinéma comme Peter Cushing ou Christopher Lee (qu’il avait rencontré sur le tournage du « Château des morts vivants"). Reeves avait été désigné pour mettre en scène « Le cercueil vivant » (« The Oblong Box ») lorsqu’il mourut.



Pour en revenir à la tournure comique qui paraît de prime abord parfaitement incongrue, lorsque l’on visionne cette « Sœur de Satan », elle fut en fait décidée lorsque l’équipe de tournage se rendit compte que le film n’était pas effrayant comme escompté. Du coup, Reeves décida d’appuyer sur le mauvais goût et la dérision (l’œuvre basculant en farce contre le communisme primaire, avec comme point culminant le gag de la faucille et du marteau).
Puisque l’on évoquait Barbara Steele, le spectateur aura une seconde raison (après le mélange de genres) d’être mécontent, ou pour le moins frustré. En effet, Barbara Steele n’apparaît qu’à peine une trentaine de minutes sur un peu moins d’une heure vingt. Elle disparaît au bout d’une demi-heure (réincarnée en sorcière monstrueuse, laquelle était jouée par un figurant), pour ne réapparaître qu’à deux minutes du final.



Pourquoi ? Et bien, pour des raisons purement budgétaires, l’actrice ne fut engagée que pour une seule journée de tournage, et un cachet de mille livres sterling. Ce qu’elle ne savait pas, c’est qu’elle allait être sollicitée dix-huit heures sur les vingt-quatre (théoriques) du contrat. Une rentabilité dont elle se serait bien passée, et dont elle tiendra rancune à la production durant de longues années (mais à l’écouter sur le commentaire audio du DVD de Dark Sky, cette anecdote la fait désormais rire).



A l’époque, il est vrai, les noms de Ian Ogilvy (« Le retour du Saint »), John Karlsen (« Les insatisfaites poupées érotiques du professeur Hichcock ») ou de Mel Welles n’étaient pas un gage de rentabilité. Notons que ce dernier, en dehors de son métier d’acteur, connaîtra en parallèle une petite carrière de réalisateur, laissant notamment deux perles du cinéma-bis derrière lui : « Lady Frankenstein » et « Baron vampire » (à ne pas confondre avec celui de Mario Bava). Quant à Ian Ogilvy, il sera l’acteur attitré de Michael Reeves, puisqu’on le retrouvera en tant que premier rôle dans « La créature invisible » et « Le grand inquisiteur ». « La sœur de Satan » marquait son premier rôle au cinéma, après quelques petites apparitions pour la télévision. Pas tout à fait convaincant dans le film, on retient néanmoins son côté cartésien un peu trop appuyé (atténuant l’émotion qu’il devrait ressentir à la suite de la disparition de sa femme), contrastant avec le personnage ésotérique de John Karlsen.



Dans ce film comptant un casting assez restreint, on retiendra la brève (mais appréciée) apparition de Lucretia Love (pas encore blonde), qui manque de se faire violer par l’ignoble Groper. L’actrice était encore une débutante à l’époque. On la verra par la suite dans moult classiques du cinéma de genre : « Zenabel », « Les amazones font l’amour et la guerre », « La révolte des vierges », « La possédée »…
Coproduite avec l’Italie, « La sœur de Satan » a en partie été tournée en Yougoslavie. Quand le film sortit en Angleterre, la mode était encore aux double-programmes ». « Revenge of the Blood Beast » fut couplé, pour la petite histoire, avec « Le monstre de Venise » (« The Embalmer »). Même si « La sœur de Satan » reste une œuvre mineure, la maîtrise dont fait preuve Michael Reeves, eu égard à son âge, force néanmoins le respect.

Note : 6/10







Dernière édition par flint le Mar Fév 16, 2010 9:43 am; édité 3 fois
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John Pipo
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MessagePosté le: Dim Déc 27, 2009 5:51 pm    Sujet du message: Re: [Critique] La soeur de Satan Répondre en citant

flint a écrit:




frank_PDT_16

Le prolétariat serait donc une sous-race à exorciser ? frank_PDT_10
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flint
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MessagePosté le: Dim Déc 27, 2009 5:59 pm    Sujet du message: Répondre en citant

ico_mrgreen

La scène est mémorable : la sorcière massacre Groper avec une faucille. Une fois son forfait commis, elle balance la faucille, cette dernière venant se poser sur un marteau, comme le montre la capture.

Fallait oser !
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Camif
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MessagePosté le: Dim Déc 27, 2009 8:07 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Génial. Et le prolétariat n'existe pas sous le régime actuel ! frank_PDT_01
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"Du 2 au 22 mai, y avait pas loin" Mallox
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