[M] [critique] Keoma - Enzo G. Castellari

[Cenobite]

Nous sommes en 1976. En Italie, le western tire ses dernières cartouches, en même temps que le polar d'ailleurs. L'horreur a un bel avenir, on est en plein règne d'Argento. Les Frissons de l'Angoisse, 1975.

C'est pourtant dans ce contexte que le bourlingueur Enzo Girolami Castellari accepte de re-tourner un western. Mais pas un de ces westerns parodiques qui embourbent le genre et qui caractérisent les années 70. Non, un vrai et sérieux western, un dur, avec du sang, de la sueur et de la vengeance. Ce sera Keoma, et il restera comme l'un des titres ultimes du western spaghetti. Un chant du cygne funèbre. Il n'aura que très peu de successeurs...




Keoma se déroule après la Guerre de Sécession, dans un pays où règne la mort. Battu par des vents violents, dévasté, hanté par les malades d'une peste. Et parcouru par deux figures à l'aura quasi-surnaturelle : une vieille femme, qui annonce la Mort, et Keoma, qui la provoque. Dans ce monde à l'agonie, Keoma est un métis indien qui revient du front et découvre son village natal sous le joug d'une bande. Il erre telle une âme damnée, dans un pays qui n'est plus le sien, se heurtant à un racisme qui lui n'a pas changé, combattant seul contre tous pour son idéal de liberté. "Je dois le faire seul. Parce que je n'ai personne sur qui compter". Tout concourt contre Keoma, jusqu'à la bande-son étrange qui, d'une voix plaintive, exhorte notre métis à ne pas reprendre les armes, à ne pas suivre sa croisade.


Une vieille femme, qui symbolise la Mort. " Tu es toujours là lorsque la Mort apparaît"., lui dira Keoma.


Le calme avant la tempête. En arrière-plan, la Mort, toujours au rendez-vous...

Keoma est un film à la dimension particulière, partant dans des étranges élans oniriques, où Keoma revit des flash-back de son enfance. La réalisation de Castellari accentue cet aspect de surréalisme et d'irréalité permanente, par son rythme feutré et ses ralentis. Des ralentis qui soulignent la Mort, une Mort qui n'en finit plus de frapper, transformant le moindre duel en danse macabre. Le rêve et la Mort. De par ses partis pris, Keoma n'est pas exempt d'un certain symbolisme religieux. En témoigne son dernier acte où, après avoir entraîné ses rares compagnons dans sa chute, Keoma est supplicié et crucifié.


Souvenirs de jeunesse pour Keoma (de dos), qui se contemple enfant...


Keoma fait feu dans un petit saloon. Les hommes s'envolent et tombent...


La Mort rend visite à Keoma, crucifié à une roue à aube.

Keoma, western mystique, western quasi-fantastique, western étrange, est aussi un western référentiel. Assistant de Corbucci en son temps, Castellari cite son mentor. Un film vient en tête : Django. Django qui est pétri de la même ambiance putride. Django, auquel Keoma rend de nombreux clins d'oeil dans sa première partie.


Un homme encagoulé. Clin d'oeil à Django et aux sbires du Major Jackson, encagoulés de rouge.

Keoma est un western aux allures de tragédie, à l'ambiance rarement égalée, hanté par des choeurs plaintifs et des personnages maudits cherchant à combattre leurs destins en un lieu devenu purgatoire. La fin en est l'apothéose, magnifique règlement de comptes dont tout bruit est effacé, au profit de ceux d'un accouchement douloureux. Une vie qui combat la Mort. Une Mort qui permet la vie. Une vie qui, comme le clame Keoma, "est née libre"...



Keoma
Italie, 1976, Enzo G. Castellari
Franco Nero, Woody Strodes, Olga Karlatos, William Berger, Donald O'Brien, Joshua Sinclair...
Accroche : La fin d'un règne

[Candyman]

Castellari en fait parfois trop, ce qui fait fleurter son film avec le ridicule, notamment lors de la scène où Keoma voit son père se faire tuer et qu'il se rue sur les tueurs au ralenti.

Cela reste un bon western, au sein duquel trois frères sombreront dans l'étalage de violence dans le seul but de s'attirer les faveurs de leur père. Car, davantage que le métissage de Keoma, c'est le fait qu'il apparaisse à leurs yeux comme le protégé de leur père, qui les fait enrager.
Ce qu'ils ne comprennent pas, c'est que leur père puisse aimer tous ses enfants de façon égale. Cette jalousie exacerbée mêlée à l'incompréhension, aménera cette famille à se détruire.
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Un site cinématographiquement bien

[jack deth]

d autre affiche

[mallox]

Je trouve ce film un peu surestimé quand même ; on a tellement envie que Castellari ai fait un bon film aussi... bref, le chant à la Joan Baez fini par prendre les tympans, et Keoma ressemble un peu trop à Django en plus Christique ce qui n'est pas à son avantage non plus ; malgré tout, il y a de vrais essais de cadrages et des trouvailles de mise en scène que l'on ne trouve que trop rarement chez ce cinéaste, et dans le renouveau du western spaghetti mi-seventies, nous tenons là sans aucun doute une oeuvre personnelle qui mérite d'être visitée.

6/10
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[Throma]

Joan Baez mais surtout Leonard Cohen. Sa chanson "Avalanche" est plagiée sans vergogne.
Sinon, Keoma, je le trouve très moyen, linéaire et prétentieux.
La photo est à chier et la musique, belle au départ, sâoulante au bout de cinq minutes surtout dès que la voix catastrophique de Nero intervient.
Et pire, cela influe sur le métrage, qui perd toute crédibilité ensuite, même dans les moments tragiques.
J'aime bien Castellari en temps normal mais celui là passe mal.
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http://www.vhs-survivors.com/myvhs.php?alias=Throma

[carcharoth]

Un film en effet un peu surestimé, mais qui aurait pu être une vrai tuerie... Comme le souligne Mallox, il y a de gros efforts de mise en scène, certains cadrages sont très travaillés, de même que l'ambiance qui plane sur la ville délabrée, un arrière goût de post-apo bien sympathique. Dommage que le récit très décousu, et certains éléments assez ringards viennent plomber l'ensemble... de même que le titre musical principal... Un western spaghetti qui a le cul entre deux chaises, mais qui mérite tout de même que l'on y jette un œil.
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AniManiaques

[San]

C'est quoi ça... :pleur2: "Kéoma", c'est du tout bon, pas de gras, que du blanc! !!!!La musique est géniale! !!!La mise en scéne trés inspiréé! !!Franco néro excellent! !!!
Ca se bagarre dans la boue, jusqu'à plus soif! !!L'histoire est originale!!!Du pure cinéma d'exploitation, sans prétention qui péte pas plus haut que son cul! !!! !!


J'ai l'impression que ça la joue un peu trop "intellectuel" ici.....

[mallox]

[San]

[mallox]

[San]

Tu suçais encore ton pouce même.... :happy:

[Camif]

[San]

Tu vas nous dire que tu l'as vue en salle aussi...

[John Pipo]

[San]

Non, je plaisante beaucoup mais je vous respecte biensùr...sinon, je serais pas là :timide: Pour explication, je rebondissais sur un échange avec Camif sur un autre fofo...et, le fait qu'il avait vue "les prédateurs de la nuit" en salle donc.... :happy:

Plus sérieusement, je suis contre toutes crucifixions....