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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Mar Nov 23, 2010 7:40 am Sujet du message: [M] [Critique] L’île inconnue - 1948 |
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L’île inconnue (Unknow Island)
États Unis – 1948
Réalisation : Jack Bernhard
Avec : Virginia Grey, Richard Denning, Barton Mac Lane, Phillip Reed, Richard Wessel, Daniel White, Philip Nazir...
Genre : Aventure, Fantastique, Agressions animales
Accroche : euh, j’encule Godzilla.
Un couple d’américains, Ted Osborne et sa fiancée Carole Lane, recrute dans le port de Singapour le Capitaine Tarnowski, louche patron d’un cargo louche, pour une expédition vers une île inconnue du Pacifique sud qu’Osborne pense peuplée d’une faune inchangée depuis la préhistoire. Les accompagne dans ce périple John Fairbanks, épave alcoolique qui prétend être le seul survivant d’une précédente expédition sur cette île. L’équipage malais, tenu dans un premier temps dans l’ignorance de la destination du bateau, tente de se rebeller en se rendant compte qu’il est mené vers un lieu à la sinistre réputation dans les superstitions locales. Mais l’énergique Tarnowski mate les mutins, littéralement, à coups de trique. Le climat est lourd quand le cargo arrive enfin aux abords de « l’île du crâne », ah non, pardon, de l’île inconnue, d’autant plus que la belle Carol Lane, véritable reine des abeilles dans cet univers masculin, est courtisée ouvertement par Tarnowski et de façon plus subtile par un John Fairbanks devenu sobre…
Et bien voilà une curiosité cinématographique difficile à classer : ni pépite oubliée du cinéma d’aventure, ni « Nanar de compétition », et en même temps un peu des deux. Un film schizophrène qui peut laisser le spectateur dubitatif ou au contraire le charmer.
D’un coté nous avons une honnête série B d’aventure, certes un peu fauchée, mais bénéficiant d’une interprétation très solide et assez correctement mise en scène, malgré des partis pris dans la réalisation parfois étranges. De l’autre, un incroyable défilé de « craignos monsters », tous plus ridicules les uns que les autres, dont les apparitions successives repoussent les limites du grotesque en un crescendo qui aboutira au « prodigieux » combat final.
Cette dichotomie se ressent d’ailleurs visuellement à l’écran, les scènes d’extérieurs avec les monstres ont un aspect beaucoup plus délavé que les scènes de studio avec les acteurs, les uns n’interagissant jamais avec les autres autrement que par champs/contrechamps (à part quelques rares moments où les comédiens jouent devant un écran projetant des prises de vues des « monstres »).
La présente critique aurait été beaucoup plus facile si ce film était ce qu’il espérait être (un « rip off » honnête de la partie insulaire de King Kong), ou, ce que les captures qui l’émaillent (la critique) laissent à penser qu’il soit (une nullité rigolote). Ici je fais une pause pour admirer le nombre de répétitions du verbe être dans la phrase précédente.
Car ce film peut, malgré tout, s’apprécier au premier degré, les parties avec les « craignos monsters » étant suffisamment espacées, courtes et diversifiées (et, disons le, involontairement drôles) pour ne pas rebuter quelqu’un de complètement hermétique à la notion même de « Nanar » (le vilain mot) comme le rédacteur de ces lignes. A l’inverse, pas sûr que quelqu’un qui visionnerait ce film dans le but unique de s’en moquer y trouverait son comptant.
Mine de rien, ce film marque une date historique dans l’histoire du cinéma, enfin plutôt dans l’histoire de la représentation des dinosaures au cinéma ; pour la première fois, ils ne sont pas incarnés par des maquettes en « stop motion » ni par des iguanes grimés, mais par des acteurs dans des combinaisons de caoutchouc (et quelles combinaisons !), ceci dix ans avant les « Godzilla » de la Toho. Il me plait à croire que sans cette « île inconnue » les Kaiju Eiga n’existeraient pas.
Mais ce n’est pas tout, car seul les tyrannosaures (ou plutôt les ceratosaures, car ils sont cornus) sont incarnés de cette manière (avec un primate géant mais j’y reviendrai), parce qu’on a aussi droit à des brontosaures (ou des diplodocus, enfin de grosses bestioles amphibies) sur rails, à l’animation limitée à un mouvement vertical du cou, et surtout (mes préférés) des dimétrodons rampants (en fait, tirés par un câble) en bougeant spasmodiquement des membres. Moins original, le sous King Kong à la fourrure orangeâtre n’en est pas moins l’un des plus ridicules « figurants en peau de bête » du cinéma ; il serait incarné par Ray « Crash » Corrigan, le grand spécialiste de la défroque simiesque.
Anecdote amusante : la partie « dinosaurienne » du film ayant était tournée dans le désert de Palmdale, à la périphérie de Los Angeles, sous un soleil de plomb, l’un des figurants en tenue de ceratosaure s’écroula, victime d’un malaise, sa chute fut conservée pour le film et utilisée pour représenter la bête terrassée par un jet de grenade.
La partie « sérieuse » du film a, quant à elle, été tournée entièrement en studio ; et malgré un budget serré, la jungle est reconstituée de façon acceptable, au moins comparé aux dinosaures. Et si on peu qualifier cette partie de « sérieuse », c’est grâce à son casting solide bien que très marqué série B. Dans l’unique rôle féminin, on trouve la jolie Virginia Grey, à l’époque fiancée à Clark Gable (qui ne l’épousera jamais), dans celui du blond héros on a Richard Denning, un habitué des films de SF à petit budget et vedette entre autres du mythique « Black Scorpion ». Le truculent mais antipathique Capitaine Tarnowski est incarné par le vétéran Barton Mc Lane, grand spécialiste des rôles de « loup de mer ». Phillip Reed, qui joue le peu fiable petit ami de l’héroïne, est le moins connu des quatre acteurs principaux, sa carrière ne s’en étend pas moins sur quatre décennies.
Le réalisateur de cette « île inconnue » est l’obscur Jack Bernarhd, à la courte mais prolifique carrière de metteur en scène (pas moins de douze films en quatre ans). Ayant débuté comme producteur associé pour la « Universal », il devint réalisateur pour des productions indépendantes (parfois les siennes) distribuées par les plus désargentées des compagnies de la « Poverty Row ». Ses films sont pour la plupart des « policiers », aujourd’hui oubliés mais ayant une assez bonne réputation. On lui doit, dans ce film ci, quelques idées de mise en scène originales mais pas vraiment heureuses, comme la surimpression d’une image de compteur de manomètre durant les séquences de mutinerie ; ou le montage ultra découpé du combat entre le gorille géant et un ceratosaure, avec gros plan du visage du singe agressant une caméra qui adopterait le point de vue du dinosaure (en vue subjective).
Incontestablement, cette « île inconnue » n’est pas un chef d’œuvre, mais ne boudons pas le plaisir que constitue la vision de ce film divertissant aux multiples charmes. (6,75/10)
Dernière édition par sigtuna le Mar Nov 23, 2010 8:26 am; édité 2 fois |
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Mar Nov 23, 2010 7:43 am Sujet du message: |
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Fiche DVD
L’île inconnue - Artus Films
Région : Zone 2 PAL
Editeur : Artus Films
Pays : France
Sortie film aux USA : 15 octobre 1948
Sortie DVD France : 23 novembre 2010
Durée : 72 minutes
Image : 1.33 original respecté (4/3)
Audio : Dolby 2.0 mono
Langues : français, anglais
Sous-titres : français
Bonus :
- "Les mondes perdus aux cinéma" par Alain Petit
- Bandes-annonces de l'éditeur
- Diaporama de photos
Si ce film fit les beaux jours des TV américaines dans la seconde moitié du 20ème siècle, force m’est donnée de constater qu’il était jusqu’à ce jour une rareté inconnue dans nos contrées. Grâce soit donc rendue à Artus de nous permettre de le voir avec des sous titres français et même en VF, une VF certes non exempte de défauts et parfois suppléée par la VO.
"L'île inconnue" est le premier film de dinosaures en couleurs, des couleurs plutôt pastel et peu contrastées, la faute au procédé d’origine, le Cinécolor, un ersatz du Technicolor qui n’était pas destiné à passer l’épreuve du temps ; paradoxalement l’effet obtenu participe au charme du film, un peu comme celui, nostalgique, des photos sépia.
Plat de résistance des bonus, le long (presque autant que le film) entretien avec le grand Alain Petit (elle est facile je sais) qu’on ne présente plus. Toujours intéressant, didactique sans être pédant, Alain Petit évoque avec bonheur l’histoire des « mondes perdus » au cinéma et leurs précurseurs littéraires, mais aussi les techniques d’animations des dinosaures ainsi que sa découverte de « L’Ile inconnue » en salle au début des années 50, et moult anecdotes sur ce film et son casting, le tout émaillé d’affiches et d’extraits du film.
Bref, pour reprendre les mots d’un homme de goût et de bon conseil : un achat fortement conseillé, à la fois pour qui aimerait faire le lien entre un "King Kong" et un "Jurassic Park", mais également pour contribuer à faire en sorte que des gens comme Artus puissent continuer d'éditer des films qui, sans eux, seraient tôt ou tard à tout jamais perdus.

Dernière édition par sigtuna le Mar Nov 23, 2010 8:16 am; édité 2 fois |
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Mar Nov 23, 2010 7:48 am Sujet du message: |
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Et un avis synthétisant élégamment ma pensée:
Bigbonn a écrit: | L'île inconnue est relativement agréable à découvrir, assez classique dans son déroulement mais qui se suit agréablement malgré quelques longueurs.
Les dinosaures sont très impressionnants! Ils ressemblent tout à fait à ceux qui sont sur l'affiche, c'est dire!!! visiblement, des hommes dans des costumes mais c'est pas grave, ils sont quand même bien souvent à l'écran, même s'ils font plus sourire que frémir... |
Bigbonn a écrit: | quelques captures:
du pré-jurassic park! (ça date de la fin des années 40)
un T-rex (et même plusieurs dans le film)!
sans oublier un gorille géant!!!
enfin, j'aime bien la gueule de celui-là, le rougeaud à gauche de l'écran...
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mar Nov 23, 2010 7:56 am Sujet du message: |
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Je passe vite pour le moment. pas encore vu le film ni lu le boulot de Sigtuna (mais je le fais dans la journée), juste pour déposer la jaquette plate du film, vu qu'on a de plus en plus de mal à les trouver...
Par contre si quelqu'un trouvait une jaquette en hauteur de l'affiche du film, ce serait cool pour le site. _________________

Dernière édition par mallox le Mar Nov 23, 2010 8:03 am; édité 1 fois |
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Mar Nov 23, 2010 7:59 am Sujet du message: |
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mallox a écrit: |
Par contre si quelqu'un trouvait une jaquette en hauteur de l'affiche du film, ce serait cool pour le site. | Je dois pouvoir le trouver
Edit: j'espère que ça ira?
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Bigbonn Psycho-cop


Inscrit le: 13 Déc 2004 Messages: 4107
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Posté le: Mar Nov 23, 2010 5:16 pm Sujet du message: |
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Un point commun aussi, outre les dinosaures eux-mêmes, avec La planète des dinosaures: les conflits au sein de l'équipe humaine elle-même, comme si elle n'avait pas assez de se coltiner des monstres géants. C'est ici mieux mené que dans l'autre, les rôles sont mieux écrits et surtout mieux interprétés et l'héroïne semble destinée à monter les uns contre les autres ses différents prétendants (affichés ou non), le moins motivé étant d'ailleurs son fiancé officiel obsédé par les dinos!
Bonne critique du film, un peu le cul entre deux chaises mais non sans charme.  |
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Mar Nov 23, 2010 5:47 pm Sujet du message: Re: [C] [Critique] L’île inconnue |
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Beau boulot !
Finalement, cette série B a l'air tentante, les monstres sont "typés", j'aime bien la tête du gorille !
sigtuna a écrit: |
euh, j’encule Godzilla.
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Pas cap' !  |
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Mer Nov 24, 2010 7:53 am Sujet du message: Re: [C] [Critique] L’île inconnue |
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flint a écrit: | sigtuna a écrit: |
euh, j’encule Godzilla.
| Pas cap' !  |
Métaphoriquement
Et merci pour la relecture et les corrections |
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princesse.rosebonbon Stade de décomposition


Inscrit le: 22 Aoû 2005 Messages: 2027 Localisation: variable
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Posté le: Mer Nov 24, 2010 10:37 am Sujet du message: |
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j'ai bien envie de prendre part à ce cycle "dinos artisanaux" en reprenant mon ébauche de critique de Saurians des Polonia bros.  |
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Mer Nov 24, 2010 11:00 am Sujet du message: |
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princesse.rosebonbon a écrit: | j'ai bien envie de prendre part à ce cycle "dinos artisanaux" en reprenant mon ébauche de critique de Saurians des Polonia bros.  | yes  |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Dim Déc 05, 2010 6:14 pm Sujet du message: |
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Vu la durée du film, la première demi-heure paraît vraiment longue et enfin, lorsqu'ils sont bien installés sur l'île puis assistent successivement à la danse des casimirs au petits bras, au type qui se fait bouffer on ne sait trop comment, au singe prêt à attaquer l'équipage et qui s'en va ailleurs courir après un lézard ("On est tranquille, il a de quoi manger !" s'exclame l'un des aventuriers), puis au combat final absurde entre le singe et le dinosaure, forcément, on s'amuse plutôt bien.
Rien à rajouter à cette excellente critique. Et je suis d'accord à tout niveau avec celle-ci. Un film très con mais aussi assez sympa. _________________
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