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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Sam Jan 22, 2011 11:17 am Sujet du message: [M] [Critique] Ouvert 24/7 |
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Ouvert 24/7
Genre : Horreur, Comédie, Fantastique, Drame, Sketchs, Cannibalisme, Trash, Choucroute-movie
Année : 2009
Pays d’origine : France
Réalisateur : Thierry Paya
Casting : Maud Galet-Lalande, Stéphanie Kern Siebering, Fabrice Colombero, Marie-Pierre Vincent, Bertrand Patrzek, Morgane Housset…
Deux jeunes femmes vivent une liaison tumultueuse dans un appartement coquet. L’une travaille, l’autre pas. En dehors de leur homosexualité, elles partagent une passion commune pour le cannibalisme. Un flic bête et méchant va se mettre en travers de leur chemin.
Ailleurs, une femme d’apparence banale est en réalité une ogresse qui a besoin de se nourrir d’enfants (de préférence) pour survivre. Elle laisse derrière ses forfaits des indices qui finissent par attirer un étrange inspecteur de police jusqu’à son repaire, mais aussi d’autres personnages tout aussi bizarres.
Encore ailleurs, vers la frontière allemande (en passant par la Lorraine avec mes sabots), nous nous retrouvons en plein drame rural. Deux sœurs maltraitées (dont l’une est autiste) par un père pédophile et zoophile à ses heures finissent par l’occire. Commence alors un road-movie dans lequel les deux frangines tenteront de rallier la ville où leur idole, la chanteuse Marina Moon, effectue une tournée.
Dans un film à sketchs, les différentes histoires sont toujours reliées par un fil conducteur. Il s’agit souvent d’un narrateur s’adressant au public dans un décor en rapport avec les thèmes proposés ; c’était par exemple le cas de John Carpenter, excellent en médecin légiste dans « Body Bags ». Le créneau horrifique/fantastique convient bien aux films à sketchs, comme l’ont pu prouver dans le passé des œuvres telles « Creepshow », « La quatrième dimension » ou, donc, « Body Bags », pour ne citer qu’elles. Mais le réalisateur Thierry Paya n’a pas hésité à sortir des sentiers battus, en proposant comme fil rouge à ses trois segments un relais routier perdu en rase campagne. C’est dans ce cadre, certes au-delà du réel (mais pour d’autres raisons), que les spectateurs vont être immergés, et découvrir trois histoires extraordinaires narrées successivement par un chauffeur poids lourd, la patronne du bistrot et un client amateur de choucroute. Jean-Marie Gourio n’a qu’à bien se tenir, car dans « Ouvert 24/7 », les brèves de comptoir sont d’une toute autre facture…
Est-ce à cause de la bière, peut-être frelatée, ou de la choucroute (daubée ?)… toujours est-il que les narrateurs du relais Ouvert 24/7 vont se surpasser en racontant des histoires qui dépassent l’entendement. A voir leurs tranches de merlan fris, on se demande quelle muse a bien pu les inspirer au point de pousser très loin les limites de l’imagination.
En effet, que penser de récits dans lesquels on va trouver, en vrac, un flic hargneux se faisant émasculer dans les chiottes d’une boite de nuit, mais qui ne va pas se faire soigner (ça gratte un peu, mais bon…) ; un autre policier (décidément) traquant l’ogresse avec un crucifix et de l’eau bénite ; cette même ogresse se voyant défiée par sa nièce de dix ans aux arts martiaux ; un prince charmant/magicien/VRP se livrant à un solo de Bontempi endiablé à rendre jaloux Charly Oleg ; un fermier sodomisant une poule avant de la faire cuire… et j’en passe !
L’apport de tels personnages ne laisse aucun doute quant à la volonté du réalisateur d’avoir voulu mélanger les genres, passer du gore à l’érotisme, puis à la comédie, avant de bifurquer vers le drame. Parfois la sauce prend, mais la plupart du temps elle se révèle indigeste, malheureusement. L’exemple le plus frappant concerne le deuxième segment, à savoir le conte fantastique librement adapté du « Petit Poucet », dans lequel Thierry Paya saupoudre son histoire horrifique d’une forte dose d’humour décalé. Un décalage qui se fait d’ailleurs à plusieurs niveaux, par les références, d’abord, puisque l’on passe allègrement de Charles Perrault à Grimm, en passant par Walt Disney et des délires de cartoons à la Tex Avery. Un décalage dans l’humour, également, qui fait mouche de temps à autres grâce à quelques répliques bien amenées (« mon régime m’interdit la viande de beauf », répond l’ogresse qui se fait draguer par un abruti) ; mais le plus souvent ces touches d’humour tombent à plat (mention spéciale au « rabbin de garenne »), le passage le plus consternant restant l’épisode du VRP.
A vouloir courir plusieurs lièvres à la fois, on risque de rentrer bredouille. Et c’est le gros défaut de ce « Ouvert 24/7 » qui, voulant intégrer un maximum d’ingrédients dans sa recette, finit par livrer un plat sans grande saveur. D’un côté, Thierry Paya et son associé, le scénariste Colin Vettier, se donnent du mal pour se forger une identité propre ; mais de l’autre, ils ne peuvent s’empêcher de multiplier les références, parfois de manière évidente (l’affiche de « Creepshow » devant le cinéma, la présence de Lloyd Kaufman à la fin du film justifiant l’esprit Troma…), et parfois de manière cachée (l’autiste du troisième segment ne prononce qu’un mot, « Gna », tout comme François Hadji-Lazaro dans « Dellamorte Dellamore »).
« Ouvert 24/7 » finit donc avec un caméo de Lloyd Kaufman en personne. Le boss de Troma tient à la fois son propre rôle et celui du patron du relais routier (à ce propos, on sera étonné que l’homme soit absent des bonus, ni même cité par une seule des personnes interviewées). Enfin, le film se conclut par un dernier hommage, le « Thelma et Louise » de Ridley Scott, guère plus heureux.
Soyons néanmoins indulgents, autant le réalisateur que la plupart des acteurs de « Ouvert 24/7 » ne sont pas encore aguerris à l’exercice difficile du long métrage. On peut penser que certains membres de l’équipe parviendront à se faire un nom dans le métier, du moins l’espère-t-on. C’est surtout le casting féminin qui semble prometteur, avec notamment Maud Galet-Lalande et Stéphanie Kern Siebering, qui se sont montré les plus convaincantes.
Quant à Thierry Paya, son bilan est mitigé. Satisfaisant dans la forme, on voit à travers les bonus qu’il sait diriger une équipe (par contre, la direction de certains acteurs est catastrophique) et maîtriser une importante logistique. Dans le fond, beaucoup de choses sont à reconsidérer, le choix du fil rouge entre chaque segment est à ce titre une erreur qui plombe le film définitivement. « Ouvert 24/7 » est un film raté, à l’arrivée, donnant le sentiment d’assister à un fourre-tout hétéroclite dans lequel le réalisateur se serait trop dispersé, et c’est bien dommage.
Fiche dvd -
Ouvert 24/7 – Le Chat qui Fume
Editeur : Le Chat qui Fume
Pays : France
Sortie film : non (direct to video)
Sortie dvd : 2 novembre 2010
Durée : 98 minutes
Image : 16/9
Audio : Stéréo
Langues : français, platt (patois lorrain, pour le segment 3)
Sous-titres : français (pour les dialogues en platt du troisième sketch)
Bonus :
- Question de goût, 1er segment – interviews des acteurs Francis Colombero, Maud Galet-Lalande et Stéphanie Kern Siebering, en alternance avec le making-of comme pour les deux autres sketchs (21 minutes)
- Règlements de contes, 2ème segment – interviews des acteurs Amélie Christophe, Guillaume Colson, Eric Marciano, Bertrand Patrzek et Marie-Pierre Vincent (33 minutes)
- Wenn’Sie am Stadt komme, 3ème segment – interviews de Maud Galet-Lalande, Bertrand Patrzek, Stéphanie Kern Siebering, Morgane Housset et Aude Paris (27 minutes)
- Fil conducteur, liens entre les trois sketchs (9 minutes)
- Tournage des effets spéciaux (16 minutes)
- Interviews de Maud Galet-Lalande et Thierry Paya (17 minutes)
- Jogging : court-métrage de Thierry Paya (6 minutes)
- Bandes annonces (« Ouvert 24/7 » et « Blackaria »)
Commentaire : Faisons abstraction des qualités intrinsèques du film pour nous attarder sur le côté technique. De ce côté-là, on ne peut guère formuler de reproches, l’image étant parfaitement lumineuse et le son stéréo très satisfaisant. On dit souvent qu’un éditeur aimant son public s’arrange toujours pour proposer en complément du film des bonus nombreux et de préférence utiles. C’est le cas ici, et Le Chat qui Fume ne s’est pas montré avare en proposant environ 2H10 de bonus, chose suffisamment rare pour être signalée. Alors, évidemment, on trouvera par moments quelques « temps morts », voire un peu de remplissage, essentiellement lors des scènes de tournage durant les quatre parties composant le making-of. Fort heureusement, ces quelques baisses de rythme sont compensées par les très nombreuses interviews de la plupart, sinon tous les acteurs principaux de « Ouvert 24/7 ».
De ces discussions, réalisées dans une ambiance bon enfant et en toute décontraction, on retiendra particulièrement les témoignages de Maud Galet-Lalande et Stéphanie Kern Siebering, ce qui n’est guère surprenant de la part de ce duo féminin qui s’avère le plus satisfaisant au sein du casting. On retrouve d’ailleurs la première nommée dans un court-métrage du réalisateur, « Jogging » (au twist un peu trop évident), et dans une interview avec le même Thierry Paya, dans laquelle l’humour potache prend largement le dessus.
A noter enfin un tournage sur les effets spéciaux, axés sur le premier sketch, et permettant d’apprécier tout le savoir faire de David Scherer, qui se pose en digne successeur du regretté Benoit Lestang. David Scherer a travaillé sur des films tels que « Poultrygeist » (production Troma), « La nuit des horloges » de Jean Rollin, « Lady Blood », « Survivant(s) » ainsi que « Blackaria » et « Last Caress », deux films produits également par Le Chat qui Fume. Nul doute que l’on entendra parler à nouveau de ce jeune et talentueux alsacien.
Note : 9/10
Dernière édition par flint le Lun Jan 24, 2011 7:13 pm; édité 2 fois |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Sam Jan 22, 2011 11:43 am Sujet du message: Re: [Critique] Ouvert 24/7 |
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flint a écrit: | « Ouvert 24/7 » finit donc avec un caméo de Lloyd Kaufman en personne. Le boss de Troma tient à la fois son propre rôle et celui du patron du relais routier (à ce propos, on sera étonné que l’homme soit absent des bonus, ni même cité par l’un ou l’autres des membres de l’équipe de tournage). |
Ben à mon avis, ça se voit que les mecs, ils étaient bien contents de le choper quoi ? 5 minutes pour tourner une scène consternante de nullité où Kaufman ne semble avoir qu'une idée en tête : se barrer et aller boire un coup plus loin.
Sinon, je ne remets pas mon avis sur ce truc mal relié.
Flint a écrit: | ces touches d’humour tombent à plat (mention spéciale au « rabbin de garenne ») |
Sans compter que si je me souviens bien, les types en remettent une couche dans la même scène (et des fois qu'on aurait pas compris) avec le "Rabbin des Bois" (ha ha ha ! ).
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Sam Jan 22, 2011 1:04 pm Sujet du message: |
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C'est vrai qu'il y a des "gags" ramenant aux pires heures du cinéma franchouillard.
Quelques captures supplémentaires :
Lloyd Kaufman en roue libre
L'ogresse a bouffé un Schtroumpf
Clins d'oeil cinéphiles
"T'es-là et Mouise", avec Susan Sarancon et Geena Dévisse
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Valor Psycho-cop


Inscrit le: 22 Fév 2007 Messages: 4497 Localisation: Vanves
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Posté le: Sam Jan 22, 2011 5:58 pm Sujet du message: |
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Ben, tu m'as donné envie de le voir ce film, Flint !
... mais moi, j'aime le Dr Pelissier et Richard J. Thomson (réalisateur culte)
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Sam Jan 22, 2011 6:33 pm Sujet du message: |
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Valor a écrit: |
... mais moi, j'aime le Dr Pelissier et Richard J. Thomson (réalisateur culte)
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De Pelissier, je n'ai vu que Maleficia, mais l'expérience fut douloureuse.
Quant à Thomson, je ne me prononce pas pour le moment, n'ayant jamais eu l'occasion de voir un seul de ses films.
(rattrapage bientôt, m'étant porté volontaire avec Sueurs Froides pour le coffret Bach Films) |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Sam Jan 22, 2011 6:37 pm Sujet du message: |
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Moi j'ai édité mon post. J'ai eu peur. :timide:
Valor a de la suite dans les idées !
J'ai vu deux Thompson sur canal y a des années (Time Demon entre autres) et ce fut une cruelle déception. En même temps, j'imagine que culte ça ne veut pas dire bon ou plaisant, juste déifié. Vu que je ne crois pas aux dieux...
(N'empêche que j'ai zappé la News du coffret sur le site ). _________________
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Sam Jan 22, 2011 6:40 pm Sujet du message: |
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Tu vas te faire engueuler, c'est "Thomson" et pas "Thompson"...
... comme Brett Halsey !  |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Sam Jan 22, 2011 6:42 pm Sujet du message: |
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flint a écrit: | Tu vas te faire engueuler, c'est "Thomson" et pas "Thompson"... |
Ah ben si le type a le même nom qu'une marque de frigos et de laves-linges, ceci explique peut-être cela.
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Bigbonn Psycho-cop


Inscrit le: 13 Déc 2004 Messages: 4107
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Posté le: Sam Jan 22, 2011 6:46 pm Sujet du message: |
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Attention, depuis 10 ans déjà, Thomson est devenu Thalès (cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Thales).
On doit donc parler, aujourd'hui, des films cultes de Richard J. Thales.
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San 20 % irradié

Inscrit le: 04 Aoû 2010 Messages: 126
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Posté le: Dim Jan 23, 2011 1:46 pm Sujet du message: |
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Valor a écrit: |
... mais moi, j'aime le Dr Pelissier et Richard J. Thomson (réalisateur culte)
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Camif 99 % irradié


Inscrit le: 16 Mai 2008 Messages: 1560 Localisation: Délocalisation
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Posté le: Sam Jan 29, 2011 10:32 pm Sujet du message: |
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Grosso Modo tout pareil que le Flint. Le gros gros soucis et avec ça j'ai du mal, c'est le jeu de la plupart des acteurs. C'est le même soucis que dans les films Z de Tomson, Pelissier et consorts. Ca casse tout le rythme, l'ambiance et le reste.
Maintenant c'est bien maîtrisé au niveau de la mise en scène et on a son comptant de scènes trashs.
Pour l'humour, je crois plutôt que c'est censé s'orienter vers les films de la Troma, sauf que ça dérape trop vers la 7 ème compagnie. ( qui est un film formidable ).
Un moment sympathique tout de même. _________________ "Du 2 au 22 mai, y avait pas loin" Mallox |
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princesse.rosebonbon Stade de décomposition


Inscrit le: 22 Aoû 2005 Messages: 2027 Localisation: variable
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Posté le: Mar Fév 01, 2011 4:36 pm Sujet du message: |
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un peu comme valor, vous finissez par me donner envie de le voir
j'ai de plus en plus tendance à penser que les films z réalisés dans l'optique d'imiter des "séries A" donnent souvent des étincelles, tandis que les films z faits par des amateurs de z sont plutôt soporifiques |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Ven Fév 04, 2011 7:11 pm Sujet du message: |
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Une interview des réalisateurs sur Ultragore _________________
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Ven Fév 04, 2011 7:38 pm Sujet du message: |
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En aparté, le topic sur Ouvert 24/7 n'est pas piqué des vers ! |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Ven Fév 04, 2011 7:49 pm Sujet du message: |
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Ah en effet ! Ce topic est un chef-d'oeuvre !
On y retrouve même qcqs connaissances.  _________________
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