[M] [Critique] Le monde, la chair et le diable

 
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sigtuna
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MessagePosté le: Mer Nov 14, 2012 10:52 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Le monde, la chair et le diable Répondre en citant




Le monde, la chair et le diable (The World, the Flesh and the Devil)

Etats Unis – 1959

Réalisation : Ranald MacDougall

Avec : Harry Belafonte , Inger Stevens, Mel Ferrer, deux mannequins en plastique...

Genre : Post-apocalypse, Catastrophe





Alors qu’il inspecte une galerie de mines, Ralph Burton est pris dans un éboulis. Après avoir attendu pendant plusieurs jours des secours, et constaté que les systèmes de survie semblent s’être arrêtés de fonctionner, il décide de regagner le monde extérieur par ses propres moyens. Mais de retour à la surface, il découvre que non seulement la mine a été abandonnée, mais aussi que le village environnant est complètement désert. Seuls indices : des journaux épars annonçant une catastrophe imminente et appelant les populations à quitter les villes. Il décide donc de faire le chemin inverse et se rend à New-York en voiture (le prix de l’essence ayant drastiquement baissé). Là bas, pas âme qui vive. Après une période de désespoir, son énergie vitale reprend le dessus, et il se bâtit une existence routinière dans un appartement d’un immeuble chic de Manhattan (le prix des loyers ayant drastiquement baissé). Comme Ralph est un travailleur infatigable et un bricoleur de génie (bien que noir et américain…comment ça c’est une remarque raciste et xénophobe ?), il arrive à remettre en marche une partie des installations de son nouveau quartier. Mais dans l’ombre, une présence mystérieuse, en escarpins, l’épie…




Plaidoyer antiraciste et pacifiste, souvent naïf mais toujours sincère, Le monde, la chair et le diable , avec ses qualités et ses défauts, mérite largement d’être redécouvert. Composé de trois parties d’intérêt inégal, le film, qui ne fut pas un grand succès public à sa sortie, a sans doute souffert de son coté "anti-spectaculaire". Ne vous attendez donc pas à voir un "post-apo" classique mais plutôt une parabole anti-guerre froide et antiraciste.
Trois parties donc, autant que le nombre de protagonistes présents à l’écran ; et la première, celle directement post-apocalyptique où Belafonte erre seul dans les rues désertes de la mégapole new-yorkaise, est la plus réussie, grâce au brio de la mise en scène de Ranald MacDougall. Son tournage fut, selon l’expression consacrée, un véritable tour de force, car les extérieurs furent réellement filmés dans les rues de la "ville monde" durant les premières heures de l’aube, afin de gêner le moins possible la circulation. C’est peut dire que Ranald MacDougall a su tirer parti de son formidable décor, se payant même un hommage au "réveil des Lions de pierre" du Cuirassé Potemkine d’Eisenstein.




Mais cette première partie finit par tourner un peu en rond, comme le personnage de Belafonte. Arrive donc, pour relancer l’intérêt, la femme. Et comme elle est blanche et qu’il est noir, le métrage se transforme en film à thèse. Toutefois, la finesse des dialogues et la caractérisation des personnages évitent la caricature ou le pamphlet lourdingue. Aucun des deux protagonistes n’est véritablement raciste et tous deux s’apprécient et éprouvent, à la longue, plus que de l’amitié. Mais les préjugés inconscients, de part et d’autre, et le conditionnement d’une société pourtant disparue font qu’ils ont du mal à sortir de leur réserve. Néanmoins, au bout d'un moment, on a l'impression de regarder une sitcom peu crédible ; et alors que l’on commence à se foutre un peu de leurs états d’âme, l’intérêt est relancé par l’arrivée d’un troisième larron. Troisième personnage, troisième partie donc, si vous avez tout suivi. Une troisième partie où va se superposer au message antiraciste une parabole pacifiste un peu trop naïve à mon goût.
Difficile en effet de regarder la fin sans ricaner (je n’en dis pas plus pour ne pas éventer complètement l’histoire). Un fin plus noire (sans mauvais jeu de mots) aurait, parait-il, été envisagée, mais cela semble peu crédible tant la fin tournée est, hélas, dans le ton général de cette troisième partie.




Mais globalement, les défauts du film (cette fin trop "gentillette", le côté trop propre sur soi de cette catastrophe sans cadavres, et l’aboulie, peu crédible compte tenu de la situation - un peu énervante - du personnage féminin) pèsent moins lourd dans la balance que ses qualités (formelles, surtout ; mais à l’élégance de la mise en scène répond celle des dialogues et de l’interprétation).
Ranald MacDougall, réalisateur de ce Le monde, la chair et le diable , est surtout connu en tant que scénariste (il a d’ailleurs écrit le scénario et les dialogues de ce film, et sera président du syndicat hollywoodien des auteurs), et ses autres réalisations semblent être tombées dans l’oubli. Paradoxalement, alors que Le monde, la chair et le diable traite de rapports inter-raciaux, dans son film suivant, Les rats de caves , adaptation d’un roman partiellement autobiographique de Kerouac traitant d’une romance entre le célèbre auteur canadien et une afro-américaine, il transformera l’héroïne en une jeune femme blanche jouée par Leslie Caron, espérant sans doute toucher ainsi un public plus large, mais le film sera un bide complet.



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Dernière édition par sigtuna le Jeu Nov 15, 2012 8:32 am; édité 1 fois
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sigtuna
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MessagePosté le: Jeu Nov 15, 2012 9:41 pm    Sujet du message: [C] Fiche dvd Le monde, la chair et le diable Répondre en citant

Fiche DVD



Le monde, la chair et le diable - Wildside


Région : Zone 2 PAL

Editeur : Wild Side
Pays : France

Sortie film aux USA : 20 Mai 1959
Sortie DVD France : 7 novembre 2012

Durée : 94 minutes
Image : 2.35, 16/9eme compatible 4/3, Noir & Blanc
Audio : Français Dolby Digital Mono, Anglais Dolby Digital 2.0

Langues : anglais, français
Sous-titres : français

Bonus :
- Entretien avec Alain Schlokoff (13mn)
- Galerie photos



Le monde, la chair et le diable était à ce jour inédit en VF en DVD, remercions donc Wild Side pour cette galette sur laquelle il n’y a rien à redire d’un point de vue technique (que ce soit pour le son ou pour l’image).
Au niveau des bonus (outre une galerie de photos et bien entendu un chapitrage) on n’aura droit par contre qu’à une analyse du film sous forme d'un entretien d’une durée d’environ treize minutes.



Ce bonus principal du DVD, c'est l’interview d’Alain Schlokoff, créateur et rédacteur en chef de l'Ecran Fantastique. Si l’élocution est aisée et le propos pertinent, on ne peut pas dire qu’au cours de cet entretien Alain Schlokoff fasse preuve de talents oratoires excessifs. A vrai dire, on a plutôt l’impression que l’on vient de le sortir d’une sieste et qu’il ne demande qu’à y retourner, mais le fond l’emportant largement sur la forme, cet entretien se révèle être, au final, des plus intéressants.



Bref, un achat indispensable si vous aimez New-York, le Calypso (ou en tout cas Harry Belafonte), la SF des années 50 ou encore Mel Ferrer (mais qui n’aime pas Mel Ferrer ?).
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Bigbonn
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MessagePosté le: Dim Nov 25, 2012 8:31 am    Sujet du message: Répondre en citant

sigtuna a écrit:
Bref un achat indispensable si vous aimez New York, le Calypso (ou en tous cas Harry Belafonte), la SF des années 50 ou encore Mel Ferrer (mais qui n’aime pas Mel Ferrer ?).

et si vous aimez voir Alain Schlockoff au sortir de sa sieste!
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Valor
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MessagePosté le: Dim Nov 25, 2012 3:19 pm    Sujet du message: Répondre en citant

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Candyman
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MessagePosté le: Sam Déc 01, 2012 7:13 am    Sujet du message: Re: [M] [Critique] Le monde, la chair et le diable Répondre en citant

sigtuna a écrit:

Mais globalement, les défauts du film (cette fin trop "gentillette", le côté trop propre sur soi de cette catastrophe sans cadavres, et l’aboulie, peu crédible compte tenu de la situation - un peu énervante - du personnage féminin) pèsent moins lourd dans la balance que ses qualités (formelles, surtout ; mais à l’élégance de la mise en scène répond celle des dialogues et de l’interprétation).


Cette fin n'est pas si "gentillette" que ça, avec cette promesse de triolisme. On pourrait effectivement la voir sous son prisme le plus optimiste. Mais plus qu'une conclusion bien pensante et gentillette, on peut y voir l'illustration de la domination de l'homme par sa libido. Benson n'est pas un mauvais bougre, mais la perspective de voir lui échapper la (peut-être) seule femme sur Terre lui est intolérable. Finalement, Sarah parvient à un compromis dont elle sortira seule gagnante.
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sigtuna
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MessagePosté le: Sam Déc 01, 2012 8:54 pm    Sujet du message: Re: [M] [Critique] Le monde, la chair et le diable Répondre en citant

Candyman a écrit:
Cette fin n'est pas si "gentillette" que ça, avec cette promesse de triolisme.
Je ne suis pas convaincu que ça soit l'intention du scénariste/réalisateur, ni du producteur/acteur principal. ico_mrgreen

Pour en rester aux conjectures on peut aussi considérer que les 2 personnages masculins cèdent à leur attirance homosexuelle réciproque, pour le plus grand plaisir du personnage féminin dont la frigidité, pour ne pas dire plus, est la meilleure explication à son incapacité à choisir un partenaire. new_diable
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mallox
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MessagePosté le: Dim Fév 03, 2013 5:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Cette fin n'est pas si "gentillette" que ça, avec cette promesse de triolisme.


Ben moi aussi je l'ai vu comme ça. En tout cas impossible avec le mauvais esprit qui me caractérise de ne pas y penser. frank_PDT_10

D'ailleurs depuis la vision gamin du très bon "Pendez-les haut et court" de Ted Post, je suis un peu sous le charme d'Inger Stevens dont j'ignorais le décès si jeune et de cette manière. ça m'a pas empêché néanmoins de trouver son jeu typique de l'acteur studio, empesé et trop explicite. Et puis pourquoi faire tant de manières ? A sa place j'aurais départagé les deux bonhommes bien avant qu'ils ne se fritent et je me les serais tapé direct ! ico-porc
Quant à l'insuccès du film, j'aurais tendance à le mettre davantage sur le fait d'un public non prêt encore à aller voir un film dont le héros est noir en plus de se voir faire la morale sur un racisme social alors bien ancré dans les mentalités que du fait qu'il arrive après une flopée d'autres films de S.F.
Mais sinon j'aime beaucoup le début. Autrement les cadavres absents, c'est vrai que ça fait bizarre, d'autant que les pigeons, bien vivants, eux, on les voit bien !
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flint
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MessagePosté le: Dim Fév 03, 2013 5:49 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Plus que la fin, c'est aussi (et surtout) cette absence complète de cadavres après une catastrophe qui m'a d'entrée sorti du film. Après, j'ai suivi l'intrigue sans grande passion et me suis relativement ennuyé. J'avoue que j'attendais mieux.
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