[M] [Critique] Les colts de la violence

 
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flint
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MessagePosté le: Jeu Sep 26, 2013 5:30 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Les colts de la violence Répondre en citant



Les colts de la violence

Titre original : Mille dollari sul nero

Genre : Western spaghetti

Année : 1966

Pays d'origine : Italie, Allemagne

Réalisateur : Alberto Cardone

Casting : Anthony Steffen, Gianni Garko, Erika Blanc, Franco Fantasia, Sieghardt Rupp, Angelica Ott, Daniela Igliozzi, Carla Calò, Roberto Miali...

Aka : Blood at Sundown/Sartana



Après avoir passé douze années en prison pour un meurtre qu'il n'a pas commis, Johnny Liston retourne sur ses terres, à Campos. Il trouve une ville sous le joug de son frère Sartana, qui fait régner la terreur avec sa bande de desperados. Sartana a sous sa coupe le juge qui dans le passé inculpa Johnny, et même le shérif est obligé de se plier à la volonté du chef des bandits, vêtu d'une tenue de l'armée nordiste et se parant d'un grade de général qu'il n'a jamais porté.
D'un côté, un frère peu volubile, taciturne mais redoutable tireur d'élite ; de l'autre un frère mégalomane, violent, incontrôlable, idolâtrant sa mère tout comme cette dernière porte son fils Sartana en admiration, une fierté qui se transforme en mépris dès lors que Johnny vient à sa rencontre.
Johnny Liston a perdu une mère, ainsi qu'une fiancée, Manuela, devenue l'esclave sexuelle de son frère. Tout le monde semble courber l'échine face à Sartana, mais peu à peu Johnny va trouver quelques alliés et être en mesure de remettre un peu d'ordre dans la région, et surtout de prouver son innocence.



« Les colts de la violence » sortit durant la période où le western spaghetti était en vogue, et celui-ci s'avère un bon cru bien que son réalisateur ne soit pas très connu. Alberto Cardone n'a en effet tourné qu'une dizaine de longs métrages, quelques films d'espionnage (dont le film à sketchs « Le carnaval des barbouzes »), mais essentiellement des westerns. Il n'en reste pas moins un homme de cinéma expérimenté, dans la mesure où il débuta dans le métier en tant qu'assistant réalisateur, et ce dans des œuvres souvent célèbres parmi lesquelles deux volets de la série des « Don Camillo », mais également « Ben-Hur », « Plein soleil », « Les Mongols » et « Barbarella ». Une belle carte de visite, donc, complétée par l'apport de scénaristes confirmés pour ce western, à savoir Ernesto Gastaldi (que l'on retrouve dans bon nombre de gialli), ainsi que Giorgio Stegani, à qui l'on doit aussi quelques westerns de facture honnête, à savoir « Gentleman Killer » et « Pas de pitié pour les salopards ».



« Les colts de la violence » décrit l'affrontement entre deux frères que tout oppose, tant physiquement que moralement, le tout dans un manichéisme outrancier si ce n'est qu'ici c'est le blond le méchant. L'autre originalité vient du personnage de la mère, qui a porté son amour et sa fierté sur Sartana, en qui elle voit l'homme fort de la famille, et peut-être l'image d'un père disparu dont on ne saura rien dans cette histoire. Comme c'est souvent le cas dans le western italien, la trame prend des allures de tragédie grecque, et la succession des événements ne cesse de conforter cette impression. John Liston a payé la faute d'un autre homme (on devinera aisément de qui il s'agit), son frère lui a volé sa compagne, puis il sauve la vie d'une femme qui est la fille de l'homme qui fut assassiné soit disant par Liston.
Bref, Alberto Cardone puise dans la mythologie et l'Ancien Testament (il y a un côté Abel et Caïn chez John et Sartana), le film s'achevant d'ailleurs par une citation du Lévitique :

Tu ne haïras point ton frère dans ton cœur,
Tu ne t'élèveras point contre ton sang.




Le film n'est cependant pas exempt de tout reproche. On pourra regretter, par exemple, ces bagarres aux poings quasi-interminables préfigurant les bastons à la « sauce Terence Hill/Bud Spencer », qui plus est agrémentés de bruitages dignes des pires films de kung fu, et de rares effets comiques tombant à l'eau (la mort de l'armurier). Quant au stéréotype des protagonistes, poussé à l'extrême, chacun sera en droit de le juger opportun ou non, mais reconnaissons toutefois que les personnages des deux frangins sont dans l'ensemble jubilatoires. Rendons ainsi grâce à Anthony Steffen et Gianni Garko de se montrer particulièrement à l'aise dans leurs rôles respectifs. A l'époque du tournage, Anthony Steffen (de son vrai nom Antonio De Teffè) possède déjà pas mal d'expérience dans le cinéma, ayant quasiment débuté dix ans plus tôt dans « Le château des amants maudits » de Riccardo Freda. On le verra ensuite dans une comédie de Lucio Fulci (« Ragazzi del Juke-Box ») ainsi que dans quelques péplums dont le « Sodome et Gomorrhe » de Robert Aldrich avant d'écumer les westerns pendant des années (à part une incursion dans le cinéma gothique avec « Un ange pour Satan »).



Gianni Garko a également fait ses armes à peu près à la même époque que Steffen. Il enchaîne « Les Mongols » et « Ponce Pilate », deux grosses productions avant de se retrouver dans « Les colts de la violence », qui se trouve être son premier western. C'est également la première apparition du personnage de Sartana, qui sera par la suite repris en de nombreuses occasions. Du personnage foncièrement antipathique de l'œuvre d'Alberto Cardone, Sartana évoluera pour devenir un héros à part entière.

Au sein des seconds rôles, on retiendra chez les femmes la présence de la belle Erika Blanc (« Au service du diable », « L'appel de la chair », « Amore e morte nel giardino degli dei »), composant une jeune femme au caractère bien trempé, et celle de Carla Calo (« La crypte du vampire »), qui livre une prestation remarquable de matriarche. La scène la voyant sortir avec son fusil dans une ville mise à feu et à sang par Sartana reste l'un des moments forts du film.
Au rang des hommes, Franco Fantasia (« Kriminal », « Le tueur à l'orchidée », « Knife of Ice ») incarne un shérif tiraillé entre la lâcheté et l'héroïsme, tandis que Sieghardt Rupp (inoubliable depuis sa prestation dans « La grande vadrouille ») tire largement son épingle du jeu en bras droit sadique de Sartana.



Pour ceux qui avaient découvert « Les colts de la violence » par le biais de la VHS, il apparaît nécessaire de le revoir avec cette sortie en dvd, dans la mesure où quelques scènes marquantes sinon capitales (voir fiche dvd) étaient absentes de la version distribuée en France. On retiendra également quelques bonnes idées visuelles ou scénaristiques, notamment le personnage de Manuella errant dans le fortin abandonné et semblant effrayée par les statues de gargouilles (le fortin ayant été construit sur les ruines d'un ancien temple inca). Il y a aussi cette image de Johnny pleurant sur les genoux de sa mère, donnant un caractère religieux à la scène ; sans oublier quelques trouvailles comme la hache tournoyant sur une corde et venant se planter dans le ventre d'un ennemi. La fin a des allures d'apocalypse, avec le déferlement de violence de Sartana et sa bande, conduisant finalement à la révolte des citoyens. D'une manière générale, Alberto Cardone a donc livré avec ce film un western spaghetti de bonne facture.


Fiche dvd -



Les colts de la violence – Artus Films

Région : Zone 2 PAL

Editeur : Artus Films
Pays : France

Sortie film : 1er juillet 1970
Sortie dvd : 3 septembre 2013

Durée : 1h40
Image : 2.35 d'origine – 16/9e compatible 4/3
Audio : Dolby 1.0

Langue : français, italien
Sous-titres : français



Bonus :

- « 1000 $ sur le noir », par Curd Ridel (34')

- Diaporama d'affiches et photos

- Bandes-annonces de la collection Western

Commentaire : Inédit en France, « Les colts de la violence » débarque enfin en dvd, et pour l'occasion Artus Films a été en mesure de récupérer un magnifique master italien, aux couleurs éclatantes et au son parfaitement clair. L'éditeur a créé des sous-titres français, indispensables même si l'on choisit de visionner la VF dans la mesure où le film avait subi pas moins de sept coupes lorsqu'il avait été distribué chez nous.



Les coupes étaient les suivantes :

- Joselita malmenée par les hommes de Sartana (22e)
- La mère corrige Sartana avec une cravache pour le punir de son échec. (38e)
- Dans l'armurerie, le patron discute avec un client. Jerry (le frère muet de Joselita) entre ensuite et récupère des explosifs. (45e)
- Les doyennes de la ville se rendent chez la mère de Sartana et l'implorent afin qu'elle demande à son fils de mettre un terme à ses exactions. La mère s'empare d'un fusil et sort dans la rue. (76e)
- La mère, blessée gravement, retourne chez elle. (80e)
- Mourante, la mère confesse ses torts à Johnny et lui demande d'arrêter Sartana. (83e)
- Devant sa boutique, l'armurier Williams discute avec Sartana. (84e)



On constatera qu'en France, le personnage de la mère de Johnny et Sartana fut considérablement réduit (pourquoi, on se le demande) alors qu'elle apparaît, au vu de cette édition intégrale, comme un personnage essentiel du récit, impliqué dans plusieurs scènes importantes de l'intrigue.

Les bonus, à présent. Sans surprise, on retrouve Curd Ridel qui nous fait partager une fois encore sa passion du western. Un entretien assez long que l'on pourrait scinder en deux parties. Une première (la plus intéressante), dans laquelle Curd Ridel dissèque le film, faisant ressortir son côté fantastique, presque gothique par moments, évoque la démesure des personnages, la confrontation Steffen/Garko, le côté désespéré et violent de ce western, et se livre à un historique instructif du personnage de Sartana.



La seconde partie (plus coutumière) se résume à une succession de biographies et filmographies concernant une bonne partie des protagonistes impliqués dans « Les colts de la violence », que ce soit devant ou derrière la caméra. L'entretien s'achève avec la lecture d'un courrier rédigé par Gianni Garko, dans lequel celui-ci raconte quelques souvenirs en rapport avec le tournage du film.

Note : 9/10






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sigtuna
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MessagePosté le: Ven Sep 27, 2013 6:15 am    Sujet du message: Re: [Critique] Les colts de la violence Répondre en citant

enaccord8
Entièrement d'accord avec Flint, globalement ce n'est pas mal mais alors que de scories.
En plus de celles que tu as relevé, j'ai aussi trouvé (surtout au début) que les scènes s'enchainées un peu trop brutalement, ce qui permet certes de maintenir un rythme élevé mais donne l'impression que le montage a été fait à la hache.

flint a écrit:

Le film n'est cependant pas exempt de tout reproche. On pourra regretter, par exemple, ces bagarres aux poings quasi-interminables préfigurant les bastons à la « sauce Terence Hill/Bud Spencer », qui plus est agrémentés de bruitages dignes des pires films de kung fu,
ça c'est le pire, parce-qu’il faut savoir que ces combats ne sont en aucune façon humoristique.

Je me suis aussi posé 2 questions : pourquoi diable la plupart des protagoniste ont un prénom chicanos et un nom yankee (mais bon à la limite pourquoi pas), et surtout pourquoi ce titre original laissant penser qu'il est question de jeux d'argent.

Sinon Garko qui s'est fait la tronche de Kinski et la dégaine de Wallach (dans les westerns) est impressionnant.
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flint
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MessagePosté le: Ven Sep 27, 2013 3:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Garko vole la vedette à Steffen, je trouve aussi. Après, concernant les noms des personnages, je n'y ai pas vraiment prêté attention. Par contre, le titre original du film m'a interpellé et laissé perplexe. "Mille dollars sur le noir" ? Pourquoi ? Je n'ai pas vu le rapport.
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MessagePosté le: Ven Sep 27, 2013 6:54 pm    Sujet du message: Répondre en citant

http://it.wikipedia.org a écrit:
Le titre "1000 dollars sur le noir» se réfère à un collier d'une valeur d'environ 1000 $ que Sartana donne à sa mère, vêtue seulement en noir.




icon_wink
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flint
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MessagePosté le: Ven Sep 27, 2013 8:33 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Et dire que j'avais choisi cette capture sans faire le rapprochement.


Merci Valor icon_wink


(j'aurais dû penser à regarder wikipedia, la bible de Mallox ico_mrgreen ).
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sigtuna
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MessagePosté le: Lun Sep 30, 2013 4:22 pm    Sujet du message: Re: [M] [Critique] Les colts de la violence Répondre en citant

flint a écrit:
le fortin abandonné et semblant effrayée par les statues de gargouilles (le fortin ayant été construit sur les ruines d'un ancien temple inca).

En relisant sur le site je viens de me rendre compte d'un truc qui m'avait échappé (enfin surtout parce que les emplumés précolombiens j'ai tendance à tous les confondre :timide: ) : mais ça ne serait pas plutôt aztèque ?

(ceci dit je viens de vérifier les limites de l'expansion aztèque et dans les 2 cas c'est "n'importe quoi" d'un point de vue géographique)
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flint
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MessagePosté le: Lun Sep 30, 2013 5:17 pm    Sujet du message: Répondre en citant

C'est peut-être aztèque, j'ai du mal à discerner c'est vrai.
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