[M] [Critique] Bonnes funérailles, amis, Sartana paiera

 
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flint
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MessagePosté le: Ven Fév 28, 2014 6:39 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Bonnes funérailles, amis, Sartana paiera Répondre en citant



Bonnes funérailles, amis, Sartana paiera

Titre original : Buon funerale amigos ! paga Sartana

Genre : Western spaghetti

Année : 1970

Pays d'origine : Italie, Espagne

Réalisateur : Giuliano Carnimeo

Casting : Gianni Garko, Daniela Giordano, Helga Liné, Antonio Vilar, George Wang, Franco Ressel, Ivano Staccioli...

Aka : A Present for You, Amigo... A Coffin from Sartana/Gunslinger/Stranger's Gold/Buen funeral, amigos, paga Sartana/Sartana - noch warm und schon Sand drauf



Pourquoi le prospecteur Joe Benson et ses associés se sont-ils faits buter par une bande de hors-la-loi ? Qui a commandité les crimes ? Quel intérêt représentait cette homme dont l'unique fortune consistait en une vieille cabane, un lopin de terre non cultivable et une ancienne mine sans la moindre ressource ? C'est ce que cherche à savoir le mystérieux Sartana, qui va se mettre en quête de trouver le(s) coupable(s) dans la petite ville d'Indian Creek, en cette année 1899. Les deux hommes puissants de la cité se nomment Ronald Hoffman et Lee Tse Tung, respectivement banquier et tenancier de casino. Autour de ces deux personnages gravitent certaines personnes exerçant également quelque influence, parmi lesquelles le shérif et son adjoint Blackie, Mary (Lisa dans la VF) la responsable du saloon/hôtel, Samuel Piggott le croupier, sans oublier le croque-mort, qui grâce à Sartana va voir son chiffre d'affaires remonter sérieusement.
Et puis, voilà qu'arrive à Indian Creek une jolie brune vers qui tous les regards se tournent, Abigail (Jasmine dans la VF), non seulement parce qu'elle est mignonne mais parce qu'elle est la nièce de Benson, et son unique héritière. Un héritage qui semble susciter bien des convoitises, chose plutôt curieuse quand on sait que le patrimoine du vieil homme ne valait pas un clou. A moins que...



Le Sartana de « Bonnes funérailles, amis... » n'a plus rien en commun avec celui des « Colts de la violence » d'Alberto Cardone, réalisé en 1966, si ce n'est qu'il est interprété par le même acteur, Gianni Garko. Entre temps, Sartana est devenu un héros à part entière, ou un anti-héros, nimbé d'une aura de mystère tout comme le personnage de Django. Il n'a plus le cheveu sale et la barbe de trois jours, il est au contraire rasé de près, la rouflaquette et la moustache élégantes, et sapé comme un prince.
Sartana apparaît ici comme une entité quasi-surnaturelle. Il a le don d'apparaître là où on s'y attend le moins, est capable d'anticiper les actions de ses ennemis, trouve toujours une solution aux problèmes les plus épineux. Il est aussi fin psychologue, tireur d'élite, maniant avec dextérité toutes sortes d'armes à feu, du fusil au pistolet. Il dispose également, à l'instar d'un James West, de toute une batterie de gadgets, comme une montre-miroir mais surtout un jeu de cartes aux bords métalliques et coupants, qu'il lance sur ses adversaires avec la même efficacité qu'un shuriken. D'une manière générale, le moindre objet dans les mains de Sartana devient une arme potentiellement mortelle.



Ainsi Sartana est-il montré au spectateur comme un personnage à qui il ne peut rien arriver. Cette impression se confirme au fil des minutes, tuant tout suspense, mais le but du réalisateur étant de livrer un film de divertissement, il remplit haut la main son cahier des charges dans ce domaine. Si l'on devine aisément que Sartana parviendra à ses fins, on ignore cependant quelles sont ses motivations. Ce n'est pas l'argent (il brûle une liasse de billets dès le début du film), ni l'amour (il ne cherche pas à conquérir Abigail, même s'il existe un jeu de séduction entre les deux personnages). Ce n'est pas l'attrait du pouvoir non plus, et pas vraiment la vengeance, Joe Benson n'était en vérité qu'une fripouille. Mais Sartana possède indéniablement un code d'honneur et un idéal de justice. Et il sait se montrer magnanime (il pardonne à Abigail sa « petite » fourberie), voire bon prince (il épargne Lee Tse Tung après un combat homérique).
L'humour est également de mise dans « Bonnes funérailles, amis, Sartana paiera ». Fort heureusement, les gags sont disséminés à bon escient et ne sont pas lourds comme on le verra plus tard avec quelques Trinita.



Tandis que l'intrigue avance, on pense que Giulano Carnimeo va refaire le coup de « Yojimbo », comme c'était le cas dans « Une poignée de dollars », et comme le fera Stelvio Massi (ici directeur de la photographie) dans « The Last Round ». Mais en fait, pas du tout, Sartana ne cherche pas à intégrer l'un ou l'autre clan, ni à les monter l'un contre l'autre. Sans être foncièrement originale, l'intrigue se suit cependant avec beaucoup de plaisir, d'autant que le film ne comporte pas le moindre temps mort du début jusqu'à la fin. Un petit tour de force pour un cinéaste somme toute aguerri et déjà expérimenté dans le western à cette époque. En 1970, Carnimeo, sous son célèbre pseudonyme d'Anthony Ascott, a déjà à son actif quelques œuvres notables comme « Le moment de tuer » et « Le fossoyeur ». Il réalisera quatre films mettant en lice le personnage de Sartana et encore d'autres westerns, avant de bifurquer brièvement vers le giallo (« Les rendez-vous de Satan ») puis la sexy-comédie (« La championne du collège » et « Une fille vachement sympa », tous deux avec Nadia Cassini). En fin de carrière, Giuliano Carnimeo s'essaiera également au post-nuke et à l'horreur avec « Les exterminateurs de l'an 3000 » et « Ratman ».



Gianni Garko, s'il reste célèbre pour son incarnation de Sartana en plusieurs occasions, n'en est pas moins un acteur à multiples facettes qui entama sa carrière à la fin des années 1950 pour rester actif jusqu'au milieu des années 2000. Un long parcours marqué sous le sceau du western, évidemment, mais pas uniquement. On l'a remarqué dans le péplum, le film d'aventures (« Les Mongols »), le polar, le fantastique (le très bon « La nuit des diables » de Georgio Ferroni) et le giallo avec « L'emmurée vivante ». Il est ici entouré de deux très belles actrices incontournables du cinéma de genre : Daniela Giordano et Helga Liné. Même si cela n'est pas très visible à l'écran, quinze années séparent les deux stars. L'aînée, Helga, débuta au cinéma dès l'âge de quatorze ans, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Une carrière qui va s'étaler sur six décennies, avec bon nombre d'œuvres incontournables pour la Berlinoise (cf chronique de « Kriminal »). Quant à la Sicilienne Daniela, elle commenca à tourner à la fin des sixties. Elle se fera remarquer dans des films comme « Vendredi sanguinaire », « Une nuit mouvementée » ou encore « La casa della paura ». « Bonnes funérailles, amis... », en plus des qualités déjà évoquées, présente aussi l'avantage de donner du corps à ces deux personnages féminins, et donc d'éviter d'en faire de simples faire-valoir comme ce fut trop souvent le cas dans le western européen.



Si l'on rajoute l'entraînante partition musicale de Bruno Nicolai, dont l'influence de Morricone se fait ici particulièrement sentir, et la belle photographie de Stelvio Massi, qui excella dans ce domaine avant de devenir un réalisateur spécialisé dans le polar quelques années plus tard, on peut dire que « Bonnes funérailles, amis, Sartana paiera » est à classer parmi les réussites du western spaghetti.


Fiche dvd -



Bonnes funérailles, amis, Sartana paiera – Artus Films

Région : Zone 2 PAL

Editeur : Artus Films
Pays : France

Sortie film : 23 février 1972 (France)
Sortie dvd : 4 mars 2014

Durée : 89'14
Image : cinémascope 2.35 original respecté – 16/9e compatible 4/3
Audio : Dolby digital 2.0



Langue : italien, français
Sous-titres : français

Bonus :

- Sartana, c'est moi – entretiens avec Giuliano Carnimeo et Gianni Garko (22'56)

- Condoléances de Sartana – par Curd Ridel (23'31)

- Diaporama

- Bandes-annonces des quatre derniers films de la collection Western



Commentaire : Sorti en Italie (Cult Media, 2012), en Espagne (Sueva Films, 2007), aux Etats-Unis dans un coffret de quatre films consacrés à Sartana (Wild East, 2012), et édité auparavant en Allemagne (Best Entertainment, 2005, version tronquée et au mauvais format ; X-Rated Kult, 2008, meilleure qualité, en dvd simple et dans le coffret « Italo Western Collection »), « Bonnes funérailles, amis, Sartana paiera » est enfin disponible en France, en dvd (il n'est jamais sorti en VHS) par le biais d'Artus Films qui poursuit de la meilleure des façons sa collection dédiée au western européen.
Le film est proposé dans sa version originale et aussi en version française, dans son format d'origine en cinémascope et bien sûr en version intégrale. On remarquera que les deux pistes sonores sont parfaitement claires. Pas de défaut à signaler, et il en va de même pour l'image, tout à fait propre avec une très bonne restitution des couleurs et contrastes. Un mot sur la jaquette qui, comme souvent chez l'éditeur, reste fidèle à l'affiche d'exploitation originale (ou française, comme ici), ce qui est toujours apprécié des cinéphiles.




Deux bonus conséquents agrémentent le film. Le premier, « Sartana, c'est moi », vient de la maison de production italienne Freak-O-Rama et a été réalisé par Federico Caddeo. Il s'agit d'un entretien récent avec le réalisateur Giuliano Carnimeo et l'acteur Gianni Garko, dans l'ensemble passionnant de bout en bout. Les sous-titres français ont été conçus par Artus (tout comme les sous-titres du film). Cette double interview est centrée sur le personnage de Sartana ; les deux hommes évoquent humblement et avec passion leurs souvenirs, Gianni Garko et Giuliano Carnimeo apparaissant comme des personnages affables conservant un bon souvenir de leur profession.
Le second bonus, d'une durée équivalente, est animé par Curd Ridel, coutumier du fait. En dehors de la bande-dessinée où il évolue en tant que dessinateur et scénariste, Curd Ridel est également un amateur et spécialiste du western européen. Il revient donc logiquement sur le film de Giuliano Carnimeo, évoquant dans l'ordre l'historique et la chronologie de la « saga » Sartana, la filmographie de Carnimeo, pour s'attarder ensuite sur quelques protagonistes du film dont pas mal de seconds rôles injustement méconnus (Attilio Dottesio, George Wang, Luis Induni, Franco Pesce) ainsi que la superbe Helga Liné.
Dans la dernière partie de l'entretien, Ridel souligne que la partition musicale de Bruno Nicolai fut exploitée dans d'autres westerns, dont le fameux « Shangaï Joe » de Mario Caiano dans lequel joue d'ailleurs George Wang. Ce tour d'horizon assez complet s'achève avec une présentation des romans-photos et bandes dessinées mettant en lice le personnage de Sartana.

Note : 9,5/10











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mallox
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MessagePosté le: Jeu Mar 20, 2014 6:26 pm    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai passé un moment très plaisant devant. Comme souvent chez Carnimeo le mélange aventures/humour fonctionne bien et le tout est bien torché.
Moins surprenant et peut-être un brin inférieur à "Quand les colts fument..." c'en est pas pas moins un western sympa avec une très belle présence de Gianni Garko.
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