flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Mar Oct 02, 2007 3:32 pm Sujet du message: [M] [Critique] Live like a Cop, Die like a Man |
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Live like a Cop, Die like a Man - 1976
(Uomini si nasce poliziotti si muore)
Origine : Italie
Genre : polar
Réalisé par Ruggero Deodato
Avec Marc Porel, Ray Lovelock, Adolfo Celi, Franco Citti, Silvia Dionisio, Marino Masé, Renato Salvatori, Sofia Dionisio
Ils sont jeunes, ils sont beaux, vivent ensemble dans un modeste appartement. Insouciants, et méprisant le danger, Alfredo (le brun) et Antonio (le blond) font partie d'une brigade spéciale de la police réputée pour son efficacité et ses méthodes expéditives. Les deux hommes n'hésitent jamais à user (et abuser) de leur arme pour lutter contre la criminalité, d'autant plus qu'ils sont assurés d'être couverts par leur supérieur hiérarchique (Adolfo Celi), un brin paternaliste, et qui préfère les savoir du côté des flics. En effet, il est fort probable qu'Alfredo et Antonio, de par leur nature, auraient sombré dans la délinquance si la police ne leur avait pas tendu la main.
Tandis qu'il arpentent les rues de Rome à moto, les deux flics sont témoins d'une agression particulièrement sauvage. Deux loubards motorisés se sont emparés du sac d'une jeune femme. Mais le sac étant relié par une chaîne au poignet de la victime, celle-ci se trouve entraînée le long du trottoir derrière la moto. Jusqu'à ce que sa tête vienne se fracasser contre un lampadaire... Commence alors une longue course-poursuite effrénée dans les rues de la ville, qui s'achèvera (après bien des péripéties) par la mort des deux criminels. L'une de nature accidentelle, l'autre facilitée par Alfredo, qui achève le blessé en lui brisant les cervicales. Pas de témoins, le duo échange un regard complice avant de regagner le QG de la brigade.
A&A partagent tout : appartement, moto... et nanas. Leur dernière "proie" n'est autre que Norma (Silvia Dionisio), la secrétaire du commissaire. Mais la jeune femme a de la répartie, bien qu'elle ne soit pas insensible au charme des deux dragueurs invétérés. Pour l'heure, les deux hommes sont conviés à une réunion, en présence de Guido, autre membre de la brigade. La bonne humeur des policiers est brusquement interrompue lorsque Guido est abattu à coups de fusil à pompe, alors qu'il était à peine sorti des locaux de la brigade. Cette exécution a été perpétrée par des hommes de Bibi Pasquini (Renato Salvatori), ponte de la mafia à Rome.
Dès lors, Alfredo et Alberto n'auront de cesse de traquer et éliminer les hommes de Pasquini, et ce dernier.
Ruggero Deodato n'est pas à proprement parler un réalisateur doué. On pourrait plutôt le qualifier de malin, d'opportuniste, voire de provocateur, quand on se penche sur ses oeuvres. Une comédie érotique surfant sur le succès de "Isabelle Duchesse du Diable" ("Zenabel"), un huis-clos très très chaud avec deux couples échangistes ("Waves of Lust") assez longuet, et surtout l'un des films qui firent le plus couler d'encre en son temps : "Cannibal Holocaust". Egalement, bon nombre de films assez mauvais, comme "Bodycount", un slasher exécrable ; "Dial Help", faux giallo, mais authentique daube ; ou encore "The Washing Machine", un thriller érotique navrant. Heureusement, de temps à autres, Deodato a su rehausser le niveau, à travers des oeuvres particulièrement violentes comme "La Maison au Fond du Parc" (qui possède toutefois des ressemblances troublantes avec le "Porno Shop on 7th Avenue" de D'Amato) et "Amazonia la Jungle Blanche".
"Live like a Cop, Die like a Man" est le seul polar qu'ait réalisé Ruggero Deodato, et c'est assurément son oeuvre la plus marquante, la plus aboutie. C'est peut-être dû à la présence de Fernando di Leo en tant que scénariste de l'histoire, car indéniablement l'ombre de ce maître du film noir plane tout au long de ce polar. A l'arrivée, "Live like a Cop, Die like a Man" n'est pas loin d'être l'égal d'un "Milan Calibre 9" ou de "La Rançon de la Peur". Il manque en fait à Deodato (bien que le film soit d'une violence inouïe) le brin de perversité d'un Lenzi, et le savoir-faire de Di Leo. Malgré cela, ce film est à classer parmi les tous meilleurs "poliziotteschi" jamais réalisés.
La qualité du film tient aussi beaucoup à son casting, particulièrement bien choisi. Le duo de choc que forment Alfredo et Alberto est interprété magistralement par Marc Porel ("La Longue Nuit de l'Exorcisme", "L'Emmurée Vivante", "Curse of Ursula") et Ray Lovelock ("Tire encore si tu peux", "La Rançon de la Peur", "Avere Vent'anni"). Au contraire de ce que l'on a toujours eu l'habitude de voir dans les polars, que ce soit aux U.S.A. avec Clint Eastwood et Charles Bronson, ou en Italie avec Franco Nero, Tomas Milian ou Maurizio Merli, on a ici deux héros, des Starsky et Hutch qui auraient basculé en quelque sorte du côté obscur. Mais la différence majeure, plus encore que le nombre, tient au caractère des deux personnages. Certains ont vu en Alfredo et Alberto des homosexuels refoulés. Et c'est vrai qu'à la vision du film, ils éprouvent l'un pour l'autre une complicité, une amitié profonde. Ils sont inséparables, s'échangent des regards ambigus, et surtout, ont en eux une part de féminité, et cet anima/animus qu'ils possèdent indéniablement est assez trouble. Pourtant, ils aiment la gent féminine, et iront jusqu'à se taper à tour de rôle la soeur cadette de Pasquini qui est une véritable nymphomane. Parfois machos, Porel et Lovelock n'abusent cependant pas de leur virilité, et c'est un changement radical dans le standard habituel du héros de polar.
Leur attitude face au danger est tout autant déconcertante, car ils donnent l'impression de vouloir défier la mort chaque fois que l'occasion se présente. Surprenante aussi la façon qu'ils ont de banaliser la mort, lorsqu'ils exécutent froidement leurs ennemis, avant de reprendre leurs activités comme si de rien n'était, le sourire au coin des lèvres.
Aux côtés de ce duo atypique, les seconds rôles sont aussi de qualité, avec l'immense Adolfo Celi ("Diabolik", "Who saw her Die", "L'Oeil du Labyrinthe"), dans le rôle du chef de la brigade, qui connaît ses hommes et porte en eux toute l'affection d'un père. Côté féminin, on a l'occasion de voir non seulement Silvia Dionisio ("Waves of Lust", "Milano Violenta", "Terror Express"), mais également sa petite soeur, Sofia, dans le rôle de la frangine nymphomane de Pasquini. Un criminel de grande envergure incarné par le charismatique et talentueux Renato Salvatori, issu du cinéma classique, un grand acteur.
Ajoutons une bonne partition musicale d'Ubaldo Continiello, entrecoupée de ballades folk de Ray Lovelock en personne, qui était aussi musicien et chanteur à ses heures, et l'on obtient un film de grande qualité, excellent dans sa première partie, un peu moins dans la seconde moitié. Les scènes marquantes sont nombreuses, et spectaculaires, et pour avoir vu bon nombre de polars italiens, ce "Live like a Cop, Die like a Man" fait partie des plus violents qu'il m'ait été donné de regarder.
Sans aucun doute le meilleur film de Deodato.
note : 8/10
accroche : Deodato transfiguré par Di Leo
Fiche DVD :
Live like a Cop, Die like a Man
(Uomini si nasce, poliziotti si muore)
Région : zone 0 (multizones) PAL
Editeur : Rarovideo
Pays : Italie
sortie film : 1976 (Italie)
sortie dvd : 2004
Durée : 91 minutes
Image : 4/3 - 1:33:1
Audio : Mono
Langues : italien, anglais
Sous-titres : anglais (optionnels)
Bonus :
- Documentaire "poliziotti violenti" ("Crimebusters"), 40 minutes, italien avec sous-titres anglais optionnels
- Spots TV, publicités réalisées par Ruggero Deodato, 20 minutes, italien sans sous-titres
- Biographie et filmographie du réalisateur
Commentaire : Un DVD de qualité, c'est une habitude chez l'éditeur Rarovideo. Film inédit en France, on apprécie le choix de deux langues et les sous-titres anglais. L'image a été restaurée, d'après le négatif original. Le son mono, s'il n'est pas excellent, est néanmoins correct.
En ce qui concerne les bonus, on pourra s'amuser de visionner quelques publicités tournées par Deodato entre 1969 et 1975, pérode durant laquelle il avait renoncé au cinéma et vivait le parfait amour avec... Silvia Dionisio. On reconnaîtra au passage Nino Ferrer vantant les qualités d'un fromage.
Plus intéressant est le long reportage "Poliziotti Violenti". Durant près de trois-quarts d'heure, nous avons le plaisir d'apprendre moult anecdotes de la part de Ruggero Deodato et Ray Lovelock. Il y a aussi une brève intervention de Al Cliver (provenant certainement d'un bonus de "Waves of Lust") expliquant qu'il était pressenti pour jouer dans le film, mais qu'il avait refusé en raison de la violence extrême du film. Une déclaration qui ne manque pas d'étonner quand on se penche sur la filmographie de l'acteur. Cliver reconnaît avoir fait une belle erreur après coup.
On apprend également qu'une scène fut définitivement censurée, celle où une petite frappe se fait arracher un oeil par un des hommes de Pasquini. A l'origine, on voyait le bandit arracher l'oeil puis l'écraser avec le pied.
Enfin, Deodato dit qu'une suite devait être tournée, après le succès obtenu par le film. Cela n'a pas pu se concrétiser, à cause d'un différend entre les agents de Porel et Lovelock, et des producteurs investis dans le projet. Par contre, contrairement à certaines rumeurs, Lovelock et Porel s'entendaient bien. Le reportage s'achève de façon très sympathique avec Lovelock prenant une guitare et se mettant à fredonner la chanson du générique.
note : 8,5/10
Dernière édition par flint le Dim Fév 03, 2008 6:23 pm; édité 1 fois |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Ven Fév 24, 2012 7:14 am Sujet du message: |
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Enfin vu en séance de rattrapage, et fort déçu...
Ok pour le côté Starky et Hutch passés du côté obscur, sauf que c'est platement filmé et que du coup, oui, ça déconcerte parce qu'aucun point de vue n'est donné. Au bout d'un moment le film devient fatigant pour deux raisons :
1) Marc Porel et Ray Lovelock finissent par avoir les deux pires têtes à claques du Poliziesco . Ils baladent - la plupart du temps sur la même moto (super commode pour intervenir) - un brushing à pleurer, jamais sales, toujours bien laqués, même dans les moments les plus agités. Bref, perso, si ce n'était l'interprétation sympa d'Adolfo Celi, j'aurais misé sur Franco Citti (bien chargé) et Renato Salvatori, bien plus convaincants.
2) Il se perd dans une flopée de petites péripéties en oubliant la principale, et ça, ça tue le film et toute tension avec.
Dommage car finalement le côté "messieurs propres minets crypto-gay " aurait pu contraster intelligemment et efficacement avec leurs sales manières, sauf que ça ne fonctionne pas.
Et puis la musique d'Ubaldo Continiello (pas mal pourtant) tombe un peu n'importe où, n'importe comment. Quant à la réalisation de Deodato, elle manque d'unité, de punch, et ne parvient jamais a trouver son équilibre. Du coup, le scénar de Di Leo, ben, il passe un peu à la trappe aussi et je me suis désintéressé petit à petit de ce qui se passait à l'écran...
désolé. :timide:  _________________
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