The Omega Man 99 % irradié


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Posté le: Sam Déc 09, 2017 11:08 am Sujet du message: [M] [Critique & DVD] Les 5 Survivants |
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Les 5 Survivants
Titre original : Five
Genre : Science-fiction, Fantastique
Année : 1951
Pays d'origine : États-Unis
Réalisateur : Arch Oboler
Casting : William Phipps, Susan Douglas, James Anderson, Charles Lampkin, Earl Lee...
Aka : Cinq survivants/Anni perduti/Die letzen Fünf
Scénario : Arch Oboler
Musique : Henry Russel
Image : Sid Lubow & Louis Clyde Stoumen
Accroche : le club des cinq
Distribution :
William Phipps (Michael Rogin) ; Susan Douglas Rubes (Roseanne Rogers) ; James Anderson (Eric) ; Charles Lampkin (Charles) ; Earl Lee (Oliver P. Barnstaple)
Résumé :
A la suite d'un holocauste nucléaire, la Terre n'est plus peuplée que par cinq survivants : une femme enceinte, un philosophe, un homme de couleur, un banquier et un explorateur. Ensemble, ils cherchent un abri dans une maison abandonnée.
La peur du nucléaire et l'éradication de la race humaine seront des thèmes majeurs de la science-fiction des années 50 avec l'invasion extra-terrestre. Des thèmes qui trouvent toujours écho de nos jours, et même si la menace a changé de visage et ne vient plus du même ennemi,elle demeure une grande préoccupation. Mais contrairement à la plupart des productions qui aborderont le sujet à l’époque, ici pas de mutation ou de monstre, mais l'histoire de cinq rescapés immunisés aux radiations (du moins le croient-ils). Le film démarre de manière tout à fait traditionnelle par l'explosion d'une bombe atomique et l’apparition du très photogénique champignon qui en résulte. Le nuage et les cendres radioactives qui en résultent se répandent alors sur le monde. Pour décrire cette situation, le réalisateur utilise un montage astucieux et très simple, il prend des photos de monuments connus et les recouvrent grâce à un effet optique représentant le nuage. Mais le film démarre vraiment avec une vue aérienne d'une route (prise d'un hélicoptère), la caméra se rapproche doucement d'une silhouette errante. En quelques minutes, le réalisateur donne le ton d'un film incroyablement moderne dans sa réalisation et ses cadrages. La silhouette sur la route c'est Roseanne, jeune femme déboussolée et enceinte qui va finir par atterrir dans la maison de Michael (et accessoirement aussi, la maison du réalisateur), un autre survivant. Bien vite, ils seront rejoints par deux autres rescapés (un noir et un vieux caissier), dont l'un ne survivra pas à la contamination.
Le réalisateur nous décrit alors la cohabitation et les préoccupations des survivants ; mais bien vite un naufragé va venir semer le trouble et la mort dans le groupe : Eric, un aventurier narcissique, manipulateur et raciste. Contrairement à Michael qui préfère se tenir loin des villes (à cause des radiations notamment), Eric considère ces dernières comme une source d’approvisionnement inépuisable, il méprise les efforts de Charles de vouloir cultiver et l'isolationnisme de Michael. Bien vite, les tensions vont éclater, mais Eric va parvenir à convaincre Roseanne de partir avec lui.
Arch Oboler (1909 – 1987) est un écrivain, scénariste, producteur, réalisateur qui travaillera à la radio, au théâtre à la télévision et au cinéma. C'est un touche à tout de génie, inconnu du grand public, mais dont l'influence est des plus déterminante pour certains. Après avoir écrit des scenarii comme Escape (1940) et On Our Merry Way (1948), il passe en 1945 à la mise en scène avec Bewitched et Strange Holiday, suivi de Five (1951). En 1953, il innove avec le premier film couleur en 3D, Bwana Devil, l'histoire de lions tueurs qui sera adaptée à l'écran bien plus tard (1996) dans L'Ombre et la proie. En 1966, il retente l'expérience de la 3D avec The Bubble, dont Stephen King se souviendra sûrement pour son roman Dôme.
Pour son film, Arch Oboler recrute son casting à la télévision, pratique courante dans les série B de l'époque, car la plupart des acteurs de télévision sont trop contents de quitter quelque temps la petite lucarne. C’est le cas de Williams Phipps, qui compte un peu plus de deux-cents participations, dont une bonne partie dans des séries télé, ce qui ne l’empêcha pas de participer à quelques classiques de la science-fiction des années cinquante comme Invaders from Mars (1953), The War of the Worlds (1953), The Snow Creature (1954) ou Cat-Women of the Moon (1953). Sa partenaire, la Canadienne d’origine autrichienne Susan Douglas (1925-2013), préfère se diversifier avec le théâtre, la télévision (où elle fera un beau come-back dans les années 80/90),la radio (elle devient la patronne de CBC Radio Dramas) et le cinéma (notamment La Cible). James Anderson est aussi un habitué du petit écran, il fera merveille dans les séries western comme Laramie, Rawhide, Bonanza ou Maverick. Pour Charles Lampkins, par contre, il s'agit du premier rôle de sa carrière qui va compter une centaine de participations, dont Cocoon et Le Guerrier fantôme. Le plus âgé de la bande, Earl Lee (1886-1955), décédera quelques années plus tard à 69 ans après avoir tourné dans une vingtaine de productions.
Tourné à l’économie avec trois fois rien, le film de Arch Oboler est à découvrir. Aujourd’hui, on s'aperçoit que ce dernier a été largement pillé. Ainsi, en voyant l’actrice Susan Douglas, on a du mal à ne pas penser à Judith O’Dea dans La Nuit des morts-vivants. Le réalisateur, qui est pourtant un homme de radio, fait preuve d’une réelle aptitude pour les cadrages, et le visuel de certaines scènes est simplement magnifique (le couple Michael et Roseanne devant la fenêtre, la scène de la plage, le début du film où Roseanne erre dans des décors abandonnés - repris par la suite dans une kyrielle de productions).
L’interprétation est aussi de qualité, avec une mention spéciale pour James Anderson, excellent en salopard de service qui a décidé de profiter au maximum de la situation. Le film de Oboler est une tentative réussie de produire un film de qualité hors des circuits traditionnels (même si le film sera de toute façon distribué par un grand studio, Columbia). Les contraintes budgétaires du film deviennent aussi une vraie liberté narrative qui permet quelques innovations : tournage en extérieur, caméra sur l'épaule qui colle aux acteurs (voir le début où la caméra semble aimantée par l'actrice Susan Douglas). Évidemment, le film n'est pas dénué de défauts (le caractère assez outrancier de la femme, totalement immature) mais l'ensemble mérite amplement d'être vu !







Fiche dvd -
Les Cinq Survivants
Five
Région : Zone 2 - PAL
Éditeur : Artus Films
Pays : France
Sortie film : 25 avril 1951 (USA)
Sortie dvd : 5 décembre 2017
Durée : 87 minutes
Image : 1.37 - 16/9e compatible 4/3
Noir & Blanc
Audio : Dolby Digital 2.0 mono
Langues : anglais
Sous-titres : français
Commentaire : Réalisé dans les années cinquante, le film bénéficie d'une belle copie noir & blanc, qui restitue parfaitement le travail du réalisateur. L'éditeur nous propose le film dans une édition minimaliste mais de qualité et à un prix abordable, les bonus se résument à quelques extraits de la collection « Les Classiques » et à la bande-annonce du film. Artus sort pour l'occasion six films dans sa collection « Les Classiques » dont trois inédits : Les cinq survivants (1951) Le fils du pendu (1949) et Au-delà de demain (1940) ; deux films proposés avec un nouveau master : Le carnaval des âmes (1962) et Scandale à Paris (1946), et un film déjà disponible chez un concurrent : L'étrange Mr. Slade (1953). Une belle initiative pour les cinéphiles qui pourront découvrir au moins trois inédits, et surtout faire connaissance avec Arch Oboler, réalisateur peu connu, mais qui tient tout de même une bonne place dans l'histoire du cinéma !
En effet, Arch Oboler est un vrai touche-à-tout et sera l'un des pionniers du cinéma en 3D pour lequel il réalisera le premier film en couleurs : Bwana Devil en 1953. Le succès sera tel qu'il lancera la première mode des films en relief comme Le Météore de la nuit et L’Étrange créature du lac noir, The Bubble, The Mad Magician avec Vincent Price, The Maze et The Mask (Les Yeux de l'enfer).
Pas de relief sur ce film, mais le réalisateur innove de nouveau par son sujet avec quelques années d'avance sur ses concurrents, notamment un certain Roger Corman dont le The World Ended ne sortira qu'en 1955. Arch Oboler signe une petite production, tournée avec une équipe d'étudiants dans sa maison, il réalise un « film d’une grande probité, d‘une sincérité égale, et d’une naïveté authentique », dixit un certain François Truffaut. En tout cas, le regretté George Romero et sa Nuit des morts-vivants lui doivent beaucoup.
Bonus :
- Film-annonce
- Films-annonces de la collection Les Classiques



 
Dernière édition par The Omega Man le Sam Déc 09, 2017 6:13 pm; édité 2 fois |
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