[M] [Critique] Les Week-Ends Maléfiques du Comte Zaroff

[flint]

Les week-ends maléfiques du Comte Zaroff/Seven Women for Satan/Sept Femmes pour un Sadique
genre : horreur/érotique
année : 1976
origine : France
réalisateur : Michel Lemoine
interprètes : Michel Lemoine (Boris Zaroff), Howard Vernon (Karl), Nathalie Zeiger (Muriel), Joëlle Coeur (Anne de Boisreyvault), Martine Azencot (Joëlle), Patricia Mionnet (Jeanne), Maria Mancini



Fiche DVD :

region : zone 0 (multizones)
éditeur : Mondo Macabro
origine : U.S.A.
sortie cinéma : aucune en France, le film ayant été purement et simplement interdit au moment de sa sortie, en 1976.
sortie DVD : 2003
durée : 84 minutes
image : 4/3 d'origine, retranscrit en 16/9
langues : français, anglais
sous-titres : anglais (optionnels)



Bonus : "Formidable ! The Michel Lemoine Story", interview de l'acteur/réalisateur (15 minutes) ; bande-annonce française ; biographies/filmographies : Michel Lemoine, Howard Vernon, Joelle Coeur, Bob Wade ; bandes-annonces de Mondo Macabro : florilège du catalogue de l'éditeur

Commentaire : Une copie tout à fait correcte (sans être parfaite) au niveau de l'image (un peu de grain et quelques poussières par moments). Le son est de très bonne qualité. En bonus, signalons une passionnante interview de Michel Lemoine.



Note DVD : 7,5/10






Le Comte Boris Zaroff est le dernier descendant d'une lignée d'aristocrates décadents. Homme d'affaires la semaine, il passe ses week-ends dans le château familial qu'il occupe en compagnie de Karl, son majordome. Ce dernier, soucieux du confort de son maître, s'arrange toujours pour lui trouver une nouvelle soubrette afin d'égayer les nuits un peu tristes de cet endroit désolé. Karl est lié par un pacte. Son père a servi le père de Boris, et on peut remonter ainsi dans le temps pendant de nombreuses décennies. Le majordome semble toutefois s'accommoder de cette situation, et cette absence de libre arbitre quant à sa situation professionnelle ne l'empêche pas de profiter des penchants on ne peu plus déviants de son maître. On peut même dire qu'il est le déclencheur des pulsions sadiques, du potentiel désaxé du Comte. Si le chatelain se contente parfois de rêver qu'il traque sa victime dans les bois environnants, juché sur un destrier, et accompagné de son dogue allemand, c'est bien Karl qui met en pratique les phantasmes de Zaroff, en jouant les rabatteurs, ou en glissant une drogue dans un verre de champagne destiné à une innocente jeune femme.



Mais l'origine des maux du Comte Zaroff vient d'une obsession envers une jeune femme, Anne de Boisreyvault, qui fut la maîtresse de Zaroff père. Vêtue de blanc, elle hante non seulement la mémoire de Boris mais aussi tous les lieux dans lesquels il se trouve, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur du château. Que peut bien vouloir le fantôme d'Anne (qui mourut tragiquement, probablement à cause d'un mari jaloux) envers le dernier descendant des Zaroff ? Essaie-t-elle de lui transmettre un message, où veut-elle le conduire à sa perte ? Les tourments incessants de cette femme insaisissable conduisent le Comte à des actes que la morale réprouve. La seule médecine qu'il ait trouvé pour ne pas sombrer dans une folie irréversible consiste à assouvir ses pulsions extrêmes sur des jeunes femmes aussi belles que naïves (pour ne pas dire nunuches). Comme cette secrétaire, par exemple, qu'il vient d'engager et qu'il invite dans son château, prétextant un inventaire à finaliser. Elle ne ressemble pourtant pas à la défunte Anne, loin s'en faut, et pourtant le subconscient de Boris va inévitablement le ramener vers l'objet de son obsession, tel un miroir déformant. Le Comte Zaroff pourra-t-il échapper à la malédiction ?



"Les Week-Ends Maléfiques du Comte Zaroff" est l'oeuvre de Michel Lemoine, à la fois scénariste, réalisateur et acteur de ce film phare du cinéma bis français des années 1970. Son atmosphère rappelle fortement certains films de Jess Franco (pour qui Lemoine voue le plus grand respect), au même titre que d'autres oeuvres hexagonales de cette époque, comme "La Rose Ecorchée", de Claude Mulot, ou encore "Orloff et l'Homme Invisible", de Pierre Chevalier. D'ailleurs, ce n'est certainement pas un hasard si ces trois films ont pour dénominateur commun la présence d'Howard Vernon, encore une fois exceptionnel, et volant sans conteste la vedette à Michel Lemoine, meilleur dans son jeu d'expressions que dans les mots. Car Michel Lemoine fut au début de sa carrière plus porté vers le théatre, avant de s'exiler en Italie, à Rome, où il tournera dans 37 films. L'homme est un véritable paradoxe du cinéma, ayant cotoyé des noms illustres comme Jean Cocteau, Sacha Guitry, Colette, Pierre Brasseur. Après, l'Italie marque un virage total dans sa carrière, avec des oeuvres comme "Le Monstre aux Yeux Verts", "Hercule contre Moloch" et "La Vengeance du Masque de Fer". Marié à Janine Reynaud, c'est grâce à elle qu'il va rencontrer Jess Franco, avec qui il tournera notamment dans "Necronomicon". Mais Lemoine est aussi un inconditionnel de José Bénazéraf, autre figure emblématique du cinéma de genre (sa femme et lui joueront ensemble dans "Frustration"). L'influence des deux hommes transparaît dans son seul film d'horreur, au même titre que Robe-Grillet (Nathalie Zeiger, qui joue le rôle de Muriel dans "Les Week-Ends Maléfiques..." est d'ailleurs une habituée des films de Robe-Grillet) et évidemment Jean Rollin (dont Joëlle Coeur est l'une des actrices préférées).
"Les Week-Ends Maléfiques..." est un fleuron du cinéma bis, rempli d'invraisemblances, de dialogues délirants, d'horreur "cheap" et d'actrices déshabillées. L'une des scènes cultes de ce film demeure le passage des touristes demandant à tester l'une des machines de la salle des tortures située dans les sous-sols du château, ce que Zaroff ne manquera pas de faire, évidemment...



Ce film a la particularité d'être l'un des rares à ne pas avoir connu de sortie dans les salles françaises, puisqu'il fut immédiatement interdit à l'époque par la commission de censure. Le texte était le suivant :
"Ce film présente, sous couvert d'un appel à l'étrange et au surréel, une panoplie complète de moments de sadisme, de cruauté, d'érotisme voire de nécrophilie qui ne sont tempérés ni par la moindre poésie, ni par l'humour. Il ne saurait être vu que par des adultes."
Une dernière phrase lourde de sens, qui classait le film X, ce qu'il n'était certainement pas. Car, si l'érotisme est largement présent dans "Les Week-Ends Maléfiques...", il paraîtrait bien désuet aujourd'hui en comparaison d'autres oeuvres bien plus sulfureuses. Malheureusement, le film de Michel Lemoine a eu la malchance de sortir en 1976, au moment où les films X, après avoir saturé le marché du cinéma, étaient "ghettoïsés" par des soi-disants défenseurs de la morale et de la vertu. Des films non pornos ont subi le même sort, dont celui-là. Il faudra attendre le début des années 1980 pour le voir par le biais de la vidéo, et pouvoir en goûter enfin la "substantifique moëlle".



note : 7/10
accroche : L'habit (féminin) ne fait pas Lemoine.

[mallox]

Je fais remonter ce topic qui ne mérite pas autant de mépris pour dire un truc très important, crucial:

Michel Lemoine est tellement maléfique qu'il talonne avec ce film d'un demi-point la version longue des "Frissons de l'angoisse" .... Allez Mimi, encore un effort !














(je sais , c'est bas, en plus qu'on s'en fout des notes , mais ça m'a fait un bien fou - pouvez pas savoir... )
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[flint]

Ah, ah faut pas me tenter. Je marque donc sur mon carnet :

1er avril 2008 : critique de "Frustration", de José Bénazéraf, avec Michel Lemoine, Janine Raynaud (aucun lien de parenté avec Fernand), et... Elizabeth Tessier (l'astrologue qui lit dans les boules de... pardon ).
Prévoir une note de 8/10

[mallox]

Ok, je mettrai 10/10 au "jeu avec le Feu" de Robbe-Grillet ...
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[flint]

[mallox]

Et de mettre des Robe !
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[Valor]

Allons, allons ! On ne se moque pas d'un Immortel ... dont le premier film s'appelle L'immortelle !

J'allais justement dire à flint combien j'apprécie sa comparaison avec Rollin, Franco, Lemoine (j'aurais ajouté Borowczyk... et Max Pécas qui a dirigé Lemoine dans "Je suis une nymphomane"). En France, les films de Robbe -Grillet sont trop souvent ignorés ou considérés comme des oeuvres intellos barbantes à la Rohmer.(cf: )
Peut-être à cause de ses bouquins qui font mal à la tête ? Peut-être aussi parce qu'on ne peut quasiment pas les trouver !

"La belle captive" est passé sur le câble et c'est vrai qu'on est pas loin de l'univers de Rollin : érotisme 70's, onirisme, perversion ... et même le jeu des acteurs !

D'ailleurs son nouveau film confirme paraît-il cette tendance :

Tant mieux !

Quant à "Les week-ends maléfiques du Comte Zaroff "(vu sur le câble aussi), c'est sûrement LE chef-d'oeuvre de Lemoine ! Un monument de sadisme poétique, n'en déplaise aux censeurs.

Au fait, Schoedsack n'a pas fait un procès ?

[mallox]

Belle et ardente défense! Maintenant on a le droit de ne pas aimer Jean Rollin sans pour autant être détraqué...
La diction des acteurs, quelle plaie justement! enfin me concernant ...
J'ai un lointain souvenir des Robbe-Grillet, trop lointain pour dire si aujourd'hui j'aimerai ou non, n'empêche que je m'y emmerdais personnellement royalement. Que ce soit la belle captive, le jeu avec le feu que Marienbad par Resnais... Je garde de tout ça un souvenir "très littéraire" en effet. Je comprends donc qu'on puisse le ranger dans les "intellos barbants".
Je ne savais même pas qu'on le laissait encore tourner.
Ce qui est marrant, c'est que je ne classe pas Rohmer dans le même sac du tout, mais pourquoi pas après tout. peut-être qu'on parle ici des réalisateurs qui donne un texte à lire à leurs acteurs...
Sinon, tu connais les court-métrages de Waleran Borowczyk? "Les Astronautes" ," Gavotte ", "Les jeux de l'ange" ? - faits pour certains avec Chris Marker et que je trouve absolument géniaux et assez loin de ce qu'il fera un peu plus tard...

Bref, ta défense fut jolie, et pourquoi pas une petite critique d'un film de Robbe-Grillet, tiens?! :happy: ça me ferai peut-être changer d'avis.
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[Valor]

Oh, moi je disais Rohmer comme j'aurais dit Rivette, Pialat ... ou Lelouch !
C'est à dire des réalisateurs qui n'ont pas grand chose à voir avec le cinéma érotique ... Mais loin de moi l'idée de traiter quiconque de "détraqué" ! Chacun ses goûts ! En plus, je suppose que ces réalisateurs ont probablement fait de très bons trucs (érotiques?) ... que je n'ai pas vus !
J'ai eu le tort de généraliser en disant "les" films de Robbe-Grillet, alors qu'on ne trouve évidemment pas le même contenu érotique dans "Marienbad","L'immortelle" ou "L'homme qui ment", que dans "L'Eden et après","Glissements progressifs du plaisir" ou même "Le jeu avec le feu" (Si si !)

[mallox]

ben le talent, tu l'as... les arguments aussi... reste le temps évidemment.
(Il a bon dos le temps)

Non de toute façon, c'est marrant, car dans le Topic Rollin j'avais justement fais un lien entre "Le viol du Vampire" de Rollin et "Marienbad" de resnais-Robbe Grillet, et donc je trouve en effet un rapport. Comme quoi.
C'est bien que Flint ai fait le lien de Michel lemoine à Francoet Rollin, et nous avec Robbe-Grillet. Un topic d'une richesse exemplaire!

Donc c'est bien "glissements progressifs du plaisir " que tu vas chroniquer? super ! :happy:
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[flint]

[mallox]

C'est un joyeux Nanar que ce film qui en effet m'a semblé assez proche de franco, Rollin (moins), truffé d'invraissemblances (mais franchement à ce niveau on s'en tape), avec un Lemoine sympathique avec sa tête de gros monstre et un jeu proche de philippe Katherine, ainsi qu'un acteur que j'ai trouvé assez époustouflant, celui qui joue le mari avec des réparties et un jeu très très martien, et qui m'a fait beaucoup rire. la scène où le couple teste la cave des tortures reste assez sidérante de n'importe quoi. On se demande pour quelle raison du reste, ça démange tant la dame d'aller faire un tour dans l'endroit maléfique en pleine nuit, au point d'empêcher de dormir son gros tourteau. D'ailleurs ce très béta de mari reste assez stoïque en toute circonstance: "mais calme toi, ils vont revenir, un peu de patience!" et paf un coup de pal !

Note: 5/10
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[xawa]

En fait il est bien sorti en salles a l'epoque , dans le circuit porno sous le titre " 7 femmes pour un sadique " .

[mallox]

ah parce que tu l'as vu en salles? petit cochon va!
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[flint]