[M] [Critique] Liquid Sky

 
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princesse.rosebonbon
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MessagePosté le: Lun Oct 22, 2007 9:42 pm    Sujet du message: [M] [Critique] Liquid Sky Répondre en citant

[img]http://www.psychovision.net/films/images/jmovies/img_pictures/liquid-sky.jpg
[/img]
Liquid Sky
1982 - USA
Genre : science-fiction post-punk / new wave

Réalisé par Slava Tsukerman
Avec Anne Carlisle, Paula E. Sheppard, Susan Doukas, Otto von Wernherr

Margaret (Anne Carlisle) est mannequin junkie à New York en plein coeur du courant New Wave. Incarnation des canons d’esthétique de son époque, tout le monde veut lui passer dessus, avec ou sans son consentement. Elle vit en concubinage homosexuel à East Village avec Adrian (Paul E. Sheppard, inoubliable dans Alice Sweet Alice), performeuse electro aux portes du succès international dans ses rêves et petite dealeuse hargneuse dans la réalité. Jimmy (encore Anne Carlisle) est le pendant masculin, quoique très androgyne, et rival de Margaret, se souciant uniquement de sa prochaine dose. A cette belle brochette de marginaux s’ajoutent la mère de Jimmy, ancienne séductrice rongée par la frustration à l’automne de ses charmes et le dernier objet de son désir, un scientifique est-allemand (selon ses propres dires), venu dans le but d’étudier un phénomène pour le moins étonnant : une forme de vie extra-terrestre représentée par une micro soucoupe volante s’est posée sur le toit du loft d’Adrian et Margaret afin de faire le plein d’héroïne et d’endomorphine sécrétée par le cerveau humain pendant l’orgasme. Les morts mystérieuses ne vont pas tarder à s’accumuler...



Liquid Sky est encore un de ces films dont le résumé ne peut en rien laisser transparaître l’intérêt. Projet totalement indépendant, débarqué de nulle part, ne trouvant pas de comparaison dans son paysage cinématographique contemporain, il est sorti de façon confidentielle, a reçu un accueil mitigé et a été et restera raillé ou ignoré par le grand public, mais défendu bec et ongle par une poignée d'aficionados. Autant de raisons d’y voir le dernier « midnight movie » digne de figurer aux côtés d'El Topo, de Freaks, de Reefer Madness, de la Nuit des Morts Vivants, etc, etc. Il s’en dégage une atmosphère en tous points unique et singulière dès les premières images qui lui vaut bien souvent un rejet virulent.

Il est assez amusant de voir que tout ou presque lui a été reproché, depuis le jeu des acteurs jusqu’à la taille ridicule du vaisseau spatial, en passant par le manque de budget et le « look » grotesque des protagonistes . Certains se plaisent même à prétendre qu’il s’agit d’un film tourné par et pour des drogués, à croire qu’il serait une insulte au spectateur que de lui proposer un film de science-fiction indépendant dans tous les sens du terme. Il ne sert à rien de vous cacher plus longtemps mon opinion : les goguenards qui sont venus y trouver un Nanar (et ils sont légion) n’ont juste pas vu plus loin que le bout de leur truffe, car, tenons nous le pour dit, Liquid Sky est un petit diamant noir.



C’est le seul représentant d’un mouvement culturel désespéré et baignant dans la drogue dont il illustre parfaitement la décadence et la superficialité. Le timbre caustique expérimental du synthé sampler qui couvre une bonne partie du métrage fait écho aux néons bariolés, aux effets de négatif et aux maquillages phosphorescents qui transpercent l’obscurité de la toile. Toute la bobine transpire à grosses gouttes ce qui se voulait l’avant-garde esthétique de son époque ; on peut apprécier ou pas, cependant nier que c’est un choix délibéré serait bien léger. La quintessence de cet état d’esprit se retrouve dans Me and my Rhythm Box, poème nihiliste minimaliste scandé par Adrian dans le club où se concentre la foule excentrique et hagarde des branchés.

Est-il bien utile de relancer le débat visant à déterminer si l’on peut classer Liquid Sky dans la catégorie science fiction ? Les extra-terrestres ne sont certainement pas l’élément central du récit et resteraient très abstraits sans les explications du scientifique monomane. Néanmoins, ils constituent le fil conducteur de l’intrigue et n’ont pas manqué d’inspirer Dark Angel par leur mortelle récolte de psychotropes ou encore d’anticiper en quelque sorte la vue subjective du Predator. Enfin les effets spéciaux du film n’impressionneront pas grand monde, mais ne sont pas si minables qu’on s’est plu à les décrire. Après tout, la bobine ne se prend pas vraiment au sérieux et lorgne souvent vers le délire ou la dérision.



Outre ses excentricités visuelles et scénaristiques sans compromis, ce qui en fait l’attraction principale est la critique au vitriol qu’il dresse du monde de la mode, de son insondable futilité érigée en doctrine et de ses excès déshumanisants au nom de l’art. Si l’animosité et l’aigreur ambiantes semblent monter crescendo dans cette communauté de vaniteux déchets, c’est dans le monologue de la scène de maquillage qu’éclate toute la rancoeur d’une héroïne que le miroir aux alouettes du show business a transformé en caniche de concours et paillasson humain. Les différentes incursions dans le club et le shooting dans le loft sont des occasions de nous brosser une galerie de portraits de losers grégaires dont l’egoisme le dispute à l’arrivisme, comparables à des requins se bouffant l’un l’autre ou des papillons de nuit se brûlant les ailes sur les néons de la jouissance et de la gloire.

Il est enfin utile de préciser que le film est souvent apparenté à un manifeste féministe en raison des outrages récurrents que subit Margaret, femme-objet malgré elle, bien à l'abri des vols d'endomorphine puisque personne ne se soucie de la faire jouir. Cependant, il n’est pas question de se contenter d’une simple accusation du sexe masculin. C’est plus généralement à l’aliénation de l’autre pour sa satisfaction personnelle que s’en prend Tsukerman ; ainsi Adrian se révèle être le plus pervers des bourreaux en trainant sa partenaire dans la boue dès qu'elle le peut.



Au final Liquid Sky est un joyau d’humour noir mésestimé, à rapprocher des univers empreints de fantastique, de misère humaine et d’éthylisme de Burroughs et Bukowski et qui n’a pas volé sa réputation d’oeuvre « à part ». Il est vraiment à regretter qu’aucune des personnes impliquées dans le projet n’ait fait grand-chose après. Recommandé à qui saura apprécier la paradoxale subtilité des échanges outrancièrement orduriers qui émaillent sa trame quelque peu décousue.


Note : un bon 8/10


Accroche : I kill with my cunt. Isn’t it fashionable ?


A propos du film : Anne Carlisle, l’excellent double premier rôle, a écrit le roman Liquid Sky suite au film.


Dernière édition par princesse.rosebonbon le Sam Fév 09, 2008 11:32 am; édité 1 fois
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mallox
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MessagePosté le: Mar Oct 23, 2007 4:55 am    Sujet du message: Répondre en citant

Joli !icon_wink
Je suis complètement réfractaire à l'esthétique New wave, mais je le verrai. (en double programme avec Valérie au pays des merveilles...)
(et encore un film de l'Est à pas de frais que tu nous ramènes...a t-il ses papiers?)


princesse.rosebonbon a écrit:

Note : un bon 8/10


Et tout compte fait, un mauvais 8,5 ...
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princesse.rosebonbon
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MessagePosté le: Mar Oct 23, 2007 8:11 am    Sujet du message: Répondre en citant

ah oui j'aurais pu préciser "autour du film" que:
- Slava Tsukerman et sa compagne Nina Kerova qui a co-produit le film ont émigré d'Union Soviétique dans les années 70 pour s'installer à New York après un crochet par Israël. On peut donc dire qu'il s'agit d'une production russe.
- "Liquid Sky" est un nom donné à l'héroïne

8 c'est parce que je pense qu'il peut encore se bonifier... icon_cool
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MessagePosté le: Ven Oct 26, 2007 5:13 pm    Sujet du message: Répondre en citant

pour ceux qui voudrait voir le film icon_arrow pm new_diable
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Kerozene
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MessagePosté le: Mer Nov 21, 2007 9:52 am    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:
Joli !icon_wink
Je suis complètement réfractaire à l'esthétique New wave, mais je le verrai.


Aucun risque à avoir: je suis comme toi au niveau de l'ethétique 80's new wave, et l'ethétique 80's en général d'ailleurs , mais elle approte une dimension supplémentaire à la vision de Liquid Sky qui, combinée à la musique électro minimaliste du métrage, te plonge directement dans un univers unique et glauque "malheureusement" aujourd'hui complètement révolu.

Citation:
- Slava Tsukerman et sa compagne Nina Kerova qui a co-produit le film ont émigré d'Union Soviétique dans les années 70 pour s'installer à New York après un crochet par Israël. On peut donc dire qu'il s'agit d'une production russe.


Ca n'a pas vraiment de sens. Si Jean-Jacques Anneau tourne 7 Ans au Tibet, ça n'en devient pas pour autant un film français. De même que Halloween 5 n'est pas un film Suisse malgré la nationalité de son réalisateur...
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princesse.rosebonbon
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MessagePosté le: Mer Nov 21, 2007 4:09 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Kerozene a écrit:
Ca n'a pas vraiment de sens. Si Jean-Jacques Anneau tourne 7 Ans au Tibet, ça n'en devient pas pour autant un film français. De même que Halloween 5 n'est pas un film Suisse malgré la nationalité de son réalisateur...


je pourrais te répondre que Lost in Translation n'est pas un film japonais. il se trouve, dans le cas de Liquid Sky, que toute l'équipe de production ainsi que les postes techniques clés sont occupés par des soviétiques fraichement débarqués aux US et formés (pour ceux qui ont déjà eu une expérience de tournage) en URSS. c'est pourquoi je me permets de rajouter qu'on peut éventuellement parler de production russe.

au-delà de l'ambiguité production/film, je comprends tout à fait ton point de vue et jai même plutôt tendance à le partager. mais en lisant des critiques du film sur le net, j'ai vu que cette particularité de l'équipe de tournage était souvent mise en avant comme facteur probable de son originalité. alors je me suis dit que ça ne coûtait rien d'en faire mention...

du coup j'en profte pour te souhaiter la bienvenue sur le forum!
puisque tu as l'air d'en reconnaître quelques uns, je suppose que tu dois être vétéran de kultvhs
en ce qui me concerne, si tu aimes Liquid Sky et choisis Léguman pour avatar, on est fait pour s'entendre ico_mrgreen
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Kerozene
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MessagePosté le: Mer Nov 21, 2007 4:44 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Merci pour les bons mots ico_mrgreen
Et non, je ne suis pas membre de KultVHS - me demande bien pourquoi d'ailleurs...

Mais sans vouloir te contredire, et par pure extrapolation, j'aurais plutôt tendance à dire que le style si particulier du film est surtout dû à la surconsommation de produits stupéfiants par toute l'équipe de tournage ico_mrgreen (Ceci ne remet pas en cause la probable patte soviétique, mais connaissant plutôt mal ce cinéma, je préfère éviter de m'aventurer plus en avant sur ce point ;) )
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princesse.rosebonbon
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MessagePosté le: Mer Nov 21, 2007 5:22 pm    Sujet du message: Répondre en citant

justement Tsukerman a déclaré pendant le Festival international de San Francisco en 1999 (et peut-être ailleurs, je ne sais plus) que toute l'équipe et les acteurs sont restés sobres icon_cool
source : http://www.aboutfilm.com/movies/l/liquidsky.htm

tu me diras, Jodorowsky clame bien à la cantonade qu'il n'a jamais touché un pétard avant la sortie d'El Topo...
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MessagePosté le: Mer Nov 21, 2007 11:19 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Oufphf! Alors là, c'est quand même difficile à avaler. Et s'il n'a vraiment pas été défoncé pendant le tournage, soit il l'a été avant, soit il bénéficiait d'un conseillé artistique très porté sur les drogues dures! Et si je me trompe, je regrette qu'il ne se soit pas défoncé la gueule pour nous faire quelque chose de plus branque encore ico_mrgreen
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Kidam
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MessagePosté le: Sam Fév 09, 2008 8:38 am    Sujet du message: Répondre en citant

Encore une critique (sans faille) de princesse rosebonbon et que j'avais zappée. Il faudra que je découvre ce film, tout comme "Valérie au pays des merveilles".
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princesse.rosebonbon
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MessagePosté le: Sam Fév 09, 2008 11:07 am    Sujet du message: Répondre en citant

merci mallox pour les captures!
et kidam pour le commentaire

je crois qu'avec le poster detoure elle est bonne pour etre publiee
quelqu'un peut-il rajouter le [C] ou m'indiquer par mp comment on fait (si j'ai les autorisations) ?
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mallox
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MessagePosté le: Sam Fév 09, 2008 11:22 am    Sujet du message: Répondre en citant

princesse.rosebonbon a écrit:

quelqu'un peut-il rajouter le [C] ou m'indiquer par mp comment on fait (si j'ai les autorisations) ?


Bah, c'est pas ton topic? ico_mrgreen
Si tu tes connectes, tu dois avoir le bouton "edit" qui apparaît, non?
alors tu cliques dessus et rajoute ce fameux C tant convoité dans ton sujet. icon_cool
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princesse.rosebonbon
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MessagePosté le: Sam Fév 09, 2008 11:34 am    Sujet du message: Répondre en citant

:timide:
le fossé technologique...

merci new_noel
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