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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Jeu Juin 07, 2007 8:31 am Sujet du message: [M] [Critique] The Call Of Cthulhu |
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Titre : The Call Of Cthulhu
Réalisateur : Andrew Leman
Année : 2005
Genre : Fantastique/Horreur
Scénario & Adaptation : Sean Branney
Acteurs : Ramón Allen Jr., Leslie Baldwin, Daryl Ball, Mike Dalager, John Bolen, Matt Foyer, Andra Carlson, Mona Weiss, …
Aux Etats-Unis, durant les années 20, un jeune homme interné en clinique psychiatrique demande à son mandataire de brûler une série de dossiers et de manuscrits. De là, le film démarre vraiment dans un Flash Back dans lequel celui-ci explique la manière dont il se les est procuré. Il s’agit de plusieurs dossiers mystérieux qui appartenaient jadis à son oncle, archéologue réputé, et dans lesquels il relatait ses enquêtes menées.
L’oncle en était du reste arrivé à la conclusion que toutes ces affaires étaient liées par une force obscure et maléfique, issue des fins des temps et du fond des âges. Il semblerai même qu’un plan mystérieux soit en train de se tramer, et l’enquête menait invariablement à une mystérieuse entité nommée ‘Cthulhu’.
L'histoire écrite par Lovecraft en 1926 est présentée ici sous la forme d'un film muet, avec le soucis de coller formellement à l'époque durant laquelle elle a été écrite. Le film raconte les histoires contenues dans les différents dossiers, mais aussi l'histoire qui nous apprend comment ces témoignages sont arrivés dans les mains de l'oncle…

Pour aller vite en besogne, disons le tout net, et pour ceux qui croiraient (comme votre humble chroniqueur) au préalable avoir à faire à un film chiant pour cause de mutisme, se tromperont. Soit, c’est donc un film muet, soit comme il se doit, il n’y a que des intertitres, mais ce moyen métrage (le film ne dure que 46min) est tout simplement tout sauf ennuyeux. Tourné en 2005, et donc tout récemment, ce qui saute aux yeux, c’est le splendide rendu vieilli qui colle parfaitement à l’œuvre de H.P Lovecraft, « L’appel de Cthulhu » (même si je ne suis pas spécialiste de l’écrivain, c’est en tout cas ayant lu quelques œuvres dont celle-ci, l’idée que je m’en fait), et du coup le pari formaliste qui peut sembler vain à la base et même rédhibitoire, contribue au fait, et là je me mouille, qu’on aura beau parler de ce film aujourd’hui comme demain, il ne vieillira pas en même temps, même si j’espère me tromper, que de rester dans les oubliettes. Ce serait vraiment dommage tant les qualités sont d’une évidence au-delà de tout soupçon.
Elaboré avec un budget dérisoire, et semble t-il tourné dans son garage ( ?!). Le choix formel évoqué ci-dessus n’est jamais gratuit, il se justifie paradoxalement par ce manque de moyens, mais qui plu est parce qu’il colle à l’ambiance qui il est vrai, on a la plupart du temps du mal à retrouver à l’écran. Jamais, je dis bien jamais le film n’est ennuyeux, pas même une seconde et ce Andrew Leman est même un cinéaste que l’on se doit de suivre de très près, gageons même qu’on en entendra parler à nouveau d’ici peu. Quoiqu’il en soit, ce qui étonne également, c’est la facilité avec laquelle on suit un scénario alambiqué, rendu entre ses mains expertes, d’une fluidité exemplaire. Une fois assimilé le procédé (en 2 minutes), celui-ci ne viendra jamais déteindre et prendre le pas sur la narration, et ça, je l’avoue, me semble un atout bien trop rare pour ne pas être signalé, d’autant plus dans une démarche que certains pourraient trouver prétentieuse et « auteurisante ». Non, Leman ne se la pête pas du tout, et sait s’en remettre à son également très talentueux scénariste Sean Branney qui joue par économie dans le film avec même une partie de sa famille.

Leman, place son film dans une perspective ‘ à la manière de’ finalement assez humble, pour accoucher d’un film étonnant. Si le dispositif semble simple, avec ces emprunts au cinéma muet donc, et on pensera plus particulièrement à l’expressionnisme russe et allemand, de « Caligari » à Einsenstein, avec moult contrastes à tendance luminescents, rien n’est pour autant délaissé derrière. Les acteurs y sont formidablement dirigés, empruntant même savamment au jeu outré de l’époque (et ça le fait !), mais la narration serait presque la plus grosse qualité du film, ce qui n’est pas rien, vu la qualité du reste.
A ce niveau, s’en est même assez bluffant, et comme le montage y est vif, précis, inventif, Leman parvient à livrer un film moderne qui se démarque du muet. Je dirai même qu’il parvient à se situer dans une espèce de no man’s land, tuant un peu ses modèles en passant, pour s’affirmer, tranquillement, sûrement, à base de plans très élaborés et multipliants les axes. Pour exemple, le plan d’ensemble de la cérémonie Vaudou qui a lieu dans le film est tout simplement remarquable, avec cette statue qui semble gigantesque devant les humains réduits à l’état quasi-microscopique. Ailleurs, le réalisateur ose tout, et réussi tout, collages, juxtapositions d’images, fondus, jeux sur les perspectives, tout ceci dans des décors somptueux (je le répète, ce film a été fabriqué avec pas grand-chose, et il faut le voir pour le croire), et avec une partition musicale omniprésente absolument en harmonie en plus d'être très inspirée, avec ce trip qui ne laisse aucun détail au hasard.

Dernière chose, il est très rare de voir un réalisateur adaptant H.P Lovecraft parvenir à ce point (je pense au dernier tiers du film surtout) à décrire aussi malicieusement et efficacement l’indicible si cher à son auteur. Peu de gens y sont du reste parvenus, ce que font avec une maestria déconcertante Sean Branney et Andrew Leman, deux anglais dont on a je l’espère (et j’en suis persuadé) pas fini d’entendre parler.
Note : 9/10
Accroche : Le cri du sorcier muet. _________________

Dernière édition par mallox le Mer Mai 02, 2018 5:42 am; édité 2 fois |
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pascalum 20 % irradié

Inscrit le: 30 Sep 2006 Messages: 132
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Posté le: Sam Juin 09, 2007 11:28 am Sujet du message: |
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bon sang... je veux voir ce film.
j'ai deux passions, les Zombis et Lovecraft.
autant je suis comblé en matière de zombis, autant je n'ai jamais vu un film s'inspirant de l'univers de Lovecraft qui m'ai satisfait...enfin ,j'ai bien aimé Necronomicon quand même que j'ai vu comme on lit une BD.
mais à mon avis le maitre de l'indicible horreur n'a jamais eu les honneurs d'un film digne de son talent. _________________ Bande Dessinées uniquement à base de Zombis:
http://www.zombiblog.fr/
Mon Home studio :
http://pascalum.over-blog.com |
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Sam Juin 09, 2007 1:07 pm Sujet du message: |
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Eh bien, il y au moins "La Malédiction d'Arkham", de Roger Corman, bien que le film soit un "panachage" de deux grands noms de la littérature fantastique : Lovecraft et Poe.
De toutes façons, Walter en a très bien parlé dans sa critique :
http://films.psychovision.net/critique/malediction-d-arkham-375.php
(même si je trouve qu'il a été un peu sévère au point de vue de la note).
En tous cas, pascalum, les films de Corman consacrés au cycle de Poe valent le détour, mon préféré restant "Le Masque de la Mort Rouge".
(signé : Vincent Price Junior) |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Sam Juin 09, 2007 1:13 pm Sujet du message: |
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Pareil pour "le masque de la mort rouge" qui est sans conteste le plus..... rouge.
mp pour Pascalum et Flint svp messieurs les gentlemen révolutionnaires, si vous voyez ce que je veux dire... . _________________
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pascalum 20 % irradié

Inscrit le: 30 Sep 2006 Messages: 132
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Posté le: Dim Juin 10, 2007 9:58 am Sujet du message: |
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oui, c'est clair que le Corman fut le légataire filmographique de Poe
(j'hallucine moi même sur cette phrase qui veut un peu rien dire, mais vous m'avez compris ;)) _________________ Bande Dessinées uniquement à base de Zombis:
http://www.zombiblog.fr/
Mon Home studio :
http://pascalum.over-blog.com |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Dim Juin 10, 2007 10:03 am Sujet du message: |
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pascalum a écrit: | oui, c'est clair que le Corman fut le légataire filmographique de Poe
(j'hallucine moi même sur cette phrase qui veut un peu rien dire, mais vous m'avez compris ;)) |
... avec Fulci....
Disons un peu comme Kafka, sa meilleure représentation à l'écran n'est pas forcément une adaptation, mais plutôt une représentation... à savoir, "Le locataire" de Polanski. _________________
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Kidam 40 % irradié


Inscrit le: 30 Nov 2007 Messages: 415
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Posté le: Ven Mar 07, 2008 11:33 am Sujet du message: |
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Découvert hier soir, réellement bluffant. |
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Nickbur 60 % irradié

Inscrit le: 26 Nov 2004 Messages: 720 Localisation: Friteland
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Posté le: Ven Mar 07, 2008 8:37 pm Sujet du message: |
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Bonne surprise ce Call of Cthulhu, original et bien torché pour un budget rachitique. Seul petit bémol, la réalisation est parfois trahie par le coté cheap de la DV qui refait surface de temps à autre _________________ Atomik Circus - Film culte. Par amour des mes coui... |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Sam Mar 08, 2008 3:34 pm Sujet du message: |
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C'est pas faux, d'ailleurs à regarder les captures, on l'entrevoit ce côté DV. _________________
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Kerozene 20 % irradié


Inscrit le: 16 Nov 2007 Messages: 140
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Posté le: Sam Mar 08, 2008 11:47 pm Sujet du message: |
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Vrai que le côté DV marque un peu au premier abord, mais on fait rapidement l'impasse dessus. C'est un véritable réussite qui se bonnifie avec les visionnements. _________________
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princesse.rosebonbon Stade de décomposition


Inscrit le: 22 Aoû 2005 Messages: 2027 Localisation: variable
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Posté le: Lun Mar 10, 2008 12:13 pm Sujet du message: |
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c'est peut-etre parce que je n'ai jamais accroché avec Lovecraft, mais je ne partage pas trop votre engouement pour ce Call of Cthulhu.
Leman et Branney tentent quelque chose de différent dans le domaine de l'épouvante et ce genre d'initiative ne peut être qu'encouragée, cependant le traitement en soi n'est pas très original : on dirait du Maddin ou du Dawson, l'esthétique et le délire poétique en moins.
d'ailleurs j'ai lu une critique cruelle mais assez pertinente adressée à ce genre de cinéma : "tarantino de l'expressionnisme"
ça fait réfléchir!  |
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Kerozene 20 % irradié


Inscrit le: 16 Nov 2007 Messages: 140
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Posté le: Lun Mar 10, 2008 3:41 pm Sujet du message: |
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On peut ne pas aimer, mais l'effort mérite d'être saluer.
Je ne suis pas d'accord avec le parallèle que tu fais avec Maddin et Dawson. Ces deux auteurs ont leur univers propre, leur langage cinématigraphique propre, certes inspiré du cinéma muet et de l'expressionisme en premier lieu mais avec une touche de modernité qui rend leur film anachronique et si singulier - c'ets en grande partie de là, d'ailleurs, que se dégage leur poésie.
"Call of Cthulhu" ne cherche pas cette singularité, il tente simplement de se donner un look "année 20" et tente de coller au plus près à ce style de cinéma - avec ce que cela implique d'incohérence compte tenu du format utilisé. Mais passé les quelques minutes d'adaptation, l'ensemble passe plutôt bien et est agréable à l'oeil, l'illusion n'est évidemment pas parfaite mais permet de faire abstraction de l'époque de production - ce qui est déjà pas mal. Il y a ensuite la tentative d'approche d'une àpouvante quasi abstraite qui n'est évidemment pas aisé et qui réussi malgré tout à être efficace. Quant à la formule "Tarantino de l'expressionnisme", il faudrait peut-être la lire dans le contexte, mais là, comme ça, j'avoue ne pas comprendre (et est-ce réellement négatif?). _________________
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Lun Mar 10, 2008 3:45 pm Sujet du message: |
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princesse.rosebonbon a écrit: |
d'ailleurs j'ai lu une critique cruelle mais assez pertinente adressée à ce genre de cinéma : "tarantino de l'expressionnisme"
ça fait réfléchir!  |
Oui c'est vrai que je trouve cette remarque personnellement peu pertinente, le degré d'humilité par rapport à ses emprunts n'étant selon moi pas le même du tout.  _________________
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princesse.rosebonbon Stade de décomposition


Inscrit le: 22 Aoû 2005 Messages: 2027 Localisation: variable
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Posté le: Lun Mar 10, 2008 4:40 pm Sujet du message: |
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la formule ironise juste une certaine tendance relativement repandue actuellement a vouloir "faire du vieux" ou au moins "donner l'aspect du vieux"
l'auteur disait qu'en amateur de cine d'exploitation, il n'aimait pas Tarantino (point de vue que plusieurs partagent sur ce forum) et, plus original, qu'en amateur des premieres decennies du cinema, il n'aime pas Maddin.
ce n'est pas mon opinion, mais je savais que, comme moi, la comparaison vous ferait reagir
enfin, si ce n'est pas pour du Lovecraft, je reprendrai certainement une tranche de Leman par curiosite. |
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