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Throma Super héros Toxic


Inscrit le: 25 Nov 2004 Messages: 3335 Localisation: Masse à chaussettes
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Posté le: Jeu Aoû 03, 2006 5:38 pm Sujet du message: [M] [Critique] Dementia - 1953 |
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Hop, un petit sujet pour évoquer ce film bizarre, dont Dementia 13 de Coppola n'est pas la douzième séquelle.
Et en parlant de séquelle, l'héroïne de Dementia s'en trimballe pas mal (dont le parricide commis sur son gros porc de père). Le film débute dans une chambre d'Hôtel à Hollywood où la jeune femme (baptisée au générique The Gamin) allongée sur son lit s'extirpe d'un cauchemar où elle s'imagine sur une plage, engloutie par une vague monstre. Puis quittant l'hôtel, elle se met à errer nuitamment dans les rues, où elle fera diverses rencontres, de plus en plus inquiétantes.
La particularité première du film, c'est son language, universel car entièrement sans dialogues (mais pas pour autant muet puisque les bruitages sont...bruités ). La seconde, bah, c'est que c'est quand même sacrément étrange tout ça. A l'instar de la "Gamine", on flotte constamment entre le réel et l'imaginaire, si bien qu'on ne parvient plus à distinguer le vrai du faux dans les pérégrinations nocturnes de cette fille.
Il faut plutôt voir cela comme un voyage psychologique au coeur (au cerveau plutôt) d'un esprit défaillant, celui d'une psychopathe refoulée qui tente de sonder sa propre personnalité. Serait-ce elle cet assassin au poignard faisant les premiers titres de la presse locale ? A-t-elle réellement tué son père ?
Un trip mystique qui n'est pas sans rappeller celui d'Erasorhead de Lynch ou même celui de Candace Hilligoss dans Carnival of Souls.
Dementia n'est pas d'un hypnotisme ravageur pour autant, comme pouvait l'être le chef d'oeuvre d'Herk Harvey, c'est simplement une drôle de curiosité pelliculaire.
Dans un second rôle, celui d'un homme fortuné un peu trop entreprenant envers la "Gamine", qu'elle poignardera pour se défendre, entrainant en même temps sa chute mortelle (d'une vingtaine d'étages quand même) et dont elle tranchera par la suite la main gauche, on retrouve le bedonnant Bruno Ve Sota, alter-ego encore plus difforme d'Orson Welles, qui se fera un nom plus tard dans le monde de la SF des années 50, 60 en signant deux perlouses inénarrables : "The brain eaters" et "Invasion of the star creatures" et ses aliens en costume paillettes. Il est également producteur de Dementia, qui sera réexploité deux ans plus tard dans les circuits drive-in sous le titre "Daughter of darkness", avec un montage plus soft et accompagné cette fois-ci d'une voix off. _________________ http://www.vhs-survivors.com/myvhs.php?alias=Throma |
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Camif 99 % irradié


Inscrit le: 16 Mai 2008 Messages: 1560 Localisation: Délocalisation
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Posté le: Ven Aoû 22, 2008 8:13 pm Sujet du message: |
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Une petite merveille. Qui rappelle un peu par certains côtés l'intriguant et fabuleux " Carnival of souls " ( la musique notammennt ).
Ni policier, ni thriller, ni horreur. Peut-être un film fantastique fantasmatique ?
Le noir et blanc est somptueux et on peut le rapprocher de celui de la nuit des morts-vivants de Roméro ( en tout cas cela m'y a fait pensé ).
Suréaliste parfois, plastiquement remarquable, onirique à souhait, glauque, intemporel, en tout cas plus qu'intriguant.
Effectivement la version " avec voix-off " est d'une débilité sans nom. _________________ "Du 2 au 22 mai, y avait pas loin" Mallox |
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princesse.rosebonbon Stade de décomposition


Inscrit le: 22 Aoû 2005 Messages: 2027 Localisation: variable
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Posté le: Sam Aoû 23, 2008 10:42 am Sujet du message: Re: Dementia - 1953 |
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Throma a écrit: | Dementia sera réexploité deux ans plus tard dans les circuits drive-in sous le titre "Daughter of darkness" |
Plutôt "Daughter of Horror" comme l'indique la jaquette du dvd, il me semble.
Il donne sacrément envie ce film caligarien, merci du tuyau! |
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Throma Super héros Toxic


Inscrit le: 25 Nov 2004 Messages: 3335 Localisation: Masse à chaussettes
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Posté le: Sam Aoû 23, 2008 12:34 pm Sujet du message: |
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De rien. Il aura jamais fallu plus de 2 ans avant que quelqu'un ne remarque ce sujet
Ce film, moyen-métrage plutôt, qui possède la magie des fantastiques muets, pourrait s'apparenter à un (long) épisode de la Quatrième Dimension supervisé par Murnau.
Il annonce aussi curieusement "La soif du mal" de Welles, avec son esthétique "noire" très poussée.
Ceux ayant savouré l'expérience devraient se tourner vers le "Incubus" avec William Shatner et le "Night Tide" de 61 avec un tout jeune Dennis Hopper.
Ils y retrouveront le même aspect fantasmagorique.
Quant à "Dementia", il est sorti entre-temps par chez nous.
Dispo chez Bach Films à pas bien cher. _________________ http://www.vhs-survivors.com/myvhs.php?alias=Throma |
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Camif 99 % irradié


Inscrit le: 16 Mai 2008 Messages: 1560 Localisation: Délocalisation
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Posté le: Sam Aoû 23, 2008 1:35 pm Sujet du message: |
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Je note les deux films que tu cites.
Je trouve aussi que l'on peut rapprocher ce film du " Répulsion " de Polanski, notamment dans sa photo du noir et blanc ( moi je dis ça mais c'est que je rappoche toujours tout de Polanski ). _________________ "Du 2 au 22 mai, y avait pas loin" Mallox |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Ven Aoû 28, 2009 7:55 am Sujet du message: |
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Question à deux balles : vous devriez le classer dans des genres pour le site, vous le mettriez où ?
J'en étais là : fantastique, horreur, expérimental _________________
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The Hard 99 % irradié


Inscrit le: 17 Fév 2005 Messages: 1132
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Posté le: Ven Aoû 28, 2009 10:38 am Sujet du message: |
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mallox a écrit: | Question à deux balles : vous devriez le classer dans des genres pour le site, vous le mettriez où ?
J'en étais là : fantastique, horreur, expérimental |
Tu as qu'à mettre ça:
Dementia (1955)
Genre: Experimental, Fantastique
Pays: USA
Réalisé par John Parker
Avec Adrienne Barrett , Bruno VeSota, Ben Roseman, Richard Barron, Ed Hinkle, Lucille Rowland, Jebbie VeSota...
John Parker est un nom qui résonne longtemps après la vision de Dementia. En effet, il paraît impossible de l'associer à un quelconque autre objet filmique. Si le mystère entourant la conception de son oeuvre reste entier, il demeure néanmoins tout aussi intriguant que la plongée à double tranchant/schizophrénique à laquelle il nous convie lors de la projection. Bref, le projecteur et les fumées d'une salle de cinéma de Los Angeles l'ont tant bien que mal reçu pendant quelques deux semaines au beau milieu des 50's, pour le plaisir des mirettes d'une rangée d'inconnus, mais il a alors disparu presque à tout jamais, livré à lui-même et à sa propre folie. Des années après, l’éditeur Bach Films a eu la bonne idée de mettre la main dessus afin de le dévoiler à bon nombre de cinéphiles ayant eu vent de lui les décennies précédentes.
En mal de sommeil, notre héroïne (incarnée par Adrienne Barrett, parfaite inconnue géniale) s'en va alors errer dans une ville dont les premiers plans qui nous en sont proposés sont, du point de vue rétinien, d'un sublime rare, composant à eux seuls une sorte d’ «apogée du carton-pâte». Pour être encore plus clair, on se croirait dans un rêve, prêt à apercevoir Pierrot tant la Lune qui veille sur le noir urbain est d’une beauté quasi-surréaliste. Sur son chemin que l’on pourrait donc qualifier d'«onirique», elle croisera de nombreuses «gueules» pour ce qui s’avérera être une nuit des plus «mouvementées». On rencontrera en effet Angelo Rossitto, le nain de Freaks de Tod Browning, ou encore Bruno VeSota (L'attaque des crabes géants, Un Baquet de sang, L'équipée sauvage) - notre gros préféré- dans un rôle de riche bouffon. Ce dernier, s’empiffrant joliment dans une séquence délicieusement glauque, est aussi le producteur du film. Bref, de curieuses rencontres pour une drôle de dame non avide de peur. Que demander de mieux?
Pour ce qui est du noir et blanc, s’il se rapproche des ténèbres, ce n’est que pour mieux évoquer Hitchcock lorsqu’au détour d’un plan, la caméra pénètre dans la chambre de notre protagoniste, ou encore annoncer La Soif du mal d'Orson Welles, qui travailla peu de temps après sur les même lieux de tournage (mais légalement) avec, il est certain, une esthétique s’en rapprochant fortement. Dementia, oui, semble posséder l’essence même du cinéma en noir et blanc. Une sorte de mélange du meilleur d'"avant" doublé d'une projection dans le meilleur à venir.
On pourrait disserter longtemps à propos de Dementia, mais cela serait inutile tant ses interprétations peuvent être multiples. Histoire de mettre tout le monde d’accord et de roder les fins esprits que vous êtes sur la même base, disons qu’en fin de compte, Dementia est un film vivant, une drôle de chose capable de se « muer », de se « métamorphoser », de se « changer » en une œuvre différente selon l'état, l'humeur, le caractère, les connaissances, voire les goûts du spectateur le visionnant. Il est de ces métrages que l'on peut aisément qualifier d’OFNI : fascinant, déroutant, innovant, surprenant, qu’importe, la question qui subsiste à la fin demeure la même: qu’est-il ? Un produit hallucinogène? L'œuvre d'un fou? Un ultime navet?
Qu'il garde son secret, son silence originel (clin d’œil au silence des films expressionnistes allemands tels que Nosferatu ou le Cabinet du Docteur Caligari?), comme si son errance et l'oubli auquel il fut condamné lui avaient à tout jamais ôté la parole, s'impose tel un ultime mystère nous prévenant que nos recherches à son propos seront vaines. D'une séquence quasi expressionniste dans un cimetière à des relations inter-personnages floues, d'un montage final dans un bar de jazz (dans lequel on peut apercevoir Shorty Rogers en leader) où les plans se succèdent à une vitesse assez folle pour l'époque , à des poursuites à l’ombre des réverbères, chaque élément est là pour témoigner d'une sorte de génie d'avant-garde, innocent, pur, où la mise en scène, brillante, aux côtés de la terrifiante B.O de George Antheil, ne sont qu'accessoires vis-à-vis de l'expérience qu'il génère.
John Parker aura beau en dérouter beaucoup, il compose ici un rêve/cauchemar d’une grande beauté unique en son genre.

Dernière édition par The Hard le Lun Sep 21, 2009 8:02 pm; édité 12 fois |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Ven Aoû 28, 2009 11:22 am Sujet du message: |
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Ah !
j'avais proposé à Throma de mettre sa review en ligne car je la trouvais sympa, et là on a une critique. Bon...
Bah on va essayer de faire au mieux.  _________________
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