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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Sam Mai 03, 2014 11:39 am Sujet du message: [M] [Critique] La planète des vampires |
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La planète des vampires (Terrore nello spazio)
Italie / Espagne - 1965
Réalisation : Mario Bava
Avec : Barry Sullivan, Norma Bengell, Angel Aranda, Evi Marandi, Stelio Candelli, Fernando Villena, Ivan Rassimov...
Genre : Science-fiction
Aka : Terreur dans l'espace
Deux vaisseaux spatiaux (l'Argos et le Galliot) et leurs équipages humains s'apprêtent à aborder une planète inconnue d'où émane un signal qui ressemble à un de leurs messages de détresse. Mais cette planète, qui semble totalement dépourvue de vie, est menacée de destruction imminente par une catastrophe géologique inéluctable. L'Argos perd tout contact avec le Galliot quand ce dernier pénètre dans l'atmosphère de la planète. Lorsque l'Argos tente à son tour d’atterrir, l’équipage encaisse une brusque et étrange accélération gravitationnelle et tous les occupants s’évanouissent, à l'exception du capitaine Mark Markary. Après l’atterrissage, qui a été rendu possible par une décélération complétement inexplicable, les membres de l’équipage en se réveillant sont pris de pulsions violentes et meurtrières, qui cessent après qu'ils aient reperdu connaissance. Grâce au sang froid de Markary, la situation est rétablie sans qu'il y ait de victimes, mais l'Argos reçoit un très inquiétant appel à l'aide du Galliot...
Les détracteurs de Mario Bava utilisent souvent, pour qualifier ses films d’horreurs gothiques, les termes "beaux mais ennuyeux", un avis que je ne partage pas (quoi que pour "Opération peur"... ) mais qui s’applique parfaitement ici, sans doute parce que le genre SF se prête mal à l’épouvante "atmosphérique". Sans doute aussi parce que les conditions de production (en gros, l’extrême faiblesse du budget) font que ce n'est pas si beau que ça en fait pour une œuvre de Mario Bava.
Paradoxalement, si l'action est beaucoup trop languissante pour pouvoir réellement apprécier La planète des vampires (comme toute critique c'est, bien sûr, un avis subjectif), avoir revu ce film a encore augmenté mon admiration pour le grand Mario, véritable magicien du cinéma. Car arriver à rendre crédible, et ceci sans compter sur la mansuétude du spectateur, une planète extraterrestre, deux vaisseaux futuristes et une menace invisible, avec en tout et pour tout deux plateaux quasi vides, une maquette de vingt centimètres, quelques rochers en balsa et autres surplus de Hercule contre les vampires (et pour les uniformes d'astronautes des tenues en cuir de motard, casques compris) saupoudrés de fumigènes, c'est plus qu'un tour de force, c'est quasiment un miracle.
Suffisant pour en faire un grand film ? Hélas non, rapidement l'ennui guette et menace aussi sûrement que les créatures immatérielles du film, et on ne s’intéresse guère au sort de ces membres d’équipages que l'on a de toute façon beaucoup de mal à individualiser. Pourtant, le scénario n'est pas dépourvu de qualités, et on comprend ce qui a plu à Mario Bava dans la nouvelle d'origine de Renato Pestriniero, en particulier son côté "horreur atmosphérique". Hélas, encore, il n'y avait pas matière à tenir tout un long métrage, malgré l'intervention de pas moins de six scénaristes dont l’américano-danois Ib Melchior (Reptilicus le monstre des mers, La planète rouge, La course à la mort de l'an 2000). Par contre il y avait matière à faire la moitié d'un film, c'est en tout cas ce que s'est dit cet escroc de Dan O'Bannon en plagiant ouvertement La planète des vampires pour en faire le début d'Alien (disons 50% de son propre scénario), la fin (soit les 50% restant) étant pompée sur It! The Terror from Beyond Space d'Edward L. Cahn. Bon, peut-être que l'influence scénaristique du métrage d'Edward L. Cahn sur Alien est plus importante que celle de La planète des vampires, mais ce dernier a eu en plus une influence esthétique sur le film de Ridley Scott (en gros, tout sauf la créature signée Giger), qui bénéficia d'un budget autrement plus conséquent.
La planète des vampires passe pour être la meilleure œuvre de SF du cinéma italien, une assertion qui doit beaucoup à la réputation de son réalisateur, mais qui est hélas vraie, serais-je tenté d’écrire. Car, pour paraphraser l'aphorisme de Truffaut sur le cinéma et la Grande Bretagne, on dira que la science-fiction et l'Italie (pourtant pays de grande et ancienne culture) ne font pas bon ménage. En effet, si l'on s'en tient à l'âge d'or du cinéma italien, disons de l’après guerre jusqu'à la fin des années 70 (avant "Starcrash" et la vague "post apo"), en excluant les films fantastiques et les parodies, c'est à peine une demi-douzaine de films appartenant à ce genre qui sortiront et pour moitié signés Antonio Margheriti. La concurrence, on le voit, était donc assez faible.
La planète des vampires marque néanmoins une date dans la carrière de Mario Bava. C'est en effet la première fois qu'il sera officiellement assisté par son fils Lamberto et la dernière fois (mais pas officiellement cette fois-ci) que son père Eugenio participera à la confection des effets spéciaux d'un de ses films.
Un mot sur l’interprétation, dont on ne peut pas dire qu'elle soit ici particulièrement brillante, mais c'est surtout parce que le film ne s'y prête pas. Qui plus est, coproduction oblige, dans le casting cosmopolite chacun jouait dans sa langue, soit en italien, espagnol ou anglais, et même selon certaines sources en portugais pour Norma Bengell. Cela semble néanmoins peu probable car l'actrice brésilienne (bien que doublée dans tous ses films italiens) jouait et résidait en Italie depuis 1962 et le "Mafioso" de Latuada et était mariée à Gabriele Tinti depuis plus de deux ans.
Le héros est incarné par l’américain Barry Sullivan, imposé à Bava par l'AIP. Vedette d'obscures séries B dans les années 40, il est surtout connu pour son rôle dans "Les ensorcelés" (où il incarne un simili Jacques Tourneur). Il est ici un peu trop âgé pour le rôle (pas loin de trente ans de plus que l'acteur incarnant son petit frère). Pour l'anecdote, signalons que l'on peut voir un Ivan Rassimov débutant faisant de la quasi figuration.
Pour finir, je vous invite à lire cette critique plus positive d'un de nos camarades (le mot est bien choisi) de Tortillapolis ici.
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Dernière édition par sigtuna le Sam Mai 03, 2014 11:48 am; édité 1 fois |
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Sam Mai 03, 2014 11:41 am Sujet du message: |
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Fiche dvd à suivre. _________________
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Sam Mai 03, 2014 3:39 pm Sujet du message: |
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Sigtuna a écrit: | et la dernière fois (mais pas officiellement cette fois ci) que son père Eugenio participera à la confection des effets spéciaux d'un de ces films. |
C'est peut-être lui qui a préparé la Polenta servant de lave sur ladite planète.
Sinon, plus que de SF atmosphérique j'ai l'impression qu'il s'agit de SF paranoïaque. Une façon de contourner le manque de budget en évitant les effets spéciaux chers puisque l'astuce consiste en la possession des corps. Le problème aussi, peut-être, est que ce pendant (miroir de la guerre froide de par ses emprunts scénaristiques américains ?) tarde aussi à arriver. Du coup, on s'ennuie un petit peu. Certaines astuces visuelles m'ont semblé assez perfectibles elles aussi même si le film accuse ses 50 ans d'âge. Le reste est un peu rigide, théâtral, pas très alerte mais se laisse voir. _________________
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Sam Mai 03, 2014 7:38 pm Sujet du message: |
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Ah oui ça le coup de la Polenta
Par contre je ne suis pas d'accord pour la SF paranoïaque (j'ai vu que c’était aussi l'avis de Loïc/Walter/Chaco mais personnellement je n'y est jamais pensé), la menace est ici certes invisible mais clairement identifié et il n'y a pas l'aspect noyautage infiltration de la société, l'ennemi prend possession des corps mais n'usurpe pas les identités et quand il le fait il vend rapidement la mèche. _________________
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Dim Mai 04, 2014 6:07 am Sujet du message: |
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Ah oui tiens, j'avais pas cliqué sur le lien. (encore qu'ily parle de tension et de non paranoïa). (Bonne idée d'ailleurs de laisser un place pour un avis plus positifif via le lien )
En tout cas, j'y ai pas échappé... mon fiston voulait voir : "la planète des vampires", "la planète des vampires" !
Du coup, me suis retrouvé devant hier. En plus de "Alien" et de "It" (parce que le Bava emprunte aussi à mon sens, le scénario n'a rien de bien original), me suis souvent fait la réflexion durant sa vision que tourné aux USA dans les années 50, on l'aurait directement rangé dans les SF anticommunistes (Le vaisseau est la micro-société et à la fin, ils prennent la direction de la Terre pour l'envahir, après un travail de sape et en substituant les identités par leur enveloppe corporelle, ce qui peut s'assimiler une mutation purement idéologique).
(du reste Alien a bien souffert de quelques interprétations tarabiscotées sur son racisme latent alors qu'il ne correspond pas à une période particulièrement parlante d'un point de vue sociétal. Mais il est plus réussi que le Bava car moins empesé).
En tout cas, hormis les costumes S.M. sympas je le trouve un peu surchargé niveau fumigènes, là-dessus, je suis d'accord avec Walter Loïc dont je viens de sucer la critique à l'instant.
Sinon je n'ai vu que le bonus (bienvenu) sur les effets spéciaux . Chais pas pourquoi, l'autre ne m'a pas tenté, un peu ras-le-bol des bavassages-récitations.
P.S. : Ah si, une autre réflexion faite également à la revoyure : on s'attarde trop je trouve sur le génie d'illusionniste de Bava pour en faire un "auteur" alors que la fin atteste une fois de plus d'une chose évidente selon moi : un pessimisme foncier sur l'être humain qui tend vers l'ironie nihiliste et qu'on retrouve dans toute son oeuvre ("Le Corps et le fouet", "6 femmes", "Une nuit mouvementée", "L'île de l'épouvante", "La Baie sanglante", "Une hache pour la lune de miel"...) pour finir de façon carrément amère avec "Cani arrabbiati" (son meilleur à mon sens puisque le style se faisant justement dépouillé, enfin il n'avance plus camouflé).
Enfin bref, ces avis n'engagent bien sûr que moi... _________________
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Lun Mai 05, 2014 8:39 am Sujet du message: |
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Fiche DVD
La planète des vampires - Artus
Région : Zone 2 PAL
Editeur : Artus
Pays : France
Sortie film en Italie: 15 septembre 1965
Sortie DVD France : 6 mai 2014
Durée : 84 minutes
Image : 1.85 original respecté 16/9ème compatible 4/3
Audio : français Dolby Digital Mono, italien Dolby Digital Mono
Langues : français, italien
Sous-titres : français
Bonus :
- Terreur dans l’espace, par Alain Petit – 27'
- Les effets spéciaux – 10'
- Diaporama d'affiches et photos
- Bande-annonce
Commentaire : Ce film n'avait connu qu'une seule sortie française en DVD, mais cette dernière, sans le moindre bonus, fut rapidement retirée de la vente pour des questions de droits et atteignait sur le marché de l'occasion des prix prohibitifs (voir l'excellent blog "les rétrogaleries de mister gutsy"). Remercions donc Artus pour cette sortie. Techniquement : pas de défaut majeur à signaler, que ce soit au niveau du son ou de l'image, tout à fait propre, avec une très bonne restitution des couleurs et des contrastes comme dirait mon camarade Flint. Pour continuer dans la citation de mon excellent collègue : "un mot sur la jaquette qui, comme souvent chez l'éditeur, reste fidèle aux affiches d'exploitation d'époque, ce qui est toujours apprécié des cinéphiles".
Dans les bonus nous avons l'habituel entretien avec Alain Petit, le grand homme du bis (je sais ce calembour est usé), qui est ici un peu moins précis que d'habitude, ressuscitant la pauvre Norma Bengell, "suèdisant" le danois Ib Melchior et omettant la filmographie non bis des deux acteurs principaux. Mais qui aime bien châtie bien, et le grand Petit (je ne m'en lasse pas) fait pour le reste preuve d'une érudition digne d’éloges.
Mais surtout, saluons l'effort d'Artus qui a produit spécialement pour l'occasion un documentaire des plus intéressants sur les effets spéciaux du film. On appréciera donc par l'exemple les dons de magiciens de Bava et son équipe, véritable génie de la débrouille.
En bref, un DVD indispensable pour tous ceux qui aiment Mario Bava, la SF old school et la Polenta (en garniture d'un plat en sauce et accompagné d'un, forcément bon, Barbaresco).
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Dernière édition par sigtuna le Lun Mai 05, 2014 11:11 am; édité 1 fois |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Lun Mai 05, 2014 9:09 am Sujet du message: |
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sigtuna a écrit: | Fiche DVD
La planète des vampires - Artus |
C'est une blague ? Un test destiné à éprouver mes nerfs ?  _________________
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Lun Mai 05, 2014 11:12 am Sujet du message: |
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:timide:
corrigé  _________________
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crevardo 20 % irradié

Inscrit le: 05 Avr 2012 Messages: 144
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Posté le: Mar Mai 06, 2014 10:34 pm Sujet du message: |
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Je serais curieux de voir un comparatif avec le Studio canal, le film est encodé sur un dvd9 ? |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mer Mai 07, 2014 4:47 am Sujet du message: |
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Quant à moi, je serais curieux de savoir quand a été fait (ou refait) le doublage français. La voix de Barry Sullivan semble plus moderne que les autres et à certains moments, on ne sait pas trop d'où elle sort. Le personnage est à l'écran mais on a le sentiment d'une voix off limite spatialisée au niveau du son.
Mais bon, ça a peut-être toujours été comme ça et j'ai jeté l'an passé mon enregistrement du film sur canal et le cinéma de quartier de Dionnet. _________________

Dernière édition par mallox le Mer Mai 07, 2014 7:04 am; édité 1 fois |
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mer Mai 07, 2014 7:07 am Sujet du message: |
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Ton lien (hotlink oblige) me montre une Publicité pour Cinepassion.
En tout cas, c'est assez rare, mais le doublage VF m'a choqué. Mauvais et surtout hors-jeu. Il rend le film décalé. C'est tout de même assez rare de voir un type parler à l'écran et sa voix sortir du plafond comme un haut-parleur...  _________________
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sigtuna Super héros Toxic


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