[M] [Critique] Ichi the Killer

[Veidt]

« Ichi the killer », 2001, réalisé par Takashi Miike, avec Tadanobu Asano, Nao Omori, Shinya Tsukamoto…

Origine : Japon
Genre : Film de yakusa hardgore

Je ne vais pas en faire des tonnes sur Takashi Miike, alien prolifique venu du Japon à la filmo en expansion constante (et que l’on peut apercevoir dans le médiocre « Hostel »). Que ceux qui ne connaissent pas son travail se renseignent ; vous ne le regretterez pas, et sachez que c'est lui qui a réalisé le très bon « Audition » (« Odishon ») par exemple... Et «Gozu», et «Visitor Q»… A noter aussi la présence de Tadanobu Asano («Electric Dragon 80 000 V») et celle de Shinya Tsukamoto (monsieur «Tetsuo»). Il existe une préquelle à « Ichi the killer » appelée « Ichi 1 » dont on peut se passer ; peu de moyens et de talent, ça reste un film de « baston » anecdotique et plutôt médiocre. Il en existe aussi une version "animée" réalisée par Hideo Yamamoto (2004).
Pour illustrer un petit peu la puissance et les talents de Miike sachez aussi que les producteurs de la série américaine « Masters of Horror » lui ont récemment commandé un épisode qu’ils se sont empressés… de censurer ! Ce qui en dit long sur leur caractère fumiste et les qualités subversives de l’auteur. Pour le voir il faudra attendre la sortie de l’intégrale en dvd ! Ben tiens !

L’histoire de départ d’ « Ichi the Killer » tient en quelques mots : le boss d’une bande de yakusas disparaît avec une grosse somme d’argent… Pensant à un coup perpétré par une bande rivale les membres du gang vont assez vite se rendre compte que c'est en fait l’œuvre d’un tueur très particulier… Ichi.
Equipé d’une combinaison noire où l’on peut lire un « 1 » dans le dos, Ichi est un tueur atypique : sa fureur s’accompagne de crises de larmes, traumatisé plus jeune par l’excitation sexuelle qu’il a éprouvé en assistant à l’agression puis au viol d’une femme qui réclamait son aide. A l’aide de sa combinaison munie de lames rétractables dans les talons de ses chaussures, Ichi, instrumentalisé par le personnage joué par Tsukamoto, va entreprendre une vendetta à sa façon…
Antithèse totale des films de Quentin Tarantino par exemple (fan de Miike), qui ne sait que mollement montrer des scènes de violence sans aucun support idéologique (même si j'ai bien aimé «Reservoir Dogs» et «Pulp Fiction »), le tout enrobé dans une esthétique rock’n’roll pour ados. Dans « Ichi the Killer » on est bien plus, il me semble, dans une esthétique post-industrielle (le rapport au corps proche de celle présente dans «Tetsuo» ou «Rubber’s Lover»), où TOUT et le pire de tout est non seulement montré, mais argumenté, conférant une sacrée épaisseur aux personnages. Dans ce maelström de violence on est aussi touché par les affres traversées par les protagonistes, par la complexité de leurs caractères, leur sensibilité, aussi « arrachée » soit-elle. Et croyez-moi, elle l’est !
Excellemment filmé et joué « Ichi the Killer » fourmille de trouvailles narratives, sans doute inspirées par le manga d’origine, mais formellement c'est très, très brillant. L’image est belle, et Miike a trouvé le parfait dosage, n’en faisant jamais trop avec sa caméra. Le personnage d’ « Ichi » paraît annexe pendant les 3/4 du film, son comportement est évoqué successivement lors de plusieurs scènes énigmatiques servant à le «cadrer». Mais l’essentiel du film pendantt cette partie consiste à suivre les péripéties de Kahikara (Tadanobu Asano), tueur principal du clan en mal de « chef ». On retrouve là aussi le mythe du samouraï sans maître, le ronin, figure emblématique ô combien importante dans l’imaginaire nippon. Coûte que coûte Kahikara part en chasse de son maître, le seul à savoir bien lui faire mal, et en découvrant les œuvres apocalyptiques perpétrées par Ichi (qu'il veut à tout prix affronter pour mieux se connaître encore) il finira par estimer celui-ci, enviant son talent ainsi que son style. Car il est beaucoup question d’esthétique de vie dans «Ichi the Killer», ainsi que de la famille. Mais toutes les valeurs sont ici inversées : les femmes se font soit tabasser/torturer, soit ce sont elles qui torturent ! Les hommes, eux, ne se définissent que par les liens les unissant et les asservissant les uns aux autres (le clan) ; l’individualité se détermine par la quantité et la qualité des souffrances qu’elle est capable d’endurer. Ichi égorge ses « conquêtes » féminines ou leur sectionne les jambes pour leur montrer son affection. Kahikara, quant à lui, n’est motivé dans sa quête que par le souvenir et l’attente des tortures que seul son boss sait lui prodiguer correctement.
Mais « Ichi the Killer » étant une œuvre éminemment visuelle il est difficile d’évoquer par des mots la maestria, l’énergie et la vitalité qui s’en dégagent. A noter que les SFX sont parfaits ; ça découpe, tranche, flingue à tout va (mais sans jamais prendre le spectateur pour un abruti). Et le film n’est jamais bordélique ou tape à l’œil. J'ai lu pas mal de chroniques du film sur le net, certains y voient des références que je ne partage pas, d’autres se sont essayés à l’interprétation psychanalytique (pitié !) ; je les ai souvent trouvées vaines. « Ichi the Killer » vous balance en pleine poire toute la puissance de ce que peut-être le cinéma quand il est à la hauteur de ce qu’il est : un art à part entière, ce que beaucoup de réalisateurs occidentaux ont oublié depuis longtemps. Et il me faut remonter à «Eraserhead» et/ou au très fort «Mulholland Drive» pour me souvenir d’avoir ressenti un tel mélange de plaisir et d'étrangeté. Un putain de chef d’œuvre !
Honnêtement j’envie tous ceux d’entre vous qui ne l’ont pas vu et vont se le prendre en pleine tronche. Vous allez vous régaler… et pas mal halluciner aussi…

10/10
Veidt.

[jack deth]

[Veidt]

Merci pour les images Jack, vraiment quelle bouse mon modem!!!
Amateur de François Pérusse, dirait-on...
Veidt.

[gregore]

Je remets la fiche dvd de Steb

http://img437.imageshack.us/img437/8592/ichifourreau0wg.jpg
fourreau

http://img437.imageshack.us/img437/7001/ichidvd028lv.jpg
intérieur jaquette

Koroshiya 1

Origine : Japon / Hong Kong / Corée du Sud
Genre : Action / Horreur

Un film réalisé par Takashi Miike.
Avec Tadanobu Asano, Nao Omori, Shinya Tsukamoto, Paulyn Sun, Susumu Terajima, Shun Sugata, Toru Tezuka, Yoshiki Arizono, Kee, Satoshi Niizuma, Suzuki Matsuo, Jun Kunimura, Hiroyuki Tanaka, Moro Morooka, Houka Kinoshita...

http://img437.imageshack.us/img437/9992/ichimenus017vs.jpg

Synopsis : Le chef d'un clan yakuza se fait tuer un soir par un inconnu qui se fait appeler Ichi. Mais comme les traces du crime sont effacées immédiatement après l'acte, et qu'une forte somme de monnaie disparaît dans la foulée, le reste du clan semble penser qu'il s'agit plutôt d'une disparition. Kakihara, l'un des leaders du clan, est particulièrement touché
par cette disparition et se lance à la recherche de son patron. Grand adepte du masochisme, ses méthodes vont vite faire des dégâts alors que Ichi récidive.

http://img437.imageshack.us/img437/5631/ichi012wb.jpg

Région : Zone 2 (Hollandais)
Editeur : Worldwide Cinema
Sortie DVD : 2003
Durée : 124 mn
Image : 1.85 - 16/9
Audio : Japonais 5.1 - Anglais 4.0
Langues : Japonais / Anglais
Sous-titres : Français / Anglais / Allemand

Interdit aux moins de 16 ans


Bonus :
- Interview du réalisateur
- Interview des acteurs
- Biographie des acteurs
- Filmographies
- Notes du film
- Original trailer
- Promo européenne
- Press kit original japonais
- Behind the scenes
- Artwork
- Galerie de photos

Takashi Miike______________________________________________Tadanobu Asano
http://img417.imageshack.us/img417/6696/ichimenus046ji.jpg
Concernant l'image et le son, rien à dire, tout est nickel. Le film est en version "uncut" et cette édition a des sous-titres français, anglais et allemand. Sur le DVD du film, il n'y a rien d'autre, à part le chapitrage et la sélection de l'audio.
Tous les bonus se trouvent sur le second DVD : une interview de Takashi Miike, de Tadanobu Asano (Kakihara), Paulyn Sun (Alien Sun), Shinya Tsukamoto (Jijii), les sous-titres dispo pour les bonus : anglais.
Il y a aussi une belle galerie de photos et un "electronic press kit" contenant une interview de Takashi Miike sous-titrée en anglais et un petit making-of.

Paulyn Sun______________________________________________Shinya Tsukamoto
http://img417.imageshack.us/img417/7554/ichimenus054ak.jpg

Note : 08/10
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"La guerre c'est la paix", "La liberté c'est l'esclavage", "L'ignorance c’est la force"

[Throma]

Je n'ai pas vu le film mais selon pas mal d'avis d'amis l'ayant vu, les 3/4 des effets sanglants seraient de la retouche en synthèse effroyablement mal foutue, ce qui m'encourage pas franchement à le découvrir.

L'emploi de trucages numériques merdeux, c'est déjà ce qui m'a fait détester Wild Zero alors là...
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http://www.vhs-survivors.com/myvhs.php?alias=Throma

[Veidt]

Je n'aime pas non plus le recours à la synthèse pour les SFX (manque de texture, et ça me fait souvent penser à l'effet "transparence" des films des années 50/60...) mais tu trouveras aussi ton bonheur question membres arrachés, tripailles, giclures... Regarde le film et fais toi TON opinion.
Pour nuancer je reconnais avoir un très GROS a priori positif quant à un certain cinéma japonais...
Veidt.

[Walter Paisley]

Je dois avouer que le cinéma de genre asiatique, c'est trèèèèèès loin d'être mon truc.
Mais étrangement, j'ai beaucoup aimé Ichi et plus généralement j'apprécie globalement l'oeuvre de Miike, qui pour ce que j'en ai vu est loin d'être une ode à la complaisance, comme on peut le lire parfois. Miike dissèque au sens propre comme au figuré ses sujets, que ça soit les systèmes de fonctionnement de divers groupes (des yakuzas, des familles, parfois les deux mélangés) ou les individus.
Avec Gozu, Ichi est pour moi ce qu'il a fait de mieux. Le film réussit parfaitement l'intégration entre son sujet et ses éléments visuels comme le masochisme, le sadisme etc qui loin d'être gratuits ont au contraire une grande signification (sans compter que quand même, ils donnent au film un aspect ludique certain, avec des personnages on ne peut plus atypiques).
Et puis avant de me pencher sur les oeuvres de Miike, j'avais peur de quelque chose qui a tendance à profondément m'ennuyer : une mise en scène survoltée, avec des mouvements de caméra incessants et un montage epiléptique. Et bien non, Miike reste toujours lisible, prend son temps, et ne fait pas d'esbrouffe (enfin pas dans Ichi en tout cas). Je ne dirais pas qu'il se fait oublier, mais au moins il ne se met pas au dessus de ce qu'il filme.

[Veidt]

Hi!
Définitivement d'accord avec ton approche et tes avis. :happy:
Le cinéma de Miike ne fait pas dans "l'esbrouffe"... Souvent je trouve qu'on fonctionne trop (le spectateur et moi le 1er, et je me bats contre ça) avec des "préconceptions", style grilles de lecture prêtes à l'emploi, et réflexes conditionnés par de précédentes oeuvres déjà vues (c quoi ce plan qui dure 10 plombes? Pourquoi il met ça maintenant?...). J'ai ADORE "GOZU"
Juste que pour dire qu"'Audition" m'a vraiment retourné aussi!!! Et je peux pas dire si c le final (hard!) ou tout ce qui précède qui m'a le plus touché... Plein de tristesse et de fatalité. G pas trop accroché sur "Visitor Q", vendu comme étant son pire du pire... Faudra que je me le refasse... Et qu'est-ce-que j'aimerais voir l'épisode qu'il a réalisé pour "the masters of horror"!!!
G pas vu de chroniques d'"Audition" sur le site et en suis très étonné. Des gens l'ont vu??? Qu'en ont-ils pensé???
Veidt.

[princesse.rosebonbon]

Comme beaucoup de gens, je reste en admiration devant le boulot de Miike sachant que dans la meme annee il a aussi sorti Happiness of the Katakuris (fabuleux!), Visitor Q (hilarant!), un ou deux films de yakuzas de moindre envergure et encore un ou deux petits projets.
Soit il ne dort pas, soit il est sacrement bien seconde.

Evidemment tout n'est peut-etre pas a garder dans son oeuvre, mais, pour un tel debit, le nombre de perles reste fascinant.

En ce qui concerne Ichi, il reussit tout simplement a nous surprendre d'un bout a l'autre et on rit beaucoup. Mention speciale a la scene du yakuza en colere au telephone (avec la transition du type poursuivi qui court tout nu) : aucun doublage ne saurait la restituer

[Walter Paisley]

Visitor Q a été tourné en 5 jours, je crois... Y'a clairement de bonnes idées, mais ça pêche quand même un peu, tant au niveau du scénar que de la mise en scène. Y'a des problèmes de rythme (ce qui en gros veut dire que je me suis fait un peu chier).

Sinon, c'est vrai que l'humour dans les films de Miike, c'est quand même très bien traité. Avec ce qu'il montre, le gros piège est de tomber dans le beauf. Ce qu'il évite justement, tant il arrive à mélanger tous les genres (le comique avec le policier, l'horreur, le drame...). Il arrive à ne pas compartimenter ses films (du style telle scène sera comique, telle autre sera gore etc etc...), mais il fait tout en même temps, et çà c'est quand même assez admirable. Encore une fois, Ichi est selon moi le film le plus aboutit à ce niveau-là, avec ses éxagérations de toutes sortes qui font à chaque fois leur petit effet.

[Toxic_avenger]

Le film connaîtra les honneurs d'une sortie DVD française dès septembre prochain ; grâce à l'éditeur Kubik Video.

[gregore]

Bonne nouvelle d'autant plus que niveau bonus ça risque d'etre aussi complet que l'edition Worldwide


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"La guerre c'est la paix", "La liberté c'est l'esclavage", "L'ignorance c’est la force"

[xawa]

Suis pas trop branché Asie non plus , mais force est de constater qu'il y a eu du bon recemment : The grudge avec Sarah Michelle Gellar est vraiment terrifiant !


Et celui la vais me le prendre , ca a l'air d'etre une tuerie... on trouve ou le dvd hollandais avec sous titres francais ?

[gregore]

Voici les caractéristiques annoncées par l'editeur :

[xawa]

Je viens de voir " Ichi "


C'est clairement un spectacle unique


Bien joué , bien filmé , pas enervant dans son montage - contrairement a ce que je craignais avec ce type de productions - et une dose de sadisme qui fait mal , tres mal

J'attends de voir Audition avec une impatience non dissimulée ( sous mon calbute )