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princesse.rosebonbon Stade de décomposition


Inscrit le: 22 Aoû 2005 Messages: 2027 Localisation: variable
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Posté le: Sam Sep 24, 2005 3:07 pm Sujet du message: [MAJ] [Critique] Happiness of the Katakuris |
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The Happiness of the Katakuris – 2001
(Katakurike no Koufuku)
Origine: Japon
Genre: Comédie musicale / satire sociale / thriller / pâte à modeler / romance / horreur / karaoké…un peu de tout et beaucoup de n'importe quoi !
Réalisé par Takashi Miike
Avec Kenji Sawada, Keiko Matsuzaka, Tetsuro Tamba, Shinji Takeda, Naomi Nishida, Tamaki Miyazaki, Kiyoshiro Imawano.
Le terme d'OFNI (objet filmique non identifié) n'est pas trop fort pour désigner ce film pour le moins déconcertant ! Ce n'est pas qu'il soit spécialement novateur, complexe ou conceptuel, c'est juste qu'il est tellement décousu et tape dans tellement de registres qu'on ne sait trop quoi en penser.
Il s'agit à la base d'un remake de The Quiet Family de Ji-Woon Kim. La trame de l'histoire est assez simple. Après avoir été licencié de son poste de vendeur de chaussures dans un grand magasin, Masao Katakuri décide de prendre un nouveau départ en ouvrant une auberge familiale en pleine campagne, ayant entendu parler d'une prochaine émancipation économique du coin. L'accompagnent dans cette entreprise Terue, son épouse dévouée, son père Jinpei, son fils Masayuki, petit délinquant repenti, sa fille Shizue, mère célibataire en quête de romance, et la petite Yurie, fille de cette dernière. Le problème c'est que la fréquentation touristique est au plus bas dans ce trou paumé et que les seuls clients qui séjournent à l'auberge ont une fâcheuse tendance à y mourir. Etant donné la conjoncture, on ne peut se permettre une mauvaise publicité et il va bien falloir se débarrasser de ces corps encombrants.

Pour définir grossièrement Happiness of the Katakuris, on peut parler de comédie musicale sur le thème du bonheur en famille… oui, mais d'une comédie musicale où on enterre un paquet de morts dans les bois, où les propos loufoques s'enchaînent sans grande logique, où la pâte à modeler en stop-motion fait irruption sans crier gare, où les faux bâtards de la famille royale d'Angleterre se mettent à voler, où on assomme le corbeau au rondin de bois, où on s'extasie devant la beauté de la chanteuse de la télé qui est un travesti, où la moitié des personnages débarquent de nulle part, où les zombies ont droit à leur chorégraphie... Autant dire que Miike se lâche complètement et cela prend des proportions impressionnantes.
Ceux qui ont vu le premier opus de la trilogie Dead Or Alive ont sûrement gardé un souvenir impérissable du final aussi inattendu que radical. Ici on part en vrille de cette façon du début à la fin. Les changements de ton incessants du film, passant de la parodie de La Mélodie du Bonheur à l'horreur façon Ring, puis à la comédie dramatique intimiste, pour revenir à l'action version studio Aardman, ne seront peut-être pas du goût de tout le monde. Le spectateur est d'autant plus déstabilisé que l'humour presque omniprésent apparaît aussi bien au premier degré (séducteur pris de problèmes gastriques) qu'à travers l'ironie (niaiserie outrancière des passages chantés) ou l'absurde (toute l'introduction avec le petit ange). Il est évident que certains seront agacés et trouveront le patchwork de genres incompatibles parfaitement indigeste, mais, face à une telle liberté d'action supportée par des moyens conséquents, comment ne pas être pris de vertige ? Mieux vaut ne pas raisonner en termes de rythme ou de finalité et se laisser porter par cette féerie délirante et parfois volontairement débile.

Les personnages principaux sont très attachants et paradoxalement crédibles. Ils sont autant d'archétypes de la société nippone intelligemment caricaturés. Pourtant jamais rien ne passe normalement et même les scènes les plus banales de la vie quotidienne tournent toujours à la bouffonnerie et au non-sens. L'improbable guette le spectateur à chaque seconde. D'autant plus que, quand il s'agit de donner dans le ridicule, Miike sort l'artillerie lourde : la scène de coup de foudre est un authentique joyau du kitch et celle de drague qui en découle laisse pantois. On notera aussi, parmi tant d'autres moments d'anthologie, le clip de karaoké qui déboule au beau milieu du film, invitant les spectateurs à pousser la chansonnette avec les acteurs.
The Happiness of the Katakuris, c'est un grand moment de n'importe quoi, fait avec passion et magnifiquement orchestré. Du foutage de gueule ? Parfaitement, mais à ce point c'en est brillant ! Malgré toutes les critiques dont Miike a pu faire l'objet, sa capacité à surprendre et à pousser dans l'excès force le respect. Quand on sait la quantité de films qu'il tourne annuellement, on ne peut qu'admirer sa créativité.

(8/10)
Princesse Rosebonbon
Proposition d'accroche:
Une comédie musicale sur la joie d'être en famille ? Oui, mais par Miike ! |
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princesse.rosebonbon Stade de décomposition


Inscrit le: 22 Aoû 2005 Messages: 2027 Localisation: variable
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Posté le: Sam Sep 24, 2005 3:14 pm Sujet du message: remarque |
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Avec cette critique, je crains d'être un peu limite au niveau de ligne éditoriale du site.
Ici on ne fait pas vraiment dans le gore, le trash, la science-fiction, le western, le chanbara, le Nanar...
Néanmoins ce film contient quelques zombies, un peu de sang, des cadavres... et puis surtout il est complètement fou et je crois qu'à ce titre il mérite de figurer parmi les autres critiques.
Maintenant c'est à vous de voir, je ne me vexerai pas (ou alors j'essaierai de ne pas trop le montrer...) si ma critique n'apparait pas sur le site. |
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Toxic_avenger 80 % irradié

Inscrit le: 26 Nov 2004 Messages: 754
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Posté le: Dim Sep 25, 2005 10:37 am Sujet du message: |
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à la lecture de ta critique et à la vue des photos, j'estime qu'un tel "OFNI" pour reprendre tes mots, a parfaitement sa place sur le site.  |
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Bigbonn Psycho-cop


Inscrit le: 13 Déc 2004 Messages: 4107
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Posté le: Sam Mai 06, 2006 9:22 pm Sujet du message: Re: [MAJ] [Critique] Happiness of the Katakuris |
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princesse.rosebonbon a écrit: | Le terme d'OFNI (objet filmique non identifié) n'est pas trop fort pour désigner ce film pour le moins déconcertant ! Ce n'est pas qu'il soit spécialement novateur, complexe ou conceptuel, c'est juste qu'il est tellement décousu et tape dans tellement de registres qu'on ne sait trop quoi en penser.
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Les changements de ton incessants du film, passant de la parodie de La Mélodie du Bonheur à l'horreur façon Ring, puis à la comédie dramatique intimiste, pour revenir à l'action version studio Aardman, ne seront peut-être pas du goût de tout le monde.
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Mieux vaut ne pas raisonner en termes de rythme ou de finalité et se laisser porter par cette féerie délirante et parfois volontairement débile.
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The Happiness of the Katakuris, c'est un grand moment de n'importe quoi, fait avec passion et magnifiquement orchestré. Du foutage de gueule ? Parfaitement, mais à ce point c'en est brillant ! |
Bon, étant un être très influençable et aimant assez bien le bizarre, le loufoque, l'absurde et les films qui sortent de leurs sentiers battus et rebattus pour en explorer d'autres et les entremêler, j'ai évidemment été très intrigué par ta critique et je me suis procuré The happiness of The Katakuris.
Putain, il est insupportable ce film! Déjà, j'aurais dû me méfier, c'est vrai que je suis naturellement totalement rétif à tout ce qui relève de la comédie musicale mais là, vu le mix proposé, je m'attendais à quelque chose disons de... ben je sais pas mais je sais juste que je me suis copieusement emmerdé devant cette somme navrante et réellement indigeste.
Finalement, les séquences qui ont le plus éveillé mon intérêt sont celles qui sont animées et, pour le reste, malgré une maîtrise des styles (comme la découverte d'un cadavre dans le frigo par exemple), on tourne à vide comme un hamster dans sa roue, sans rime ni raison...
Bon, en même temps, je t'en veux pas, tu m'as pas forcé à l'acheter (parce qu'en plus je l'ai acheté! ) et quand je te relis, je retrouve effectivement ce qui fait la substance du film. C'est juste que moi je n'ai pas, mais alors pas du tout, accroché.
Allez, au plaisir de te lire quand même! Mais la prochaine fois, je relirai bien avant de me lancer dans un acte d'achat!  |
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Bigbonn Psycho-cop


Inscrit le: 13 Déc 2004 Messages: 4107
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Posté le: Sam Mai 06, 2006 9:46 pm Sujet du message: |
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Ah oui, une dernière observation aussi: l'un des personnages, un escroc qui veut plumer la fille Katakuri, s'appelle Richard Sagawa. C'est le même nom qu'Issei Sagawa, le tristement célèbre Japonais qui tua, dépeça et mangea en partie une étudiante hollandaise en 1981 à Paris avant d'être arrêté, extradé au Japon puis finalement libéré très peu de temps après, sortir un livre et faire le cacou à la télé... Bref, une vraie honte pour la justice ce Sagawa, cannibale avéré en liberté et une référence pour le Sagawa des Katakuris qui, lorsque la fille lui demande s'il veut manger quelque chose, lui répond: "Je vais te manger, toi!"
Peut-être que c'est drôle pour un Japonais, je sais pas, moi j'ai pas trouvé... |
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princesse.rosebonbon Stade de décomposition


Inscrit le: 22 Aoû 2005 Messages: 2027 Localisation: variable
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Posté le: Lun Mai 08, 2006 1:38 pm Sujet du message: |
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He he toutes mes excuses, mais j'ai vraiment adore!
J'ai du me repasser presque quotidiennement la scene du coup de foudre pendant un mois : hysteriquement kitch
Je n'avais pas du tout fait le rapprochement avec Sagasawa, le vrai, bien vu!
Tu concederas quand meme que dans le film il est depeint comme la derniere des merdes... |
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Bigbonn Psycho-cop


Inscrit le: 13 Déc 2004 Messages: 4107
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Posté le: Lun Mai 08, 2006 2:34 pm Sujet du message: |
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princesse.rosebonbon a écrit: | Je n'avais pas du tout fait le rapprochement avec Sagasawa, le vrai, bien vu!
Tu concederas quand meme que dans le film il est depeint comme la derniere des merdes... |
J'en conviens tout à fait.
C'est juste qu'en le voyant, je me suis demandé si ce n'était pas le vrai qui jouait ce rôle. |
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