mallox Super héros Toxic


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Posté le: Mar Avr 09, 2019 6:05 am Sujet du message: [FÁST] Ánimas - 2019 |
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Ánimas - 2019
Origine : Espagne / Belgique
Genre : Epouvante / Fable
Réalisé par Jose F. Ortuño & Laura Alvea
Avec Clare Durant, Iván Pellicer, Ángela Molina, Luis Bermejo...
Blabla : Les inquiétantes visions d'une se multiplient quand son meilleur ami se trouve une copine et que le père violent de ce dernier meurt mystérieusement.
Je me trompe peut-être mais je n'ai pas souvenir que l'idée d'un film qui s'articule autour d'un personnage n'existant uniquement que dans le rêve d'une autre personne ait été beaucoup exploitée au cinéma, encore moins comme sujet central et de cette manière.
On a bien eu de multiples traversées du miroir, par Cocteau, à des miroirs réfléchissants, à de multiples portes servant de lisière entre deux mondes et illustrant les dualités ou les démons intérieurs (Lang, Argento), mais finalement si les cauchemars sont récurrents dans les histoires (Spellbound) ou servent à matérialiser l'amour fou (Peter Ibbetson), l'une des seules matérialisations directes au sein du cinéma d'épouvante reste peut-être Les Griffes de la nuit de Wes Craven (cité ici de façon éclair, par deux fois).
Ce qu'il y a d'étonnant avec cette petite bobine signée Jose F. Ortuño & Laura Alvea, c'est qu'elle fait pénétrer au cœur de l'âme (l'Ánimas). Aux confins d'un coma duquel, pour s'en libérer et en sortir, passe par la matérialisation d'un rêve et d'un personnage. Un "personnage-vie", celui qui, grâce à l'amour - et là on rejoint Peter Ibbetson et les références à André Breton et un "personnage-sœur" qui, de par cet amour, traverserait les mêmes contrées, imaginaires ou pas, toujours aux contours oniriques, à l'instar d'Alice au pays des merveilles mais aussi, bien évidemment pour le coup la Susy Banyon débarquant dans une école de danse à Fribourg pour tomber dans un nid de sorcières.
La différence est que le personnage est bel et bien réel, double et complémentaire, créé au féminin avec comme point de mire le romantisme vu comme bouée de sauvetage. Mais ils se doivent d'avoir une issue qui scinde définitivement leur destin : pour que l'un vive et se réveille, l'autre doit mourir.
Le tout est filmé sous influence Argentesque, de manière évidente mais s'en démarque en revenant finalement aux fondamentaux : le film de Hathaway de 1935 cité avant mais aussi une part de la potion magique retrouvée par Alejandro Amenábar et son Ouvre les yeux, avant le bug artistique de l'an 2000 qui, soit dit en passant, a envoyé tout l'univers de la création dans une spirale infernale ressemblant au tambour d'une machine à laver, bref, à faire passer mémé pour une radoteuse à dentier tout juste bonne à tisser des canevas de vénéries et autres chasses à courre.
Du coup, malgré le poids de son influence picturale qui en fait d'entrée sa limite, Ánimas, qui rend hommage de manière talentueuse à Luciano Tovoli est une étonnante surprise qui parvient à enchaîner les scènes intrigantes et décalées, parfois presque comiques, mais aussi, petit à petit et sur un mode humble et mineur, à devenir attachant, un peu envoûtant aussi ; bref, une sorte de petite sorcellerie filmique bienvenue. On pourrait presque le considérer comme le second pendant de "Suspiria", en moins profane que la relecture faite récemment par Luca Guadagnino. Finalement et dans les deux cas, il n'y a à l'écran qu'un chainon manquant : Joan Bennett !
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Dernière édition par mallox le Mar Avr 09, 2019 9:04 am; édité 2 fois |
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