Dans une Russie uchronique où la magie existe en ce début de XIX siècle, les mages qui ont osé pratiquer leur art sont traqués et déportés par les autorités. Rachel Altschuller et Doufounia Drouts-Vichnevski sont deux sorciers qui rentrent du bagne et sont envoyés dans le village de Kous-Krendel où sous surveillance, ils devront essayer de reprendre une vie normale sans sombrer à nouveau dans leur travers et autres actes illégales.
Seulement, le petit village n'est pas forcément prêt à accepter ses parias et à voir habiter le diable à côté de chez eux. D'autres semblent y voir au contraire une opportunité. Entre un marchand qui trempe dans des affaires louches et la sorcière du village jalouse de ces deux nouveaux venues, il va falloir pour les deux mages jouer à un jeu dangereux dont l'issue serait pour eux la potence, surtout qu'un officier du corps des Barbares tournent mystérieusement autour d'eux.

Derrière Henry Lion Oldie se cachent en réalité deux auteurs ukrainiens Oleg Ladyjenski et Dimitri Gromov, deux auteurs qui vont nous faire visiter en quelques sortes une Russie imaginée, mais aussi réaliste que cruelle. Pourtant, avant même l'univers, c'est le style qui surprend, car durant la première partie, le narrateur utilise parfois la deuxième personne du singulier, tutoyant ainsi les personnages dans leur actes, leur donnant même ainsi de la tendresse.
De plus, les auteurs emploient un nombre non négligeable de termes russes ou issues d'autres langages, donnant ainsi de l'exotisme au roman. Certes, le dépaysement est quand même frisquet, pour ne pas dire glacial puisque la campagne russe n'est pas vraiment l'endroit le plus chaleureux au monde, alors on y mange des mets locaux et on y boit de la vodka, beaucoup, pour se réchauffer. Ainsi, le froid dans lequel vivent les personnages devient omniprésent pour le lecteur.
La loi des mages est également l'histoire de deux magiciens plus ou moins repentis, qui évitent d'utiliser la magie pour ne pas finir au bout d'une corde alors que certains ne leur demandent que ça, de l'utiliser, de leur apprendre le fonctionnement de la magie. La crainte de la mort semble être la seule chose qui les en empêche, mais les événements semble se liguer contre eux, à moins que quelqu'un dans l'ombre ne les utilise pour servir ses propres objectifs.
A moins que ce ne soit un jeu ? En effet, les mages sont également les figures d'un jeu de cartes, chacun ayant sa place et son enseigne. C'est ce qui permet à une étrange hiérarchie d'apparaître au cours du roman alors que des filleules, des futurs magiciens, se font assassiner et que l'on soupçonne Drouts et Doufounia d'être coupable. La seconde partie quittant l'aspect bucolique pour prendre l'apparence d'une sorte de thriller qui ne dit pas son nom, mais gardant tout de même l'ambiance particulière du roman.

En effet, il y a dans ce roman un mélange d'atmosphère festive et dramatique, l'ambiance conviviale parfois présente peinant à cacher les lourds secrets et les rancunes tenaces, ces deux derniers semblant toujours attendre le bon moment pour exploser et ayant une importante capacité à s'envenimer. La Loi des Mages est en effet un roman plutôt sombre, à l'ambiance parfois crépusculaire.
Servi par un style grivois, le roman d'Henry Lion Oldie propose une fantasy très à part, évitant les canons du genre pour mieux nous perdre dans ses paysages glacials. Et même si la fin est assez confuse, La loi des Mages n'en demeure pas moins une histoire originale et intimiste avec sa plume qui essaye d'être le plus proche possible des personnages, rendant cette histoire de mage incroyablement humaine.

Note : 8/10

 

Stegg

 

A propos de ce livre :

 

- Blog officiel francophone de l'auteur : http://henrylionoldie.hautetfort.com/

- Site de l'éditeur : http://www.mnemos.com/