Baignée dans une ambiance très pulp, cette série suit la piste d'un monte-en-l'air dont le passe-temps est de faire enrager un agent du FBI lors de cambriolages spectaculaires. Lors d'une énième échauffourée avec les vindicatives autorités, il égare tout son butin. Cette course-poursuite haletante le conduit dans des souterrains secrets rampant sous les fondations de la maison Harker. Perdu dans ce dédale cryptique, il déniche un ancien grimoire entre les pages duquel se dissimule la localisation d'un trésor colossal. Obligé d'organiser un nouveau crime pour compenser sa perte, il doit d'abord réunir des informations sur ses proies et pour cela interroger la petite fille d'un certain Van Helsing : Sledge...

Stephan Franck reprend une partie des règles et de l'histoire de Bram Stoker pour lui rendre hommage. Les vampires ont perduré bien après la chute de Dracula. Se regroupant en différentes maisons de nobles décatis, les morts-vivants affichent une belle décadence s'adjoignant à une morgue sans limites. Le dessinateur connaît son sujet sur le bout des doigts et s'en donne à cœur joie, mettant en scène ses monstres en usant d'un style synthétique empruntant autant au cinéma d'animation qu'aux ombres expressionnistes d'un Mike Mignola pour dépeindre la déliquescence des suceurs de sang.

On baigne ici en pleine convention de clichés, que l'auteur utilise avec une énergie et un enthousiaste communicatif. Le découpage virtuose nous balade d'une scène à l'autre avec aisance, s'autorisant des planches splash du plus bel effet dans lesquelles le dessinateur use de cadrages recourant au nombre d'or. Stéréotypés, les protagonistes n'en possèdent pas moins un charisme non négligeable, dont une nerveuse tueuse de vampires à la lame très facile. Citons aussi cet acteur raté qui participera au plan et dont les crises de stress causeront quelques sueurs froides à nos amis. Cet assemblage de personnages hétéroclites – souvent dépeint avec brio à travers des attitudes ou des petits détails –, essayera de se glisser dans une communauté vampirique pour les soulager de leurs argents. Un plan audacieux qui n'ira pas sans sueur froide et crispations, d'autant que de leurs côtés, une vampire dont les canines raillent le plancher prépare un putsch bien sanglant...

Le passé dans l'animation de Stephan Franck se ressent dans la composition de cadres énergiques et sa maîtrise parfaite du rythme de ses péripéties. Le scénario se savoure comme un bon récit d'aventures relevé d'une sauce gothique. Ce premier tome consiste surtout en une installation des différents éléments du plan de nos as de la cambriole, dans un endroit qui ne leurs est pas familier.

En espérant que la suite ne tempère pas les débordements possibles qui peuvent découler de cette confrontation, et ne se dépare pas du sadisme des monstres mis en scène...

 

Gernier

 

A propos de ce comic :

 

- Site de l'éditeur : http://www.glenatbd.com/