Empreinte du dragon rouge, L'
Titre original: The Terror of the Tongs
Genre: Thriller , Aventures
Année: 1961
Pays d'origine: Grande-Bretagne
Réalisateur: Anthony Bushell
Casting:
Geoffrey Toone, Christopher Lee, Yvonne Monlaur, Brian Worth, Ewen Solon, Marne Maitland, Marie Burke...
 

1910, la secte du "Dragon Rouge" sévit dans le port de Hong Kong. Son existence se trouvant menacée par un document compromettant, elle assassine plusieurs personnes dont la fille du Capitaine Jackson. Avec l'aide d'un faux mendiant et d'une jeune femme, Jackson parvient à déjouer les pièges de la secte et à démasquer les coupables. A la tête de cette organisation autant occulte que sanguinaire, on trouve Chung King, l'impitoyable chef des Tongs contre lequel il devra alors lutter.

 


Assez proche dans son script des "Etrangleurs de Bombay", tourné l'année précédente par Terence Fischer, dans lequel on retrouvait également une secte religieuse tapie dans l'une des colonies britanniques (cette fois-ci en Inde), avec meurtres puis enquête de circonstance, "L'empreinte du dragon rouge", n'en démérite pas pour autant et demeure un spectacle relativement plaisant (mais pas plus) malgré un manque de moyens évident.
Contrairement à son prédécesseur, on ne doit pas le scénario à David Zelag Goodman, alors débutant ("Les chiens de paille" / "Monte Walsh" suivront...), Michael Carreras, une fois de plus producteur, le confie à l'incontournable Jimmy Sangster qui, depuis "Frankenstein s'est échappé", s'est bâti une solide réputation au sein des studios ("Le cauchemar de Dracula", "The Man Who Could Cheat Death", "La malédiction des pharaons"...).
A contrario, Carreras fait appel, pour le réaliser, à Anthony Bushell, dont ce sera ici la seule contribution pour la Hammer. L'homme est connu pour ses talents d'acteur depuis l'ère du muet, mais a également réalisé un solide drame criminel avec Rex Harrison, dix ans auparavant : "The Long Dark Hall". Après cette expérience, il s'en repartira tourner, pour la télévision, quelques épisodes pour des séries comme "Le Saint", mais ne tournera plus jamais de long-métrages.

 

Sa réalisation n'en démérite pas pour autant. En revanche, on pourra la trouver bien statique par moments. Même si le rythme parvient à se tenir, on pourra également penser que l'aventure effrayante, à base de crimes ici contée, manque cruellement de mouvement et d'aération. Finalement, la plupart du film se passe en lieux clos et, lorsque ce n'est pas le cas, sur un port hongkongais qui ne ressemble que trop à un studio anglais de fortune. Vu le petit budget qu'il a entre les mains, on ne pourra pas trop en vouloir non plus à l'honorable Bushell. A ce sujet, ce qui choque un peu plus de prime abord, ce sont ces acteurs d'origine britannique, voire européenne, qui campent quasiment tous les rôles asiatiques, ce, contrairement à son prédécesseur from Bombay, dans lequel les indiens étaient joués par... des indiens. Un peu de colle en guise de pattes d'oies, un zeste de peinture ocre sur les visages, et hop, on obtient une galerie d'autochtones aux allures fourbes. Finalement, les seuls protagonistes campés par de véritables acteurs asiatiques se fendent de deux ou trois mots avant de se faire trucider.
Mais ce n'est pas le seul reproche que l'on puisse faire au film...

 

Le scénario de Sangster, en plus d'être trop lent à se dérouler, ménage une intrigue dont on a tôt fait d'en deviner les rouages. A partir de là, le constat est amer. Il subsiste trop peu de part de mystère, pour ne pas dire de suspens, dans ce qui s'annonçait pourtant comme un thriller.
Les caractères n'y sont également pas suffisamment fouillés et certains acteurs n'ont pas la présence nécessaire pour palier aux moments les plus calmes, ou creux, du film.
Il est extrêmement difficile de croire au personnage du Capitaine Jackson autant qu'à ses motivations. Geoffrey Toone balade une présence tellement monolithique tout du long qu'il est strictement impossible de prendre réellement fait et cause pour son enquête, laquelle commencera juste après le meurtre, pourtant soudain et horrible, de sa fille. Impossible alors de détecter de la tristesse, de la colère, un quelconque souci de vengeance, tant sa personnalité semble immuable, sans relief aucun. C'est, pour ainsi dire, comme s'il menait une enquête à titre professionnel, que le reste de l'intrigue suivra. Autant dire que de fait, cette terreur des Tongs est comme tuée dans l'œuf et qu'on finit par chausser ses espadrilles pour le regarder avec un œil indulgent.

 

Finalement, il n'y a que quelques éléments notables qui sauvent l'entreprise du naufrage pour en faire une pellicule tout juste agréable à regarder.
Il convient de signaler, en premier lieu, la superbe photographie de Arthur Grant, vieux briscard des studios Hammer, avec chaque fois un travail remarquable ("Le redoutable homme des neiges", "Le fascinant capitaine Clegg", "La tombe de Ligeia", "La momie sanglante" et un paquet d'autres encore...). Si l'on additionne son talent à celui du compositeur James Bernard, on peut dire qu'à eux seuls, ils parviennent à distiller le sympathique cachet hammerien tant convoité.
Pour les maquillages, comme déjà évoqué plus haut, le travail de Roy Ashton demeure assez moyen pour ne pas dire peu convaincant.
Il ne resterait alors pas grand-chose à rajouter si ce n'était quelques assassinats à la hache, assez sauvages, ainsi que les épatantes présences de deux acteurs qui, eux aussi, contribuent fortement à tenir l'entreprise à flot. D'une part Christopher Lee qui, on ne sait trop par quel miracle, parvient à rendre crédible son rôle de chinois terriblement malfaisant. Celui-ci semble tellement à l'aise qu'il jouera même ensuite le rôle de Fu Manchu pour une série de cinq films. Et puis... l'excellente actrice française, Yvonne Monlaur, qu'on avait déjà vue dans "Le Cirque des horreurs" de Sidney Hayers, et "Les maîtresses de Dracula" de Terence Fischer. Autant que Christopher Lee, elle perce ici l'écran au point, parfois, de faire oublier toutes les carences d'une livraison somme toute bien moyenne.
"L'empreinte du dragon rouge", dont l'intrigue se passe pourtant à Hong-Kong, n'est pas assez débridé pour emporter le morceau et demeure définitivement, à mon sens, un film mineur au sein de la prestigieuse Hammer.

 

Mallox

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