Devonsville Terror, The
Genre: Sorcellerie , Horreur , Esprits
Année: 1983
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Ulli Lommel
Casting:
Suzanna Love, Robert Walker Jr., Donald Pleasence, Paul Willson...
 

300 ans après que trois supposées sorcières y aient été exécutées, la petite ville de Devonsville voit trois nouvelles jeunes femmes débarquer. Malgré l'apparence normale des nouvelles venues, les gens des coins vont se persuader que ces trois femmes sont les réincarnations des sorcières condamnées par leurs aïeux, qui au moment de leur trépas ont réaffirmé leur volonté de vengeance. Dans le même temps, le docteur local, descendant d'un des principaux inquisiteur, est en proie à la malédiction qui frappe les mâles de sa famille depuis 300 ans : une mort à 52 ans des suites d'une maladie bizarre, à savoir la pourriture de l'intérieur de leur corps, bouffé par l'intérieur d'asticots et autres bestioles peu ragoûtantes...

 


Très sympathique film que ce Devonsville Terror qui comme bon nombre de films d'Ulli Lommel compte à son casting l'actrice Suzanna Love, compagne du cinéaste pendant leur prolifique activité des années 80. Si l'histoire est assez classique et finalement assez chiche en péripéties, elle est en revanche rondement menée, avec un objectif qui n'est pas tant celui de l'horreur brute que de la création d'un climat de mystère qui ne fait que s'épauler sur les quelques scènes "choc" que propose tout de même Lommel.


Passé une introduction très sympathique montrant des sorcières se faire martyrisées par une poignée de villageois puritains en colère, on peut être tenté de croire que tout le reste sera du même tonneau. Alors évidemment, certains pourront être déçus. Mais n'empêche que les intentions de Lommel, différentes, restent pour le moins très intéressantes. Il décrit en réalité une communauté qui est restée la même depuis 300 ans, une communauté en apparence très conventionnelle, qui un peu à l'instar de ce que l'on peut trouver chez un Stephen King, cache en réalité une laideur peu commune. Il s'agit ici du puritanisme le plus hypocrite qui soit, même pas motivé par une quelconque doctrine intégriste religieuse, mais bien par un côté réactionnaire et sectaire exacerbé.
Si les trois nouvelles venues seront regardées comme des sorcières, c'est bien avant tout parce qu'elles sont des femmes, ouvertes d'esprit et qui occupent des postes clefs dans la vie de cette petite commune engoncée dans un état végétatif (l'une est institutrice, l'autre animatrice radio, la dernière scientifique). Sans compter que l'une d'entre elle, vue comme la réincarnation de la sorcière en chef aura l'audace de repousser les avances d'un gros porc local tout en ayant en plus prêché aux moutards locaux l'ouverture d'esprit dans leur conception de Dieu. Evidemment, c'en est trop pour le gang de gros beaufs machistes, qui se mettront très vite en tête de reprendre les fourches, la paille et de rallumer un bûché. Comme leurs ancêtres inquisiteurs, qui ne valaient guère mieux qu'eux.

 


Ceci dit, il ne faut pas s'y méprendre non plus : The Devonsville Terror n'est pas vraiment un film social féministe anti-beaufs. C'est surtout une très bonne série B qui utilise un propos pertinent pour justifier un climat d'oppression qui s'installe de plus en plus dans la petite ville et qui va bien entendu commencer à faire quelque peu stresser le personnage campé par Suzanna Love, totalement esseulée. Et le fantastique est loin d'être oublié, principalement grâce au personnage du docteur interprété par Donald Pleasance, qui quand il ne retire pas les vers qui lui pourrissent le corps est occupé à hypnotiser ses patients afin qu'ils révèlent les vrais motivations de leurs ancêtres. Jusqu'à ces révélations qui ne prendront sens que dans le final du film, le personnage reste ambigu et plutôt intéressant (d'autant plus qu'il n'apparaît pas bien souvent). Tout le mystère sera levé dans un final qui marquera le retour de la violence du début du film, en plus gore.


Alors bien sûr le film n'est pas parfait : les deux autres jeunes femmes persécutées ne sont vraiment pas utilisées dans une intrigue qui aurait aussi bien pu n'intégrer que le personnage de Suzanna Love. En l'état, elles font un peu office de remplissage (et le film ne dure pourtant qu'une heure et quart). Quelques effets assez moches viendront également parfois ternir les efforts du réalisateur (notamment une tête de cadavre surgissant en surimpression à travers un rideau de douche). Mais vraiment, The Devonsville Terror est une série B qui vaut le détour.

 


Note : 7/10

 

Walter Paisley
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