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Walter Paisley 99 % irradié


Inscrit le: 27 Nov 2004 Messages: 1332 Localisation: Place du Colonel Fabien
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Posté le: Mar Juin 19, 2007 12:47 am Sujet du message: [M] [Critique] Le Manoir aux 7 Cadavres |
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The House of Seven Corpses. 1973.
Origine : Etats-Unis
Genre : Epouvante
Réalisation : Paul Harrison
Avec : John Ireland, John Carradine, Faith Domergue, Charles Macaulay...
Aussi foutraque que puisse être Le Manoir aux 7 Cadavres, il fait partie de ces films sur lesquels on ne souhaite pas s'acharner. Premièrement parce que le tiers de son casting est composé de sympathiques vieilles trognes réscapées du déclin de l'âge d'or Hollywoodien via un passage plus ou moins durable dans la série B (John Ireland de Spartacus, John Carradine des Dix Commandements, Faith Domergue des Survivants de l'Infini...). Et ensuite parce que le film est lui-même un très humble hommage au monde de l'épouvante à petit budget, à ces réalisateurs débrouillards qui cherchent à faire vivre leur imagination par-delà les contraintes d'un budget réduit, à ces stars déchues broyées par Hollywood, à ces techniciens touche-à-tout, à ces starlettes de l'horreur qui ne feront certainement pas une carrière à la Marilyn Monroe mais qui ne renacleront jamais à se prendre des sceaux de faux sang sur la tronche... Le film de John Harrison (alors réalisateur débutant, et cela s'en ressent, tant son hommage semble aussi honnête que ses maladresses sont nombreuses) nous présente donc une petite troupe d'artisans du cinéma qui partent tourner un film d'épouvante gothique dans un manoir naguère théâtre des morts violentes de sept membres de la famille Beal, des décès restant à ce jour inexpliqués. Mais la découverte du "Livre tibétain des morts" et l'utilisation d'incantations qui en sont issues vont réveiller un des morts de la famille Beal enterré comme ses aïeux dans le jardin...
Passé le générique sur fond d'historique du manoir (les sept morts violentes : pendaison, noyade, chute dans l'escalier etc...), il faut malgré tout admettre qu'il n'y a plus grand chose à regarder, voire plus grand chose de regardable. Et ce jusqu'au dernier quart d'heure, lui-même plutôt confus, avec l'arrivée d'un zombie cherchant a remplir la huitième tombe du cimetière en reproduisant plus ou moins les meurtres dont furent victimes les membres de sa famille. Entre temps, il n'y aura donc guère que des parlottes mal réalisées et mal produites. Déjà éxagérement sombre, le film devient carrément irregardable dans ses scènes d'extérieur pour peu que le spectateur le voit sur un support de mauvaise qualité (pour ma part la vidéo, mais il existe un DVD zone 2 qui peut-être corrigea le tir). C'est assez pénible, surtout que l'éclairage du film est lui-même en dessous de tout : l'emploi de bougies par les personnages illumine certaines fois une pièce entière, tandis que cinq minutes plus tard, ce sont les ténèbres totales qui dominent. Loin de conférer une touche gothique au métrage, ce défaut le fait paraître comme plus amateur qu'il n'est réellement. La musique contribue aussi à saboter les efforts des acteurs, avec ses traditionnels complaintes spectrales ("bouuuhouuuuuu") voir avec ses hors-sujets complets. Cela plus le manque de tonicité du scénario (le film aurait pu largement se voir amputé de moitié sans trop souffrir) contribue ainsi indéniablement à faire du Manoir au 7 Cadavres un film qu'on aura beaucoup de mal à regarder plusieurs fois, en dépit d'au moins un moment de bravoure (la lecture du Livre des Morts et la vision au ras du sol dans le cimetière qui s'ensuit, anticipant sur un certain Evil Dead).
C'est regrettable. Car tous les acteurs, en dépit d'un doublage plus que médiocre (de mauvais doubleurs qui cherchent à doubler des personnages interprétant de médiocres acteurs, ça ne peut pas inciter à l'optimisme), s'en sortent plus qu'honorablement lorsque l'on s'en tient à l'industrie cinématographique qu'ils représentent. John Ireland excelle dans le rôle de Eric Hartman, un réalisateur lunatique, tantôt colérique, tantôt très chaleureux, dont l'objectif n'est que de réussir à boucler son film de façon honorable. Nous ne sommes clairement pas ici dans une démarche parodique et Hartman n'est pas un réalisateur je m'en foutiste. Au contraire, il se montre perfectionniste jusqu'à l'extrême, suscitant même parfois un certain humour jouant à plein lorsqu'il agresse ses comédiens et ses techniciens pour plus d'implication. "On dirait une pute", dit-il au maquilleur de la vedette de son film (jouée par Faith Domergue). "Je te demande d'être en transe, pas d'avoir un orgasme", s'emporte-t-il contre une jeunette récitant son texte avec trop de théâtralité. "Putain, le cable est dans le champ !" s'enflamme-t-il contre les techniciens. Alors certes, ce n'est pas exactement un modèle de gestion humaine, et il se révèle même carrément immonde lorsque sa star, par ailleurs son ancienne compagne, lui fait part de son désir de quitter le tournage après que son chat ait été retrouvé coupé en deux au petit matin. Lui rappelant son statut de has been non grata à Hollywood, lui déclarant qu'il n'a pas les moyens de financer une reconstruction des décors en studio, il n'est pas tendre. Mais il se révèlera par ailleurs le plus aimable des hommes lorsque son équipe lui offrera le maximum. Son attachement à son film est touchant, et lorsqu'il perdra la péllicule suite à l'invasion du zombie, sa réaction, quoique surjouée, incitera davantage à la pitié qu'au rire. Tout comme on aura préalablement pris en pitié la star déchue, Gayle (Faith Domergue, donc), dont la santé mentale semble sur la mauvaise pente. A l'instar du jeune couple d'acteurs qui l'accompagne, elle trouve dans le cinéma de série B (et auprès de son ex compagnon) le seul refuge pour entretenir sa carrière. A côté de cela, ce sera le personnage de John Carradine, majordome historique de la famille Beal et gardien du manoir, qui apparaîtra comme le moins interessant. Il représente la touche classique de cette vraie / fausse incursion dans le cinéma gothique : c'est le seul à croire dès le départ à une possible occurence du surnaturel. Mais les défauts du film étant ce qu'ils sont, il est bien difficile de le prendre au sérieux, malgré les qualités de John Carradine, à la détermination proche de celle d'un Peter Cushing.
Voilà donc un film d'horreur sans moyens, avec d'énormes défauts qui sont paradoxalement compensés par un thème qui n'est pas à proprement parler horrifique : la description du monde de la série B. La vision qu'en donne Harrison et ses acteurs est élogieuse sans en faire trop, elle est modeste, même plutôt légère, mais elle est suffisament honnête pour trouver son public. Typiquement le genre de film devant lequel une horde de crétins ricanneront bêtement, avant de passer aux choses sérieuses en allant chercher leur édition quadruple collector de Daredevil.
6/10
A propos : Il semblerait que Rob Zombie se soit inspiré de ce The House of Seven Corpses au moment de donner un titre à son premier film, House of 1000 Corpses. On ne peut que l'en féliciter, surtout qu'il n'a pas clamé cette marque de cinéphilie sur tous les toits. |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mar Juin 19, 2007 5:11 am Sujet du message: |
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John Ireland
J'adore ce type.
Sinon, belle critique. Encore un film dont je ne sait pas si je l'ai vu ou non.
(ça passe sur cinefx chef ? j'ironise pas sur la chaîne, mais j'ai constaté comme toi qu'il avait une grille intéressante ces temps-ci, alors ça me permettrait de le voir ou revoir) _________________
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Walter Paisley 99 % irradié


Inscrit le: 27 Nov 2004 Messages: 1332 Localisation: Place du Colonel Fabien
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Posté le: Mar Juin 19, 2007 10:29 am Sujet du message: |
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Non, c'est pas sur cette excellente chaîne qu'est Ciné FX, dont la grille c'est vrai retrouve des couleurs après avoir baissé de niveau quelques semaines (mais en même temps, Ciné FX en petite forme, ça reste 1000 fois mieux que tous les "13ème Rue" et autres "Ciné Cinéma Frissons" réunis). |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mar Juin 19, 2007 10:34 am Sujet du message: |
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Le programme d'été est meilleur que celui de l'année !  _________________
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Throma Super héros Toxic


Inscrit le: 25 Nov 2004 Messages: 3335 Localisation: Masse à chaussettes
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Posté le: Mar Juin 19, 2007 11:43 am Sujet du message: |
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Merci de parler de ce film, bien trop vite oublié. "Le manoir aux sept cadavres" ainsi que trois autres titres, à savoir le bizarre psycho-killer de S.F. Brownrigg "Ne refermez pas ma tombe", "Journee de cauchemar" alias "Dark Sanity" avec Aldo Ray et le dejà moins obscur "Le cercle infernal" avec Mia Farrow avaient connu une sortie quasi confidentielle fin 90 dans une collection vhs éphémère. K7 quasi collector.
Ces 4 titres ont depuis été réédité semble-t-il par la même boite d'edition en dvd mais là encore dur dur de les dénicher (je pensais même pas que ça pouvait exister des dvd "rares" : y'a des exceptions).
En parlant de CineFX, si quelqu'un possède un enregistrement du psycho-killer de 71 de Philip Gilbert "Blood and lace", régulièrement diffusé à une époque sur la chaine, MPisez moi, ça m'interesse fortement. _________________ http://www.vhs-survivors.com/myvhs.php?alias=Throma |
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Valor Psycho-cop


Inscrit le: 22 Fév 2007 Messages: 4497 Localisation: Vanves
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Posté le: Mar Juin 19, 2007 7:37 pm Sujet du message: |
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Throma a écrit: | une collection vhs éphémère. K7 quasi collector.
Ces 4 titres ont depuis été réédité semble-t-il par la même boite d'edition en dvd mais là encore dur dur de les dénicher |
Les VHS sont sorties chez L.C.J (rue de Javel Paris 15 ) qui a aussi édité plusieurs Pallardy et des Pierre Unia. Ils éditent maintenant des DVD comme leur collection Jean Rollin...
"Le manoir aux sept cadavres" est sorti chez PVB éditions :
L'image est un simple transfert VHS dégueulasse en VF uniquement sans aucun bonus, 1:33
Ils ont aussi sorti d'autres titres comme Le Voleur d'arc-en-ciel de Jodo, La Maison ensorcelée, la collection Les Polars Inédits avec No Way Back, La Rage au coeur et Protection Rapprochée. ... certains ont l'air corrects VO / Format), d'autres sont du niveau du "Manoir" et beaucoup sont en rupture de stock !
http://www.pvbeditions.com/index.php?genre=GHORREUR
Ils annoncent Horror Hospital et Le Chat et le canari ...
Quant à The Haunting of Julia, il semblerait que l'éditeur a réalisé un 16/9 sur une copie 4/3 du film alors que le format d'origine était du cinemascope (En plus l'image est pourrie)
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mer Jan 05, 2011 3:48 pm Sujet du message: |
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Qcqs captures pour le site...
http://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/511-manoir-aux-7-cadavres-le




Par contre Walter, j'en ai profité pour corriger le prénom du réalisateur (Paul et non John, le réal de certains épisodes des contes de la cryptes) :
Citation: | Le film de John Harrison (alors réalisateur débutant, et cela s'en ressent, tant son hommage semble aussi honnête que ses maladresses sont nombreuses) |
_________________

Dernière édition par mallox le Ven Mai 11, 2018 8:01 am; édité 1 fois |
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Mer Jan 05, 2011 3:51 pm Sujet du message: |
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Pour les deux captures du haut, c'est "Le manoir aux 7 cadavres" ou "Le jeu des 7 erreurs" ?
Edit : merde, tu as rectifié à la vitesse de l'éclair.  |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mer Jan 05, 2011 3:52 pm Sujet du message: |
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flint a écrit: | Pour les deux captures du haut, c'est "Le manoir aux 7 cadavres" ou "Le jeu des 7 erreurs" ?
Edit : merde, tu as rectifié à la vitesse de l'éclair.  |
Ah m'en parle pas, je pensais en avoir fini et hop, l'a fallu que je me reconnecte à imageshack !  _________________
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