Manoir aux 7 Cadavres, Le
Titre original: The House of Seven Corpses
Genre: Zombie , Epouvante , Maisons hantées
Année: 1973
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Paul Harrison
Casting:
John Ireland, John Carradine, Faith Domergue, Charles Macaulay...
 

Aussi foutraque que puisse être "Le Manoir aux 7 Cadavres", il fait partie de ces films sur lesquels on ne souhaite pas s'acharner. Premièrement parce que le tiers de son casting est composé de sympathiques vieilles trognes rescapées du déclin de l'âge d'or Hollywoodien via un passage plus ou moins durable dans la série B (John Ireland de "Spartacus", John Carradine des "Dix Commandements", Faith Domergue des "Survivants de l'Infini"...). Et ensuite parce que le film est lui-même un très humble hommage au monde de l'épouvante à petit budget, à ces réalisateurs débrouillards qui cherchent à faire vivre leur imagination par-delà les contraintes d'un budget réduit, à ces stars déchues broyées par Hollywood, à ces techniciens touche-à-tout, à ces starlettes de l'horreur qui ne feront certainement pas une carrière à la Marilyn Monroe mais qui ne renâcleront jamais à se prendre des sceaux de faux sang sur la tronche...

 

 

Le film de Paul Harrison (alors réalisateur débutant, et cela s'en ressent, tant son hommage semble aussi honnête que ses maladresses sont nombreuses) nous présente donc une petite troupe d'artisans du cinéma qui partent tourner un film d'épouvante gothique dans un manoir naguère théâtre des morts violentes de sept membres de la famille Beal, des décès restant à ce jour inexpliqués. Mais la découverte du "Livre tibétain des morts" et l'utilisation d'incantations qui en sont issues vont réveiller un des morts de la famille Beal enterré comme ses aïeux dans le jardin...
Passé le générique sur fond d'historique du manoir (les sept morts violentes : pendaison, noyade, chute dans l'escalier etc...), il faut malgré tout admettre qu'il n'y a plus grand chose à regarder, voire plus grand chose de regardable. Et ce jusqu'au dernier quart d'heure, lui-même plutôt confus, avec l'arrivée d'un zombie cherchant a remplir la huitième tombe du cimetière en reproduisant plus ou moins les meurtres dont furent victimes les membres de sa famille. Entre temps, il n'y aura donc guère que des parlottes mal réalisées et mal produites. Déjà exagérément sombre, le film devient carrément irregardable dans ses scènes d'extérieur pour peu que le spectateur le voit sur un support de mauvaise qualité (pour ma part la vidéo, mais il existe un dvd zone 2 qui peut-être corrigea le tir). C'est assez pénible, surtout que l'éclairage du film est lui-même en dessous de tout : l'emploi de bougies par les personnages illumine certaines fois une pièce entière, tandis que cinq minutes plus tard, ce sont les ténèbres totales qui dominent. Loin de conférer une touche gothique au métrage, ce défaut le fait paraître comme plus amateur qu'il n'est réellement.

 


La musique contribue aussi à saboter les efforts des acteurs, avec ses traditionnels complaintes spectrales ("bouuuhouuuuuu") voir avec ses hors-sujets complets. Cela plus le manque de tonicité du scénario (le film aurait pu largement se voir amputé de moitié sans trop souffrir) contribue ainsi indéniablement à faire du "Manoir au 7 Cadavres" un film qu'on aura beaucoup de mal à regarder plusieurs fois, en dépit d'au moins un moment de bravoure (la lecture du Livre des Morts et la vision au ras du sol dans le cimetière qui s'ensuit, anticipant sur un certain "Evil dead").
C'est regrettable. Car tous les acteurs, en dépit d'un doublage plus que médiocre (de mauvais doubleurs qui cherchent à doubler des personnages interprétant de médiocres acteurs, ça ne peut pas inciter à l'optimisme), s'en sortent plus qu'honorablement lorsque l'on s'en tient à l'industrie cinématographique qu'ils représentent.
John Ireland excelle dans le rôle de Eric Hartman, un réalisateur lunatique, tantôt colérique, tantôt très chaleureux, dont l'objectif n'est que de réussir à boucler son film de façon honorable. Nous ne sommes clairement pas ici dans une démarche parodique et Hartman n'est pas un réalisateur je m'en foutiste. Au contraire, il se montre perfectionniste jusqu'à l'extrême, suscitant même parfois un certain humour jouant à plein lorsqu'il agresse ses comédiens et ses techniciens pour plus d'implication. "On dirait une pute", dit-il au maquilleur de la vedette de son film (jouée par Faith Domergue). "Je te demande d'être en transe, pas d'avoir un orgasme", s'emporte-t-il contre une jeunette récitant son texte avec trop de théâtralité. "Putain, le cable est dans le champ !" s'enflamme-t-il contre les techniciens. Alors certes, ce n'est pas exactement un modèle de gestion humaine, et il se révèle même carrément immonde lorsque sa star, par ailleurs son ancienne compagne, lui fait part de son désir de quitter le tournage après que son chat ait été retrouvé coupé en deux au petit matin. Lui rappelant son statut de has been non grata à Hollywood, lui déclarant qu'il n'a pas les moyens de financer une reconstruction des décors en studio, il n'est pas tendre. Mais il se révélera par ailleurs le plus aimable des hommes lorsque son équipe lui offrira le maximum. Son attachement à son film est touchant, et lorsqu'il perdra la pellicule suite à l'invasion du zombie, sa réaction, quoique surjouée, incitera davantage à la pitié qu'au rire.

 


Tout comme on aura préalablement pris en pitié la star déchue, Gayle (Faith Domergue, donc), dont la santé mentale semble sur la mauvaise pente. A l'instar du jeune couple d'acteurs qui l'accompagne, elle trouve dans le cinéma de série B (et auprès de son ex compagnon) le seul refuge pour entretenir sa carrière. A côté de cela, ce sera le personnage de John Carradine, majordome historique de la famille Beal et gardien du manoir, qui apparaîtra comme le moins intéressant. Il représente la touche classique de cette vraie / fausse incursion dans le cinéma gothique : c'est le seul à croire dès le départ à une possible occurrence du surnaturel. Mais les défauts du film étant ce qu'ils sont, il est bien difficile de le prendre au sérieux, malgré les qualités de John Carradine, à la détermination proche de celle d'un Peter Cushing.
Voilà donc un film d'horreur sans moyens, avec d'énormes défauts qui sont paradoxalement compensés par un thème qui n'est pas à proprement parler horrifique : la description du monde de la série B. La vision qu'en donne Harrison et ses acteurs est élogieuse sans en faire trop, elle est modeste, même plutôt légère, mais elle est suffisamment honnête pour trouver son public. Typiquement le genre de film devant lequel une horde de crétins ricaneront bêtement, avant de passer aux choses sérieuses en allant chercher leur édition quadruple collector de Daredevil.

 


Note : 6/10

 

Walter Paisley
A propos du film :
# Il semblerait que Rob Zombie se soit inspiré de ce "The House of Seven Corpses" au moment de donner un titre à son premier film, "House of 1000 Corpses". On ne peut que l'en féliciter, surtout qu'il n'a pas clamé cette marque de cinéphilie sur tous les toits.
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