[M] [Critique] La Planète des Tempêtes

 
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Walter Paisley
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MessagePosté le: Mer Aoû 22, 2007 8:26 pm    Sujet du message: [M] [Critique] La Planète des Tempêtes Répondre en citant



Planeta Bur. 1962.
Origine : U.R.S.S.
Genre : Science-fiction
Réalisation : Pavel Klushantsev
Avec : Vladimir Yemelyanov, Georgi Zhzhyonov, Gennadi Vernov, Yuri Sarantsev...
[

L'idée que les films réalisés en Union Soviétique sont tous des amas de propagande est un peu réductrice. Certes, bien des films soviétiques, jusqu'à environ la période de la Perestroika, font preuve d'un certain penchant pour l'enjolivement de la réalité soviétique ou pour une philosophie un peu plus matérialiste que la moyenne (quand ils ne découlent pas directement du réalisme socialiste cher à Staline), mais dans le même temps, le cinéma soviétique était également un cinéma artistique, non dicté par des critères commerciaux, dans lesquels de véritables cinéastes pouvaient travailler la forme de leurs oeuvres, autant que le fond (dans les limites de la tolérance du gouvernement, bien entendu, puisque tous les films étaient produits par des fonds d'Etat). A ce titre, on peut comparer le cinéma de l'Union Soviétique a celui des ex républiques soviétiques, dorénavant dicté par des critères commerciaux à l'occidentale nous amenant tout droit à l'immonde Night Watch de Timur Bekmambetov. Une bien piètre utilisation de la "liberté" gagnée.



Mais revenons à La Planète des Tempêtes, réalisée en 1962 par l'un des pontes de la science-fiction soviétique, Pavel Klushantsev. Le film narre les aventures de six personnes explorant la planète Venus, à la recherche d'une éventuelle civilisation. Parmi ces six se trouve un américain, qui a amené avec lui un Robot parlant nommé John (probablement inspiré par Robby, le robot de Planète Interdite) .
C'est à peu près tout ce qu'il y a en guise d'histoire. Car le film se révèle différent du cinéma de science-fiction américain de la même époque. Il n'y a pas ici d'ennemi à combattre, pas d'alien cherchant obstinément à bouffer nos explorateurs... Tout juste peut-on signaler le défi pour les explorateurs d'être capables à la fin du film de redécoller vers l'espace. Utilisant la science-fiction à un degré purement émotionnel, Klushantsev vise avant tout l’émerveillement de la découverte d'une planète inconnue, avec les dangers ponctuels d'une nature également inconnue et donc non maîtrisée. C'est ainsi que les personnages croiseront la route d'une sorte de grand artichaut à tentacules, de divers dinosaures pacifistes (un brontosaure) ou non (un ptérodactyle, des petits T-Rex sautillant...), qu'ils seront amenés à explorer des fonds marins, qu'il subiront une averse diluvienne, qu'ils devront lutter contre la fièvre, qu'ils auront à traverser une rivière de lave... Les effets spéciaux, assez rudimentaires (et finalement à peu près du même niveau que ceux des séries B américaines de l'époque), ne sont pourtant pas source de honte pour Klushantsev, qui ne se prive pas de filmer l'ensemble avec une certaine fierté. Le film est très beau et au facteur nostalgie que l'on peut éprouver pour la science-fiction d'un autre âge, il est permis d'y ajouter le côté totalement dépaysant d'un film mettant la poésie science-fictionnelle (imputable à cette période de découvertes spatiales) au dessus des séquences d'action traditionnelles au genre. Moins poétique mais tout aussi dépaysantes sont les quelques légères références à la culture soviétique, puisqu'on peut remarquer l'emploi de termes généralement connotés négativement, mais qui de la part d'un film produit de l'autre côté du rideau de fer perdent leurs liens avec le cinéma de Guerre Froide pour être utilisés dans des phrases on ne peut plus banales (un peu comme le "Ici Huston" des productions américaines) : "Le Parti est avec vous", "Camarade", "Gavarit Maskva" (expression employée lors des déclarations officielles du Kremlin à Radio-Moscou). Même chose pour les célébrations sur Terre, puisque cette fois la foule en liesse (certainement un stock shot) brandit les drapeaux rouges à Moscou. Tous ces ingrédients, vus comme tout à fait naturels, contribuent à surprendre son public occidental, sans pour autant avoir une quelconque signification politique.



Si propagande il y a, alors celle-ci s'intègre parfaitement dans le film, puisque le réalisateur et ses scénaristes émettent des opinions qui ne dépareraient pas dans certains films occidentaux. En parcourant Venus, les explorateurs sont ainsi amenés à considérer divers principes philosophiques tournant autour de l'humanité (pas le journal, hein) et qui ne sont pas sans anticiper un peu sur le 2001 de Kubrick : la place de l'homme dans l'univers, la culture humaine (et si l'homme était lui-même venu de l'espace ?), ou même la bonté naturelle de l'homme. Évidemment, l'américain émettra des opinions plus que discutables pour ses collègues (pour lui, l'homme naît mauvais), et son robot finira par se révéler un danger, prouvant que l'homme reste au dessus de la machine. Mais jamais ce personnage ne sera considéré comme le traître du groupe, qui restera uni. Une intrigue secondaire incluant la femme cosmonaute restée en orbite dans l'espace amènera elle la question du devoir, cette fois-ci avec un penchant soviétique bien plus marqué : faut-il porter secours à l’expédition qui connait des soucis au sol, ou faut-il obéir aux instructions de la Terre, qui lui donne l'ordre de rester en orbite ? Le dénouement de cette interrogation laissera clairement entendre que le Parti sait ce qu'il fait et qu'il est bon de l'écouter. Ce sera la seule vraie marque de propagande soviétique, à moins que l'on ne considère que le film souhaite faire état de la supériorité soviétique dans le domaine de la conquête spatiale (en 1962, les américains n'étaient pas encore allé sur la lune, et les soviétiques restaient sur trois "victoires" : Spoutnik, Youri Gagarine et Valentina Tereshkova, première femme dans l'espace). Aucune emphase n'est cependant mise pour valider cette idée. Tous les autres principes philosophiques du film font preuve d'un certain pacifisme, et tendraient même à rapprocher les hommes, potentiellement issus d'une même culture. Ce propos est en tout cas en parfaite harmonie avec le style du film, apaisant, propice au merveilleux et même à un léger humour innocent (les élucubrations du robot, qui fait des statistiques sur n'importe quoi).

Nous sommes donc assez loin des oeuvres belliqueuses de la science-fiction de Guerre Froide. L'origine soviétique du film est palpable, mais comparé aux films américains, avec leurs représentations plutôt extrémistes des "rouges", cela reste très sobre. Un bien beau petit film.



7/10

Accroche : Baïkonour, nous n'avons pas de problème.


A propos : Roger Corman (qui faillit lui-même aller réaliser un film en Union Soviétique) eut la mauvaise idée d'acheter les droits de La Planète des Tempêtes pour le sortir par deux fois aux Etats-Unis, non sans avoir procédé à un redoublage, à un remontage et au tournage de nouvelles scènes par Peter Bogdanovitch (avec Faith Domergue et Basil Rathbone) venant modifier complétement l'histoire du film pour le rendre commercialement plus viable. Ces deux exploitations sont connues sous les titres de Voyage to the Prehistoric Planet et [Voyage to the Planet of Prehistoric Women.

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mallox
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MessagePosté le: Sam Avr 19, 2014 8:38 am    Sujet du message: Répondre en citant



La planète des tempêtes - Artus Films


Région : Zone 2 PAL / DVD-9

Boîtier : Digipack

Editeur : Artus Films
Pays : France

Sortie film : 10 mai 1973 (France)
Sortie dvd : 6 mai 2014 (sortie officielle) - disponible 1 mois avant sur le site de l'éditeur

Durée : 78 min
Image : 1.37 original respecté – 16/9e compatible 4/3
Audio : Dolby digital 2.0

Langue : Français, Russe
Sous-titres : Français (optionnels)

Bonus :

- "La science-fiction russe", par Alain Petit (21'49)
- Diaporama d'affiches et photos
- Bandes-annonces de la collection SF Vintage




Commentaire : Voici une excellente galette du fort sympathique "Planeta Bur" de Pavel Klushantsev, déjà sorti dans d'autres contrées, notamment avec un rendu très moyen chez l'éditeur russe Lenfilm Video. Autant dire que cette sortie chez nous avec la piste russe ainsi que la piste française a de quoi réjouir tout amateur de S.F. digne de ce nom.




Belle image, beaux contrastes, à peine entachés de quelques scories ici et là et d'un petit grain d'époque qu'on n'aurait pas aimé voir disparaître, celui-ci contribuant à la patine du film. Idem pour le son : la version originale est légèrement plus spatiale et restitue probablement mieux l'ampleur, les sons ambiants étant davantage mis en avant que dans la version française, plus compressée mais extrêmement correcte (le film peut par exemple se regarder sans encombre avec ses enfants). Ceci dit, vu les lieux et le peu de personnages chaque fois présents à l'écran, on dira que je pinaille et que, quoi qu'il en soit, Artus Films nous envoie un message crypté pour le renouveau d'une Union Soviétique, le tout avec un master de fort bon aloi.




Outre les usuels diaporama d'affiches et les bandes-annonces de cette collection SF Vintage, on retrouve donc Alain Petit qui revient sur le cinéma soviétique de science-fiction. Il évoque le peu de films de ce genre fantastiques produits à l'époque, lesquels, basés sur des contes, étaient le plus souvent destinés à la jeunesse, d'où une production pauvre au niveau de la science-fiction. Mais 1961, comme il le rappelle, c'est aussi l'année du premier voyage cosmique de Youri Gagarine, dans une Union Soviétique ayant encore quelques longueurs d'avance sur les Etats-Unis, ce, en pleine guerre froide. Il parle donc assez logiquement du côté propagandiste de "La planète des tempêtes", spectacle à la fois jouissif et fait pour célébrer les récentes victoires spatiales, tout en reprenant des éléments américains. Il revient également sur "Planète interdite" qui a eu une influence considérable, même en Russie, dont on retrouve traces dans le film de Pavel Klushantsev, réalisateur rompu au genre S.F.
Je n'en dirai pas plus, disons que cet entretien est des plus plaisants et Alain Petit nous gratifie ensuite façon Spoutnik d'un tour d'horizon du cinéma de science-fiction russe mettant en exergue Aelita, devenu à cette époque un classique précurseur du genre en plus d'une référence incontournable.




Bref, c'est là que ce voyage intergalactique s'achève et que je vous conseille d'atterrir pour s'en aller acquérir direct ce dvd indispensable pour tout amateur de S.F.





En rapport avec le film :

# La critique du film La planète des tempêtes


P.S. : j'ai changé les images de la critique (plus grandes) ainsi que l'affiche.
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Dernière édition par mallox le Mar Mar 27, 2018 5:32 am; édité 1 fois
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sigtuna
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MessagePosté le: Sam Avr 19, 2014 7:29 pm    Sujet du message: Répondre en citant

enaccord8
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