[M] [Critique] Vij

[Bigbonn]

Vij
Viy - Urss - 1967

Un film de K. Ierchova et G. Kropatcheva, diplômées de l'Ecole des Hautes études cinématographiques (le a de la fin des noms indiquant le féminin de la personne) d'après le générique, mais de Constantin Erchov (ou Yershov) et Georgui Kropatchov, d'après Throma et Imdb.
Avec Leonid Kouravlev, N. Varleï.



Quand des jeunes séminaristes orthodoxes russes s'égayent dans la nature pour les vacances, ils se révèlent portés sur la bouteille, la gueuse et la becquetance, avant de se séparer et de partir dans des directions différentes. Trois d'entre eux, dont Khoma - dit le philosophe, perdus dans un paysage embrumé et effrayant, se réfugient dans une grosse ferme, accueillis et séparés par une vieillarde à la trogne ridée, assez proche de l'idée que l'on peut se faire d'une sorcière. D'ailleurs, c'en est une ! Et le jeune Khoma va rapidement s'en rendre compte à ses dépens, se retrouvant avec la vieille sur les épaules, à voler dans le ciel ! Terrifié, il la bat presque à mort après leur retour sur terre, la sorcière se transformant alors en une superbe jeune femme. Khoma n'a plus qu'à s'enfuir et à repartir au séminaire, penaud et désabusé.



Mauvaise surprise : la dernière volonté de la mourante a été de réclamer à son père, riche propriétaire terrien, la présence de ce jeune séminariste à ses côtés pendant trois nuits, priant pour son âme afin de la sauver. Pas de bol pour Khoma, les moujiks moustachus du fermier le ramènent manu militari auprès de la défunte au pouvoir maléfique. Et c'est à coup de grandes lampées de vodka que le philosophe se donne du courage, le courage du cosaque "qui n'a peur de rien", pour affronter trois longues nuits dans une chapelle obscure, auprès d'un cercueil ouvert et surtout de sa locataire diabolique.



Le cosaque a beau être ivre et protégé par le Seigneur, il n'en est pas moins pétrifié par l'effroi quand la défunte ouvre les yeux. A peine le temps de tracer autour de lui un cercle protecteur que la voilà qui s'approche, cherchant à le rejoindre et à prendre son âme. La première nuit commence et sera la plus douce, la moins éprouvante, prélude à un véritable crescendo vers l'horreur pour le pauvre Khoma, chaque nuit plus gorgé de vodka mais chaque nuit confronté à des périls plus terrifiants, jusqu'à cette véritable invasion de démons sortis des murs, du plafond, et de l'enfer lui-même.

Tiré d'un récit de l'écrivain russe Gogol (et, pour les non-littéraires, ce n'est pas une insulte mais bien son nom), le film est une réussite à tous points de vue. Visuellement superbe et inventif, il promène son héros aux lisières du surnaturel, dans une atmosphère à la spiritualité perturbée et ménageant ses effets, avant de le plonger bien profond dans l'étrange et le fantastique, toujours plus loin, jusqu'au final d'exception et sa profusion de monstres, sarabande infernale d'êtres fantasmagoriques venus chercher leur malheureuse victime.



Œuvre méconnue du grand public, Vij mérite largement le détour vers les contrées lugubres de l'âme russe, porté par une musique superbe de Khatchatourian. Et le fantasticophile qui s'aventurera auprès de notre philosophe cosaque, loin des effets faciles et des intrigues insipides trop souvent de mise dans le genre, ne regrettera pas son voyage !

Note: 9/10.
Genre: fantastique
Accroche: La sorcière, le cosaque, la vodka et les démons…

[Walter Paisley]

Oui, sympathique film, très original, avec ses créatures assez étranges (tellement qu'elles ont finies dans les Craignos Monsters, d'ailleurs). C'était passé à Cinéma de Quartier y'a pas mal d'années.

Sinon les livres des Gogol sont très bons : des histoires assez tordues, assez noires mais pourtant avec à chaque fois une certaine dose de comique absurde (je pense à une nouvelle appelée "Le Nez", où un bonhomme perd son nez... et le retrouve en ville, en train de se promener incognito). Vij c'est tiré des Nouvelles Ukrainiennes, un excellent recueil qui comme son nom l'indique s'interesse au folklore ukrainien.

[mallox]

Mais qu'est-ce que c'est que ce film qui m'a l'air tout à fait incroyable ?!
et c'est en noir&blanc ?
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[Throma]

En ces temps d'Halloween tristement en perte de vitesse et fêté de traviolle en raison de la récupération de l'evenement par nos cons de commercants, bref, Vij est le programme parfait pour une soiree du 31 (octobre, pas la veille de la nouvelle année qui celle là, pour le coup, ferait mieux de ne pas être célebrée du tout (bref bis)) réussie.
Des sorcieres, des vampires, des diablotins, des ogres, des cercueils volants, des squelettes grimaçants, des humanoides de toutes sortes... Tout cela dans un seul et même film s'il vous plait.
Un film tout bonnement essentiel pour tout fantasticophile qui se respecte.
Le seul bémol que je pourrais soulever à propos de ce bijou, c'est son patriotisme légèrement lourdingue mais c'était de rigueur dans le cinéma russe d'alors.
Le film est en couleurs sinon, paru en vhs chez nous il y a une petite quinzaine d'années dans la collection "cinema russe" de Socai, tout comme "L'arc-en-ciel lunaire" par exemple :



Faut pas hésiter à farfouiller dans les depots-ventes et les trocantes, ça se trouve encore.
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http://www.vhs-survivors.com/myvhs.php?alias=Throma

[The Omega Man]

On trouve assez facilement le DVD de film (avec plein de langue pour les sous titres dont le français), il suffit de taper le nom anglais "Spirit of Evil", on le trouve même sur eBay !

[Bigbonn]

[Walter Paisley]

Tu le trouveras en principe dans le recueil (oui, c'est une nouvelle, en fait) intitulé "Nouvelles de Petersbourg", chez Folio.

[mallox]

[Bigbonn]

[Bigbonn]

[sigtuna]

[Bigbonn]

Et voici la fiche dvd du film, mieux vaut tard que jamais.



Viy ou le diable
Région : Zone 2
Editeur : Ruscico
Nombre de disques : 1
Origine : URSS - 1967
Sortie DVD : 2001
Durée du film : 78 minutes
Format vidéo : 4/3
Langues : russe – français - anglais.
Sous-titres : russe – anglais – français – allemand – espagnol – portugais – hollandais – italien – japonais – hébreu – suédois.
Son : Dolby Digital 5.1.



Voilà un dvd très complet pour tous les amateurs de films fantastiques. Tiré d’une nouvelle de Nicolai Gogol, Viy raconte la mauvaise rencontre d’un séminariste et d’une sorcière et des veillées mortuaires qu’il devra faire au péril de son âme. D’après Gogol, Viy venait de l’imaginaire populaire et "c’est le nom que les Ukrainiens donnaient au commandeur des gnomes dont les paupières touchaient le sol" (si l’on en croit le site ruscico.com).



Peuplé de créatures étranges et démoniaques, parfois un peu pataudes mais souvent très réussies et surtout merveilleusement intégrées à l’histoire, le film est un régal du début jusqu’à la fin, particulièrement brillante avec son invasion monstrueuse de l’église suite aux appels de la sorcière en cercueil volant.



Le film de Konstantin Yershov et de Georgy Kropachyov doit beaucoup à son scénariste Alexander Ptushko, dont Ruscico (Russian Cinéma Council) dit qu’il était aussi à l’œuvre à la direction du tournage et à la réalisation des trucages et des effets spéciaux. Serait-il le véritable auteur du film ? Pas totalement impossible pour le réalisateur de Rouslan et Ludmila, du Tour du monde de Sadko, du Géant de la steppe et du Conte du tsar Saltan, les bandes-annonces de ces deux derniers se retrouvant sur le dvd.



Outre les filmographies des principaux acteurs, des réalisateurs, du compositeur, du scénariste, etc, on retrouve une biographie de Gogol dont les incursions littéraires dans le fantastique furent nombreuses et quelques trop rares photos de plateau. L’occasion de voir un peu comment ont pu être tournées les scènes du cercueil volant, notamment. On retrouve aussi trois longs extraits de films muets, un peu difficiles à suivre aujourd’hui, et d’autres choses encore, dans une arborescence de menus parfois surprenante.



Du bon boulot que celui-ci, donc, pas tout récent mais qui permet de voir un film qui vaut largement le détour et est, dans son genre, une très jolie pépite.

[Walter Paisley]

[Lynch971]

J'viens de lire cette critique que j'avais jamais lue (merci de l'avoir remontée ), et j'dois dire que les captures montrent un univers visiblement fantasmagorique donc cool (et j'aime ça ). Puis la critique me titille bien là où il faut -> adaptation de Gogol (j'ai jamais réussi à lire Tarass Boulba mais j'avais adoré son recueil en particulier "le journal d'un fou" qui est extraordinaire :happy: et "le nez" ). Que demande le peuple ? (et zou, le dvd commandé) Par contre j'ai pas trop compris le trip du dvd, c'est une édition russe, non ? Pourquoi y'a une VF et des sous-titres ?
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"La vie est une chienne avec un god-ceinture de 30 cm de long" V.Masuka, Dexter

[Bigbonn]