[M] [Critique] I married a Monster from Outer Space

 
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Bigbonn
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MessagePosté le: Jeu Juil 21, 2011 10:19 am    Sujet du message: [M] [Critique] I married a Monster from Outer Space Répondre en citant



I married a Monster from Outer Space
Titres belges: J’ai épousé un monstre; Les monstres sur notre planète.
(pas sorti en France ?)
Genre : science-fiction
Année : 1958
Pays d’origine : Etats-Unis
Réalisateur : Gene Fowler Jr.
Interprètes : Gloria Talbott, Tom Tryon, Peter Baldwin, Robert Ivers, Chuck Wassil, Valerie Allen, Ty Hardin, Ken Lynch, John Eldredge.



A la veille du mariage de l’un d’entre eux, quelques amis s’alcoolisent dans un bar et dissertent sur les joies du mariage et sur la meilleure façon de l’éviter. Le futur marié, Bill Farrell, déjà bien ivre, quitte la tablée pour retrouver ses pénates et prendre un peu de repos avant une journée qui promet d’être bien remplie. Sur la route du retour, apercevant un corps étendu sur la route, il s’arrête, sort de sa voiture, la contourne et... une énorme patte munie de trois doigts se pose sur son épaule. Horreur ! C’est un monstre venu de l’espace ! Un nuage de fumée enveloppe Bill dont le corps disparaît mystérieusement... Le lendemain, tandis que Marge, sa promise, se tourne les sangs en l’attendant, il débarque enfin, très en retard, pour pouvoir dire oui à sa fiancée et l’épouser en justes noces. Sans le savoir, Marge n’a pas épousé Bill Farrell mais un extra-terrestre ayant pris l’apparence de celui-ci...



Rapidement néanmoins, elle se pose des questions : sur le comportement de Bill, qui n’est plus le même qu’avant, sur sa froideur, sur ce mariage aussi, qui est tout sauf l’océan de bonheur dans lequel elle pensait baigner. Lui qui aimait boire avec les copains ne touche plus à une goutte d’alcool, s’y disant allergique. Lui qui a toujours eu des chiens ne peut plus les voir en pâture, provoquant chez ces derniers agressivité et grognements hargneux. Bill n’est plus Bill, se dit Marge, sans se douter que son mari n’est effectivement pas Bill Farrell mais un monstre hideux venu d’une lointaine galaxie. Après un an de mariage, Marge s’inquiète de n’être toujours pas enceinte. Le fait que le docteur lui dise que tout va bien chez elle ne la rassure pas pour autant. D’autant que Bill n’est visiblement pas décidé à aller consulter de son côté... Que se passe-t-il ? Qui est ce Bill que j’ai épousé, semble se demander Marge, de plus en plus circonspecte sur la véritable identité de son mari.



Pendant ce temps, à Norrisville, la petite bourgade où se situe cette tragédie nuptiale, les aliens continuent de coloniser la ville, prenant la place de quelques hommes pour se fondre dans la société et étendre, insidieusement, leur emprise sur l'espèce humaine...
Un soir où elle n’arrive pas à trouver le sommeil, tourmenté, une fois de plus, par l’attitude bizarre de son mari, Marge décide de le suivre dans sa balade nocturne. Elle découvre une vérité effrayante : l’homme qu’elle a épousé n’est que l’enveloppe charnelle d’un extra-terrestre dont le vaisseau est posé dans un petit bois tout proche... Elle doit prévenir quelqu’un, réagir, lutter contre cette menace. Mais qui alerter ? Comment savoir qui est encore humain et qui ne l’est plus ? Comment être sûre de ne pas s’adresser à l’un de ces monstres tombés du ciel ?



I married a Monster from Outer Space, dont le titre peut paraître outrancier et humoristique mais correspond, en fait, tout à fait au sujet du film, baigne dès le départ dans une ambiance paranoïaque d’abord presque impalpable puis de plus en plus forte et étouffante, au fur et à mesure que le regard de Marge sur son mari se fait intrigué et scrutateur. Suivant le point de vue de son héroïne, le réalisateur plonge le spectateur dans la même oppression, renforcée encore par le fait qu’il en sait beaucoup plus que la jeune mariée. On sait que Bill n’est pas Bill mais un monstre caoutchouteux ayant pris son apparence. On sait que lorsqu’elle se couche, c’est cette créature qui la rejoint au lit et non pas son tendre mari. On sait aussi que si elle n’arrive pas à avoir d’enfants, c’est pour une histoire de chromosomes et que le croisement est pour l’heure impossible. Au grand dam de ce monstre, d’ailleurs, dont le but est justement de réussir à fertiliser une Terrienne afin d’offrir à son peuple en exil dans l’espace une nouvelle planète où vivre et se reproduire...



La force du film de Fowler vient de ce juste dosage entre ce que découvre progressivement Marge et ce que sait déjà le spectateur. Comme lorsqu’en voyage de noces, alors qu’elle contemple un paysage par temps d’orage, nous voyons le vrai visage de Bill apparaître à chaque éclair, comme un flash qui agirait en révélateur, tandis qu’elle attend qu’il l’entoure de ses bras rassurants. Le doute sur qui est déjà « contaminé » et qui ne l’est pas accentue encore le sentiment de suspicion qui règne tout au long du métrage. Untel qui levait allègrement le coude et s’est mué en buveur d’eau est forcément un extra-terrestre, tel autre qui trouve que son collègue a changé, n’est plus le même, est très sûrement encore humain... Et lorsque Marge demande du secours, on sait très rapidement si elle se jette dans la gueule du loup ou non, frémissant alors pour elle.



Dans les années 50, le cinéma de science-fiction américain baignait dans une ambiance de guerre froide et de péril rouge (voir le dossier Essor et explosion de la SF dans les années 50), on pourrait donc aisément faire une lecture simple d’I married a monster from Outer Space : des affreux extra-terrestres (des rouges, oui !), viennent envahir notre beau pays (USA chéris !) pour épouser nos femmes et les féconder à grands coups de tentacules dans... mais ce serait une façon trop univoque de résumer un tel film à un danger déshumanisé et colonisateur, même si l’évolution des aliens au contact des habitants de cette petite ville des Etats-Unis (et en particulier de ses femmes), peut également faire abonder dans ce sens.
Une deuxième lecture peut aussi être faite sur le mariage tel qu’il est idéalisé et tel qu’il est en vérité : l’union de deux êtres qui ne se découvrent que petit à petit, ne sont pas tout à fait ce qu’ils paraissaient être, sont moins beaux, moins tendres, moins romantiques qu’au moment de conter fleurette, peuvent même devenir de parfaits étrangers, effrayants et repoussants, irradiant une atmosphère de violence contenue et d’incompréhension. A cet égard, les multiples plans proposant les deux jeunes mariés ensemble sont assez révélateurs : les regards se font curieux ou fuyants, les dos se tournent, le huis-clos devient étouffant et les coups menacent de tomber. C’est un couple mal marié (certes, suite à une tromperie) qui se délite devant nos yeux, les masques tombant peu à peu pour révéler le vrai visage de chacun et la peur qui peut naître et grandir au cœur d’un foyer que tout destinait pourtant à être prospère et fertile.



La réussite de Gene Fowler (déjà auteur d’un I was a Teenage Werewolf de bonne réputation), vient de ce qu’il fait preuve de subtilité du début jusqu’à la fin, ne montrant pas trop ses monstres extra-terrestres, pas franchement réussis et toujours baignés d’un halo lumineux légèrement floutant, sans pour autant les cacher, jouant des (mauvaises) habitudes des hommes, de leur penchant pour la boisson par exemple, pour faire deviner qui est passé du côté des monstres (les abstinents !), proposant même une explication raisonnable de leur présence sur Terre et de leur volonté de convoler et de se reproduire. L’ambiance de paranoïa diffuse qui imprègne la pellicule a pu faire écrire à Jean-Pierre Putters par exemple que « le pathétisme et le regard adulte [rappellent] les meilleures scènes du chef-d’œuvre de Don Siegel, L’invasion des profanateurs de sépulture" (in Ze Craignos Monsters, p. 59).
C’est Gloria Talbott, vue un an plus tôt dans La fille du Docteur Jekyll, qui tient le rôle de Marge Farrell, sur laquelle l’édifice repose en grande partie puisqu’on la suit quasiment du début (le mariage) jusqu’à la fin (une forme de divorce par non consentement mutuel, en quelque sorte !), jouant de son regard franc et énamouré tout d’abord, puis désappointé, inquiet et même effrayé, pour plonger le public dans l’inquiétude et dans la crainte. Elle est accompagnée par Tom Tryon, qui joue un mari grand et monolithique, raide et tendu, distant et effrayant, au regard d’abord dénué d’émotion puis dans lequel s’instille le doute et la découverte de sentiments humains totalement nouveaux. Excellent choix d’acteurs pour former ce couple mal apparié.
I married a Monster from Outer Space est donc un film de science-fiction tout à fait réussi, dépassant de plusieurs encablures nombre de pellicules de la même époque parlant d’invasions extra-terrestres et offrant plusieurs lectures possibles, le tout sur un rythme relativement alerte et autour d’une intrigue très bien tenue. Une belle petite surprise, en somme.



Dernière édition par Bigbonn le Jeu Juil 21, 2011 12:44 pm; édité 3 fois
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mallox
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MessagePosté le: Jeu Juil 21, 2011 10:36 am    Sujet du message: Re: [Critique] I married a Monster from Outer Space Répondre en citant

Bigbonn a écrit:





Ce qui s'appelle se faire mettre le grappin dessus.



mario
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sigtuna
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MessagePosté le: Jeu Juil 21, 2011 11:17 am    Sujet du message: Re: [Critique] I married a Monster from Outer Space Répondre en citant

Pas le temps de commenter en détail cette excellente critique, mais une formule m'a fait tiqué:
Bigbonn a écrit:
la race humaine.
c'est L'espèce Humaine (à la rigueur on peut dire la race blanche, celle des pygmées, ou des circassiens à poils durs, mais pas la race humaine). icon_wink
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Bigbonn
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MessagePosté le: Jeu Juil 21, 2011 12:37 pm    Sujet du message: Répondre en citant

c'est un distinguo que je ne comprends pas bien mais si ça peut te faire plaisir, je remplace par l'espèce humaine. icon_wink
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flint
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MessagePosté le: Jeu Juil 21, 2011 4:29 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Il est effectivement très bien, ce "I Married a Monster from Outer Space", et il ne faut pas se focaliser sur son titre "fantaisiste" assez trompeur. Comme le dit Bigbonn, le film rappelle "L'invasion des profanateurs de sépultures", et anticipe, de par son climat, la série "Les Envahisseurs".
Il ne faut donc pas s'attendre à une connerie (drôle) du genre "The Astounding She Monster" ou "Cat Women of the Moon", tournés à la même époque. Non, Gene Fowley Jr, plus connu pour ses westerns, donne dans le sérieux tout en parvenant à captiver le spectateur.
Bref, un film qui a plutôt bien vieilli !
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sigtuna
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MessagePosté le: Jeu Juil 21, 2011 9:23 pm    Sujet du message: Répondre en citant

flint a écrit:
Gene Fowley Jr
Realisateur d'"I Was a Teenage Werewolf" frank_PDT_16 new_noel (pas vu ceci dit).

Sinon le terme "race" n'a pas de valeur en biologie et peut être considérer comme le synonyme de "sous espèce" (ou d'"ethnie" pour les humains)
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mallox
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MessagePosté le: Ven Juil 22, 2011 6:41 am    Sujet du message: Répondre en citant

sigtuna a écrit:
Sinon le terme "race" n'a pas de valeur en biologie et peut être considérer comme le synonyme de "sous espèce" (ou d'"ethnie" pour les humains)


Tu dis ça parce que t'es pas parti en vacances.
Je suis content d'évoluer sur un forum consacré à la biologie.
(race ça veut dire course. d'ailleurs là, je vais faire des races à Auchan)
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MessagePosté le: Ven Juil 22, 2011 7:23 am    Sujet du message: Répondre en citant

ico_mrgreen

Pour la réputation de Teenagewolf, je viens de vérifier, il est très mal noté sur IMDB (ce qui ne veut pas dire grand chose sur la qualité du film, mais semble indiquer que sa réputation n'est pas si bonne que ça).
Sinon oui un film de SF paranoïaque des années 50, avec une critique tres positive de Bigbonn (plus la remarque de Flint), forcement ça donne envie.
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Bigbonn
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MessagePosté le: Ven Juil 22, 2011 7:38 am    Sujet du message: Répondre en citant

sigtuna a écrit:
ico_mrgreen

Pour la réputation de Teenagewolf, je viens de vérifier, il est très mal noté sur IMDB (ce qui ne veut pas dire grand chose sur la qualité du film, mais semble indiquer que sa réputation n'est pas si bonne que ça).

Pour la réputation de ce film que je n'ai pas vu, je m'en suis tenu aux propos de JPP et à quelques bribes lues ici ou là et plutôt positives par rapport à ce que le titre pouvait laisser penser. icon_wink
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mallox
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MessagePosté le: Ven Juil 22, 2011 7:52 am    Sujet du message: Répondre en citant

Rappelons tout de même que le film est un recyclage à peine voilé de I Married a Communist de Robert Stevenson - un film lui aussi tout à fait sérieux - et que les deux réunis, comme le dit Flint, anticipent fortement la série "Les envahisseurs" (je suis en train de la revoir d'ailleurs, j'avais oublié le nombre impressionnant de seconds rôles qu'on y trouve !). D'où cette impression agréable d'assister à un thriller sf paranoïaque de bonne augure.
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Bigbonn
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MessagePosté le: Ven Juil 22, 2011 7:57 pm    Sujet du message: Répondre en citant

mallox a écrit:
Rappelons tout de même que le film est un recyclage à peine voilé de I Married a Communist de Robert Stevenson - un film lui aussi tout à fait sérieux.

Pas vu celui-là.

Pour ceux qui veulent se faire une petite idée, le trailer d'I married a Monster:
The trailer from Pogox, the Monster from Outer Space
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