SF et années 50
Écrit par Mallox   

 

 

 

Essor et explosion de la SF dans les années 50



Au cours des années 50, la guerre froide favorisa, aux Etats-Unis, l'essor de la science-fiction cinématographique. L'invasion des extra-terrestres sur les écrans répondait, en quelque sorte, à l'obsession du péril rouge.
(vois dossier "Le cinéma de la guerre froide et Le péril rouge sur Hollywood" sur Tortillafilms)

A l'heure où l'industrie cinématographique produit avec le faste qu'on connaît les plus coûteuses machineries de science-fiction, ce n'est pas le moindre des paradoxes que de devoir considérer les années 50 comme l'âge d'or du genre. Et pourtant, les films de cette période peuvent difficilement souffrir la comparaison avec la plus modeste séquence de "L'empire contre-attaque", pour rester dans le cinéma d'hier ou du "Choc des mondes" version Spielberg pour parler d'aujourd'hui.
On peut s'interroger sur les raisons de leur succès - car ces films "marchaient" fort bien - tant leur naïveté, que ce soit sur le plan technique ou dramatique, est le plus souvent désarmante. Peut-être est-ce précisément cette naïveté même qui fait le charme de cette première vague de "schlock" (onomatopée évoquant le son produit par les objets métalliques jetés dans une poubelle, laquelle sera du reste reprise en hommage par John Landis pour son film du même nom).


- Une société en plein chamboulement :



Les Etats-Unis sont devenus la plus grande puissance mondiale, ont définitivement abandonné leur isolationnisme et se découvraient un ennemi intime (ce que le nazisme n'a pas vraiment été jusqu'à Pearl Harbor), lui aussi fraichement accédé au rang de superpuissance.
Politiquement, c'était le grand inconnu après 15 ans de Roosevelt et l'arrivée d'une nouvelle génération de politiciens.
Socialement, la guerre a signifié la fin de la crise démarrée en 29 et le début de la société de consommation moderne.
Technologiquement, la récente guerre et la course aux armements ont amené des retombées dans le domaine civil, puis bien entendu la conquête de l'espace.

Tout ça a été reflété par la SF qui était foisonnante. Et au-delà de leur aspect désormais vieillot, c'est justement le sentiment de véritable nouveauté, de nouveaux enjeux et de départ dans l'inconnu qui rend ce cinéma si particulier. La SF était le cadre parfait pour retranscrire cette nouvelle donne avec authenticité, sans le recul qui viendra plus tard (avec comme meilleur exemple le "Matinee" de Dante, mais aussi avec un cortège de parodies faciles). Même si les vrais chefs d'oeuvre sont plutôt rares, le genre est très attachant en dépit de ses défauts et de ses naïvetés, qui sont justement liés à cette nouvelle ère de découvertes et de tâtonnements.

 

 

 

Et puis c'est aussi dans les années 50, en partie en réaction à cette modernité soudaine, qu'est née la contreculture (qui se cantonnait alors surtout dans le domaine littéraire, mais pas seulement : il y a eu l'apparition du rock'n'roll et il y avait déjà des films marginaux - "Le Jour où la terre s'arrêta" à contre-courant) qui allait exploser dans les années 60.

Quant à la production hollywoodienne anticommuniste évoquée en préambule, une place à part doit être réservée à "Red Planet Mars" (1952), de Harry Horner, véritable chef-d'oeuvre de burlesque involontaire, qui atteint les sommets du délire. On reste en effet pantois devant les élucubrations des deux scénaristes, Anthony Veiller et Myles Connoly, qui mêlent avec une naïve maladresse propagande politique, alibis pseudo-scientifiques et métaphysique de pacotille. On nous montre un expert en électronique (Peter Graves) qui réussit à établir le contact avec la planète Mars et à découvrir ainsi le haut degré de civilisation atteint par les martiens. Mais on assiste alors à l'effondrement inexplicable de l'économie de l'ensemble du "monde libre". Les russes, bien sûr, se réjouissent du déclin de l'occident en attendant le moment de fondre sur leur proie. Les plus lucides des militaires américains incitent le président à déclarer la guerre à l'Union soviétique avant qu'il ne soit irrémédiablement trop tard... Soudain les messages en provenance de Mars prennent un ton messianique : subjugués par cette exhortation venue du ciel, les occidentaux se ressaisissent, tandis que le peuple russe se révolte contre ses tyrans.
* (Voir partie sur Le péril rouge dans le dossier sur Tortillapolis)

 

 

 

- Le rebut de la production :



Les schlocks des années 50 connurent une incroyable popularité, qui atteignit son apogée à la fin de la décennie. Ce fut l'époque d'"Invasion of the Saucer-Men", "The Brain from Planet Arous, "La légende du nouveau Frankenstein" (I was a Teenage Frankestein), tous sortis en 1957 ; de "The Astounding She Creature", "She Demons, "Le colosse de New York (The Colossus of New York), produits en 1958 ; de Teenage Zombies (1957) et de "Plan 9 from Outer Space", qui date de 1956. On cherchera vainement un chef-d'oeuvre du septième art dans cette énumération !
Le rôle principal de "The Astounding She Creature" (connu aussi sous les titres The Astonishing She Monster ou The Mysterious Invader) était interprété par Shirley Kilpatrick, sous la direction de Ron Ashcroft. L'actrice, revêtue d’une combinaison de lurex scintillant, errait dans la Sierra Madre et distribuait force "sourires radioactifs" aux autres acteurs. Il est difficile d'oublier aussi les "She-Demons"... les "diablesses", un groupe de danseuses tombées dans une zone réservée à un essai nucléaire et contrôlée par certains nazis dont le chef était spécialisé dans des opérations de chirurgie esthétique.

 

 

 

- Des conquêtes spatiales :



Le changement des mentalités à l'approche des années 60 allait contaminer la naïveté foncière des schlocks. Les premiers effets se firent d'ailleurs sentir dès le début de la décennie, et notamment dans un film qui allait bouleverser tout le cinéma de la science-fiction : "Destination Lune" (Destination Moon, 1950). Produit par George Pal, ce film privilégiait l'aspect "science" au détriment de l'aspect "fiction". L'imagination populaire des années 40 se complaisait volontiers dans le macabre et la mélancolie. Le public prisait fortement des films comme "La bête au cinq doigts" (1946) ou "House of Darkness" (1948). A partir de 1948, Superman, Captain Video et Batman marquèrent le retour du bon vieil héroïsme individuel dans les serials cinématographiques, mais ils appartenaient par trop au domaine de la bande dessinée dont ils étaient issus.
C'est à "Destination Lune" qu'il appartiendra de donner, par sa nouveauté, ses premières lettres de noblesse au genre de la science-fiction au cinéma, en dépit de l'avis de certains critiques, qui continuèrent à n'y voir qu'enfantillages et absurdités. Adapté d'un roman de Robert Heinlein, avec des décors conçus par l'artiste "spatial" Chesley Bonestrell et bénéficiant de conseils scientifiques du savant Hermann Oberth, spécialiste des fusées, le film se voulait crédible dans les moindres détails. C'est ainsi qu'il ne retint pas certaines incongruités du texte original d'Heinlein (il était question, entre autres, d'un complot nazi... sur la Lune même).
"Destination Lune" n'hésitait pas en outre à aborder des problèmes d'ordre idéologique, bien loin de son propos initial : divertir le public. Il laissait entendre ainsi que la Lune pouvait offrir des avantages stratégiques et que, si les américains n'en profitaient pas, quelqu'un d'autre le ferait sûrement à leur place.
Le message fut d'autant mieux reçu que, depuis 1947, une avalanche d'informations sur les ovnis avait fait naître d'innombrables spéculations sur la Lune : n'était-elle pas une base de départ des soucoupes volantes ? Un poste d'observation de la Terre ? L'heure avait sonné d'échanger les rôles. Puisque la sécurité nationale était en jeu, rien ne devait entraver les programmes spatiaux : le rêve américain se choisissait une nouvelle frontière.
A partir de "Destination Lune", les "bons" du cinéma allaient traquer les "méchants" non plus sur Terre mais dans l'espace. Il va sans dire que, dans les scénarios, les noirs desseins de ces "méchants" s'apparentaient fortement à ceux que le sénateur Joseph McCarthy prêtait aux "ennemis" de l'Amérique. Les films qui suivirent "Destination Lune" allaient donner mille formes à ce schéma de base.

 

 

 

- D'inquiétantes présences :



Trois classiques de la science-fiction sortirent en 1951 : "La chose d'un autre monde" (The Thing), "Le jour où la Terre s'arrêta" (The Day the Earth Stood Still) et "Le choc des mondes" (When Worlds Collide). Tous les trois exprimaient de nombreuses réserves sur l'avenir des conquêtes spatiales. La fin de "La chose d'un autre monde", avec le fameux avertissement "Scrutez les cieux !", démontrait que le travail de groupe et la bonne humeur pouvaient bien sûr détruire un sanguinaire extra-terrestre, mais aussi, malheureusement, que le monde n'était pas à l'abri pour autant : l'espace pullule d'êtres prêts à poursuivre l'oeuvre dévastatrice de celui qui a été vaincu. Quand ils ne se présentent pas sous l'aspect d'agents venus d'ailleurs, il leur reste toujours la possibilité de se changer en Michael Rennie, accompagné de son robot géant, capables de nous punir en nous réduisant en miettes. L'humanité doit retenir la leçon, sinon Dieu sera obligé d'intervenir à nouveau : l'évangile selon le scénario du "Choc des mondes" (de Sydney Boehm, d'après un roman d'Edwin Balmer et Philip Wylie) prévoit qu'une nouvelle arche lève l'ancre à la recherche d'un Eden en Technicolor.



 

Le Tout-puissant se retira assez vite de la mêlée, après avoir fait son apparition dans "La voix que vous allez entendre" (The Next Voice You Hear, 1950), de William Wellman, et dans "Red Planet Mars" (1952). Mais sa présence était encore sensible de temps à autre, notamment dans "La guerre des mondes" (War of the Worlds, 1953), où la profanation d'une église par des martiens est suivie de la prompte disparition des envahisseurs. En général, le rôle de Dieu est assumé par le personnage du savant : une figure qui vit dans une sorte de no man's land à mi-chemin entre l'exécration et l'adulation, dans la mesure où il a mis fin à une guerre terrible en inventant l'arme qui pourrait en déclencher une autre.

 

 

Tout au long des années 50, le public put choisir entre "Invaders from Mars" et "Le météore de la nuit" (It came from Outer Space), sortis tous deux en 1953, "L'invasion des profanateurs de sépultures" (Invasion of the Body Snatchers, 1956) et Invisible Invaders (1959) ; il put frémir grâce au "Monstre des temps perdus" (The Beast from 20 000 Fathoms, 1953), aux "Monstres attaquent la ville" (Them !, 1954), à "Godzilla" (Gojira, 1954), à "Tarantula" (1955) et à "La cité pétrifiée" (The Monolith Monsters, 1957) ; il affronta l'indicible dans "Donovan's Brain" et dans "Le monstre magnétique" (The Magnetic Monster), produits tous deux en 1953, ainsi que dans "La mouche noire" (The Fly, 1958) et dans "The Alligator People" (1959) ; il revint de l'espace dans des conditions périlleuses avec les héros du "Monstre" (The Quatermass Experiment, 1955), de "The Brain Eaters" (1958), sans oublier "Le pionnier de l'espace" (The First Man Into Space) et "The Hideous Sun-Demon", qui datent de 1959.

 

 

* (voir d'autres films cités ici en fin de page)

Avec "La conquête de l'espace" (Conquest of Space, 1955), Byron Haskin chercha à re-sacraliser quelque peu le système solaire. Mais le modèle inauguré par "Destination Lune" avait été rapidement supplanté par d'autres beaucoup moins idylliques où la peur le disputait au cynisme. La fusée est un symbole ambivalent : s'élançant vers l'espace, elle se fait instrument de découvertes, fonçant sur les astres, elle peut être l'instrument qui punira. A l'époque, c'était peut-être la deuxième image qui prévalait. Il fallut finalement attendre "2001, l'odyssée de l'espace" (1968) de Stanley Kubrick pour voir l'homme retourner dans les étoiles en toute sérénité.

 

 

 

- Sous l'emprise des extra-terrestres :



La période 1955-1960 fut marquée par une augmentation du nombre de films ayant pour thème la fin du monde. Certains étaient oppressants tels "Le monde, la chair et le diable" (The World, the Flesh and the Devil, 1959) et "Le dernier rivage" (On the Beach, 1960) ; d'autres plus légers, comme par exemple, "The Last Woman on Earth" (1960) et "Rocket Attack USA" (1961).
Dans l'ensemble, le "message" qu'ils véhiculaient était plutôt désespéré. "Invaders from Mars" de William Cameron Menzies, qui contait l'histoire mélancolique d'un petit garçon découvrant que ses parents sont sous l'emprise des extra-terrestres, est un des premiers exemples de ce genre. Le thème de la possession fut repris, au milieu des années 50, dans "Le monstre" de Val Guest et dans "1984" (1956) - qui en représentaient deux interprétations très différentes. Dans la même optique, citons aussi "L'invasion des profanateurs de sépultures" et la célèbre trilogie de Roger Corman : "It Conquered the World", "Not of This Earth" et "Attack of the Crab Monsters", tous sortis en 1956.

 

 

Chacun de ces films montrait une société attaquée de "l'intérieur". Quelques individus seulement prennent peu à peu conscience de l'existence d'un véritable cancer caché(symbole de la menace communiste, assez souvent) et tentent vainement de le combattre. Dans "Attack of the Crab Monsters", le combat se déroule sur une île, où les forces maléfiques renforcent leur pouvoir en s'appropriant l'intelligence de leurs victimes. Comme d'habitude, la radioactivité est responsable de tout : dans ce cas précis, elle provoque une accélération du vieillissement.
Plus complexes sur le plan psychologique sont souvent les films qui traitent des modifications physiques chez les humains : "L'homme qui rétrécit" (The Incredible Shrinking Man, 1957) d'après Richard Matheson est un des exemples les plus achevés. A une autre échelle, il fut bientôt suivi du "Fantastique homme colosse" (The Amazing Colossal Man, 1957), d'"Attack of the Puppet People" ainsi que du légendaire "L'attaque de la femme de cinquante pieds" (Attack of the 50ft Woman), tous deux sortis en 1958.
On savait depuis King-Kong (1933), que le public était fasciné par les aventures des monstres solitaires, mais à l'époque des schlocks, réalisés souvent à l'économie, la faiblesse et la pauvreté des effets spéciaux nuisaient au propos - parfois ambitieux - de ces films.
"Fifty-Foot Woman" n'échappe pas à la règle : on ne voit que trop qu'elle est en carton-pâte et que les dimensions gigantesques ne se doivent qu'à un jeu de surimpression des plus simplistes. Dans cette histoire assez conventionnelle de folie meurtrière (l'infidélité de son mari pousse une femme à la destruction de leur couple), le recours à la science-fiction semble presque hors de propos sinon qu'il contribue à donner au drame des proportions - si l'on peut dire - démesurées.

 

 

 

- Trois films essentiels au milieu des années 50 :



Trois des oeuvres parmi les plus importantes du cinéma de science-fiction de l'époque ont toutes été tournées au milieu des années 50. Produits dans des conditions différentes, ces trois films s'apparentent par une réalisation soignée et par l'efficacité des effets spéciaux. Ils expriment aussi le même désenchantement. Dans "20 000 Lieues sous les mers" (1954), produit par Walt Disney, le personnage mélancolique créé par Jules Verne, le capitaine Nemo, fait une incursion au XXème siècle pour démontrer que la lutte éternelle entre nations aboutit à un gaspillage dangereux des ressources naturelles et détourne l'intelligence de son véritable but : améliorer la condition du genre humain. Le Nautilus a peut-être été plus populaire que tous les lancements de Cap Kennedy, mais l'amertume du héros de Jules Verne est toujours d'actualité.
"Les survivants de l'infini" (This Island Earth, 1955), de Joseph Newman, raconte l'histoire d'un jeune et brillant savant engagé pour sauver le monde lointain de Metaluna de la destruction à la suite d'une guerre interplanétaire. Comment y parvient-il, alors que ses hôtes, malgré leur cerveau beaucoup plus développé, ont échoué dans cette tâche, on ne nous le dit pas clairement. Toujours est-il que le héros et l'inévitable héroïne (interprétés par Jeff Morrow et Faith Domergue) font de leur mieux pour se rendre utiles, en luttant contre les mutants meurtriers qui patrouillent dans les couloirs, et en cherchant à neutraliser la pluie de météorites envoyée sur Metaluna par les habitants de Zahgon, la planète voisine. Mais il manque au héros la stature du capitaine Nemo, et le film ne convainc pas toujours. Quant à la conclusion (à la morale, pourrait-on dire), elle est particulièrement amère : plus grande est la science, plus terrible sera la destruction.
"Planète interdite" (Forbidden Planet, 1956) constitue le troisième volet de cette "trilogie". Le Nemo de Verne est assimilé au personnage shakespearien de Prospero, qui s'incarne ici dans la personne du professeur Morbius, exilé sur la planète Altaïr 4. Sur celle-ci est entreposé, dans des milliers de dépôts souterrains, le savoir accumulé par la race depuis longtemps disparue des Krell. L'humanité se voit offrir le patrimoine scientifique qui pourrait représenter, pour peu qu'on s'en préoccupe, la clé de l'univers. Mais elle se montre une fois de plus incapable de voir plus loin que ses passions les plus immédiates ; Morbius ne résiste pas à la tentation d'utiliser la puissance des Krell pour attaquer ses semblables. Un critique fit bien brièvement allusion à "La tempête" de Shakespeare, mais sans pousser l'analyse. A l'époque, la leçon ne porta guère. Signalons que le robot Robby vola la vedette à l'interprète principal Walter Pidgeon.

 

 

 

- Variations sur le même thème :



Revu aujourd'hui et replacé dans son contexte, "Planète interdite", en tant que premier drame de l'espace d'une certaine densité psychologique, surclasse tous les autres films du même genre et renvoie aux oubliettes l'aimable optimisme de "Destination Lune", ouvrant ainsi la voie à une nouvelle génération de films.
Parmi les autres "allégories" contemporaines de "Planète interdite", on remarque "Les monstres invisibles" (Fiend Without a Face, 1958), dans lequel les pouvoirs psychiques deviennent une sorte de parasite meurtrier, et "Queen of Outer Space" (1958), où les costumes et les situations de "Planète interdite" sont repris avec une intention parodique, confirmée par la présence au générique de Zsa Zsa Gabor. La fin de l'âge d'or de la science-fiction au cinéma fut marquée, comme ce fut le cas pour bien d'autres genres, par l'irruption du comique. Jerry Lewis visita ainsi, sous la direction de Norman Taurog, un astre fantaisiste dans "Mince de planète !" (Visit to a Small Planet, 1959) et Fred MacMurray interpréta le savant farfelu de Monte là d'ssus" (The Absent-Minded Professor, 1961), une fantaisie à la Disney. Dans le plus sérieux "La machine à explorer le temps" (The Time Machine, 1960) le scénariste David Duncan et le réalisateur George Pal abandonnèrent l'idéologie évolutionniste du texte original d'H.G. Wells et composèrent une plaisante histoire d'amour avec Rod Taylor et Yvette Mimieux. Puis, ce fut la sortie des "Damnés" (The Damned, 1962) de Joseph Losey, une impitoyable histoire d'enfants dotés de super-pouvoirs ; il fut suivi du "Jour où la Terre prit feu" (The Day the Earth Caught Fire, 1961), qui dénonce les conséquences des expériences nucléaires (elles provoquent dans le film l'inclinaison de l'axe de la Terre et devient son orbite en direction du Soleil).
Après "L'éclipse" (1962) et "Docteur Folamour" (1964), qui abordaient tous deux, mais sur des plans différents, le thème de la paranoïa nucléaire, il apparaît, au cinéma du moins, que l'avenir - si quelqu'un peut survivre assez longtemps pour en profiter - n'est guère réjouissant.

 

 

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* Quelque photos de plus pour les mirettes !

 

 

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** Un grand merci à Walter Paisley pour sa contribution, notamment pour le paragraphe "Une société en plein chamboulement" qui lui doit beaucoup.