Sept épées pour le Roi
Titre original: Le sette spade del vendicatore
Genre: Aventures , Cape et épées
Année: 1962
Pays d'origine: Italie / France
Réalisateur: Riccardo Freda
Casting:
Brett Halsey, Beatrice Altariba, Guilio Bosetti, Gabriele Antonini, Mario Scaccia, Gabriele Tinti...
 

Première moitié du 17e siècle - Le roi d'Espagne Philippe III (selon le générique de fin et le carton de début de film, ou Philippe IV si l'on veut respecter la cohérence historique, mais peu importe) digère sa défaite face à la France dans un campement militaire en Flandre, enfin disons qu'il est plutôt occupé à retrouver la trace d'une belle andalouse croisée quelques mois plus tôt dans une arène. Bref, il lui tarde de retourner en Espagne, et l'annonce d'un accord de paix avec la France le met en joie avant même d'en connaître le contenu.



Au même moment, le fringant Don Carlos rentre dans son château natal de Bazan, en Catalogne, deux ans après avoir disparu lors du siège de Saragosse (ne cherchez pas dans vos livres d'histoire), suite à une blessure qui le laissa amnésique. Étrangement accueilli, il apprend que son père a été assassiné par des brigands, et que tout le monde le croyant mort, c'est son cousin le duc de Saavedra qui a hérité de ses domaines.
Le soir même, Don Carlos échappe à une tentative d'assassinat par un domestique. Il décide de partir sur le champ à Llerida, où se trouve la cour d'Espagne, pour retrouver son cousin Saavedra. Sur le chemin, il sauve une riche demoiselle attaquée par des brigands. Le soir, dans une auberge, grâce à un quiproquo dû à une escroquerie du tenancier, Don Carlos et la belle font plus ample connaissance. Hélas, le lendemain, la mystérieuse demoiselle a disparu, laissant notre héros dépité.
A Llerida, Don Carlos est accueilli à bras ouvert par son cousin le Duc de Saavedra, qui le présente au Roi et lui fait retrouver une position à la Cour. Peu de temps après, Don Carlos est attaqué par une demi-douzaine de spadassins masqués qu'il vainc grâce à son habileté à l'épée. Sur le cadavre de l'un de ces reîtres, il trouve un message évoquant un complot...



"Sept épées pour le Roi" est un chef d'oeuvre méconnu du maestro Riccardo Freda, méconnu car c'est une rareté disponible uniquement en VOD, en location dans sa version intégrale (en tout cas au moment où je rédige ces lignes), la seule version que l'on peut se procurer définitivement étant celle censurée en dépit du bon sens par l'épouse d'un personnage illustre.
Outre ses qualités propres, qui sont grandes, "Sept épées pour le Roi" est entré dans l'histoire pour avoir été le seul film censuré par l'épouse du général De Gaulle, Tata Yvonne elle-même, sous couvert de l'office catholique du cinéma (selon Riccardo Freda). Ce ne sont pas moins d'une douzaine de minutes qui ont donc sauté à cause d'elle, pratiquement la plupart des scènes mettant en avant le personnage le plus intéressant et le plus drôle du métrage : le Cardinal/1er ministre (une scène où le Roi lutine une accorte servante dans une grange a aussi été coupée). Si officiellement cette censure utilisa des accusations d'anticléricalisme, il est possible que dans ce dirigeant politique, se piquant d'ambition littéraire jusqu'à en être ridicule, tante Yvonne ait cru voir (sans doute inconsciemment et sûrement à tort) une caricature de son illustre époux (cet avis ci n'est pas de Riccardo Freda mais une pure conjecture de la part du rédacteur de cette notule).



Pour en revenir au film lui-même, c'est une merveille d'invention et de drôlerie, avec une photo magnifique inspirée paraît-il des tableaux de Velázquez. Le métrage ne pêche que par son interprétation (d'ailleurs Riccardo Freda a toujours dit qu'il s'intéressait peu à la direction d'acteurs), pas pour les rôles secondaires tous excellents, mais pour son héros joué par l'américain Brett Halsey (pourtant bien meilleur ailleurs) de façon insipide et sans saveur. Si ce dernier (ou sa doublure) s'en sort dans les trépidantes scènes d'action, il est pour le reste totalement transparent. Mais peut-être est ce le rôle qui veut ça, et le héros est facilement éclipsé par le "méchant" incarné par Guilio Bosetti, mais aussi et surtout par le roi obsédé sexuel (Gabriele Antonini), et donc le cardinal/1er ministre (Mario Scaccia) pédant et ridicule, les deux se partageant les meilleures scènes (dans la version intégrale). Seule française dans la distribution de cette coproduction, et aussi seul véritable rôle féminin du film (et la seule a réellement avoir des origines espagnoles), Béatrice Altariba s'en sort plus qu'honorablement.
Les tintinophiles avertis ne seront pas sans remarquer deux scènes directement inspirées des "Cigares du Pharaon" : la réunion des comploteurs masqués, où chacun doit révéler son identité, et la fausse exécution du héros. Mais les deux scènes se démarquent suffisamment de la bande dessinée (en particulier la seconde, bien supérieure à ce qu'a fait Hergé) pour que l'on ne puisse parler d'emprunt.



On a aussi droit, hélas, à des carpes koï dans le rôle de piranhas, présentées d'ailleurs comme des poissons cannibales (ce qu'ils sont certes, les piranhas, pas les carpes, mais ici le scénariste a confondu avec "anthropophages", parce que savoir que les piranhas se mangent entre eux n'a rien d'effrayant).
Pour être complet, il faut signaler que le film utilise le même pitch de départ que "Don Cesar di Bazan" (personnellement, je ne parlerais pas de remake), le premier film de Freda, c'est-à-dire le pitch d'une pièce oubliée du 19e siècle elle-même inspirée du "Ruy Blas" de Victor Hugo.


Note : 7,5/8 pour le "director's cut" (chef d'oeuvre), et 6/8 pour la "Tata Yvonne's cut" (qui fut la version d'exploitation hors d'Italie, à la sortie du film).


Sigtuna

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