"Le Choc des Titans" raconte l’un des nombreux pans de la mythologie grecque, l’histoire de Persée et Andromède.
Persée est le fils de Danoé, elle-même fille d’Acrisios, Roi de la cité d’Argos. Danoé, femme magnifique, a été engrossée par Zeus, et Persée est le fruit de cette union. Alors que ce dernier n’est encore qu’un enfant, Acrisios décide un jour de l’offrir en sacrifice aux Dieux de l’Olympe, ainsi que sa fille. Danoé et Persée sont ainsi enfermés dans un cercueil et jetés à la mer. Cet acte provoque la colère de Zeus, et le Dieu des Dieux demande alors à Poséïdon de détruire Argos, en libérant le Kraken, une créature gigantesque et monstrueuse retenue prisonnière au fond de l’océan. Par ailleurs, Poséïdon devra assurer la protection de Danoé et de son fils, et ces derniers échoueront finalement sur une île, où ils seront recueillis par des pêcheurs.
Tandis que Persée grandit et devient un homme beau et courageux, les intrigues et les conflits sont toujours à l’ordre du jour en Olympe. Calibos, fils de la déesse Thétis, est puni par Zeus pour avoir tué ses chevaux ailés, dont seul Pégase a réchappé. Zeus transforme alors Calibos en être monstrueux, condamné à cacher sa laideur dans les marécages. Un sort cruel d’autant plus que le fils de Thétis devait épouser Andromède. Ne pouvant supporter ce qu’elle considère comme une injustice, Thétis jure que personne d’autre ne sera en mesure d’épouser Andromède. Tout prétendant devra préalablement résoudre une énigme conçue par Calibos. Ce dernier attire chaque nuit l’âme d’Andromède dans son royaume marécageux, en secret, jusqu’au jour où Persée découvre le stratagème. Calibos et Persée vont alors devenir non seulement des ennemis mais des rivaux, car le fils de Danoé tombe amoureux d’Andromède. Pour mettre fin à la malédiction de Thétis, il devra affronter de terribles dangers, rencontrer les Sorcières de Styx, combattre des scorpions géants, Dioskilos le chien à deux têtes, ramener la tête de Méduse, la redoutable Gorgone, pour être en mesure de vaincre l’invincible Kraken. Une quête épique, digne d’un fils de Zeus.
"Le Choc des Titans" marque la quinzième et dernière incursion dans le cinéma fantastique de Ray Harryhausen, le maître des trucages conçus "image par image", créateur d’effets spéciaux qui ont marqué l’histoire du cinéma à travers des films comme "Le 7ème Voyage de Sinbad" (1958) ou "Jason et les Argonautes" (1963). Et pour la première fois, il aura bénéficié d’un gros budget, grâce à la M.G.M., et travaillé sur un film tourné en 70 mm et enregistré en Dolby Stereo. Ce travail d’animation lui aura demandé quinze mois de travail.
Mais on aurait tendance à oublier le metteur en scène, moins prestigieux, et non spécialisé dans ce genre cinématographique : Desmond Davis. Ce réalisateur a été choisi grâce à sa remarquable direction d’acteurs, un art difficile dans lequel il bénéficie d’une très forte réputation. Et il en a fallu pour tempérer les caractères affirmés d’acteurs pour la plupart issus du théâtre, et non des moindres : Laurence Olivier, qui incarne Zeus, Claire Bloom (Hera) et Maggie Smith (Thetis). Les rôles de Persée et Andromède ont échu quant à eux à deux jeunes acteurs ayant aussi une expérience du théâtre : Harry Hamlin (un choix qui sera contesté par beaucoup alors que l’acteur est pourtant diplômé dans ce domaine) et Judi Bowker. Ce choix dans le casting, et le fait que Davis ait aussi adapté plusieurs pièces de Shakespeare pour la télévision, donne au film un côté "tragédie grecque" fort à propos puisque nous sommes en pleine mythologie.
D’ailleurs, on peut noter que certaines libertés ont été prises avec elle. Le kraken, par exemple, est une créature issue de la mythologie nordique. Quant à Diaskilos (le chien à deux têtes) et Calibos, ils ont été purement et simplement inventés pour les besoins du film. Si Diaskilos est évidemment inspiré de Cerbère, le chien gardant la porte des Enfers, il semblerait que Calibos tire son origine du personnage de Caliban, dans "La Tempête" de Shakespeare.
Enfin, la musique, composée par Laurence Rosenthal, est remarquable, et accompagne fort harmonieusement cette fresque mythologique.
Que dire aujourd'hui de ce "Choc des Titans" ? La plupart d'entre nous l'ont vu, et il fait partie de ces films que l'on pourrait aussi bien classer dans le cinéma traditionnel que dans le cinéma de genre. Et, dans cette seconde optique, il pourrait tout aussi bien y figurer en tant que chef d'oeuvre ou comme un nanar absolu. On a reproché notamment au film une réalisation peu inspirée de la part de Desmond Davis, complètement novice en matière de fantastique, et un choix malheureux en la personne de Harry Hamlin pour incarner le héros Persée. Hamlin, bien plus connu pour être une vedette de soaps, est loin d'avoir rallié tous les suffrages. Sans oublier le fait qu'en 1980, le péplum était un genre disparu depuis une quinzaine d'années, et vouloir en réaliser un, dans un cadre fantastique de surcroît, était un pari osé.
Avec le recul, je trouve que le film a conservé une certaine patine, un charme désuet, aidé en cela évidemment par le travail de Harryhausen. Et si les trucages conçus "image par image" s'avèrent dépassés depuis l'avènement de l'image de synthèse, je reste pour ma part beaucoup plus sensible et admiratif envers un homme comme Harryhausen que pour tous les techniciens réunis d'un studio comme ILM. On peut qualifier "Le Choc des Titans" de kitsch, ou de ringard, il n'en est pas moins sympathique, et un agréable divertissement. Un film que l'on peut prendre au premier ou au second degré, et apprécier à tout âge. Le dernier péplum mythologique à ce jour (et ne me dites pas que Troie en est un). Qui osera prendre la relève ?
Note : 7/10
Flint
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