Six minutes pour mourir
Titre original: Fear Is The Key
Genre: Thriller , Action , Aventures
Année: 1972
Pays d'origine: Royaume-Uni
Réalisateur: Michael Tuchner
Casting:
Barry Newman, Suzy Kendall, John Vernon, Dolph Sweet, Ben Kingsley, Ray McAnally...
 

- John Talbot, propriétaire d'une petite compagnie aérienne, est en contact avec l'un de ses avions en route vers la Floride. C'est en direct qu'il assiste à l'attaque de l'avion : des rafales de feu, des cris et puis... silence radio !
- Deux années ont passées. On retrouve Talbot en plein procès pour avoir volé une banque. Accusé d'avoir tué un policier, Talbot semble paniquer avant de prendre une jeune femme en otage, de voler une voiture, puis de s'enfuir. Pourchassé par des voitures de police, il parvient toutefois à les semer. Comme si un problème n'allait jamais seul, il est alors traqué par Herman Jablonski, un détective tenace, lequel lui apprend bientôt qu'il a kidnappé Marie Ruthven, la fille d'un multimillionnaire travaillant dans le pétrole. Alors qu'il est fait prisonnier, voici que les assistants du général Ruthven l'embauchent pour louer ses services et aller récupérer une cargaison d'or tapie au fond de la mer, dans une épave d'avion...

 

 

Le nom d'Alistair MacLean est bien connu des cinéphiles, voire des simples spectateurs puisque ce romancier d'origine écossaise, spécialisé dans les thrillers d'aventure, a vu quelques uns de ses écrits portés à l'écran, souvent avec le succès que l'on sait. Ainsi, en dehors de "The Guns of Navarone" par Jack Lee Thompson en 1961, "The Last Frontier" (Le Dernier Passage) écrit en 1959 puis adapté deux ans plus tard par Phil Framed Karlson, "Ice Station Zebra" par John Sturges en (1963/1968), citons encore le riche en péripéties (et en téléphérique) "Where Eagles Dare", adaptation de "Un triple vaut trois doubles" dans lequel les Alpes autrichiennes rendaient tant muet Clint Eastwood que ce dernier se voyait contraint de travailler au silencieux.
D'autre romans mériteraient d'être cités, notamment pour leur illustration réussie à l'écran. Il en va ainsi de "Commando pour un homme seul", réalisé par Etienne Périer et campé par Anthony Hopkins, le très grisant "Solitaire de Fort Humboldt" et son Bronson impérial ou même encore "Puppet on a Chain" de Geoffrey Reeve. Un romancier souvent présent au générique des adaptations de ses livres, ce en tant que scénariste. Notons que l'écrivain prendra un tournant plus ludique vers la fin des années 70, se citant lui-même et ses personnages, faisant tourner de manière volontaire son oeuvre à la farce. Bien entendu, la qualité des films adaptés s'en ressentiront ("Le secret de la banquise", "L'ouragan vient de Navarone"), mais nous restons là dans sa meilleure période, Fear Is The Key ayant été écrit pas ses bons soins en 1961...

 

 

Le nom de Michael Tuchner est quant à lui un peu moins réputé. Ce dernier a passé une grande partie de sa carrière à bosser pour la télévision (séries à l'origine, puis téléfilms ensuite), s'acquittant de manière plus ou moins honorable de ces commandes en tous genres. De temps en temps, on lui confie la direction de quelques projets pour grand écran, ainsi Disney avec "Meurtres à Malte", une comédie thrilleresque avec Margot Kidder. Pourtant, l'homme est avant tout responsable de deux belles réussites du récit criminel mouvementé et malcommode, deux films que le temps a tendance à occulter : "Salaud" (Villain), un polar très violent, sans ambages, dans lequel Richard Burton et Ian McShane excellaient, et ce Six minutes pour mourir, récit de vengeance sous couvert d'aventures qui prend des ramifications parfois brutales et pour le moins inattendues.
Soit, le récit en amont du célèbre romancier n'y est peut-être pas étranger, mais quelles qu'en soient les raisons, son illustration à l'écran est un petit régal. De révélation en révélation, de rebondissement en rebondissement, Fear Is The Key se relève chaque fois qu'il est proche de la stagnation. En référence à son titre original, disons que chaque énigme possède une réponse dont les clés sont la peur. Pour faire un mauvais jeu de mots, la vérité éclatera ici comme étant la somme de toutes les peurs, ce dans un jeu de dupes où qui croit manipuler l'est deux fois plus ; à son insu bien sûr.

 

 

La première partie de Six minutes pour mourir avance à la fois sur un schéma de prime abord fragmenté et un tempo allant crescendo : notre héros assiste à un meurtre, on le retrouve au procès, s'ensuit une prise d'otage, puis une chasse à l'homme toute faite de poursuites en voitures (impressionnantes pour le moins), avant de se poser à mi-chemin et après avoir pratiqué du hors-piste d'apparence. Les ramifications semblent nombreuses, les raisons de John Talbot paraissent troubles, celles des personnes qu'il croise dans son périple, non moins.

La seconde partie est celle des révélations, quasi en pagaille. Autant dire que si la rencontre entre Barry Newman ("Point limite zéro", pour rappel) et Suzy Kendall (La loi du talion, histoire de ne citer que le précédent) accouche de l'addition escomptée, John Vernon est parfait comme de coutume. Idem pour le jeune Ben Kingsley, dont c'est ici le premier film pour le cinéma et qui se montre parfait en vermine d'arrière-plan ou de tapisserie. Cette seconde partie est par ailleurs davantage marquée du sceau de l'aventure James Bondienne : pas de gadgets à proprement parler, ni même de véritable espionnage, mais le final réserve un bien beau moment de cinéma sous-marin, l'impression bondienne étant renforcée par l'un des thèmes faisant partie de la sublime partition composée par Roy Budd, celui-ci louchant à s'y méprendre vers une ou deux variations de John Barry, destinées à l'agent 007.

 

 

Malgré quelques diffusions télé intempestives, Fear Is The Key est l'une des bien chouettes illustrations d'un roman échevelé d'Alistair MacLean. Celui-ci est devenu trop rare pour ce qu'il vaut, d'autant qu'on ne s'y ennuie pas un seul instant.


Mallox

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