Terreur dans la montagne [TV]
Titre original: A Cold Night's Death
Genre: Science fiction , Thriller , Agressions animales
Année: 1973
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Jerrold Freedman
Casting:
Robert Culp, Eli Wallach, Michael C. Gwynne...
Aka: Terreur sur la montagne / The Chill Factor
 

Robert Jones (Robert Culp) et Frank Enari (Eli Wallach), deux scientifiques, sont envoyés à Tower Mountain, une station de recherche, afin de remplacer l'un de leurs collègues, le Dr. Vogel. Ce dernier a donné l'alerte malgré lui et c'est raide mort gelé que les deux hommes, accompagnés de Val Adams, leur pilote, le trouvent suspendu au micro. Dans le même temps ils trouvent tous les singes du laboratoire dans un état d'hypothermie mais néanmoins toujours vivants. Leur survie est expliquée par la présence de réacteurs ayant réchauffé la pièce jusqu'à maintenir la température supportable pour l'organisme, tandis que Vogel était quant à lui enfermé dans une petite pièce de transmission, à part, la fenêtre ouverte, qui plus est par près de -30°C.
Outre le pilote qui une fois les avoir déposés s'en ira, les deux chercheurs amènent avec eux un nouveau chimpanzé, ce, afin de lui faire subir de nouveaux tests, notamment d'endurance météorologique.
Peu à peu, des événements étranges vont surgir : les primates du laboratoire semblent s'agiter de manière excessive, comme s'il y avait une autre présence, menaçante, dans la station polaire, tandis que les portes ou fenêtres sont retrouvées ouvertes. Dans le même temps, on les prévient que Vogel n'est pas mort de crise cardiaque. Jones est de plus en plus persuadé qu'il y a quelqu'un d'autre dans cet endroit. Enari est plus sceptique...

 

 

Terreur dans la montagne est donc une production américaine tournée pour la télévision. Celle-ci eut droit à sa diffusion le 30 janvier 1973 sur le réseau ABC avant que son scénariste ne glane un prix fort mérité aux Edgars 1974 pour "meilleure contribution à un téléfilm ou une mini-série". Une histoire écrite par un vieux briscard du genre S.F. si j'ose dire puisqu'il s'agit de Christopher Knopf qui, dès 1957, imaginait le script de "À des millions de kilomètres de la terre", illustré à l'écran par Nathan Juran. Sa carrière sera ensuite jalonnée de nombreuses contributions à des westerns ("Violence dans la vallée", "Le diable dans la peau", des épisodes pour les séries "Au nom de la loi", "L'homme à la carabine", "La grande vallée", "Cimarron" ...), ce juste avant d'imaginer cette histoire puis de croiser ensuite la route d'un certain Robert Aldrich, écrivant pour ce dernier les scénarios de "L'empereur du Nord", "La brigade du Texas" ou encore le très amer, coriace et sous-estimé "Bande de flics".
C'est un certain Jerrold Freedman qui transforme cette histoire à l'écran. Méconnu, Freedman est pourtant réalisateur, scénariste et producteur. On lui doit, en plus d'un des segments, la réalisation de six épisodes de la série Night Gallery.
Travaillant principalement pour la télévision, celui-ci a cependant tourné à trois reprises pour le grand écran. D'abord "Kansas City Bomber", un drame sportif sur fond de derby roller avec Raquel Welch et Kevin McCarthy, il faut bien le dire, oublié aujourd'hui ; un Bronson passable mais pas plus, "Chicanos, chasseur de têtes", qui reste cependant son fait d'armes le plus célèbre ; enfin, l'adaptation à ce jour également oubliée du roman le plus célèbre de Richard Wright, "Native Son", avec Victor Love et Matt Dillon. En tant que réalisateur, Freedman n'a rien d'un génie, toutefois il s'acquitte généralement de ses tâches sans déshonneur.

 

 

Quant à A Cold Night's Death (littéralement "La mort par une nuit froide"), il doit sa réussite, outre à son scénariste, à la somme des talents de ses contributeurs, derrière comme devant la caméra. Véritable huis-clos en station polaire par -28°C, à l'actif de Jerrold Freedman d'instiller d'entrée, et sans démentir, une ambiance à la fois gelée, d'isolement puis de paranoïa grandissante qui évoque fortement le "The Thing" de Carpenter à venir. Un hélicoptère en plan large dans une immensité glaciaire, un endroit, sorte de bunker confiné loin du monde, des kilos de neige ainsi que le bruit incessant du vent, voici l'ambiance posée.
L'histoire évoquée ci-avant est quant à elle d'une solidité à toute épreuve, permettant qui plus est et à bas coût, de livrer une singulière et troublante parabole sur la nature qui prendrait sournoisement sa revanche sur l'être humain. Jones et Enari, les deux personnages enfermés dans la station, vont dès lors se livrer à un étonnant jeu de chat et de la souris : le pragmatisme de l'un, menant à une révélation tant irréelle qu'elle mettra à mal le pragmatisme de l'autre. Les deux scientifiques vont ainsi évoluer dans un cadre irréel qui peu à peu va les dépasser jusqu'à les faire se méfier l'un de l'autre...

 

 

D'abord, ce chercheur retrouvé mort et dont Jones (Culp) suppute qu'il est décédé d'un fait extérieur, non pas par accident, ensuite ces portes et fenêtres qui ont la fâcheuse manie de s'ouvrir ou de se refermer là où les deux hommes passent, comme pour les emprisonner puis les faire mourir de froid (parano, quand tu nous tiens !). Des singes au comportement inexplicable, s'agitant en pleine nuit, agressifs, comme sous la menace d'une présence dont chacun ignore l'identité. Enfin, le chimpanzé nouvellement amené avec eux, très coopératif, qui sera retrouvé mort, manifestement assassiné.

La conclusion que finira par en tirer le scientifique bientôt lui aussi malmené, enfermé dehors (tandis que le second sera impuissant à lui porter secours), sauvé in-extremis juste avant d'être transformé en surgelé, est que pour chaque chose que les chercheurs font subir aux primates, les primates le leur font subir en retour.
Amenés dans la station pour des tests d'endurance météorologique, serait-il imaginable qu'ils leur fassent subir les même tests ? Serait-ce également de l'ordre du possible que la chose dont les singes ont peur ne soit finalement eux, les chercheurs, et qu'à chercher autour d'eux, ces derniers ratent l'évidence ? Et puis ce pauvre chimpanzé retrouvé sauvagement tué, baignant dans une mare de son propre sang, ne serait-il pas aux yeux des autres singes un traître à leur cause ? ...

 

 

Voici donc le programme de Terreur dans la montagne, un téléfilm qui vaut bien des films imaginés pour grand écran, d'autant que les prestations de Robert Culp (le plus loquace) et de Eli Wallach (plus sobre qu'à l'accoutumée) sont toutes deux remarquables.
La caméra de Jerrold Freedman se promène peureusement à travers les couloirs de cette station-bunker, distillant une claustrophobie et un mystère tenaces tandis que la superbe musique synthétique signée Gil Melle (Le mystère Andromède, Danger Doberman, New York ne répond plus, ...) achève d'en faire une véritable réussite, finissant même par faire froid dans le dos.
A noter qu'il eut la faveur d'une diffusion en France sur feu la 5 avec un générique spécifiant Terreur sur la montagne. Inutile de rajouter je crois qu'une petite exhumation serait pour le coup fort bienvenue...


Mallox

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