Blood Orgy of The She-devils
Genre: Horreur
Année: 1972
Pays d'origine: Etats-Unis
Réalisateur: Ted V. Mikels
Casting:
Victor Izay, Lila Zaborin, Tom Pace, Leslie McRae, William Bagdad, Annik Borel...
 

Après les astro-zombies et les corpse grinders, here come the she-devils ! Pour les besoins de son troisième long-métrage à teneur horrifique, Ted V. Mikels, alias l'homme aux bacchantes du Diable, se barricade à double tour dans sa propriété californienne pour mieux potasser ce qui constituera le sujet de son prochain film : la sorcellerie. Entouré d'ouvrages spécialisés, Mikels se plonge dans le monde de l'occulte une semaine durant jusqu'à en tirer un scénario qu'il juge satisfaisant. Au vu du résultat à l'écran, on est plutôt en droit de se demander si le bonhomme n'a pas préféré troquer pendant son séjour de brain-storming sa machine à écrire et ses lunettes pour une raquette de badmington et un volant tant l'ensemble apparaît comme le "travail" d'un être à l'esprit désordonné.

 

 

En fait, Mikels nous refait le coup de son bordélique "Astro-zombies" : celui de l'histoire originale sabordée par son surplus d'excentricité que ne suit pas un budget rachitique. L'idée de départ est pourtant ici fort simple : une communauté de sorcières modernes (un peu comme celle présentée par Ray Austin en 72 dans La sorcière vierge) régie par une matriarche aux pouvoirs dévastateurs du nom de Mara (sous les traits de Lila Zaborin) perpétue la propagation du mal en sacrifiant des hommes, en piochant de préférence dans les propres compagnons de chaque membre de la confrérie. Bien sur, de bons samaritains réfractaires aux pratiques de Mara lui barreront la route, tel le Dr. Helsford ou encore le jeune Mark dont la fiancée Lorraine possède sa carte d'adhérente au club de la magie noire.

 

Tout ceci parait dangereusement cohérent. L'inconvénient majeur, c'est que Mikels se fout éperdument de ses personnages. Et quand il ne néglige pas les moeurs des protagonistes principaux, il préfère intégrer sauvagement toujours plus de nouvelles têtes au récit qui semblent débarquer par une porte dérobée et dont on ne saura rien. Je pense en particulier à un trio de sorciers "du Bien" conviés en toute fin de bobine par Helsford pour endiguer les sabbats de Mara, et dont l'ajout au scénario semble être le fruit d'une improvisation de dernière minute. Comme c'est le cas d'ailleurs concernant une poignée de séquences sans queue ni tête, insérées dans l'urgence et au petit bonheur la chance, ce visiblement pour tenter de gonfler un script de base bouffé aux mites.

 

 

Interviennent ainsi pêle-mêle des séances de spiritisme et de possession, des flash-backs injustifiés décrivant les horreurs de l'Inquisition (assez corsées au passage, dont la lapidation d'une sorcière par des villageois déchaînés et un mioche fouetté à mort sous les yeux de sa mère envoyée au bûcher), des scènes de danses tribales emmenées par la fabuleuse Leslie McRae, danseuse confirmée (qui agitait déjà son joli croupion en 68 dans le "Girls in Gold Boots", du même Mikels) mais piteuse actrice, une séquence absurde de sacrifice dans un village indien n'entretenant aucun rapport avec le reste du film, Lila Zaborin qui crève, plombée, puis qui ressuscite sous la forme d'un chat noir, qui se transforme plus tard en chauve-souris, des adeptes de la magie blanche qui balancent des rayons laser du bout de leurs doigts, etc.

 

Au moins, on peut décemment affirmer que Mikels ne trompe pas son audience tant le cahier des charges "sorcellerie" déborde de partout, les amoureux d'ésotérisme en auront donc pour leur argent. Toutefois, devant ce déluge chaotique d'idées partant dans tous les sens et rappelant parfois la griffe du "tio Franco", pas mal de spectateurs facilement exposés à la migraine trouveront à y redire mais c'est aussi ça le bis : de l'exubérance, une bonne plâtrée de folie et tant pis pour la cohérence. Les bisseux justement, ils sonderont avec délectation les tréfonds du casting qui leur réserve deux surprises, en dehors de la troupe habituelle gravitant autour de Mikels (qui s'approprie ici un micro-rôle dans les bottes d'un inquisiteur), les Tom Pace, William Bagdad, Curt Matson et Jean Passe. La première, c'est la présence de notre Annik Borel nationale (Bisontine d'origine), dans le rôle de l'une des disciples du culte de Mara, sulfureuse blonde immortalisée à jamais par son rôle de Louve sanguinaire dans le film du même nom de Rino di Silvestro. La deuxième, c'est la courte apparition de John Rico en sorcier-purificateur, l'inoubliable "Capitaine" du "Les démoniaques" de Rollin, parachuté dans Blood Orgy of The She-devils par on ne sait quel concours de circonstance. A raté, raté-et-demi donc. Là ou certains hurleront au navet, d'autres trouveront leur compte dans ce joyeux foutoir, agrémentant par là même le film d'une patine très bis. Pour ma part, j'ai déjà choisi mon camp.

 

 

Throma
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