Santa Sangre
Genre: Horreur , Fantastique , Slasher
Année: 1989
Pays d'origine: Italie / Mexique
Réalisateur: Alejandro Jodorowsky
Casting:
Axel Jodorowsky, Blanca Guerra, Guy Stockwell, Thelma Tixon, Sabrina Dennison...
 

Commencé dans une cellule d'hôpital psychiatrique avec un homme nommé Fenix se prenant pour un aigle, le film se termine dans la rue, avec le même semblant libéré de sa folie.
Que ceux qui n'ont pas vu le film se rassurent: en disant cela, je ne dévoile pas grand-chose, la fin étant irréductible à ces quelques mots. Le film continue d'ailleurs à vivre dans l'esprit de ses spectateurs bien après qu'il soit terminé et une vision unique est loin de pouvoir l'épuiser.

 

 

L'histoire est celle de Fenix, l'enfant magicien du Circo del Gringo, le gringo en question étant son père, lanceur de couteau et alcoolo (ce qui, convenons-en, est plutôt risqué), exilé au Mexique parce qu'il aurait tué une femme aux Etats-Unis.
Fenix est aussi le fils de Concha, une femme aussi belle qu'exaltée, une folle de Dieu qui vénère le Sang Sacré (Santa Sangre) dans une église païenne vouée au culte de Lirio, une jeune fille qui se fit couper les bras et violer avant de mourir dans une mare de sang.
Lorsque le père de Fenix, Orgo, se met à lutiner la peu farouche femme-tatouée aux formes girondes, le drame originel qui va faire sombrer l'enfant magicien dans la folie se noue rapidement. Surpris dans leurs préliminaires, Orgo se fait asperger le sexe d'acide par une Concha aux yeux plein de folie meurtrière.
Il la plaque alors contre la cible de lancers de couteaux, lui tranche les deux bras la transformant en icône et martyre du Santa Sangre. Puis, chancelant, il se tranche la gorge, sous les yeux de son fils impuissant, enfermé dans sa caravane...

 

 

De ce moment dramatique et sanglant vont découler toute une série de meurtres commis par un Fenix adulte échappé de son hôpital psy et qui retrouve sa mère pour une relation incestueuse et criminelle.
Plaqué à son dos, il lui donne ses bras et ses mains aux ongles vernis de rouge, pour des spectacles de music-hall et pour tuer les femmes qui ont le malheur de lui avoir plu ou de l'approcher de trop près.
Partageant son lit avec sa mère, il ne vit plus que pour et par elle, l'esprit totalement dominé par cette matriarche aux pulsions de mort particulièrement marquées et dans une relation oedipienne trouble et malsaine.
Difficile d'en dire plus sans en dire trop, le film fourmillant de personnages bigarrés, du nain Aladin, fidèle serviteur de Fenix, à la douce Alma, la jeune sourde-muette "protégée" de la femme-tatouée et amour d'enfance de Fenix, en passant par un maquereau et une grosse prostituée, des soldats en goguette, un catcheur travesti et quelques mongoliens.
Difficile aussi de faire ressentir une ambiance construite au fil de séquences portées par la musique, aux dialogues assez peu nombreux et se déroulant dans des lieux aux multiples possibilités visuelles: le cirque, sa parade, sa piste et ses acteurs; la secte du Santa Sangre, son icône, sa mare de sang et ses sectateurs aux costumes rouge; "l'enterrement" de l'éléphant à la décharge, don de son corps aux pauvres du bidonville dévalant les pentes pour se l'approprier; la maison de Fenix et ses pièces propices aux ressorts dramatiques; les scènes de spectacle; le "cimetière" des victimes...

 

 

A la fois film d'horreur, de par ses quelques séquences sanglantes particulièrement réussies, film fantastique, la confusion mentale de Fenix, victime d'hallucinations récurrentes, étant parfois aussi le lot du spectateur, qui a alors du mal à faire la part des choses et à savoir ce qui est réel et ce qui ne l'est pas, le film est aussi celui d'un amour destructeur, celui d'un fils et de sa mère, et d'un amour salvateur, celui d'un jeune enfant de la balle et d'une jeune fille sourde-muette où, si la passion n'a pas de mots, les regards tendres et les gestes complices peuvent lui donner naissance.
Si la mort rôde et frappe tout au long du métrage, aidée de ses auxiliaires fidèles que sont la folie et la cruauté, elle ne parvient pas néanmoins à vaincre un adversaire pourtant fragile: la vie, suspendue au fil d'un espoir maigre et dérisoire, celui de la liberté retrouvée d'un Fenix renaissant de ses cendres.

 

 

 

Bigbonn
 
A propos du film :
 
# "santa Sangre" a reçu la Licorne d'or au Festival international de Paris du film fantastique et de science-fiction en 1989.
 
En rapport avec le film :
 
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