Homme sans mémoire, L'
Titre original: L'uomo senza memoria
Genre: Giallo , Thriller
Année: 1974
Pays d'origine: Italie
Réalisateur: Duccio Tessari
Casting:
Senta Berger, Luc Merenda, Umberto Orsini, Anita Strindberg, Bruno Corazzari, Manfred Freyberger, Tom Felleghy...
Aka: La Trancheuse infernale / Attention Tueur / Puzzle
 

Edward Wollen, surnommé Ted est, à la suite d'un accident suivi d'une commotion cérébrale devenu amnésique. A sa sortie de l'hôpital le voici qui reçoit un télégramme de sa femme Sara dont il n'a bien sûr aucun souvenir, celle-ci lui demandant de venir la rejoindre en Italie. Sur place, il se rend vite compte que celle-ci n'est pas l'auteur du télégramme et que son retour semble très attendu par plusieurs personnes. Alors que sa mémoire lui échappait complètement jusque là, les situations et l'apparition de certaines personnes appartenant à son passé, vont l'aider à en recouvrer une partie. Edward se verra tout d'abord pris à parti par un ex- complice (Bruno Corazzari) avec lequel il semble s'être livré avant l'accident à un trafic de drogue. Le brigand est en quête de l'héroïne disparue et semble t-il spoliée juste avant la commotion de son comparse, et ce, pour une valeur d'un million de dollars… normal alors que les personnages se mettent à graviter autour de lui, avides de savoir où est passée cette drogue ou son équivalent. Normal alors qu'une ex-maîtresse le branche comme ça dans la rue de façon intempestive, logique aussi que le nouveau mari de sa femme soit si sympathique et avenant, normal qui plus est que le chien de sa femme se fasse égorger, et là, on pourra parler de Giallo Canin en marche, mais n'en dévoilons pas trop...

 


J'aurais bien aimé pour le bon mot affirmer ici que "L'homme sans mémoire" est un Giallo mémorable, il n'en est malheureusement rien. On pourra même se demander si nous sommes en présence d'un véritable Giallo ou bien d'un Thriller flirtant à la lisière du genre, question assez vaine selon moi car à force de tout catégoriser de la sorte, on scelle soi-même les codes des genres là où on est en droit de les apprécier détournés, violentés, non respectés. Et c'est bien de cela dont il s'agit ici avec derrière le projet scénaristique de base l'ineffable expert Ernesto Gastaldi qui semble ici prendre un malin plaisir à jouer avec les codes du genre susnommé, balançant pas mal d'accessoires qui lui sont propres pour s'en gausser un peu, les prendre même parfois avec un certain cynisme dilettante. En témoigne une panoplie présente (lame de rasoir, vues subjectives) mais avec laquelle le premier meurtre sera perpétré sur un teckel ! A noter du reste que très rapidement l'on aura tendance à oublier de rechercher l'identité du tueur pour se concentrer sur le recouvrement d'identité d'Edward campé de façon nonchalante par l'incontournable Luc Merenda qui traverse le film comme s'il était en balade ce qui donne une dimension sympathique à cet "homme sans mémoire" tout en contribuant à contrario à la fadeur de la mise en scène.

 


Le talent de Duccio Tessari n'est certes pas à remettre en cause, celui-ci ayant offert quelques films forts distrayants comme "Un pistolet pour Ringo" et sa séquelle, "Les Grands fusils" avec Alain Delon ainsi qu'un petit modèle de péplum fantaisiste ("Les Titans") en début de carrière. On ne peut pas dire cependant que sa mise en scène soit ici très brillante et hormis quelques éclats ici et là, tout cela semblerait même assez fade et surtout sans véritable enjeu dramatique ou de réel suspens alors que son support scénaristique emprunte en vrac à "La Maison du docteur Edwardes", "Charade", ou encore "Diaboliquement vôtre" tourné par Julien Duvivier quelques années auparavant et avec la présence de Senta Berger que l'on retrouve ici avec plaisir. On pourra préférer son précédent "Una Farfalla con le ali insanguinate" qui par ce même côté ludique omniprésent et jouant également avec le genre, offrait finalement un spectacle plus surprenant quand bien même il ne restait qu'à demi convaincant. Il faut bien le dire, si le scénario de Gastaldi tient bien la route, jouant avec le spectateur en retardant les éventuelles scènes chocs tout en nous montrant un peu de la panoplie giallesque via la présence de repères visuels évoqués ci-dessus, la mise en scène de Tessari se fait pour le coup très terne, faisant ressembler le film à un cardiogramme un peu trop platounet pour soutenir l'attention de façon ténue et conséquente. Finalement à mi-parcours et avec le sentiment d'être un peu dupé, on pourra facilement laisser son esprit errer quelque part ailleurs.

 


Si la mise en scène est molle et peu inspirée, "L'uomo senza memoria" parvient par moments à se racheter grâce à quelques qualités non négligeables comme la présence d'acteurs de qualité. N'étant pas fan de Luc Merenda ("Torso"/ "Pension Paura" pour ne citer que ses apparitions giallesques), force est d'admettre que sa décontraction passe plutôt bien et est peut-être la seule chose dans le ton qu'aurait certainement voulu donner Ernesto Gastaldi. Ailleurs on a déjà cité Senta Berger qui campe une épouse convaincante, peut-être même trop: il conviendra au spectateur de s'en méfier. Ailleurs si Bruno Corazzari paraîtra peu dangereux et menaçant là où son rôle semblait l'exiger, la belle Anita Strindberg bien qu'en retrait arrive à faire passer un peu n'importe quoi comme cette scène de retrouvailles (qu'on devine calculées) où elle se rue sur son ex-amant, lui roulant directement une pelle comme si de rien n'était. On la remerciera de sa présence même si elle ne semble pas non plus très bien mise en valeur. Il faut le dire, on est loin de sa prestation magistrale de "Qui l'a vue mourir ?" d'Aldo Lado pour n'en citer qu'un. Celui qui remporte peut-être la partie reste finalement le sympathique Umberto Orsini dans un rôle d'homme avenant et tolérant, et donc, inutile presque de le préciser, il conviendra de se méfier encore plus de sa jovialité de chaque instant. Bon, mais alors l'action dans tout ça ?

 


Et bien elle est rare et se fait donc (trop) attendre. Notons également que la composition de l'ami Gianni Ferrio reste assez faible et ne contribue pas avec ses accents quelque peu Prisunic à la réussite de l'entreprise. Allez savoir si un Nicolai ou un Morricone auraient su élever davantage la chose. En attendant, il faudra donc patienter jusqu'aux dix dernières minutes pour avoir enfin droit à une scène de violence graphique qu'on pourra trouver superbe et reconnaître en même temps à l'intérieur de celle-ci, un geste défensif qui sera repris dans le futur "Pulsions" de Brian de Palma : renversé d'un geste de kickboxing de notre héros amnésique, l'horrible comploteur tombera à plat ventre sur une tronçonneuse ronronnant sournoisement à terre et sentira bien les mauvaises vibrations passer ! Au préalable Senta Berger aura tenté de couper en deux l'ordure à ses trousses, mais en heurtant obstinément une chaise au lieu de lui en balancer un coup par surprise dans les jambes. M'enfin il est facile de dire ce que l'on aurait fait lorsque l'on est simple spectateur et puis ma foi dans le feu de l'action et pour le plaisir de la tension formelle, je ne vais personnellement pas cracher dessus.

Pour finir ici donc et pour résumer, Duccio Tessari nous offre un spectacle trop terne et qui ne parvient pas à rendre totalement la dimension ludique offerte par son scénariste mais qui est parfois positivement contrebalancé par des acteurs convaincants puis de bonnes scènes. Ni plus ni moins que moyen donc.

 


Note : 5/10

 

Mallox

 

En rapport avec le film :

 

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