Furie - Carlotta Films
Écrit par Mallox   

 

DVD 9 – Nouveau Master restauré

Edition collector 2 dvd (limitée à 3000 ex)

Editeur : Carlotta Films
Pays : France

Sortie film : 24 janvier 1979 (France) / 10 mars 1978 (Etats-Unis)
Sortie dvd (& blu-ray) : 23 octobre 2013

Image : Format 1.85 respecté (16/9 compatible 4/3)
Audio :
- Anglais (Dolby Digital 1.0) / (Dolby Digital 4.0)
- Français (Dolby Digital 1.0)


Langues : anglais, français
Sous-titres : français


* Disponible également en Blu-ray

 

 

Disque 1 :

- Film
- Préface de Samuel Blumenfeld
- 4 entretiens d'époque (HD) : Brian De Palma (6'), Frank Yablans (7'), Amy Irving (5'), Carrie Snodgress (5')
- Bande-annonce

 

 

Disque 2 :

- "Du sang sur l'objectif" : entretien avec Richard H. Kline (dir. photo) (HD - 26')
- "Histoires de pivotage" : Fiona Lewis revient sur son personnage et sur sa dernière scène... culte (HD - 13')
- "Furie : journal de tournage" : Sam Irvin revient sur son expérience unique au coeur du tournage et sur la publication de son making of dans la revue Cinefantastique (HD - 48')
- Court métrage : "Double Negative" de Sam Irvin, hommage au cinéma de Brian De Palma (HD - 1984 - 16')

 

 

Commentaire : Inutile une fois de plus de se répandre outre mesure en louanges, soldons les aspects techniques de cette édition en disant qu'elle est tout simplement magnifique.

La restauration est parfaite, l'image est lisse, sans faille, avec ce qu'il faut de grain d'époque (notamment pour les trucages et visions télépathiques du personnage d'Amy Irving) tandis que le son, malgré peut-être un trop plein d'aigus lors de la première scène en Israël, le talonne de prêt. Donc, si seul le film vous intéresse, foncez, d'autant que les bonus présents sur ce double dvd sont d'un intérêt qui ne se dément que rarement. Au pire sont-ils plaisants.

 

 

En préface, Samuel Blumenfeld rappelle que le lien le plus évident, c'est celui qu'entretient Furie avec Carrie, notamment de part le thème de la télékinésie mais aussi (et surtout) le premier pouvant se voir comme une suite du second dans la mesure où l'un des derniers plans de "Carrie" voit justement Carrie tendre la main à Amy Irving, ce qui peut s'interpréter comme un passage de "pouvoirs surnaturels". Une présentation sympathique qu'il est sans doute préférable de voir après le film plutôt qu'avant. Pas tant que Blumenfeld en dévoile trop mais les images appuyant ses propos, elles en revanche, en dévoilent peut-être trop.

Le plus intéressant (et étonnant, au final) c'est d'apprendre que Furie n'est pas un projet personnel de De Palma. Celui-ci, après Carrie, n'avait qu'une idée en tête : adapter à l'écran "L'homme démoli" (The Demolished Man)", un roman de science-fiction d'Alfred Bester, se situant dans un 24ème siècle au sein duquel la télépathie est devenue courante, notamment pour arrêter les assassins avant qu'ils n'agissent. Le projet ne trouvant financement, De Palma intègrera finalement cette télépathie (en plus de la télékinésie) dans Furie.

Finalement, à bien regarder (on sait par exemple que Pulsions n'était pas prévu lui non plus et s'est retrouvé affublé de transsexualité de par un projet plus personnel traitant de ce sujet), l'on s'aperçoit à rebours, que les thrillers qui ont rendu De Palma célèbre, sont des projets de seconde zone auxquels ce dernier a greffé des thèmes de projets personnels qui n'ont pu aboutir.

De même, Blumenfeld rappelle les traumatismes familiaux, comme un frère se mettant sur un piédestal et rêvant de dominer le monde que De Palma met régulièrement à l'écran. (le fils de Douglas ici, Scarface...). Un frère qui, soit dit en passant, finit à l'époque dans une secte.

Il est bon aussi de rappeler que la scène du manège ne doit rien à Alfred Hitchcock et son L'Inconnu du Nord-Express, celle-ci ayant été improvisée ; De Palma, à cette époque-ci, était fatigué de s'entendre dire qu'il ne faisait que pomper le "maître du suspens".

 

 

Toujours sur ce premier disque, et toujours sans trop vouloir en dévoiler (que le lecteur ne s'inquiète pas, outre quelques explications, il reste bien des choses à découvrir dans les bonus ici-présents), une série de courtes interviews par Carolyn Jackson, le tout sur une chaîne locale de télévision, durant les années 60 et 70.
Ainsi retrouve-t-on De Palma himself, un peu cynique ou nonchalant, selon, répondre amusé aux questions de son interlocutrice à propos le plus souvent des effets spéciaux ainsi que l'existence réelle ou non de la télépathie et de la télékinésie.
N'en dévoilons pas trop, mais au fil des invités (dont Frank Yablans, l'un des acteurs du film), Miss Jackson ne cesse de ressasser la frayeur que le film a suscité chez elle, posant qui plus est assez souvent les mêmes questions à ses invités. Outre le côté très cire-pompes de la journaliste, le spectateur pourra bien être surpris par l'investissement très poussé (et corroboré par De Palma) de l'actrice Amy Irving. Idem, d'une autre manière, pour l'actrice Carrie Snodgress, laquelle prouve lors de l'émission qu'elle ne manque pas d'humour.

 

 

Passons maintenant au second disque, et allons-y pour quelques mots à propos de ce que grosso-modo, il recèle...

Quatre bonus et pas des moindres. Comme indiqué sur la fiche technique, "Du sang sur l'objectif" est un entretien avec Richard H. Kline, directeur de la photographie sur Furie, et dont c'est l'unique collaboration avec le cinéaste. Ce dernier, sans complaisance apparente, nous dit avoir revu le film pour bien faire l'entretien et que rétrospectivement selon lui, il s'agit d'un des meilleurs films sur lequel il a travaillé. Vu sa filmographie, autant dire que ce n'est pas rien. Selon lui, dans Furie, la technique est imperceptible en plus d'être authentique et originale.

 

 

"Histoires de pivotage", n'est autre qu'une interview de Fiona Lewis (Le bal des vampires étant son premier rôle), laquelle joue dans le film et revient plus précisément sur son rôle. Mais pas seulement, elle revient elle aussi sur les aspects techniques très pointus de Furie ainsi que sur l'un des principaux effets spéciaux du film, expliqué par De Palma lors de l'interview avec Carolyn Jackson sur le premier disque. Elle parle également, de manière assez émue, de John Cassavetes qui, selon elle, était assez discret sur le tournage et plutôt pince-sans-rire. A l'écran, cette décontraction inquiétante n'est pas sans rappeler son rôle dans Rosemary's Baby. Mais, bien évidemment, Fiona Lewis raconte bien d'autres choses que je laisse découvrir à l'intéressé.

 

 

"Furie : journal de tournage" : Sam Irvin, tout comme Richard H. Kline, admet avoir revu le film pour l'occasion de l'entretien, et s'étonne lui-même de l'avoir, après tant d'années, revu autant à la hausse. Selon lui, l'industrie du cinéma, à l'époque, attendait autre chose, sans doute la même chose qu'avait livré auparavant le réalisateur. De ce fait, Furie a toujours été sous-estimé et classé injustement parmi les œuvres mineures de De Palma alors qu'il s'agit peut-être d'un de ses meilleurs films. Irvin rappelle que le film déborde de plans incroyables, d'une audace technique que l'on voyait peu au cinéma en 1978. Il rappelle également, entre autres détails passionnants, que la propriété dans laquelle se déroule une partie du film était à la base prévue pour y tourner Damien : la malédiction 2, mais que De Palma, voulant tourner au même endroit, employa quelques ruses et accords "irrégulièrement" obtenus pour la leur subtiliser, si bien qu'à la fin Damien 2 dut être tourné ailleurs. 47 minutes qui s'avèrent passionnantes, passant de l'équipe technique, aux acteurs, dont Cassavetes et ses ambitions de gros cachets hollywoodiens pour monter ses projets personnels, etc.

 

 

Enfin, on termine avec un court-métrage signé Sam Irvin, lequel lui rend hommage avec une histoire drolatique d'un film en train de se monter grâce à des bouts de ficelle, des chutes d'autres films (dont une première version reniée de Prends l'oseille et tire-toi !), et beaucoup d'ingéniosité, roublarde assez souvent. Bref, un portrait à peine voilé du cinéaste tel que Sam Irvin le captait en 1984. L'ensemble étant plutôt agréable et sympathique à regarder.

 

 

Bref, ce dvd (qui reprend donc l'essentiel des bonus du Blu-ray anglais Arrow Films), au-delà d'un film qui mériterait d'être réhabilité, et au regard d'autres oeuvres plus reconnues du même réalisateur, est à posséder sans aucun doute dans sa vidéothèque. Du boulot précis, intelligent, complémentaire niveau bonus, une copie splendide et un tout très peaufiné. Pour information, celui sort en dvd et en Blu-ray...