Interview Dominique Pinon
Écrit par Walter Paisley   


Interview réalisée le 20 novembre 2006.

Dominique Pinon est l'un des rares acteurs français à apparaitre régulièrement dans des productions fantastiques, horrifiques et/ou bis, et ce depuis pas mal de temps déjà. Dernièrement, sa carrière l'a orienté vers l'Angleterre et vers Johannes Roberts, qui l'a employé une première fois pour Darkhunters, puis dernièrement pour When Evil Calls, une série horrifique conçue pour les téléphones portables. Il a également tourné dans un court-métrage, Le Bon, la Brute et les Zombies. Attention, l'interview qui suit est assez courte, Dominique Pinon ayant été un peu pressé par un emploi du temps chargé.

 

Comment êtes-vous venu au cinéma ?

J'avais toujours eu envie d'en faire et j'y suis venu sur le tard. Je suis monté à Paris, j'ai suivi le cours Simon, puis j'ai tourné mon premier film avec Beinex, en 1981. En fait j'ai d'abord aimé le théâtre, et l'envie de devenir comédien m'avait été donnée par ma professeur d'anglais, qui nous avait emmené voir une pièce de théâtre de Beckett.

Vous avez tourné dans pas mal de films fantastiques, d'horreur. Appréciez vous ces genres autant que votre filmographie semble le suggérer ?

Oui, tout à fait, j'aime tous les genres. Regarder toutes sortes de films est important pour mon métier de comédien. Niveau fantastique, je citerais 2001 L'Odyssée de l'espace et le premier Alien. Évidemment, quand j'ai vu le premier Alien au cinéma, je n'imaginais pas que je me retrouverais à tourner dans la série, et ça a été une très grande joie.

Pensez-vous que l'intérêt du public et des producteurs français pour le fantastique soit moindre qu'aux Etats-Unis ou en Angleterre ?

Oui, tout à fait, je ne sais pas pourquoi... Je reçois beaucoup de scénarios de films fantastiques, mais ça ne va jamais au bout.

Il y a deux films qui nous intriguent particulièrement, à Psychovision, et qui sont assez méconnus dans votre filmographie, et dans lesquels vous n'avez pas forcément des rôles importants. D'abord, Si j'avais 1000 ans, fait en 83 par Monique Enckell . Quels souvenirs gardez vous de ce film, de son tournage ?

Je n'en ai pas beaucoup de souvenirs. Je n'ai même toujours pas vu le film !

Et du Cimetière des voitures, de Fernando Arrabal, également en 1983 ?

Ah, Le Cimetière des voitures, c'est un très bon souvenir. Arrabal est quelqu'un de très agréable, et le tournage était très plaisant, avec un bon casting, Bashung notamment.

Passons à des choses plus récentes. En 2004, vous avez tourné dans un court-métrage, Le Bon la Brute et les Zombies, d'Abel Ferry, aux côtés de Lloyd Kaufman, fondateur de Troma. Un très bon court-métrage, d'ailleurs. Que pouvez-vous nous dire à son sujet ?

Je ne l'ai pas encore vu, j'attends d'en recevoir une copie. Je vois souvent Abel, c'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup. Il est en train de travailler à un long-métrage. Pour Le Bon, la Brute et les Zombies, on s'est bien amusés, l'ambiance sur le tournage était excellente.

Lloyd Kaufman ne vous a pas proposé de rôles dans une production Troma ?

On devait se revoir pour en parler, mais ça ne s'est jamais fait. Il est à New York, et c'est difficile de se voir. Je l'ai rencontré pendant que je faisais Alien Resurrection, dans un marché du film au Mexique. C'est quelqu'un d'assez particulier, sympathique, fantasque...

Comment avez vous rencontré Johannes Roberts, avec lequel vous avez tourné une première fois dans Darkhunter, également en 2004 ?

Je l'ai rencontré au marché du film, à Cannes. J'en suis content, il est actuellement en train de se faire un nom en Angleterre.

Vous avez fini When Evil Calls, sorte de série horrifique anglaise réalisée également par Johannes Roberts, et conçue entièrement pour les téléphones portables. Comment vous êtes vous retrouvé sur ce projet ?

 


Tout simplement : il m'a appelé, et j'y suis allé.

Pouvez vous nous parler de votre rôle dans le film... Celui d'un policier d'origine française...

Oui, un policier franchouillard, un peu à la ramasse.

En quoi le tournage a-t-il été différent d'un tournage cinéma classique ? J'imagine que les différences se sont faites surtout sentir pour les techniciens, mais le format "téléphone portable" a-t-il changé quelque chose pour vous ?

Non, non, je ne savais même pas que c'était prévu pour les téléphones portables, c'est Johannes qui m'en a informé au téléphone. J'y suis allé comme pour un court-métrage classique.

La série est assez gore, avec également beaucoup de sexe... Savez-vous si un quelconque organisme de censure est intervenu auprès des producteurs de Zonemedia ?

Je n'en ai aucune idée...

La série est sortie en Angleterre pour Halloween. Mais sortira-t-elle en France, que ce soit par l'intermédiaire des sociétés de portables ou par un moyen plus classique, comme le DVD ou la télévision ?

Je ne peux pas vous dire.

Serez vous dans les prochains films de Johannes Roberts ? Vous êtes bien parti pour être un de ses fidèles collaborateurs, un peu comme vous êtes un fidèle de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet...

Pour l'instant, rien n'est prévu, mais pourquoi pas. Si Johannes me rappelle, j'y retournerai certainement. Pour Marc et Jean-Pierre, j'adore tourner avec eux, on est entre amis.

Pouvez-vous nous en dire plus au sujet de vos futurs films, notamment Dante 01, de Marc Caro et Roman de Gare, d'Hervé Picard ?

Dante 01, on l'a tourné au printemps, tout en studio. C'était un tournage assez éprouvant, physiquement. C'est une espèce de huis-clos, tourné dans des espaces assez étroits, avec beaucoup de plans-séquences. C'était assez passionnant en tout cas. Il y a une bonne bande de comédiens, Bruno Lochet, Bruno Levantal, Lambert Wilson, François Hadji-Lazaro, et je pense qu'on a fait du bon travail. Là, il y a un gros travail de montage que Marc est en train de faire.
Quand à Roman de Gare, c'est un cadeau extraordinaire. Un très très bon rôle, j'espère que je l'aurais réussi. Je finis le tournage aujourd'hui (20/11/2006). Avec des partenaires féminines géniales, Fanny Ardant et Audrey Dana. Le rôle est un cadeau, mais je ne peux pas vous en dire plus pour le moment. Pour moi, c'était un bonheur de tournage. Vraiment.

Enfin, au sujet de Daniel Emilfork, récemment décédé... Vous avez tourné à ses côtés dans La Cité des enfants perdus. Quels souvenirs garderez vous de lui ?

Je garderai le souvenir d'un homme très... intègre.



Dominique Pinon n'ayant pas suivi la distribution de When Evil Calls, nous avons questionné Lucy Halliday, la productrice exécutive :

La série est sortie en Angleterre pour Halloween. Mais sortira-t-elle en France, que ce soit par l'intermédiaire des sociétés de portables ou par un moyen plus classique, comme le DVD ou la télévision ?

Un DVD proposant des téléchargements sur PC sortira pour le nouvel an. Et la série sera bientôt disponible sur les téléphones portables français. Continuez à visiter le site, il se peut que nous annoncions les détails bientôt !

La série est assez gore, avec également beaucoup de sexe... Savez vous si un quelconque organisme de censure est intervenu auprès des producteurs de Zonemedia ?

En termes de censure, il y a des scènes dans When Evil Calls que certains spectateurs peuvent trouver choquantes. Mais malgré que ce soit avant tout de l'horreur, c'est aussi une série très marrante.
La censure sur les téléphones portables est quelque chose de compliqué. C'est un terrain peu sûr pour les producteurs. Il y a beaucoup à faire en termes de régulations... En Angleterre, il n'y a pas d'organisme qui détermine ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas pour les téléphones portables. Ce qui nous amène à nous réguler nous-même : c'est aux opérateurs de définir des classifications et des limites. Ce qui est rendu difficile par le fait que la plupart sont pour l'instant incapables de vérifier l'âge des utilisateurs.
Chacun d'eux aborde ça avec une perspective différente. L'une de ces perspectives est de tenter de faire comprendre au public le contenu de ce qu'ils proposent. Nous, de notre côté, nous avons coupé quelques scènes pour leur donner bonne conscience.
Il y a tout un tas des choses à gérer quand chaque opérateur a sa propre approche de la censure. Cela peut provoquer des délais, et dans certaines circonstances il est nécessaire de faire de nouveaux montages, d'inclure des messages d'avertissements, de limiter la mise à disposition de la série sur le portail aux horaires adaptés... Tout ceci réduit d'autant le public...
Mais même si nous respectons leurs décisions, nous avons cherché aussi à prendre des risques... Enfin, le Comité Indépendant de Classification des Films a été d'une grande aide pour tousceux qui ont travaillé sur la série, notamment Zone Horror et Pure Grass Films.