[M] [Critique] Un type étrange - Lucio Fulci (1963)

 
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mallox
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MessagePosté le: Mer Juin 02, 2010 11:21 am    Sujet du message: [M] [Critique] Un type étrange - Lucio Fulci (1963) Répondre en citant





Un type étrange - 1963
(Uno Strano Tipo)

Origine : Italie
Genre : Comédie / Musicarello

Réalisé par Lucio Fulci
Avec Adriano Celentano, Erminio Macario, Nino Taranto, Claudia Mori, Rosalba Neri, Gianni Agus, Luigi Pavese, Gino Santercole, Don Backy, Mario Brega…

Autre titre : The Strange Type


Nous retrouvons Adriano Celentano, accompagné de Giovanni (Erminio Macario), son impresario et agent, ainsi que son groupe « Les rebelles », en partance pour des vacances à Amalfi. Il ne faut pas moins de trois voitures pour tracter tout ce beau monde qui ne s’arrête jamais de jouer de la musique ou de chanter à même les véhicules. Enfin, des vacances, c’est vite dit ! Car notre Adriano a tout de même une idée derrière la tête. Celle d’aller demander la main d’Emmanuela (Donatella Turri), sa fiancée, à Mazzolini (Luigi Pavese), son père, un riche propriétaire assez peu commode et surtout très traditionaliste, pour ne pas dire conservateur. Il est peu dire que la chose n’est pas gagnée d’avance, d’autant qu’Adriano Celentano ne donne pas l’image d’un ange mais plutôt celle d’un démon subversif gavant la jeunesse de rock’n’roll.
Si la preuve était à faire, elle le sera dès que notre petit groupe arrivera à destination. C’est tout d’abord le garagiste (Mario Brega) qui refuse de lui faire le plein d’essence sous prétexte que Celentano est un impie. Puis l’accueil de la populace locale ne fait que confirmer la mauvaise image que draine notre crooner. Celle-ci se met à le traiter grossièrement sinon même à l’insulter sans que celui-ci ne sache pourquoi…



On ne tardera pas à connaître la raison à tout cela et c’est de méprise dont il s’agit. En effet, un drôle de sosie d’Adriano traîne ses savates dans les parages depuis un petit temps déjà. Il s’agit de Peppino, un homme pas méchant, à la limite de la débilité, qui plus est affublé d’un bégaiement et d’une démarche de gorille, mais dont la naïveté le conduit à se faire exploiter par un escroc sans scrupule, l’horrible Cannarulo (Nino Taranto). Peppino est un homme de basse classe. Celui-ci a mis involontairement enceinte Carmelina (Claudia Mori), une fille du peuple et est sans le savoir le papa d’un petit Pasqualino. Quant à Carmelina, elle croise bientôt sur son chemin notre star du yé-yé et le prend pour Peppino. Sans qu’il puisse dire mot, le voici alors en charge du bambin qu’il retrouve dans sa chambre d’hôtel ! Il aura beau vouloir s’en débarrasser par tous les moyens possibles et inimaginables, afin d’éviter tout scandale, que le chiard lui reviendra sans cesse dans les mains. D’équivoques en quiproquos, Adriano se prendra des jurons et baffes de toutes parts… mais pourquoi diable ?



Il s’agit là de la dernière collaboration entre Lucio Fulci et Adriano Celentano, et disons le tout de go, il s’agit de la meilleure des trois. On peut ranger Uno Strano Tipo autant dans le domaine de la comédie que celui du musicarello, genre dans lequel les deux hommes avaient déjà collaboré à leurs débuts pour livrer deux films sympathiques, I ragazzi del Juke Box et Urlatori alla sbarra. On ne répètera pas la passion de Fulci pour le Jazz, et la musique en général, mais il est clair que ce dernier tenait en grande estime notre Jerry Lewis transalpin, et avait deviné son talent et son potentiel ; c’est en tout cas bien autour de la star en devenir et de ses chansons que s’articule le scénario de cette comédie échevelée, débridée, ainsi que très riche en morceaux musicaux, tous très entraînants.
La légende veut que durant Uno Strano Tipo, Fulci ait demandé à l’artiste, qu’il prenait pour une véritable force de la nature, de faire une exhibition en direct en chantant l’un de ses hits du film « Impazzivo per te » (J’étais fou de toi), entouré de quelques protagonistes, dans la rue. Le tout fut tourné en pleine ville, dans des voitures de fortune, à la volée, puis ensuite inséré au film déjà tourné afin, d’une part, de lui instiller un rythme trépidant, mais aussi et surtout de capter de façon la plus réaliste possible une époque en train de se vivre. De fait, il y a des séquences étonnantes dans ce film-ci, où les gens, aux terrasses de café, par exemple, se mettent spontanément à danser, grâce à la frénésie communicative de Celentano.
On peut quoiqu’il en soit affirmer sans crainte que Fulci a non seulement su voir toutes les qualités de son poulain mais, qui plus est, a anticipé de presqu’une décennie, en mettant alors la star encore en herbe, en vedette, dès 1963 ; il a sans doute ainsi énormément contribué à sa renommée, laquelle n’a ensuite fait que croître jusqu’à ce que Celentano domine le Box Office des années 70 et 80.



Comme suggéré avant, l’avantage de Uno Strano Tipo sur ses premières collaborations avec Celentano est qu’à la différence des deux musicarelli purs déjà tournés, celui-ci se pare d’un scénario. Un scénario soit volontairement « hénaurme », dans la plus pure tradition du genre transalpin, mais un scénario qui fait souvent mouche, et en tout cas rire. Les premiers essais « fulciens » au sein de la comédie (Colpo gobbo all'italiana, Les faux jetons) ont sans doute contribué à sa maîtrise en ce domaine. Non content de filer la vedette au crooner, il lui refile ici carrément un double rôle. L’intelligence du réalisateur est, outre Celentano, de s’entourer ici d’acteurs de talents qui ont tous leur part à jouer dans le film et ses ressorts comiques. Bien entendu, on est content de retrouver dans le dernier quart d’heure une Rosalba Neri encore toute jeunette (même si ce n’est pas son premier film), de même pour la très belle Claudia Mori, qui deviendra peu après la fin du film l’épouse à la ville de Celentano. Pour rester au rayon charme féminin, on mentionnera rapidement la présence de Donatella Turri, qui ne livrera ensuite qu’une poignée de films (dont « Le gendarme se marie » ou « La femme infidèle ») avant de disparaître des écrans. Ailleurs, c’est un sans faute avec les excellents Luigi Pavèse et Nino Taranto, tous deux déjà présents dans Les faux-jetons, ainsi que des acteurs rompus à la comédie comme Erminio Macario et Nino Tarente. Il paraît clair aussi, vu le budget restreint pour faire le film, que Fulci ne pouvait alors se permettre d’engager des acteurs de renom ; toujours est-il qu’il s’en sort brillamment avec ses acteurs dits de seconde zone.



Des acteurs qui semblent s’amuser de concert et le spectateur avec. La petite gageure du film étant également d’avoir su lier harmonieusement et intelligemment un scénario (co-signé Fulci et Vittorio Metz, avec lequel il écrira l’année suivante « 002 agenti segretissimi ») à des chansons du répertoire récent du chanteur-vedette. Cette belle osmose nous vaut parfois quelques scènes cocasses comme celle où le bébé ne cesse de pleurer dans l’hôtel devant les regards désemparés du groupe « I Rebelli », dont l’un des membres aura l’idée de lui faire boire du whisky en guise de biberon avant que la raison ne l’emporte… rien ne vaut un bon Twist bien balancé (Bambini miei).
A ce titre, et au crédit de Fulci, je ne manquerai pas de souligner le fait qu’il filme formidablement certaines chansons, ainsi « Pregherò » (une adaptation de Stand By Me) fait figure de récréation de luxe au sein du film tout en s’insérant parfaitement dans l’histoire et sans faire chuter pour autant le rythme).
Une strano tipo est un film à la générosité musicale et comique très communicative et, grâce à une habile combinaison des deux, il remporte aisément la partie.
Inutile de s’attarder plus longtemps sur cette vraie bonne réussite que constitue celui-ci. On y trouve cependant d’autres séquences étonnantes, dont une bagarre dans un bistrot filmée façon slapstick, qui ressemble de très près à celle que l’on trouvera plus tard dans son Retour de croc-blanc ; bien entendu, ce n’est pas le même cadre, et ici nos larrons continueront à se déhancher au rythme du juke-box en s’assommant à coups de chaises et de bouteilles.
Ailleurs, le bébé servira de running gag et se retrouvera même dans l'immense bouquet de fleurs d'un jeune couple prêt à se marier, et qui pour le coup, n'aura pas besoin de divorcer !
Bref, Uno strano tipo est à mon sens un film à découvrir, peut-être même la première vraie réussite du maestro. Ne reste plus qu’à attendre une hypothétique sortie d’un dvd chez nous. Mais ça, c’est une autre histoire. Dommage que la connaissance que l’on puisse avoir du cinéaste ne commence au mieux qu’avec Le temps du massacre, car il y a eu sans nul doute un avant. Un avant riche et bien rempli, lequel éclaire peut-être à bien des égards sur la suite de sa carrière… Il serait grand temps de braquer un peu le projecteur sur cet avant au lieu de laisser cantonner cet artisan complet dans le simple cinéma à tendance glauque et putride.
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Dernière édition par mallox le Dim Fév 11, 2018 8:07 am; édité 5 fois
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Walter Paisley
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MessagePosté le: Mer Juin 02, 2010 7:01 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Dommage que la connaissance que l’on puisse avoir en le cinéaste ne commence au mieux qu’avec « Le temps du massacre », car il y a sans nul doute un avant.



J'ai l'impression que c'est souvent le cas, et pas seulement pour Fulci. En règle générale, c'est le début et la fin de carrière des réalisateurs italiens qui sont passés sous silence au niveau de la distribution. Bon, pour les fins de carrière, ça peut se comprendre vu que ce qui nous est parvenu n'est généralement pas fameux... Mais pour le début de carrière, généralement des péplums / films costumés / sous-James Bond / comédies datant des années 50 et 60, on doit louper des choses sympas chez Fulci, Lenzi, Corbucci, Martino, Damiani et tutti quanti.

C'est un filon à creuser quand Psychovision se lancera dans l'édition DVD (ou vhs).
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mallox
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MessagePosté le: Jeu Juin 03, 2010 12:59 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Ben oui et non en fait. ça dépend parfois de leur âge, voire même de leur génération.
Martino, par exemple, est un réalisateur dont on peut apprécier les premiers films, celui-ci étant plus jeune que les autres.
D'ailleurs, je crois que c'est Corbucci qui l'a fait débuter comme acteur dans l'une de ses comédies avant que celui-ci ne passe plus tard à la mise en scène.
Idem pour Mario Caiano, dont on connait certains peplums (voir Ulysse contre Hercule qui n'est ni plus ni moins que son premier film).
La première période de Lenzi n'est quant à elle pas très rare. Son robin de bois se voit à la télé. Tous comme Sandokan et autres films d'aventures ou de guerre. Le temple de l'éléphant blanc, Marie la rousse, Les chiens verts du désert, Le triomphe de Robin es bois..., ne sont plus des raretés.
Du coup, ce sont des réalisateurs dont on peut au moins apprécier les multiples facettes ou étapes de carrière.
Pareil pour Freda ou Bava et d'autres encore, même si Freda est un peu plus vieux. Et je ne parle même pas des jeunots comme Argento.
Par contre pour Corbucci, c'est un peu le même cas que Fulci. Ses premières comédies sont à ce que je sache, assez peu trouvables. Mais au moins Corbucci, on connait ses films avec Bud et Terence.
Pour Fulci, comme par hasard, ses films les moins connus des années 70 sont ses deux comédies. Young Dracula et Obsédé malgré lui (sorti coupé en vhs si je ne m'abuse), qui sont des films qui ne sortent ni en dvd chez nous, ni ne passent à la télé.
Si on ajoute ses premières années en tant que réal, on peut dire, que finalement presque tout le pendant "comédie" de Fulci est éludé au profit d'oeuvres disons, plus amères...
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MessagePosté le: Ven Juin 04, 2010 12:00 am    Sujet du message: Répondre en citant

Ben va falloir que j'épluche les programmes télés pour les trouver, ces Lenzi. N'hésite pas à m'en faire part si tu en a vent.
Et les premiers Damiani, ils sont trouvables ?
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mallox
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MessagePosté le: Ven Juin 04, 2010 7:22 am    Sujet du message: Répondre en citant

Les Damiani, autant que je sache, ne passent pas. Je serais curieux de voir "Jeux précoces" avec Pierre Brice par exemple ou "l'ennui" avec Bette Davis. Mais voilà, ce sont à priori des films annonciateurs de ce qu'il a tourné ensuite, des drames et des thrillers criminels. Enfin, cela reste à vérifier bien entendu.
Par contre, les Lenzi passent assez régulièrement sur cinéaction. Et son "triomphe de Robin des bois" passait déjà sur Antenne 2 l'après-midi lorsque j'étais gosse.
Dès que j'en vois repasser, je te fais signe. Promis ! En fait, je pensais, comme tu avais toi aussi ces chaînes, que tu les voyais passer de temps à autre.
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MessagePosté le: Ven Juin 04, 2010 6:38 pm    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, mais à un moment c'était pas bien emballant, sur Ciné Polar / Ciné FX, et depuis, avec les films que j'ai déjà en retard, je ne prenais plus la peine de vérifier.

n'empêche, si on résume les mal distribués que tu évoques : Fulci ? Marxiste. Damiani ? Marxiste. Corbucci ? Marxiste... Et ne parlons pas du blocus des cinémas est-allemand, cubain, chinois mao...
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sigtuna
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MessagePosté le: Lun Juin 07, 2010 7:09 am    Sujet du message: Répondre en citant

Walter Paisley a écrit:
Et ne parlons pas du blocus des cinémas est-allemand, cubain, chinois mao...[/size]


Et polonais des années 60, mois je veux voir ce chef d'œuvre avec des STF

ico_mrgreen :timide: icon_arrow
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MessagePosté le: Jeu Nov 25, 2010 7:12 pm    Sujet du message: Alors là ?! Répondre en citant

Beau travail de review, cher Mallox, de l'oeuvre de Fulci !

J'ai en effet tendance à considérer que son cinéma commence en 1969 et qu'il se clôt en 1982.
Je considère qu'avant, il se fait la main et qu'après, il l'a perdue !

Je lis donc ces articles avec un grand intérêt, vraiment.

Toutefois, je me méfie des Franco Ciccio car étant tombé par hasard sur une bande annonce du duo, c'est vraiment leste !
D'ailleurs, à part le premier Lycéenne de Gloria Guida, aucune comédie bis ne m'a jamais captivé, bien au contraire...
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