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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Mer Mai 23, 2012 10:27 pm Sujet du message: [M] [Critique] Quand les colts fument on l'appelle cimetière |
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Quand les colts fument... on l'appelle cimetière (Gli fumavano le Colt... lo chiamavano Camposanto)
Italie – 1971
Réalisation : Giuliano Carnimeo (sous le pseudonyme d’Anthony Ascott)
Avec : Gianni Garko, William Berger, Chris Chittell, John Fordyce, Ugo Fangareggi, Raimondo Penne, Nello Pazzafini, Franco Ressel…
Genre : Western Spaghetti
Aka : Bullet for a Stranger
Après avoir terminé leur éducation dans un pensionnat huppé de la côte est, les deux jeunes frères McIntire se rendent en diligence dans le ranch de leur père. Étonnés par l’aspect "pittoresque" des autres voyageurs, les naïfs frangins finissent par se rendre compte que la vie au Far West est très différente de celle de la Nouvelle Angleterre. De son coté, leur père invalide a envoyé à leur rencontre deux peons de ses employés, deux frères eux aussi, Sancho et Pedro, qui au premier abord ne semblent pas briller par leur esprit d’à propos. A leur arrivée en ville, les McIntire sont pris à partie par un dangereux individu qui les a bousculés, mais un mystérieux et mutique étranger de noir vêtu les tire de ce mauvais pas. Plus tard, dans le ranch paternel, alors qu’ils se rendent sur la tombe de leur mère, leur paternel leur raconte l’histoire des occupants de la tombe voisine, une femme et son jeune fils assassinés une dizaine d’années plus tôt par des bandits et dont l’époux gravement blessé fut soigné par leur défunte mère (aux McIntire), et est devenu depuis un pistolero redoutable. Le soir même, la réception donnée par leur père pour fêter leur retour est troublée par l’arrivé du "collecteur", le représentant d’un gang qui rackette tous les "rancheros" de la région…
Ce film oublié d’Anthony Ascott / Giuliano Carnimeo fait partie des perles méconnues du western spaghetti et est sans aucun doute l'un des meilleurs, pour ne pas dire le meilleur, de la veine comique (une branche assez mésestimée, souvent à juste titre) du genre. Car ici, l’équilibre entre western et comédie est parfait. Cette réussite, on l’attribuera en partie à la mise en scène de Carnimeo (efficace), mais surtout au scénario de ce bon vieux Enzo Barboni. Oui, vous avez bien lu, Enzo Barboni alias E. B. Clucher. Si de son coté Ascott / Carnimeo, à tort ou à raison, n’est pas réputé être l’un des meilleurs réalisateurs de "spagh", c’est peu dire que Barboni / Clucher n’a pas bonne presse parmi les cinéphiles. Souvent considéré comme le fossoyeur, rien que ça, du western italien, en lui ayant fait prendre le virage funeste de la comédie bouffonne, le pygmalion du duo Hill-Spencer aurait pour seul crédit d’avoir introduit le "slapstick" dans les films de cow-boys. Ce qui est d’ailleurs faux puisque la longue introduction du western parodique (et tchèque) de Lipský Jo Limonade (1964) est un modèle de slapstick. Mais si par la suite la carrière de Barboni se résumera à écrire et réaliser des "véhicules" de plus en plus consternants pour Hill et Spencer, en duo ou séparément, il a su à ses débuts faire autre chose que de filmer des "tartes dans la gueule". Après une longue carrière de directeur photo, son premier film est le très sympathique Ciakmull, et le premier des "Trinita" (tourné peu avant Quand les colts fument... on l appelle cimetière), s’il n’est sans doute pas un sommet de finesse dans l’humour, reste une comédie enlevée et très efficace.
Dans Quand les colts fument... on l'appelle cimetière le côté slapstick est, soyez rassurés, très limité, avec une seule scène de bagarre à la fin du second tiers du film, une scène d’ailleurs plutôt bien foutue. Car si le film est réussi, et si son humour fait mouche, c'est grâce à l'efficacité d'un scénario reposant sur la caractérisation des personnages principaux (trois duos, en fait) et sur leurs interactions entre eux, c'est-à-dire au sein de chaque duo et entre les duos. Nous avons donc le duo des peons, comiques bouffons dans le bon sens du terme ; celui naïf des frères McIntire, sans doute le moins intéressant mais le moteur de l’intrigue ; et enfin celui plus grave des deux héros pistoleros, ou plutôt du héros et de l'antihéros, les seuls à ne pas être frères et en même temps très semblables. D’une certaine manière, le duo Garko / Berger rappelle celui de Hill et Spencer, mais débarrassé de ses éléments grotesques qui ont été répartis dans les deux autres duos du film. Par ailleurs, contrairement aux deux duos mineurs (l’un des gags récurrents du film est l’incapacité des McIntire à distinguer les deux frères peons), chacun des héros a une personnalité propre, et quelle personnalité ! Celle du personnage joué par William Berger est sans aucun doute l’une des plus originales et réussies de tous les westerns.
L’interprétation est aussi pour beaucoup dans la réussite du film. En particulier celle des deux vedettes, Garko et Berger, qui amènent leur mythologie propre tout en étant décalés par rapport à celle-ci. J’aime bien cette dernière phrase, ça fait critique pro de quotidiens nationaux. Pardon ? C’est pompeux et obscur à la fois ? C’est ce que je viens d’écrire : ça fait critique pro de quotidiens nationaux. Traduit en langage intelligible : dès que l’on voit le personnage de Garko, on se dit "Ah, il va nous refaire Sartana" ! Et en effet, il y a du Sartana dans "Cimetière", pistolero sombre et manipulateur, mais aussi son opposé car il est positif et sans cynisme. De même, le personnage de Berger reprend certaines des caractéristiques du Banjo de "Sabata", tout en étant très différent. Bref, si Garko est excellent dans un rôle qui lui va comme un gant, Berger (la classe fait homme), lui, écrase tout le reste de la distribution de son talent en tueur à gages fils d’un noble autrichien et d’une prostituée et, pour reprendre ses termes, "tenant surtout de sa mère".
Enfin, la musique de Bruno Nicolaï, aux accents (forcément) très "morriconiens" (on pense en particulier à "Pour quelques dollars de plus", est des plus réussies et accompagne parfaitement l’action. Cas assez rare pour un western spagh’, il ne s’agit pas d’une coproduction tournée en Espagne ; les terres arides de l’Andalousie sont donc ici remplacées par les verdoyantes collines des Apennins. Les scènes finales se déroulent d’ailleurs dans les ruines d’un monastère baroque qui semble avoir été détruit par un bombardement aérien. Et donc, pas d’acteurs espagnols, même pour jouer des mexicains. A la place, on reconnaîtra un habitué des rôles de second couteau, des péplums aux poliziottesco, en passant donc par les "spaghetti westerns", à la trogne caractéristique : Nello Pazzafini, dans le rôle court mais saisissant de Cobra Ramirez.
Notons que ce métrage n’a jamais connu les honneurs d’une édition DVD dans l’hexagone (ni même de VHS), et qu’il est cité dans "Le retour des 101 nanars" de cette imposture de François Forestier, ce qui prouve bien, si ma modeste critique ne vous a pas convaincu, qu’il s’agit d’un excellent film. _________________

Dernière édition par sigtuna le Jeu Mai 24, 2012 9:31 pm; édité 7 fois |
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Jeu Mai 24, 2012 5:49 am Sujet du message: |
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Super ! J'ai l'impression qu'on a tous quelques comptes à régler, et ma foi le western est un terrain plutôt adéquat pour cela.
Je l'ai vu passé il y a peu de temps, j'ai dû le garder, je suis toujours partant pour un petit spagh même si ces derniers temps j'ai tendance à les entasser plus qu'à les regarder. J'aime et monsieur Sartana et le Berger Autrichien. Et tout comme toi je suis pour la déforestation et contre les 101 connards, décidément trop vulgaires. Le principal restant le film et vu que tu le défends avec une certaine ardeur, il devrait faire partie de la longue liste d'été des séances de rattrapage que j'aie à faire au niveau films chroniqués par vos soins ici.
Gare au berger ? Le Gars con berger ?
p.s : Sinon ça y est, t'as finis de faire les fonds de culotte des productions estoise ?
J'aime bien aussi le titre américain faisant référence à Chuncho. _________________
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Jeu Mai 24, 2012 6:43 am Sujet du message: |
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mallox a écrit: | Je l'ai vu passé il y a peu de temps, j'ai dû le garder | ah bon j'ai eu tous le mal du monde et fait d'intense recherche pour trouver une version espagnole!
mallox a écrit: | p.s : Sinon ça y est, t'as finis de faire les fonds de culotte des productions estoise ? | Non
Sinon j'ai remplacé étron par imposture pour éviter tout problème. :happy: _________________
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Mar Mar 04, 2014 11:10 am Sujet du message: |
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Quand les colts fument... on l'appelle cimetière - Artus Films
Région : Zone 2 PAL
Editeur : Artus Films
Pays : France
Sortie film : 20 août 1972 (France)
Sortie dvd : 4 mars 2014
Durée : 87'52
Image : cinémascope 2.35 original respecté – 16/9e compatible 4/3
Audio : Dolby digital 2.0
Langues : italien, français
Sous-titres : français
Bonus :
- Viva Camposanto !, par Curd Ridel (30'13)
- Une balle pour Camposanto, entretiens avec Giuliano Carnimeo et Gianni Garko (23')
- Diaporama d'affiches et photos
- Bandes-annonces de la collection Western

Commentaire : Cité dans un ouvrage de seconde zone dédié aux dalmatiens, "Quand les colts fument... on l'appelle cimetière" est un excellent western spaghetti conjuguant avec bonheur action et comédie. Ayant bénéficié durant l'été 1972 d'une sortie cinéma très confidentielle, le film de Giuliano Carnimeo alias Anthony Ascott, probablement son meilleur, n'avait jamais eu les faveurs en France d'une quelconque sortie dvd ni vhs. C'est une aubaine de le voir enfin exhumé par un éditeur suintant la passion pour ce qu'il propose, ce dans une copie d'excellente tenue, aussi bien au niveau de l'image (d'une belle profondeur, avec de superbes contrastes et dénuée d'épines de cactus) que du son (limpide et aéré).

Rien à redire non plus sur la présence d'une piste française ainsi que la piste originale en italien. L'auteur de ces quelques lignes vous conseillera toutefois cette dernière en précisant que la version française s'avère très acceptable (contrairement au "Jour de la haine" par exemple, où celle-ci est de piètre qualité, déformant parfois le film et ses enjeux).

Concernant les bonus, fidèles à ceux que l'on peut trouver sur les autres films de cette nouvelle salve Artusienne, on y retrouve dans "Une balle pour Camposanto", Giuliano Carnimeo assis dans le même canapé ainsi que le même vase rempli de roses rouges disposé juste derrière Gianni Garko.
J'ai l'air d'être ironique ? Que nenni, "Une balle pour Camposanto" est un excellent document partant pour le coup du scénario signé Enzo Barboni avant que les deux hommes effectuent un tour d'horizon allant de la production à l'accueil, en passant par quelques anecdotes de tournage très plaisantes. Carnimeo en profite même pour évoquer son affection particulière pour Frank Wolff qui devait jouer dans le film tandis qu'ailleurs, les problèmes rencontrés à l'époque par William Berger et sa compagne sont rappelés.
A noter que cet entretien a été réalisé par Federico Caddeo pour la maison de production italienne Freak-O-Rama, le tout ayant été soigneusement et précieusement sous-titré par l'éditeur.

Suit "Viva Camposanto !" où Curd Ridel, un peu malheureux semble t-il d'avoir par moments le soleil dans les yeux, revient sur le film ainsi que sur son scénariste. Il réhabilite Enzo Barboni qu'il considère comme sous-estimé, trop souvent catalogué comme fossoyeur du genre, alors qu'il fut surtout souvent copié avec moins de talent.
Ce dernier considère, tout comme Gianni Garko lui-même, qu'il s'agit là d'un de ses meilleurs rôles puis revient sur les diverses qualités intrinsèques de ce "Quand les colts fument... on l'appelle cimetière". Un bonus très plaisant et qui, chose importante, donne envie.
Viennent compléter cette excellente galette, le diaporama d'affiches et photos, ainsi que les bandes-annonces de la collection Western. A acquérir sans hésitation.
En rapport avec le dvd :
# La critique de Quand les colts fument... on l'appelle cimetière _________________

Dernière édition par mallox le Ven Avr 20, 2018 5:46 am; édité 7 fois |
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Mar Mar 04, 2014 12:11 pm Sujet du message: |
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mallox a écrit: |  |
Question : combien y a t-il de cucurbitacées sur cette capture ?  _________________
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Mar Mar 04, 2014 12:14 pm Sujet du message: |
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Vivement le quatrième :
 
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Mar Mar 04, 2014 12:18 pm Sujet du message: |
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mallox a écrit: |
Commentaire : Cité dans un ouvrage de seconde zone dédié aux dalmatiens... |
Il y a des cas où l'on se doit de lutter pour la dé-Forestation. |
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flint Super héros Toxic


Inscrit le: 13 Mar 2007 Messages: 7606 Localisation: cusset-plage
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Posté le: Jeu Avr 03, 2014 5:33 pm Sujet du message: |
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Eh bien, si "Bonnes funérailles, amis, Sartana paiera" est très bon, je reconnais que ce "Quand les colts fument..." est quant à lui très très bon.
Et je rejoins point par point l'avis de Sigtuna dans sa critique : dosage western/comédie réussi, acteurs excellents, musique formidable, etc...
Les gags sont vraiment réussis, quelles que soient les situations : la grand-mère dans la diligence qui dégomme le cactus, les deux frères MacIntire qui n'arrivent pas à distinguer Chico de Pedro bien qu'ils ne se ressemblent pas du tout (en plus, c'est facile de se rappeler, Chico c'est celui qui a des amis), et des trucs cons comme le barman qui lance la bière aux frangins MacIntire, ces derniers regardant passer la chope sans réagir avant qu'elle ne vienne éclabousser un joueur de poker à une table voisine (ce qui déclenche inévitablement une bagarre).
Garko et Berger sont impeccables, naturels sans tomber dans le cliché, rien à dire.
Manque juste une gonzesse dans ce film pour qu'on lui donne 10/10, en fait.  |
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sigtuna Super héros Toxic


Inscrit le: 08 Jan 2010 Messages: 3818
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Posté le: Jeu Avr 03, 2014 6:15 pm Sujet du message: |
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flint a écrit: | est facile de se rappeler, Chico c'est celui qui a des amis |  _________________
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mallox Super héros Toxic


Inscrit le: 10 Sep 2006 Messages: 13982 Localisation: Vendée franco-française
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Posté le: Ven Avr 04, 2014 4:31 am Sujet du message: |
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A la limite, lorsqu'on enchaine les deux, on peut trouver que les bastons de saloon sont similaires et du coup, font un peu procédé (une préférence pour celle-ci vu en premier donc )
Y en avait une très bien également dans "Le retour de Croc blanc". C'est d'ailleurs là qu'on retrouvait le plus Fulci, lui et son amour pour le slapstick, pour le reste c'était bien entendu pas trop ça.  _________________
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