Mervyn Peake, l'oeuvre illustrée |
Écrit par Stegg |
Même si Mervyn Peake est plutôt connu pour avoir écrit la trilogie Gormenghast qui a été rééditée en France au début de l'année, il a également eu une carrière d'illustrateur qu'il a commencé à l'armée, en tant que peintre de guerre. Mais l'armée ne le gardera pas longtemps.Il illustrera ensuite en autres "Alice au pays des merveilles", les contes des frères Grimm ou encore "L'Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde".
Mervyn Peake, l'oeuvre illustrée.
Du 4 octobre 2009 au 14 février 2010
Vernissage le 3 octobre 2009, 18h
En présence de la famille Peake et de Michael Moorock
De nos jours, l'anglais Mervyn Peake (1911-1968) est considéré comme un écrivain à part, célébré pour l'extraordinaire série des Titus (Titus d'Enfer, Gormenghast, Titus Errant). Mais en son temps, ses contemporains l’appréciaient principalement pour son oeuvre graphique.
Dès 1939 et pendant près de deux décennies, Mervyn Peake illustre en effet des ouvrages qu'il rédige lui-même (Captain Slaughterboard, Rhymes without Reason) ou des classiques de la littérature (Les contes de Grimm, Alice au Pays des Merveilles, L'Île au trésor). Sa maîtrise de la plume et du crayon sont sans pareilles. Son style peut se contenter d'une économie de moyens désarmante, avec le recours à une ligne très pure qui lui permet d'évoquer les volumes de façon frappante. Mais il peut également privilégier hachures et pointillisme: les objets, personnages ou arrière-plans s'enrichissent ainsi de textures complexes, et d'une incroyable palette de tonalités.
Dans toutes ses images, Mervyn Peake fait preuve d'une imagination fertile, d'un attrait particulier pour le grotesque, mais également pour les noirceurs de l'âme humaine. Car Mervyn a toute sa vie arpenté des lignes étroites comme ses traits à l'encre de chine: entre la fragilité de sa psyché et le feu de son génie créatif, les ombres de sa plume, qu'elle dessine ou écrive, se plaisent à souligner la différence ténue entre beauté et difformité, familier et étrange. Difficile de mieux définir le tracé de l'existence de Mervyn Peake, la fulgurance de son parcours tout comme ses coups de crayons, que par les "lignes de fuite" chères à Gilles Deleuze (Mille Plateaux, 1980) qui y voit la trajectoire de celui qui place sa vie sous le signe de de l'expérimentation et de la libération.
Alors que s'approche le centenaire de la naissance de Mervyn Peake, il était temps de rendre un hommage appuyé à ce fabuleux homme orchestre, en donnant à voir à nouveau son travail d'illustrateur, quelque peu oublié aujourd'hui. Les images visibles à la Maison d'Ailleurs sont présentées pour la première fois hors des îles Britanniques.
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